Il est des secrets que mieux vaut ne pas révéler... [Dylhan Y. & Jeremiah O.]

Elle n’avait jamais serré la main de Dylhan aussi fort. Cette main était ce qui lui permettait de tenir le coup. De ne pas faire demi-tour en laissant tout tomber. Ce plan, ils l’avaient imaginé à deux et jamais Maxine n’aurait pu le mener à bien seule. Du courage, elle en avait, mais pas pour ça. Pour affronter la vérité, elle avait besoin de lui, elle avait besoin de Dylhan à ses côtés. Elle regarda le garçon, les sourcils légèrement froncés, la mine résignée. Elle lui décocha un hochement de tête imperceptible, signe que tout commençait maintenant.
La jeune Orwell inspira à plein poumon, prête à plonger dans le grand bain.

-Primus ! Lança-t-elle d’une voix forte, ressemblant étonnamment à celle de sa défunte mère.
Primus était le plus vieil elfe du manoir. Il avait servi des générations d’Orwell et assisté à la disparition plus ou moins précoce de chacune d’entre elles. Il connaissait mieux que quiconque la terrible histoire de celle qui fut l’une des plus nobles familles sorcières d’Angleterre. Maxine avait tenté à plusieurs reprises, après la mort de ses parents, d’interroger la créature sur ce sujet. Mais en vain. A chaque fois, alors qu’il allait en venir au plus intéressant, l’elfe se contentait de baisser les yeux, de secouer la tête de droite à gauche en répétant inlassablement « Non, non Madame, il faut laisser les morts en paix et passer à autre chose à présent. » Ceci avait le don de renforcer la curiosité de Maxine, plus persuadée que jamais de l’existence de secrets auxquels elle ne pouvait avoir accès. Mais aujourd’hui, tout ceci était terminé. Elle allait enfin savoir.

Une heure auparavant, juste avant le déjeuner, la jeune fille avait vidé une fiole de sérum de vérité dans la gamelle de Primus. Dylhan et elle s’étaient procurés la potion dans une petite boutique mal famée de l’allée des embrumes. Maintenant, Jeremiah étant absent, ils ne leur restaient plus qu’à poser les bonnes questions, laissant le sérum de vérité faire le reste du travail…

-Oui, madame ? Couina le vieil elfe.
La main de la jeune fille se resserra encore un peu plus sur celle de son copain.
-Viens par ici, nous aurions quelques questions à te poser…

Il ne savait pas vraiment ce qu'ils apprendrait aujourd'hui en interrogeant cet elfe de maison mais il était sur d'une chose c'est que Maxine avait besoin de savoir la vérité. Le préfet avait juste peur d'une chose que la vérité détruise la jeune femme. Il était bien placer pour le savoir. Savoir que Abraham avait passer tant d'années, terrifier à l'idée de s'endormir et d'avoir des vision terrible avait bouleversé le cadet. Il n'y avait pas fait attention, trop préoccuper à contrôler son don. Quoiqu'il arrive ce jour-là, il était là, et il resterait à c'est côté.
C'était pour elle qu'il avait acheté ce sérum de vérité dans une boutique sur l'allée des embrumes.
Le préfet ressentait parfaitement l'anxiété de la jeune femme, et il la comprenait parfaitement.

Il tenait la main de la jeune femme, lui montrant par la même qu'il était là avec elle, qu'il la soutenait. Puis leur plan se mis en marche, elle appela l'elfe de maison prête à lui poser des questions.

-"Tu veux que je le fasse ?" demanda-t-il. Il savait que ce n'était pas à lui de le faire, mais il était prêt à le faire si c'était pour l'aider. Il dévisagea l'elfe de maison. En Amérique, les sorciers, même sang-pur n'utilisaient pas les elfes de maison. La petite créatures était enfin prête à parler.

Ils auraient pu tenir cette conversation assis dans les confortables fauteuils en cuir du salon. Au lieu de cela, ils se tenaient tous les trois debout au beau milieu du hall. C’était mieux ainsi. La pression était maintenue. Plus que jamais, Maxine sentait la présence de Dylhan à ses côtés, la rassurant plus que des mots.

-Ensemble, lui répondit-elle dans un murmure. C’était à elle de mener l’interrogatoire. Ou du moins de le débuter… Car elle ne savait pas combien de temps elle pourrait tenir. Cela dépendrait de la nature des révélations… Primus, continua la jeune fille d’une voix ferme, je veux que nous parlions de mes parents. De Frank et Emera Orwell. Et plus précisément de leur mort.

-Bien, Madame. Les yeux de l’elfe s’écarquillèrent. Il semblait lui-même surpris de ses propres paroles.

-Primus, que s’est-il passé ce soir-là ? Lança Maxine d’une voix sèche. Son cœur battait à une vitesse folle. Elle faisait des efforts pour se calmer, pour refouler l’appréhension grandissante qui lui soufflait l’ordre de rebrousser chemin. Elle ne voulait pas affoler Dylhan, elle savait que le garçon suivait le cours de ses émotions. Mais même pour elle, une Orwell, habituée à avoir perpétuellement le contrôle d’elle-même, c’était difficile.

-Ce soir-là… L’elfe, les yeux plus ronds que jamais plaqua sa main droite sur sa bouche. De sa main gauche, il la dégagea, la laissant retomber le long de son corps. Ce soir-là, reprit-il d’une voix tremblotante, j’avais préparé du confit de canard, votre père en raffolait, ainsi que des pommes sautées et…

-Ca, je le sais, Primus, coupa Maxine d’un ton tranchant. Ce que je veux savoir, c’est la manière dont ils sont morts. L’elfe tremblait. Il semblait au moins aussi terrifié que la jeune fille.

-Ils sont morts tous les deux pendant le diner, madame. La vieille créature regardait à droite, à gauche, cherchant sans doute une falaise de laquelle il pourrait se jeter. Les aurors ont dit qu’ils avaient été empoisonnés.

- Ca, je le sais aussi, Primus. C’est moi qui les ai trouvés… La voix de Maxine se brisa. L’image de la table de la salle à manger autour de laquelle reposaient deux cadavres hantait encore ses nuits. Elle n’avait pas besoin de détails là-dessus, elle s’en souvenait parfaitement. Ce qu’elle voulait, c’était un nom. Celui du meurtrier. Mais elle ne pouvait poser la question, elle n’y arrivait pas. La peur de la réponse lui scellait littéralement les lèvres. La jeune fille plongea les yeux dans ceux de Dylhan. C’était à lui de jouer.

"Ensemble" le serpentard hocha la tête. Oui ensemble, parce que il étaient la-dedans parce que il était là pour la soutenir. Les émotions de Maxine faisait remontés la perte de sa mère, et celle récente de son père. La jeune femme avait été là aussi avec lui, Ils se comprenaient et il savait parfaitement ce qu'elle pouvait ressentir ce soir alors qu'elle allait enfin apprendre la vérité. Lui-même n'avait jamais su qui avait tué sa mère. Sans doute la personne courait toujours dans la nature. Mais le jeune homme était loin de se douter que son ainé lui cachait aussi des choses, y compris l'identité de l'assassin de sa mère qu'il avait tué pour venger Mrs Yordanov.
Il assistait à l'interrogatoire en silence, captant facilement les émotions de la pièce. La peur de l'elfe de maison et les émotions plus complexes de Maxine. Il sentait son coeur s'accélérer, son appréhension augmenter d'un cran et en cet instant il savait que seul sa main retenait la jeune femme de faire demi-tour. Et pour le serpentard, il était d'ailleurs difficile de ne pas tirer Maxine de cette endroit de souffrance. Il ne voulait qu'une chose la préserver. Sauf que la préserver n'allait pas avec la vraie Maxine, celle qui s'était toujours battu pour retrouver l'assassin de ses parents. Alors il restait là, lui serrant la main, l'encourageant, la soutenant, par la simple force d'un contact physique qu'était leur main liées.

"Ca, je le sais aussi, Primus. C’est moi qui les ai trouvés…" Il entendit la voie de sa copine se briser, et il sut que son rôle allait bientôt commencé. Il n'eut pas besoin de savoir lire les pensées, comme Brooklyn, pour savoir que à cet instant, elle revoyait la scène dans son esprit, il lui suffisait de sentir les émotions, Tout était tellement fort, qu'il sentit presque le coeur de la jeune femme se briser. Il resserra sa prise sur la main de la jeune femme, une petite pression pour lui rappeler qu'elle n'était pas seule. Elle le regarda dans les yeux et il compris que cette fois, c'était à lui de jouer.

"Tu étais en cuisine, tu sais forcément qui a mis le poison dans les plats de Franck et Emera, qui etait-ce ?" Les yeux de la créatures s'agrandirent encore plus, et ses tremblements s'accentuèrent, comprenant que comme pour les autres questions, il ne pourrait mentir.
-"C'ét...C'était moi" Couina misérablement avant de commencer à se frapper le crâne avec son point. Le serpentard fronça les sourcils. Le véritaserum, faisait que l'elfe ne répondait qu'au question poser. Aucunes des questions précédentes n'avaient été formuler de sortes à ce que la réponses dévoilent le meurtier. Mais cette fois Dylhan comptait bien poser la seule et unique question, celle qui aurait du être poser depuis le début.

-"Qui t'as ordonner d'empoisonner Franck et Emera Orwell." demmanda-t-il enfin tandis que Maxine serra sa main plus fort que jamais !
L'elfe poussa un cri de desespoir, se cacha, trembla tellement qu'on pourrait se demander comment il tenait toujours debout, puis comme un murmure la réponse sortie pourtant parfaitement distincte dans le silence pesant de la pièce.

-"Maître Jeremiah ..."

dragées:

Et Dylhan reprit l’interrogatoire. Maxine savait que son copain irait droit au but. Il saurait poser les bonnes questions… La première vint. La jeune fille regarda le garçon, l’air affolé. Puis son regard se reporta sur l’elfe. Si sa main n’avait pas été prise dans celle de Dylhan, elle se serait bouchée les oreilles. Pour ne pas entendre.

-C'ét...C'était moi. Maxine passa de la peur à la stupéfaction. Les yeux agrandis par la surprise, elle regardait tour à tour le vieil elfe et Dylhan. Pourquoi Primus aurait-il tué les parents Orwell ? Non, c’était impossible… impossible… Le veritaserum était défaillant. C’était la seule possibilité. Elle aurait voulu intervenir, mais sa gorge était si serrée qu’elle ne put produire le moindre son. Puis Dylhan posa LA question. Celle que la jeune fille redoutait. Son cœur menaçait maintenant de sortir de sa poitrine tant ses battements étaient forts et rapides. Elle resserra un peu plus encore sa main autour de celle du garçon. A lui en écraser les doigts. Mais il ne sourcilla pas. Et tandis que l’elfe se donnait des coups, tremblait, braillait, il laissa échapper un nom…

Maxine lâcha la main de Dylhan et tomba à genou sur le sol en marbre. Les mains par terre, elle tentait de reprendre son souffle, de retrouver ses esprits, de prendre pleinement conscience de ce qu’elle venait d’entendre. Jeremiah… Son frère… Non. NON. Son frère n’était pas un assassin. Il aimait sa famille, il l’aimait elle, jamais il n’aurait pu commettre un tel acte. Jamais. Mais pas à pas, l’idée cheminait dans l’esprit de la jeune fille. Des indices qu’elle n’avait repéré jusqu’à maintenant. Son frère absent le jour du meurtre. L’accusation de l’auror. Ses étranges rendez-vous. La vision dans la boule de cristal de la voyante. Le fait que Jeremiah ne parle jamais de Frank et Emera. La jeune fille sentit les mains de Dylhan sur ses épaules. Perdue dans ses pensées, ses souvenirs, ses réflexions, elle le laissa l’aider à se relever. L’elfe se frappait maintenant la tête contre le mur, laissant de larges tâches de sang se répandre sur les tapisseries. Elle n’éprouvait pour lui que du dégout. Une haine insondable. Il n’avait fait que suivre les ordres donnés par son frère, certes, mais Jeremiah était maintenant absent. La fureur noire et incontrôlable qui prenait peu à peu possession de la jeune Orwell se dirigeait vers l’unique responsable présent ici même en cet instant. Maxine se dégagea des mains de Dylhan et se jeta sur l’elfe. Elle l’attrapa par le col de sa vieille toge et le jeta à terre avec violence.

-ET TU LUI AS OBEI ? hurla-telle, hors d’elle. COMMENT AS-TU PU ? COMMENT ? Tandis que l’elfe criait, se débattait, des larmes de fureur roulaient sur les joues de la sorcière. Ses mains se resserraient peu à peu autour de la gorge de la petite créature. Elle ne désirait qu’une seule chose ; qu’il disparaisse, sous ses yeux, maintenant et à jamais.

Il s'était absenté une heure, juste le temps d'aller faire un tour chez Gringotts faire un retrait d'argent : certaines informations se monnayaient en liquide, et en particulier celles qu'il voulait récolter ce soir. Jeremiah avait de nombreuses taupes dans plusieurs endroits stratégiques de Londres, qu'il payait pour avoir des yeux et des oreilles dans toute la ville : ces informations étaient précieuses pour l'Ordre du Phénix, qu'il devait retrouver demain pour leur réunion mensuelle. Le jeune homme revenait donc chez lui, une bourse en cuir de dragon dissimulée dans un repli de sa cape, lorsqu'il avait décidé en cours de route de faire un crochet au Ministère, afin de régler quelque affaire de gros sous dans laquelle il trempait. Même pour des raisons peu louables, son père lui avait toujours conseillé de se montrer au Ministère de la Magie : il y avait toujours la chance de croiser quelqu'un d'intéressant. Mais aujourd'hui, Jeremiah n'eut pas cette chance, et il transplana donc au bout de quelques minutes devant chez lui, un peu contrarié.

En quelques enjambées, l'héritier Orwell traversa le jardinet et s'arrêta sur le perron, cherchant sa clé : ceci fait, il poussa l'imposant panneau de bois, et se retrouva nez-à-nez avec un tableau surréaliste. Sa petit soeur adorée, Maxine, se tenait en larmes au beau milieu du Hall, les doigts serrés autour de la gorge de Primus, son elfe-majordome, qui semblait suffoqué et bien mal en point. Un peu en retrait, ce satané Yordanov avec lequel Maxine s'était acoquinée, et que Jeremiah haïssait autant qu'il craignait son grand frère. Eberlué, l'héritier Orwell resta un instant figé sur le pas de la porte, manifestement aussi surpris que les trois autres protagonistes de voir ce spectacle. L'elfe de maison fut le premier à retrouver ses esprits :

Le... Le Maître ! suffoqua-t-il, les yeux agrandis par l'épouvante, avant de relâcher les mains de Maxine, dont il essayait de se défaire de l'emprise, pour se tirer sur les oreilles de toutes ses forces en gémissant si horriblement que Jeremiah en eut le frisson, avant de sentir une fureur froide s'emparer de lui :

Puis-je savoir ce qu'il se passe ici ? gronda-t-il d'une voix parfaitement calme, et parfaitement glaciale. A cet instant, plus que jamais, Jeremiah ressemblait à son père, à Franck Orwell dans toute son auguste splendeur, une coulée de lave sous une couche de glace incarnée en homme.

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Une chose était sur, Dylhan ne s'attendait pas à ce que le nom de Jeremiah sorte de la bouche de l'elfe de maison. Les doutes avait peser certes, mais il ne comprenait pas comment il avait pu faire ça à sa propre famille. Il sentit la détresse de sa copine, et pour la première fois, il ne savait pas ce qu'il pouvait faire pour l'aider. Il la pris dans ses bras, à même le sol, puis la releva doucement, tout en la gardant contre lui. Il ne pouvait pas imaginer Brooklyn ayant faits du mal à sa famille.
Soudain, Maxine se libéra et fonça sur la créature sur laquelle elle commença à se défouler. Dylhan aurait pu venir au secours de l'elfe, empêcher sa copine de faire une bêtise, mais il resta en retrait, subjugué par la réaction de la jeune femme.

A peine Maxine, s'était-elle jeté sur Primus que la porte d'entrée s'ouvrit... Jeremiah Orwell ! Comment osait-il se pointer devant sa soeur après ce qu'il avait fait ? Dylhan ressentit une colère sourde face à cet homme. Il avait tout faits pour leur pourrir leur relation. Le préfet sortit sa baguette et la pointa sur Jeremiah. Maxine venait d'arrêter de se défouler sur la frêle créature et apercevant son regard remplit de colère et de haine, il l'attrapa fermement par le bras pour la retenir.
Il savait très bien, que face à Orwell, il ne ferait pas le poids en duel. Pourtant, il ne se décidait pas à la rangée.

-"Ce qu'il se passe ?" Dylhan sortit de la poche de sa cape, le flacon de veritaserum et le lança jusqu'à Jeremiah Orwell. "Je n'étais pas sur que cela fonctionnerais sur un elfe de maison, et pourtant, il à parler." La provocation n'était pas la meilleure des idées mais il ne pouvait s'en empêcher. Il ressentait la tension, la colère, la haine et toute les émotions négatives de la pièce. Il avait beau avoir un meilleur contrôle qu'avant, devant tant de colère, il ne pouvait rien faire, que se laisser aller.

La porte d’entrée s’ouvrit et Jeremiah fit son apparition. Surprise, Maxine desserra son emprise sur la gorge de la petite créature et leva la tête. Avec ses joues souillées de larmes et de sang d’elfe, ses cheveux ébouriffés et ses pupilles dilatées, la jeune Orwell ressemblait à un lion affamé se délectant de la détresse, de la souffrance de sa proie. Son frère semblait ne pas comprendre ce qu’il se passait dans ce hall. Un silence entrecoupé de gémissements d’elfe régnait tandis que Maxine fusillait le maitre d’un regard noir, abyssal, déversant sur lui toute sa fureur, sa rage et sa haine. Il l’avait trahie. Son frère était un assassin. Un traitre. Un parricide. Et il osait se prétendre maitre des lieux, il osait employer ce ton suffisant et supérieur, il osait la regarder droit dans les yeux… La jeune Orwell se releva, les poings et les mâchoires serrées. Peu lui importait l’elfe maintenant, elle avait trouvé sa nouvelle cible. Le véritable coupable. Celui qu’elle traquait depuis maintenant quatre ans. Alors qu’elle avançait d’un pas en direction de Jeremiah, son copain la rattrapa par le bras, l’obligeant à s’arrêter. Elle jeta au garçon un regard mauvais. Il avait sorti sa baguette et la pointait maintenant sur son frère.

Tandis que Dylhan donnait de vagues explications, Maxine se débattait, tentant d’arracher la main de son copain accrochée à son bras. Elle ne se reconnaissait plus, elle n’était plus Maxine Orwell. Elle était un animal, luttant pour sa survie, attaquant quiconque osait l’approcher. D’un coup sec, la jeune fille arracha son bras de la main du garçon. Puis, elle plongea la main dans sa poche et en sortit elle aussi sa baguette qu’elle pointa tour à tour en direction de son frère et de son copain. Complètement perdue, elle ne savait plus qui viser. Qui était l’ennemi ? Jeremiah ? Primus ? Dylhan ? Elle l’ignorait désormais. Tout se mélangeait dans sa tête pour ne former qu’un brouillard épais et visqueux. La jeune fille finit par pointer sa baguette sur Dylhan Yordanov et d’un sortilège informulé, fit valser la baguette du garçon à l’autre bout de la pièce. Puis, elle plongea son regard sombre dans celui de son frère.

-Il est à moi, lâcha-t-elle d’une voix rauque à l'intention de Dylhan.

Jeremiah ne savait plus où donner de la tête : d'un côté, il y avait ce garçon qu'il haïssait, qui lui parlait avec une suffisance tellement déplacée qu'il lui démangeait de lui rappeler qui était le maître dans cette maison. Cette maison qui ne tournait pas rond, si l'on en croyait l'elfe de maison qui continuait de se punir en se cognant la tête à la rampe de l'escalier. Et enfin, il y avait Maxine, qui le regardait comme si elle le voyait pour la première fois, et qu'il n'était qu'un vulgaire cafard simplement bon à exterminer. Mais un cafard auquel elle vouait une haine mortelle. A tel point qu'elle désirait l'écraser elle-même, désarmant son chéri qui ne s'y attendait visiblement pas. Jeremiah non plus.

Primus, je t'ordonne d'arrêter ! gronda-t-il pourtant d'abord à son elfe, sans quitter du regard les yeux de sa soeur. L'elfe poussa un nouveau gémissement pitoyable mais ne parvint pas à ignorer l'ordre de son maître : il s'écarta de l'escalier comme s'il venait de se brûler, se prit les pieds dans un tapis et s'écroula sur le sol où il resta prostré, les deux mains sur son crâne. Jamais Jeremiah ne l'avait vu dans un tel état, et pourtant Primus était dans la famille Orwell depuis plus longtemps que lui n'était en vie. Cela, presque plus que le regard furieux de sa soeur, l'inquiétait vivement.

L'elfe a parlé, répéta-t-il impatiemment, de plus en plus frustré de ne pas comprendre, et donc ? C'est un crime maintenant, pour un elfe, de parler ? Et qui est-ce qui a décidé ça, au juste ? C'est un nouveau décret ministériel peut-être ? De quel fichu droit crois-tu pouvoir maltraiter ainsi mon elfe sous mon toit ?

Il n'avait pas pu s'en empêcher, sa voix s'était élevée à mesure qu'il exigeait de sa soeur des explications à cette situation ubuesque qui le prenait de court. Jeremiah ne voulait pas croire qu'elle avait terminé par découvrir son secret : cette perspective l'épouvantait à tel point qu'il refusait de voir les indices pourtant assemblés sous ses yeux comme les pièces d'un puzzle.

Il sentait sa copine se débattre, mais il ne la lâchait pas. Elle réussit finalement à se libérer. Dylhan ne s'attendait pas du tout à être désarmé. Il s'était laisser prendre par les émotions de sa copine.
-"Max..."
Comprenant à la perfection ce qu'elle ressentait, Dylhan ne pu que se mettre en retrait. Cela ne le regardait plus. Il était là pour la soutenir, il avait fait son devoir. Il serait encore là pour réparer les morceaux mais en l'instant, il ne pouvais rien faire.
Il mourrait pourtant d'envie de se débarrasser dans l'instant de Jeremiah Orwell et soutraire Maxine à tout ça. Il avait beau le regarder, il ne parvenait pas à comprendre, comment il en était venu à de telle extrémités. Comment avait-il pu prendre la décision d'oter la vie à ses parents et de mentir pendant toute ces années ? Il sentait que la réponse n'allait pas tarder à venir.

Dylhan recula d’un pas. Il n’était pas dans les manières de la jeune fille d’éconduire ainsi quelqu’un, surtout quand il s’agissait de son copain. Dylhan avait tellement fait pour elle, elle l’aimait plus que tout, jamais elle ne l’aurait repoussé en temps normal. Mais le temps n’avait rien de normal. Il semblait maintenant figé. Maxine ne détachait pas son regard des yeux de son frère. Ils avaient la couleur de l’acier, froids et durs, inébranlables. Il ne semblait toujours pas comprendre. Il lui parlait de droit des elfes. Foutaises ! Elle n’avait que faire de Primus. Il avait participé à cet infâme complot, il pouvait mourir sur le champ.

-Je me moque de ton elfe, gronda Maxine entre ses dents. Les bras le long du corps, elle serrait les poings si fort que ses ongles lui écorchaient les paumes des mains. Et ne me parle pas sur ce ton, tu n’as pas le droit. Tu n’as plus le droit. Pas après ce que tu as fait... Le ton de sa voix montait progressivement. Elle faisait des efforts monstrueux pour ne pas laisser exploser sa colère, pour ne pas réduire son frère en bouillie. Comment as-tu pu… Nos parents… Tu es… un monstre, pas mon frère. Je ne veux plus… jamais, plus jamais avoir affaire à toi… Tu m’entends ? Les mots lui manquaient, ils n’étaient pas assez forts pour décrire tout ce qu’elle ressentait en ce moment. Sa voix résonnait entre les murs du hall, déraillant, partant dans les aigus.

Elle fit trois pas en direction de Jeremiah. Elle se trouvait maintenant à quelques centimètres de lui, le fusillant du regard.
-J’espère te voir un jour souffrir autant que moi je souffre… murmura-t-elle, tremblante, des larmes de rage plein les yeux.

Jeremiah avait rêvé de cette scène des dizaines de fois, mais jamais il n'avait imaginé ressentir une telle émotion devant le fait accompli : il vivait depuis des années dans la crainte non pas d'être découvert, mais que Maxine ne comprenne pas. Qu'elle ne comprenne pas pourquoi il avait fait cela. Mais c'était de sa faute, il ne lui avait jamais rien dit à propos de son amour perdu, car cela revenait à avouer son crime. Pour sa propre sécurité, et à travers la sienne celle de Maxine, il avait dû se taire, et taire le motif qu'il avait de tuer ses propres parents. Jeremiah pouvait répondre de son propre silence, et de sa discrétion : on lui avait appris la manipulation et la discrétion, à présent il pratiquait l'occlumancie. Son secret était bien gardé, et pouvait le rester jusqu'à sa mort. Mais le partager avec Maxine... Cela aurait été dangereux. Elle était tellement jeune à l'époque, et pouvait faire tant d'erreurs, le trahir sans même le vouloir. Alors Jeremiah ne lui avait rien dit. Sans doute aussi parce qu'au fond, il avait peur de la réaction de sa petite soeur, peur qu'elle ne prenne pas son parti. Primus seul savait. Non pas les détails, mais du moins qui lui avait demandé de verser discrètement le poison. Jeremiah à l'époque n'avait pas pensé que quelqu'un, un jour, s'en prendrait à lui. Ce jour était pourtant arrivé.

Tu ne connais pas la moitié de l'histoire, affirma Jeremiah d'une voix qu'il essayait de garder ferme en dépit des circonstances. Et je pense que maintenant que tu sais ce que nos parents ont fait, que ce soit à notre grand frère, ou Père trompant Mère, et j'en passe, le monstre dans la famille, ça n'est pas moi. Et tu le sais pertinemment !

Il ne cilla pas lorsque Maxine s'arrêta à trois pas de lui, l'assassinant du regard à chaque fois qu'elle battait des paupières - elle n'était pas dans son état normal, ne pensait pas ce qu'elle disait. Mais s'il lui expliquait, s'il lui racontait ce que leurs parents avaient fait, ce qu'ils avaient compté leur faire à tous les deux, alors peut-être sa petite soeur comprendrait le pourquoi de son geste. Il n'attendait pas d'elle qu'elle l'encense, simplement qu'elle comprenne qu'il avait agi pour leur bien à tous les deux. Car s'entendre dire que ces parents étaient des enfants de coeur lui était proprement insupportable.

Dylhan observait la scène de loin. Il n'avait pas à agir, cela ne le concernait. Pas directement en tout cas. Tout en gardant un oeil sur sa copine il se dirigea vers le fond de la salle. Il observait les meubles quand un tableau au-dessus de sa tête pris la parole.

-"Non mais qu'est-ce qu'il se passe ici ? on se croirait chez les moldus !" gronda le fantôme, bien qu'aucun des deux héritiers ne leur prêta attention. Dylhan leva la tête et observa, le personnage dans son cadre. Il avait les trait typique des Orwell, bien que son nez proéminent contraste énormément, avec les traits des Orwell encore en vie. Quoique Jeremiah n'en était pas tellement loin.

-"Je serais vous, je ne m'en mêlerais pas très cher ! Nous risquerions de passer de vie à trépas !" dit-il ironiquement. Il n'avait jamais compris pourquoi des gens acceptait de rester "vivant", en restant dans un cadre magique. Ca ne s'était jamais vue en Amérique et Il était dur d'avouer que Dylhan avait eu du mal à s'habituer au tableau qui zieuter ses moindres faits et gestes.

-"Et puis-je savoir qui vous êtes ? Un de mes descendants ?" renchérit le tableau.
Dylhan ria sous cape. Un Orwell ! Certainement pas ! Il respectait Maxine et le nom qu'elle portait, mais il n'aurait renié le nom des Yordanov pour rien au monde !

-"Non voyez vous, moi je suis un Yordanov, prince de Bulgarie et héritiers de la région Sud du Pays. Le pays entier est dirigée par ma famille très cher." Bon le serpentard trouvait un moyen de s'amuser comme il le pouvait. Il allait répliqué à nouveau quand Maxine attira son attention à nouveau, elle s'était approcher dangereusement de Jeremiah et le préfet, ne doutait pas un seul instant qu'elle allait faire une bêtise. Il s'approcha, retient à nouveau Maxine par le bras, mais plus fermement que la première fois.

-"Arrête Maxine, c'est un minable qui ne vaut pas mieux que ces saletés de moldus. Il ne mérite pas que tu te mette autant en colère pour lui. Encore moins que tu le frappe." Il la tira fermement mais doucement vers lui pour la faire reculer, et quand elle fut à son niveau, il cracha au visage de l'héritier Orwell. "C'est tout ce que tu mérite pour une telle lâcheté "

Maxine ne savait pas ce qui la mettait le plus hors d’elle. Les propos de son frère ou son indifférence feinte. Quand il s’agissait de cacher ses sentiments, ses émotions, Jeremiah était le champion. Même dans une situation aussi critique que celle-là. La jeune fille aurait bien voulu savoir en faire autant. Mais si en temps normal elle y parvenait, là, c’était trop dur. Impossible. Les larmes coulaient sur son visage, sans qu’elle ne puisse les retenir.
-Non, je ne connais pas la moitié de l’histoire… Je ne sais rien. Rien du tout. Tu t’en es bien assuré. Tu me tiens à l’écart, de tout, tout le temps… Sans s’en rendre compte, elle avait baissé d’un ton. La colère n’était pas passée. Elle ne passerait sans doute jamais. Mais Maxine se sentait fatiguée, épuisée. Découragée et triste comme jamais elle ne l’avait été depuis la mort de leurs parents.
-Nos parents ont fait des erreurs, ajouta-t-elle, mais toi… Toi, tu n’avais pas le droit de me faire ça, Jeremiah… Tu étais mon frère… Fixant le bleu des yeux de son ainé, elle l’implorait du regard. Le suppliait. Qu’il lui dise que tout ceci n’était qu’une histoire inventée. Que Primus déraillait complètement. Qu’il avait toujours été le grand frère parfait et merveilleux qu’elle avait imaginé avoir. Qu’ensemble ils allaient reprendre le cours de leur vie. Ensemble. Tous les deux.
Dylhan attira la jeune fille contre lui.
-Arrête Maxine, c'est un minable qui ne vaut pas mieux que ces saletés de moldus. Il ne mérite pas que tu te mettes autant en colère pour lui. Encore moins que tu le frappes.
Puis contre toute attente, son copain cracha à la figure de Jeremiah. Maxine hoqueta de surprise. C’était… si inattendu de sa part.
-Dylhan ! cria-t-elle, outrée, une pointe de reproche dans la voix. Elle lui posa une main sur l’épaule puis continua à mi voix ; stop. Stop…. S’il te plait. La sorcière ne pouvait supporter voir son frère malmené de la sorte. Aussi monstrueux qu’étaient ses actes, il ne méritait pas toutes ces injures. Il paierait pour son crime, elle s’en assurerait. Mais pas de cette façon…

Jeremiah sentait la détresse de sa petite soeur, aussi fort que sa fureur : s'il acceptait sans peine que Maxine soit en colère contre lui, en revanche la voir souffrir continuait de lui briser le coeur, d'autant plus qu'elle semblait penser que tout ce qui s'était passé était de sa faute. De sa faute si leurs parents étaient morts. De sa faute s'il ne lui avait rien dit. Il avait l'intime conviction d'avoir agi pour le mieux, pensait-il jusqu'à présent, mais la réalité était tout autre, et le jeune homme avait l'abominable impression que maintenant son propre piège se refermait sur lui. Et cela lui était insupportable.

Je n'avais pas le droit de faire quoi ? s'exclama-t-il un peu trop brutalement, de nous débarrasser des deux monstres qui nous servaient de parents ? Ne t'ai-je pas offert tout ce qu'ils t'auraient offert, et même bien plus ? Tu n'as même pas la moindre idée de ce que j'ai fait pour toi !

Jeremiah s'arrêta un instant dans sa diatribe, conscient de parler trop fort, trop brutalement. De perdre les pédales. Il se passa la main sur le visage comme s'il voulait se l'arracher, soudain beaucoup trop las. Il s'était tu trop longtemps. Il avait trop à dire. Et il craignait que Maxine ne veuille rien entendre.

Je suis toujours ton frère, même si je peux admettre que c'était une erreur de te tenir dans l'ignorance, concéda-t-il d'une voix exténuée. Si je ne t'ai rien dit, c'est parce que tu étais trop jeune. Mais je peux tout t'expliquer, à présent. Tu dois comprendre, conclut-il d'une voix suppliante, conscient que la bataille était loin d'être gagnée. Il ne parlait même pas de pardon, il savait que Maxine trouverait cela inconvenant. Et pour cause, il avait tout de même la mort de ses parents à se faire pardonner. Mais il savait que sa soeur pouvait comprendre, et que si elle lui en voulait, c'était surtout pour n'être au courant de rien. S'il lui racontait toute l'histoire... Il avait des raisons d'espérer qu'elle comprenne.

C'est alors que tout s'enchaîna, la remarqua agressive et on ne pouvait plus déplacée de ce vaurien de Yordanov, et ce crachat en pleine figure. Maxine n'avait pas terminé de crier que déjà, Jeremiah avait dégainé sa baguette, si empli de fureur qu'il en devint capable de commettre l'impardonnable :

Endoloris ! incanta-t-il d'une voix féroce, visant le garçon en pleine poitrine. Celui-ci s'écroula sur le sol en poussant un râle de souffrance pure, et Jeremiah raffermit sa prise sur sa baguette, transporté aussi bien d'euphorie que de haine. Seul comptait l'affront qui venait de lui être fait, et ce garçon qu'il haïssait qui goûtait au tapis du Hall sur lequel il venait de s'essuyer les pieds. Le son de ses hurlements montant jusqu'au plafond de la pièce l'emplissait d'une joie sauvage.

Je vais t'apprendre à me manquer de respect, petit impertinent, martela-t-il avant de rompre le flux de magie une douzaine de secondes plus tard, frémissant de rage. Le garçon arrêta de crier mais resta un instant à terre. Jeremiah se retint à grand-peine de se jeter sur lui afin de l'achever à grands coups de pied : il se battait plus noblement que ce petit coq, et même dans la haine la plus totale, il continuait de respecter son adversaire. Comme tout sang-pur digne de ce titre se devait d'agir. Comme ce petit arriviste de Yordanov semblait l'ignorer.

Tu sauras désormais que s'il est d'usage pour les sang-pur de ton pays, quel qu'il soit, d'agir de la sorte, lança-t-il avec un mépris total à Dylhan qui ne se relevait pas, en revanche avec moi, cela ne se passe pas ainsi. Et si tu t'avises un jour de recommencer à me manquer de respect, je risque de ne pas être aussi clément.

Il venait de montrer à Maxine une facette de sa personnalité qu'elle n'avait sans doute jamais vue, ou tout au moins pas depuis des lustres. Le Jeremiah violent et sans pitié, tel que Père aurait voulu qu'il soit. Et tel qu'il avait en partie réussi à le façonner. Cette facette qu'il avait cherché à combattre, mais qui venait de prendre le dessus de manière totalement incontrôlée. Au moment le moins opportun de tous. Jeremiah inspira profondément, avant de se tourner de plus belle vers sa soeur :

Je ne regrette rien, affirma-t-il d'une voix plus calme, ni la mort de nos parents, ni ce qui vient de se passer. Et si je devais le refaire, je le referai. Et avant de prétendre pouvoir me juger, et cela vaut aussi pour toi, ajouta-t-il d'une voix plus dure en s'adressant à Yordanov, vous feriez mieux de vous interroger sur mes motivations.

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