Namaste India [ GOLDSMITH ORPHEUS ] / TERMINE

Sujet: Namaste India [ GOLDSMITH ORPHEUS ] / TERMINE Mer 26 Mar 2014 - 14:24

Février 1979, Chemin de Traverse, Londres, Angleterre.

Un livreur poussa la porte de la boutique Moon & Stars. Il était jeune, probablement fraîchement émoulu de Poudlard, se donnait un air sérieux même s’il avait l’air de se trouver mal à l’aise dans cet environnement féminin et luxueux. Gloria l’accueillit, avec son sourire chaleureux et ses épaisses boucles brunes de méditerranéenne, et le débarrassa très vite de son paquet ainsi que d’un bouquet de fleurs qu’elle s’empressa de poser sur le comptoir. Pour ma part j’étais occupée à rédiger une lettre urgente qui devait partir par hibou express pour l’Inde. Cela faisait une heure que je m’évertuais à gribouiller ces maudites lignes, mais chaque fois que je posai mon regard sur la pièce je faisais un bond en arrière. Retour un samedi matin, à l’heure bleue, lorsque la nuit ne s’éteint pas tout à fait et que le jour paresse encore, devant les portes de Sainte-Mangouste. Allait-il bien au moins ? J’aurai pu obtenir des réponses, bien plus de réponses, mais je m’étais contentée de peu, de peur d’éveiller les soupçons, mais aussi refroidie par la vérité : Orpheus était un traître à son sang. Or subir le sort réservé aux parias ne faisait pas partie de mes plans.

Je finis par laisser tomber ma plume de paon sur le parchemin, projetant ainsi des gouttes d’encre qui achevèrent de ruiner mon immonde gribouillis. Je soupirai, me laissant aller contre le dossier moelleux de mon fauteuil, et me massai les tempes dans l’espoir ridicule de déloger Goldsmith de mon crâne. Et la migraine qui n’était pas loin bien sûr ! Non d’une goule, pourquoi est-ce que je m’inquiétais autant ? Est-ce que les médicomages rêvent de leurs patients ? Non ! Alors pourquoi est-ce que j’avais fait ce songe étrange ? Tout se déroulait comme dans la nuit de vendredi, sauf qu’arrivés à Sainte-Mangouste un masque barbare se substituait à son visage. Cette sensation de froid, c’était horrible, j’avais même cherché la plus petite trace de doigts sur mes bras, mais rien, il n’y avait que dans ma tête qu’Orpheus se saisissait de moi brutalement et m’emportait avec lui dans des volutes noires. Ensuite plus rien, je hurlai, et la seconde d’après je tombai de mon lit en nage et gelée. Ce masque, il ne m’était pas inconnu.

Gloria frappa à la porte du bureau, ce qui me fit sursauter car je m’étais laissée emporter par mes réflexions. Je lui ouvris, et avant même qu’elle ne dise quoi que ce soit je vis une Gloria souriante, trop pour être honnête, les yeux brillants comme si elle avait inventé la poudre de cheminette fondre sur moi en agitant un billet sous mon nez.

- Miss Moon, merci encore pour m’avoir aidé il y a de cela quelques nuits. Je m’excuse une nouvelle fois de m’être imposé à vous comme je l’ai fait, et j’espère que ces modestes présents pourront me racheter. Mes sentiments vous accompagnant, Or…

Je lui arrachai le billet des mains comme une sauvage, plus écarlate qu’une framboise mûre, en lui lançant un regard noir. La garce me rit au nez, avant de me tendre un bouquet de fleurs délicates et odorantes, s’attendant visiblement à ce que je lui raconte toute l’histoire.

- Dehors! ordonnai-je du même ton que je réservai à mon elfe Fidel lorsque j’étais d’une humeur de goule, vexée qu’elle se paye ma tête. Gloria s’exécuta en riant, non sans me faire remarquer que j’en avais de la chance, et qu’elle finirait par savoir, d’une manière ou d’une autre. J’aurai volontiers pratiqué un Oubliettes sur cette chère Gloria si je n’avais pas été certaine de rater mon coup.

Les jours qui suivirent j’observai le bouquet faner un peu plus à chaque aube, j’humai tant que possible la senteur qu’exhalaient les fleurs, et puis un matin je ne sentis plus rien. Alors je me résolus avec tristesse à les jeter, ravie de cette attention, même si mon songe macabre me trottait toujours dans la tête. Cet homme qui me faisait si mal et me terrorisait, ce n’était pas Orpheus, mais un cauchemar.

Mars 1979, Bureau de la Confédération internationale des sorciers, Section britannique, Ministère de la magie, Londres, Angleterre.

La verte m’avait-elle dit ! Une robe en satin d’un vert émeraude riche et chatoyant, aux ourlets brodés de diverses runes en fils argentés, longue, fluide, plutôt traditionnelle avec les longues manches pendantes et une capuche dont la pointe n’en finissait plus. Et bien sur le serre-taille en cuir de dragon vert gallois. Merci chère Fluvia pour tes conseils vestimentaires ! J’ai l’impression d’aller à une soirée mondaine, mais je dois bien avouer qu’elle n’a pas tort. Dans les couloirs du ministère on me salue, avec respect, et certains même avec déférence, je saisis quelques bribes de conversation. « La belle-fille d’Avery » revient le plus souvent. Merlin merci Severus m’a préparé une potion quasi miraculeuse. J’ai l’air fraîche et jeune alors qu’en réalité cela fait deux bonnes semaines que je ne dors pas assez, mange n’importe quoi et ne vois quasiment plus la lumière du jour ! Et maintenant on ose me dire que les liaisons avec l’Inde sont interrompues !

- Vous ne comprenez pas, je dois me rendre en Inde, c’est urgent !
- Comme je vous l’ai expliqué Miss Moon dans ma lettre le gouvernement indien a actuellement interdit toute entrée sur son territoire et ce jusqu’à une durée indéterminée.
- Je sais lire merci, mais encore une fois je n’y vais pas pour le plaisir mais pour affaires.
- Je ne peux rien pour vous Miss Moon.

La rage commençait à monter en moi. J’étais comme un chaudron bouillonnant prêt à exploser. Ce misérable petit gratte-papier que je dominai d’une bonne tête m’exaspérait. Si près du but je ne pouvais échouer ! Une heure que je m'évertuais à lui faire saisir l'urgence de ma situation!

- Ecoutez-moi bien, je dois partir d’une manière ou d’une autre alors si vous ne me trouvez pas dans l’heure une solution ce sont les Moon que vous allez vous mettre à dos et croyez-moi nous sommes nombreux.
- Alors dans ce cas vous n’avez qu’à emprunter les moyens de transport moldus.

C’était le mot de trop, alors à bout de nerfs, j’abattis mes mains à plat sur le bureau du scélérat, son pot à plumes et une tasse explosèrent alors que la pièce se saturait de magie, et cramoisie, je hurlai comme un tyran :

- JE VEUX CE FOUTU PORTOLOIN POUR L’INDE ET TOUT DE SUITE OU JE VOUS RÉDUIS EN CENDRES!

Un silence de mort s’ensuivit durant lequel les employés laissèrent tomber leurs activités pour jeter des regards curieux. Personne n’osait répliquer, surtout pas le nain qui observait avec des yeux ronds les débris joncher son bureau et qui tout à coup me prenait au sérieux. Il suait. Je crois que tout l’étage m’avait entendu hurler… Oh MER-LIN !

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Sujet: Re: Namaste India [ GOLDSMITH ORPHEUS ] / TERMINE Mer 26 Mar 2014 - 16:08

Un nouveau dossier sur une collaboration entre gobelins rejoignit la pile des affaires classées. Dans un soupir, je posai ma plume et me massai les tempes. J'avais l'impression d'être là depuis plusieurs heures, et pourtant nous n'étions qu'au milieu de la matinée... Les journées étaient de plus en plus longues au Ministère, et de moins en moins intéressantes. Cela faisait maintenant un mois que mon... Altercation avec les Mangemorts avait eu lieu, et après le présent envoyé à Minerva, je n'avais eu aucune nouvelle. L'avait-elle reçu ? Je n'en savais strictement rien, je ne savais pas non plus si les fleurs lui avaient plu... Mais après tout, si elle ne répondait pas, peut-être qu'elle ne voulait plus entendre parler de moi, ce qui était logique, en y repensant. J'avais été une source d'ennuis pour elle, c'est normal qu'elle ne voualit pas réitérer l'expérience...

Je repris mon travail, écoutant d'une oreille mon collègue commenter un échange entre le petit nouveau et une sorcière manifestement mécontente de la suspension des Portoloins entre l'Inde et l'Angleterre. Ce genre de réaction m'agaçait toujours un peu : les Portoloins étaient suspendus, et c'était tout, nous ne pouvions strictement rien y faire, alors nous hurler dessus était totalement inutile... Mais le pauvre jeune homme qui venait d'arriver n'osait pas relever ce détail à la jeune femme. Je me moquai bien de l'issue de cet échange, jusqu'au moment où la jeune femme éleva la voix. Voix que je connaissais, par ailleurs.

Alors que le silence s'abattait sur l'étage, je relevai la tête et vis la chevelure rousse de Minerva, ainsi que son teint vermillon qui n'annonçait que peu d'échappatoire au fonctionnaire en face d'elle. Nom de... Mais que faisait-elle ici ?! Enfin, je savais bien ce qu'elle venait faire ici, mais savait-elle que je travaillais à la section de coopération ?... Assurément pas. Mais du coup, qu'est-ce que j'allais faire ?... Rester là, planqué derrière mon bureau ? Je n'avais pas vraiment envie qu'elle me reconnaisse, sinon j'allais en prendre pour mon grade. Je baissai donc la tête pour me cacher en attendant qu'elle s'en aille, quand je remarquai que mon supérieur n'avait rien raté de l'échange. Et vu son regard, il se fichait bien que la sorcière soit une Moon ou non, et même qu'elle soit la belle-fille d'Avery. Si elle mettait trop de désordre dans sa section, elle allait très vite se faire virer de là...

Je soupirai et me levai, mortifié. Avant qu'elle ne soit éjectée du Ministère, j'allais tenter de calmer le coup. Je lissai ma robe de sorcier d'un sombre violet, passai ma main dans les cheveux et avançai vers la jeune sorcière. Le silence était toujours lourd, et je sentais sur moi le regard de mes collègues. Il était très rare que j'intervienne dans ce genre de conflit, donc je pouvais comprendre leur surprise... Mais je ne m'y arrêtai pas. Une fois à hauteur du bureau de Greenwood, le pauvre étant trop choqué pour répondre quoi que ce soit de constructif à Minerva, je tapotai sur son bureau pour qu'il tourne son attention vers moi.

- Greenwood, essaye de trouver une solution pour Miss Moon. De mon côté, je vais m'occuper d'elle, d'accord ?

Je haussai un sourcil, le regardant fixement jusqu'à ce qu'il acquiesce et commence à envoyer des missives pour chercher une solution. Une fois ce dernier à l'action, je me redressai et souris courtoisement à Minerva, avant de placer une main dans son dos et de lui monter un petit salon réservé aux visiteurs de l'autre.

- Après vous Miss Moon.

Rester maintenant à désamorcer la bombe à retardement qu'elle avait l'air d'être aujourd'hui...

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Sujet: Re: Namaste India [ GOLDSMITH ORPHEUS ] / TERMINE Mer 26 Mar 2014 - 22:00

Mars 1979, Bureau de la Confédération internationale des sorciers, Section britannique, Ministère de la magie, Londres, Angleterre.

L’immonde petit fainéant qui osait freiner mon ambition se ratatina. En état de choc. Il me dévisageait, la bouche légèrement entrouverte, le regard paniqué, comme un poisson hors de l’eau qui voit la lame s’approcher à toute vitesse de sa tête. Quant à moi j’étais… Ecarlate de rage, ce qui jurait affreusement avec ma chevelure rousse, et je lui dédiai mon regard le plus glaçant, celui-là même que je prenais lorsque je cherchais à pénétrer l’esprit de Severus. Cette limace ne s’en doutait pas, mais si j’avais voulu piétiner sa vie privée il m’aurait suffi d’une seule incantation. Heureusement pour lui je n’étais pas du genre à user de cette capacité sur le premier venu par méchanceté gratuite. Le silence qui régnait dans la section britannique ne présageait rien de bon. Après tout je venais de menacer de le réduire en cendres, donc en somme de le faire passer de vie à trépas, ce qui au vu de la conjoncture actuelle n'était pas à prendre à la légère.

Toujours en état de choc, le petit fonctionnaire me fixait avec des yeux ronds comme des soucoupes, visiblement incapable de répliquer quoi que ce soit. Plusieurs secondes s'écoulèrent ainsi dans un silence pesant. Et voilà, il m'avait mise hors de moi! Maintenant que j'avais implosé, sollicitant par la même occasion mes cordes vocales qui n'en demandaient pas tant, je me sentais à la fois soulagée et terriblement confuse. Et honteuse. Et pétrie de remords. Mes rares accès de colère ne duraient jamais longtemps, tout comme je n'étais pas d'une nature à garder une rancune tenace. Ah oui, et bien bête aussi! Plus aucun employé de la section britannique ne serait dorénavant disposé à me venir en aide, je pourrai toujours aller me préparer une potion!

Et puis au bout d’un moment des bruits de pas dans mon dos m’arrachèrent à notre face à face. Ma malheureuse victime pour sa part ne quittait plus son air de pitiponk frit, encore choqué par mes hurlements tyranniques. Je ne me sentais que plus désolée d’avoir dépassé les limites de la bienséance. Un tapotement discret rompit pour de bon ce moment embarrassant, et je me redressai, lentement, sans gestes brusques ni affectés comme me l’avait tant de fois rabâché grand-mère Vesta. Bref, j’étais digne, même si j’allais d’une seconde à l’autre me faire expulser comme une malpropre !

Au son de cette voix familière mon regard fondit comme neige au soleil et s’embua très vite. De panique. Je sentais sa présence dans mon dos, déstabilisante. Mon assurance chutait bien bas alors qu'un frisson désagréable électrisait ma colonne vertébrale. Les souvenirs de cette nuit de février m'assaillirent, nombreux et confus. Mon cauchemar se rappela également à moi, plus troublant que jamais. Et toujours cette question, pourquoi Orpheus et moi disparaissions dans des volutes noires comme l'âme tordue d'un mangemort ?

Me transformer en statue ne pouvant être sérieusement envisagé, je me forçai à me retourner et ainsi faire face à Orpheus. J'aurai bien aimé reculer d'un pas, mais me bloquer volontairement n'était pas très malin. Alors je fis de mon mieux pour ne pas lui sauter au cou, et le suivis docilement jusqu'au salon privé réservé aux visiteurs. Des regards hostiles me suivirent, et j'entendis même quelqu'un marmonner " ces sang-purs, toujours aussi agréables". La porte du salon se referma derrière moi et alors seulement je me permis de retrouver un visage expressif.

L'instant d'après un sourire radieux illuminait mon visage, qui cela dit en passant n'était plus recouvert que de tâches de rousseur, et je sautai littéralement au cou d'Orpheus, simplement heureuse de le retrouver. Comme le disait si bien mon cher cousin Dorian, par moment j'étais plus collante qu'un sort de glu perpétuelle! Je finis par me détacher de lui, le laissant ainsi respirer.

- Vous allez bien ? Mais que faîtes-vous ici ?! Oh mais bien sur, vous travaillez à la confédération! Je suis désolée de ne pas vous avoir répondu, c'est juste que...

J'ai failli vous envoyer une lettre mais je l'ai jeté au feu ? J'ai eu peur que mon cauchemar ne se transforme en rêve prémonitoire ? Mon enthousiasme refroidi par le souvenir de ma lâcheté, je souris, sincère, honteuse de l'avoir laissé aussi longtemps sans réponse.

- Merci pour les fleurs, elles étaient parfaites!

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Sujet: Re: Namaste India [ GOLDSMITH ORPHEUS ] / TERMINE Jeu 27 Mar 2014 - 20:45

Minerva s'était crispé à la seconde où elle avait reconnu ma voix. Ca n'était pas forcément bon signe... Ni pour moi, ni pour elle. Si elle me renvoyait "gentiment" paître alors que j'essaye de l'aider, non seulement j'allais subir la tornade, mais elle pourrait en plus se faire proprement renvoyer de la section. Mais elle ne dit rien et se contenta de rester droit et digne, comme on lui avait surement appris il y a plusieurs années. Je fus donc soulagé qu'elle prenne la direction que je lui indiquait sans broncher, et essuyai les remarques acerbes de mes collègues. Même si elle s'adressait la jeune sorcière, j'étais un sang-pur et tout le monde le savait ici... Après un regard glacial envoyé à l'auteur de la très fine remarque "Entre sangs-purs, faut bien s'entraider...", je refermai la porte du petit salon et attendis la déferlante.

Mais au lieu de la crise que je m'apprêtais à essuyer, je me retrouvais avec une Minerva pendue à mon cou, visiblement ravie de me voir. Je me crispai immédiatement, peu habituée à ce genre de contact. Bien sûr, je n'étais pas étranger au toucher féminin, mais j'étais en quelque sorte... Préparé. Jamais on ne me prenait au dépourvu avec ce genre d'effusion. Enfin, si, mais la dernière fois où une jeune femme m'avait sauté au cou, c'était il y a une bonne dizaine d'années... Je restais donc stoïque, trop poli pour la repousser mais en même temps, pas assez à l'aise pour lui rendre son étreinte.

Une fois la jeune sorcière calmée, je respirais un peu plus librement une fois qu'elle m'eut lâché. Je me sentais soulagé de quitter notre étrange proximité, mais en même temps... Elle m'avait réchauffé le cœur, par sa spontanéité, son insoucieuse... Ainsi que son lunatisme. Elle me rappelait un peu Sylvia. Mais sans être sa copie conforme non plus. Je lui souris, un peu plus naturel qu'à l'accoutumée, avant de lui indiquer un fauteuil d'un geste de la main.

- Je vais très bien, merci, et vous ?

Son hésitation après son excuse me laissa perplexe. Elle me cachait la raison de son silence, mais en même temps, je n'allais pas la questionner... Si elle ne voulait pas m'en parler, tant pis, même si ce silence me laisser quelque peu... Frustré. Cependant, cette sensation s'effaça bien vite pour laisser place au soulagement lorsqu'elle me remercia pour les fleurs.

- Mais de rien, je suis ravi qu'elles vous plaisent. Je ne savais pas vraiment quoi choisir...

Je n'allais quand même pas aller jusqu'à avouer que j'avais laisser la fleuriste faire... Afin de m'occuper, le temps que ma gêne passe, je me dirigeai vers la petite bouilloire, utilisée pour offrir un thé aux visiteurs.

- Aguamenti, murmurai-je en posant ma baguette au dessus de l'ouverture. Une fois la bouilloire pleine, je dirigeai ma baguette vers le bas de la bouilloire. Incendio.

Après quelques instants, l'eau frémissait doucement. Je rangeai ma baguette et servis un Earl Grey à Minerva, avant de faire la même chose pour moi... Mais me rattrapai bien vite. Je n'étais pas vraiment à même de m'assoir et de boire un thé avec la jeune femme... Je travaillais. Je lui amenai donc sa tasse, avant de me reculer légèrement.

- Que vous arrive-t-il pour que vous mettiez le Ministère sens dessus dessous miss Moon ? lui demandai-je sans préambule.

L'heure n'était plus aux courtoisies, j'en avais assez fait à présent...

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Sujet: Re: Namaste India [ GOLDSMITH ORPHEUS ] / TERMINE Ven 28 Mar 2014 - 16:07

Mars 1979, Bureau de la Confédération internationale des sorciers, Section britannique, Ministère de la magie, Londres, Angleterre.

J'avais été lâche de ne pas répondre. Oh bien sur me trouver des excuses n'était pas bien compliqué, mais au fond l'adolescente apeurée n'était jamais loin. Cette fille là vivait encore en moi, indécise et craintive. Je la sentais se poser mille et une questions, se torturer l'esprit et l'âme à m'en donner la migraine. Alors j'avais contemplé la lettre, de longues minutes, incapable de prendre une décision. Un bruit de porte qui claque et je la livrai aux flammes, paniquée avant d'entendre les pas s'éloigner et aussitôt regretter mon geste. Mais c'était trop tard, alors que le parchemin se consumait, je me berçai d'illusions en me disant que c'était mieux ainsi, pour lui et surtout pour moi. Mais qu'est-ce qui était bien en ce bas monde ? J'avais beau lutter pour ne pas me laisser empoisonner par les Moon, j'étais incapable d'avancer sans jeter un regard en arrière. Quelle tristesse!

- Ça va, mentis-je en évitant de croiser son regard. Ma peau fraîche et mon regard vif achevaient de rendre mon mensonge crédible. En vérité j'étais épuisée, autant physiquement que mentalement. Tout allait de travers! Mon voyage en Inde qui menaçait de tomber à l'eau, mes cauchemars incessants où Sybil et Orpheus se disputaient la première place, mère qui nageait dans le bonheur rendant ma solitude affective plus amère encore et pour couronner le tout Severus qui allait plus loin dans mon esprit. Le bloquer devenait de plus en plus ardu et je redoutai le jour où j'échouerai, me livrant ainsi, tous mes secrets à portée d'esprit.

Pour le persuader de mon pieux mensonge je lui fis mon sourire le plus éclatant, celui que je réservai à mes plus fidèles clients et aux cas difficiles. Si avec ça il ne gobait pas mon bobard, c'est qu'alors il avait le don de voyance, ou la capacité de s'infiltrer dans mon esprit. Quoique la seconde hypothèse se révélait nettement plus flippante que la première, et prise d'une soudaine vague de chaleur je me concentrai, à la recherche du moindre effleurement. Merlin merci je ne détecterai rien d'anormal! Et tandis qu'il s'affairait à préparer un thé, je le fixai, mon regard s'attardant là où un mois plus tôt je lui avais fait un bandage. Il n'avait pas l'air de souffrir d'une quelconque raideur, ce qui me rassura. Ses gestes étaient fluides, souples, et je dois bien l'avouer ma mâchoire manqua de se décrocher d'admiration lorsqu'il fit frémir l'eau. Et dire que plus d'une fois j'avais bousillé des bouilloires et des casseroles au point de les rendre inutilisables! Peut-être qu'un jour moi aussi je parviendrai à maîtriser le sort Incendio sans mettre le feu à ma cuisine!

Dépitée, mon visage prit une moue boudeuse lorsqu'il s'approcha avec ma tasse de thé, du Earl Grey comme je l'aimais. Alors seulement ce détail me frappa. Orpheus me dominait d'une bonne tête, si ce n'était plus! Cela dit au vu de son état et de l'obscurité ce n'était pas évident, pas étonnant que je ne m'en sois pas aperçue plus tôt. Ce constat acheva de me rendre parfaitement docile. Probablement mon instinct de survie qui me conseillait de ne jamais s'en prendre à un homme plus grand que soi... L'eau se teinta très vite de cette couleur propre au Earl Grey, doré et odorant à souhait, et je pu même attraper la tasse sans me brûler.

- Vous êtes doué pour le thé, pas comme moi qui suis incapable de doser un incendio correctement pensais-je très fort, suffisamment en tout cas pour conserver cette moue boudeuse alors qu'il reculait, professionnel.

Je fus surprise du changement d'ambiance. Il était devenu tout à coup si froid et distant. Comme s'il retournait à ses habitudes après l'élément perturbateur que j'étais. Bon et bien... Puisqu'il devait en être ainsi, avais-je vraiment le choix ? Je ne put retenir une drôle de lueur au fond de mes yeux clairs lorsqu'il m'appela Miss Moon et non pas par mon prénom. J'aurai préféré pouvoir prétendre que ça m’était égal, mais ce n'était pas vrai. Alors je fis ce que je savais faire de mieux, me retirer derrière un masque qui n'était pas vraiment moi. Je repris mon sérieux, et cet air déterminé qui s'affirmait un peu plus chaque jour, avec dans le regard un je ne sais quoi qui vous donnait l'impression d'être mis à nu.

- Je dois rencontrer un fournisseur en Inde pour finaliser un contrat. Un gros contrat, et il est hors de question que j'échoue si près du but. Je ne peux pas reporter mon voyage car je suis attendue en France la semaine suivante pour des affaires personnelles. Il me faut donc une solution, et très vite.

Spoiler:

Je restais sceptique à sa réponse. Allait-elle vraiment bien ? Quelque chose dans son comportement, son sourire un peu trop éclatant pour une réponse aussi banale, la façon dont elle avait détourné les yeux... Je n'avais pas l'impression qu'elle allait si bien que ça. Mais j'étais incapable de faire quoi que ce soit pour savoir si j'avais raison. J'étais plutôt doué en voyance, mais de là à vérifier directement si j'avais raison... Je me tus donc, et préférai répondre à son sourire par un léger hochement de tête, avant de partir préparer un thé.

Une fois Minerva servie, je me reculai légèrement et me redressai. Elle avait tiqué lorsque je m'étais approché, sans que je sache pourquoi et, au lieu de la mettre mal à l'aise, je préférais me reculer. Même si elle m'avait sauté au cou il y a quelques instants... Ce n'était peut-être pas notre proximité qui la déranger alors ? Mais qu'est-ce que ça pouvait être ?... Je soupirais face aux questions qui envahissaient mon esprit, et me concentrai de nouveau sur la jeune sorcière.

- Merci, mais ça n'est pas très... Sorcier, si je puis dire, lui répondis-je en souriant légèrement.

Je la laissai boire un peu de son thé pour engager la conversation de nouveau. Apparemment, se faire appeler par son nom de famille ne lui avait pas plu. Etait-elle comme moi ? Peut-être qu'elle n'avait plus de lien avec sa famille... Mais la coïncidence était trop grande, quelque chose d'autre la gênait mais je ne savais pas quoi. Mais, quand elle se reprit et me répondit de façon calme et professionnelle, je compris un peu. J'étais passé d'une certaine familiarité à un froid net, ce qui ne lui avait surement pas plu... Je baissai les yeux face à son regard qui semblait me scruter jusqu'au fond de mon âme. J'étais un peu mal à l'aise, j'avais l'impression qu'elle voyait tout de moi, ma solitude et le silence qui faisait partie de ma vie... Quand elle m'expliqua son problème, je hochai la tête, même si j'avais compris le nœud du problème.

- Je comprends. Malheureusement, le décret indien est tombé ce matin, sans que nous ayons pu prendre plus de précautions. Mais je suis sûr que Greenwood s'est montré... Convaincu par votre argumentaire et saura vous trouver une solution, énonçai-je avec une pointe d'ironie. Lui avez-vous donné le nom de votre fournisseur ?

Je regardai par la fenêtre un instant, avant de revenir vers Minerva.

- Je suis navré de prendre un ton aussi solennel, murmurai-je non loin d'elle, mais au Ministère, les murs peuvent avoir des oreilles...

Mars 1979, Bureau de la Confédération internationale des sorciers, Section britannique, Ministère de la magie, Londres, Angleterre.

A force de pratiquer l'art subtil et ardu de la légilimencie j'avais fini par acquérir un regard métallique, dur et inquisiteur. Le genre de regard qui vous perce à jour, vous traverse comme un rai de lumière et fait danser les particules dans l'air. Vos particules. Tous vos non-dits, vos mensonges, petits et grands, vos arrangements avec votre conscience, toutes ces choses que l'on préfère garder pour soi... Mais ce n'était pas dans mes habitudes de vous scruter avec tant d'ardeur dans les yeux. Le plus souvent j'avais un regard doux, parfois malicieux, souvent préoccupé, et quelques rares fois une flamme d'excitation y dansait. Mais là, entre ces murs, entre nos deux regards, le sien teinté de vert et le mien veiné de gris, je n'avais nulle envie de m'insinuer dans son esprit, l'effleurer avec douceur et m'y déployer. User de la légilimencie à de telles fins heurtait mes convictions. J'étais certaine de pouvoir résister à l'envie de me glisser dans son esprit, mais pour combien de temps ?

J'avais beau résister, je savais bien qu'un jour je finirai par craquer. Avec ce pouvoir en ma possession, qui ne céderait pas ?

Je chassai bien vite cette vilaine tentation de mon esprit pour me concentrer sur autre chose. Cette froide distance que j'essayai de maintenir par exemple, et qui me coûtai. Mais puisqu'il devait en être ainsi je m'y pliai. Nous étions au ministère, pas dans un salon de thé, et je ne pouvais pas lui poser toutes ces questions qui me traversaient la tête, ni rire, simplement heureuse et soulagée de le retrouver sain et sauf. Je l'écoutai me parler du décret, comme par hasard tombé ce matin ! Bien sur il fallait que ça soit l'Inde, et pas un autre pays ! Et ce pour une durée indéterminée ! Autant dire une éternité !

L'ironie ne m'échappa pas. Cela ne fit que me faire sentir un peu plus coupable et honteuse que je ne l'étais déjà. Mes colères se transformaient rarement en un poison corrosif, et ce pauvre Greenwood s'en était pris toute ma colère et ma frustration en pleine face, alors que lui même n'y était pour rien. Pauvre Greenwood ! Je me contentai de boire mon thé, en prenant soin à ne pas soutenir le regard d'Orpheus. Si je rougissais comme une écolière prise sur le fait j'allais ruiner l'air professionnel que j'essayais de prendre !

- Non, je ne lui ai pas donné le nom.

Aurai-je du ? Probablement puisqu'Orpheus me le demandait, mais j'étais tellement occupée à exiger et hurler... De toute manière je n'avais pas d'autre solution que de patienter et filer lui envoyer dès aujourd'hui un hibou express longue distances. Pour le reste il n'y avait plus qu'à prier Merlin que la chance soit de mon côté. La voix d'Orpheus me tira de mes pensées. Surprise, je tournai la tête pour l'observer regarder par la fenêtre.

- Je comprends, parvins-je à articuler au bout de quelques secondes de surprise. Je me forçai à avaler une longue gorgée de thé tout en réprimant l'envie de lire dans ses pensées qui reprenait du poil de la bête. J'avais la formule en tête, prête à me projeter dans la sienne, et évitai soigneusement de croiser nos regards.

- Je connais un sort pour boucher ces oreilles, fis-je pleine d'espoir avant de ma raviser. Severus n'approuverait sûrement pas que j'utilise ce sort, et encore moins dans un ministère grouillant de fonctionnaires. - Mais je ne suis pas certaine d'y arriver avec tout ce monde.

- Je suis désolée pour Greenwood, je ne voulais pas l'effrayer, la honte me noua la gorge alors que je me souvenais de mes paroles toutes fraîches, ou plutôt de mes menaces, Je ne l'aurai pas réduit en cendres. Et je n'ai pas non plus volontairement cassé ses affaires.

C'était juste un accident faillis-je ajouter, mais je m'en abstins, préférant ne pas aggraver mon cas. Qu'allais-je lui dire ? Qu'à dix-huit ans, bientôt dix-neuf ans, je ne maîtrisais toujours pas ma magie au point de faire exploser des objets ? Ridicule !

Spoiler:

Minerva semblait calmée à présent, et préférer éviter mon regard pour le reste de la conversation. Je ne lui en fis pas la remarque, même si cette attitude m'amusait. On aurait dit une jeune fille prise en faute, qui devait à présent rendre des comptes... Ce qui n'était pas totalement faux, mais je n'étais pas la personne à qui elle devait en rendre. Quand elle me dit qu'elle n'avait pas donné le nom de son fournisseur à Greenwood, je haussai les épaules.

- Si vous souhaitez que le Ministère envoie une missive pour lui, il faudra lui donner afin qu'il s'en occupe... Ou que je le fasse, c'est comme vous voulez.

Je souris légèrement quand elle me dit avoir compris, et n'en rajoutai pas plus. Cependant, quand elle me dit qu'elle connaissait un sort capable d'isoler la pièce, sort que je connaissais également, je secouai négativement la tête. Il suffisait que quelqu'un s'en rende compte pour que les suspicions commencent, et ça n'était pas le bon moment pour que ce genre de bruits courent. Deux sang-purs dont les familles avaient clairement choisi leur camp qui prenaient garde à ce qu'ils ne soient pas entendus, c'était vraiment très suspect.

- Un sort serait inutile et malvenu ici Minerva, soufflai-je en me détournant pour m'éloigner un peu.

Je sentais sa curiosité bouillir, et les questions qui lui trottaient sur le bout de la langue. Mais parler de mon état de santé où de ce qui pouvait toucher à ma vie privée ici était hors de question. Avais-je seulement envie d'en parler ?... J'étais sceptique. D'un côté, avoir une conversation avec quelqu'un, à mon sujet d'autant plus, était une chose aussi rare qu'évitée depuis des années. Mais d'un autre côté... Je lui devait bien ça, elle m'avait sauvé la vie après tout. Et même si j'avais horreur de ça, car cela impliquait d'être lié à quelqu'un, je lui devais la vie et j'avais donc une dette envers elle.

Après toutes ces réflexions, je m'approchai de la porte et posai ma main sur la poignée.

- Mais si vous souhaitez me parler, je suis disponible après mon travail. Je peux passer à la boutique et vous amener boire un thé quelque part, si vous le souhaitez bien sûr.

Ca n'était vraiment pas dans mon habitude de proposer ce genre de choses, mais c'était la suite logique des choses après tout... C'était le moins que je puisse faire.

- Pour le moment, c'est tout ce que je peux faire. J'adresserais vos excuses à Greenwood, à moins que vous ne voulez le faire vous-même ?

Mais vu son teint rouge et la reaction de Greenwood, j'étais persuadé que l'un comme l'autre ne voulait se recroiser de si tôt...

Mars 1979, Bureau de la Confédération internationale des sorciers, Section britannique, Ministère de la magie, Londres, Angleterre.

Le sorcier eût la délicatesse de ne pas me faire remarquer à quel point cet excès de rage rappelait celui d’un enfant sorcier encore incapable de maîtriser sa magie. Je me sentais déjà assez stupide comme ça, alors en rajouter une couche n’était pas nécessaire. Ma culpabilité me suffisait. Et ma bêtise. J’avais été bien naïve et arrogante de croire que mes hurlements et mes menaces feraient plier le gouvernement indien. Greenwood n’y pouvait rien, tout comme Orpheus, et être une Moon n’y changerait rien. Les portoloins entre l’Inde et le Royaume-Uni se trouvaient actuellement suspendus, point à la ligne. Hormis me retrouver aphone, je n’y gagnerai rien à m’égosiller sur de malheureux employés. Il n’y avait plus qu’à prendre mon mal en patience…

Lorsqu’il me fit remarquer qu’il serait bien malvenu de lancer ce type de sorts il me fallut quelques secondes avant de comprendre. Et de manquer de m’étouffer avec ma salive. Oh merlin, il ne manquerait plus que ça, qu’on me soupçonne de je ne sais quoi ! J’avais bien fait de m’en abstenir.

- Oui, je comprends répondis-je d’une voix qui se voulait sereine même si en réalité la perspective d’être l’objet de rumeurs me glaçait le sang. Mes maigres recherches ne m’avaient pas appris grand-chose sur Orpheus, mais il ne fallait pas être né de la cuisse de merlin pour comprendre qu’il faisait probablement partie des traîtres à leur sang. Comme mes cousins Prewett. Ou encore Marlene…

Ce qu’en réalité j’étais probablement même si jusqu’à présent j’étais parvenue à dissimuler ma véritable nature. Mais pour combien de temps encore ? L’occlumencie me préserverait, mais face à un puissant legilimens, quelles étaient mes chances ? Autant de questions que la remarque d’Orpheus soulevait et qui m’étaient désagréables. Pourtant tout cela fut très vite balayé par sa proposition qui me laissa sans voix. Et avec un air de pitiponk frit au passage… J’ouvris la bouche pour répondre quelque chose, n’importe quoi, mais la refermai bien vite, prise de court. Il me fallut quelques secondes pour remarquer qu’il avait la main sur la poignée de la porte, prêt à la tourner et ainsi mettre un terme à cette relative intimité. En clair il me mettait à la porte, mais m’offrait d’aller boire un verre en dehors du ministère. Quelle galanterie ! Mon père devait probablement se retourner dans sa tombe…

- D’accord ! dis-je d’une voix claire, un peu trop enjouée pour un cadre aussi strict, avant d’ajouter d’un voix plus basse, J’aurai quelques affaires à régler cet après-midi, alors je vous attendrai à la sortie du Chaudron Baveur à disons 18h ? Oh et je vous enverrai par hibou le nom de mon fournisseur, les noms indiens sont vraiment trop longs à retenir. Pour Greenwood je vous laisse faire, je crois que le pauvre n’a pas envie de me revoir de sitôt !

C’était le moment de partir. Et je n’avais pas envie. Ma tasse de thé était encore à moitié pleine, et j’aimais bien ce petit salon, mais au-dehors c’était la section britannique et ses fonctionnaires qui s’étonnaient probablement de ne pas m’entendre hurler. Alors je me levai, non sans soupirer, avant de reprendre un air de loup-garou mal léché, et sortis tête haute, aussi snob et froide que me l’avait appris ma chère grand-mère Vesta.

Mars 1979, Londres moldu, Angleterre.

Encore un peu et j’allais finir par devenir folle. Toutes mes tenues étaient sorcières, de la simple robe à celles plus mondaines, et celles plus traditionnelles, et donc plus vieilles encore. Je finis par dénicher un pantalon en velours noir au fond de mon armoire, là où j’entassais quelques trouvailles moldues. A mon grand désespoir je n’avais rien de plus habillé qu’un pull à col roulé crème en cachemire pour aller avec. Merlin merci ce n’étaient pas les chaussures qui me manquaient, et je décidais de me chausser d’une paire de bottes en cuir noir avec un talon plat d’environ cinq petits centimètres… Mais puisque pour une fois je n’allais pas passer pour une géante, même en frisant les 1m78 avec cette paire, alors je pouvais m’en donner à cœur joie ! Face à mon miroir, j’avais l’impression d’être une autre, et je dois bien avouer que ces moldus bénéficiaient d’un plus grand confort qu’avec nos lourdes et riches robes de sorciers…

Cela ne faisait que me sentir plus grande encore, mais tant pis, j’étais ainsi faite, et non, je n’étais pas tombée dans une marmite de poussos à ma naissance ! 17h45. J’enfilai mon épais manteau en laine couleur crème, mon sac en dentelle noire en bandoulière, dévalai les escaliers avant de me retrouver dehors, dans le froid. Je transplanai pour me retrouver à l’arrière du Chaudron Baveur, là où se situait la frontière entre nos deux mondes. Tête baissée, je me glissai bien vite entre les clients, pressée de sortir de là et surtout de ne pas être reconnue. Je n’avais aucune envie qu’on se mette à me demander ce que je faisais là, habillée comme une moldue !

17h50. Il pleuvait, pour ne pas changer, mais j’avais mon parapluie, et c’est ainsi abritée que j’attendis tranquillement en jetant régulièrement de petits coups d’œil à ma montre à gousset qui pendant à mon cou.

Spoiler:

La sorcière eut l'air de comprendre rapidement de quoi je parlais. En même temps, elle avait l'air assez maligne, se rappeler du contexte actuel et de ce que cela impliquait ne lui prit pas beaucoup de temps. Une fois consciente de ce que ce genre de sort pouvait impliquer ici, elle se ravisa rapidement. Peut-être aussi parce qu'elle avait déduit deux ou trois choses à mon sujet. J'avais été étiqueté comme traitre-à-son-sang dès mes onze ans, ce genre d’événement ne passait pas inaperçu... Alors je pouvais aisément comprendre que des rumeurs la liant à moi ne l'arrangeait pas plus que ça. Elle n'avait beau pas être clairement dans le camp du Lord, il n'en restait pas moins qu'elle avait une image à tenir.

Image qu'elle reprit vite en se faisant hautaine et arrogante après avoir répondu positivement à mon invitation. Je ne savais pas si je devais être content qu'elle accepte, ou inquiet de devoir répondre à certaines de ses questions et surtout, surtout sortir de mon silence continuel.

- Parfait, je vous retrouverai là-bas après avoir débauché.

Je lui ouvris ensuite la porte et l'accompagnai avec un air totalement neutre jusqu'aux ascenseurs. Je me rendis ensuite au bureau de Greenwood pour lui transmettre les excuses de Minerva. Une fois ma mission terminée, je partis m'assoir à mon bureau et repris mon travail, attendant avec une impatience mitigée la fin de la journée.

Plusieurs heures après la visite de Minerva au Ministère, je sortis de ce dernier avec plus d'avance que d'habitude. Transplanant jusqu'à mon appartement, je quittai ma robe de sorcier, avant de me planter devant mon armoire. Peu de choix s'offrait à moi, mais il fallait que je trouve quoi porter pour faire bonne figure chez les moldus. J'optais donc pour un pantalon de costume anthracite et une chemise bleu marine, avant de sortir ma veste en cuir, que je gardais pour les journées plus clémentes. Une fois prêt, je sortis de mon appartement... Pour voir la pluie tomber à verses. Soupirant, je revins sur mes pas, pris mon parapluie et transplanai près du Chaudron Baveur. Une fois à destination, je sortis et repérai bien vite Minerva, seule âme avec assez de courage pour braver la pluie battante. Je la rejoignis et toussotai pour indiquer ma présence.

- J'espère que vous n'attendez pas depuis trop longtemps... Nous y allons ?

Je préférais trouver un endroit au sec assez rapidement, discuter sous la pluie n'étant jamais très agréable.

Mars 1979, Londres moldu, Angleterre.

Planquée sous mon parapluie tout ce qu’il y avait de plus banal, et donc moldu, je triturais nerveusement le signe des reliques de la mort au bout de la chaîne d’argent, gravé au dos de la montre à gousset. Etait-ce de la nervosité ? Certainement. Parce que passée la surprise, et cet instant de flottement gênant, je m’étais empressée de donner mon accord, enthousiaste. Et maintenant que j’étais là, sous la pluie, devant moi l’immense Londres et ses millions de moldus étranges, j’avais le sentiment d’avoir mis le doigt dans un engrenage qui me dépassait. Et de faire une énorme bêtise ! Mère friserait l’apoplexie si elle savait, elle qui avait passé une vie entière à me rabâcher que les nobles idées apportent souvent plus d’ennuis qu’autre chose. Quant aux Moon ils n’hésiteraient pas à me faire un lavage de cerveau, paniqués à l’idée que je puisse être contaminée par des idées subversives. Non vraiment, j’étais trop bête d’avoir accepté, mais que pouvais-je faire ? Je n’allais tout de même pas lui poser un lapin, surtout maintenant qu’il était quasiment 18h, l’heure convenue ? En plus cette fichue humidité avait le don de rendre mes cheveux électriques, dans le genre longue tignasse qui crépite au moindre effleurement…

J’étais là, à maltraiter ma montre à gousset, l’esprit saturé de questions toutes plus débiles les unes que les autres, quand je sentis une présence dans mon dos avant même qu’il ne toussote. Cela ne m’empêcha pas de sursauter, manquant ainsi de faire tomber mon parapluie par la même occasion. Oh merlin, j’étais si nerveuse ! C’était comme si, comme si… Je jouais avec le feu ! Je n’étais pas plus détendue, mais au moins j’avais fini par lâcher la chaînette, et je souris même de toutes mes dents, heureuse de le retrouver mais aussi impatiente de nous éloigner. Téméraire mais pas folle !

- Je suis prête, dis-je, tous sourires, en le suivant.

Nous marchions depuis quelques minutes déjà, mêlés à la foule de moldus qui pressaient le pas. Une foule multiple, des visages empreints de contrées lointaines, et parfois des styles vestimentaires qui me laissaient bouche bée. Il y avait toute cette population, assez semblable d’ailleurs, et c’étaient probablement des employés qui se hâtaient de rentrer dans leurs foyers. Mais il y avait aussi régulièrement des groupes de jeunes gens, vêtus comme moi, qui marchaient d’un pas léger, se fichant éperdument de la pluie, gais et blagueurs et qui disparaissaient dans des pubs. Je les enviais, non pas pour leur légèreté, mais parce qu’eux au moins se trouvaient au chaud.

- Je crois que pour le thé c’est raté… fis-je d’une petite voix dépitée en observant un couple se réfugier dans ce qui semblait faire office de pub et de restaurant. Là je crois qu’on venaient de toucher le fond…

Comme pour nous inciter à prendre une décision rapide le ciel se déchaîna. Un orage éclata, la foudre s’abattit quelques part sur Londres car l’éclair était visible. Surprise, je sursautai en couinant comme un rongeur apeuré, et eût le malheureux réflexe d’agripper le bras d’Orpheus et d’y enfouir ma tête. Ce qui, bien sûr, ne fonctionna pas. L’instant d’après c’était une averse, que dis-je, un déluge qui s’abattait sur nos têtes. L’humidité me glaçait les pieds, et pour couronner le tout une bourrasque pernicieuse s’empara de mon parapluie qui alla se coincer dans un arbre, salement amoché par les branches.

- On entre ? dis-je d’une voix pleine d’espoir avec mon air de chien battu, non sans avoir auparavant retrouvé une distance plus convenable. Je commençais à avoir sérieusement froid et la pluie s’acharnait sur ma tête, collant mes longues mèches rousses à la laine crèmeuse de mon manteau. Génial…

Spoiler:

Malgré son sourire, je la sentais nerveuse. Regrettait-elle déjà d'avoir répondu positivement à mon invitation ? Peut-être bien, et puis cette idée d'aller du côté moldu de Londres, c'était surement pour cacher notre rendez-vous à la vue des sorciers... Je n'aurais pas du lui proposer ce rendez-vous en fin de compte, cela la mettait plus mal à l'aise qu'autre chose... Mais je me contentais de sourire, ne voulant pas annuler notre rencontre alors qu'elle était là sous la pluie, et que moi aussi.

Alors, nous sortîmes dans le Londres moldu et marchâmes dans les rues bondées d'anglais rentrant chez eux. La pluie battante ne s'arrêta pas, elle empira même et se transforma en un violent orage. Je regardai autour de moi, pour voir toutes les enseignes de salons de thés fermées. Seuls restaient ouverts les pubs et les restaurants...

- Je n'avais pas calculé que les salons de thés fermeraient aussi tôt... Je ne vais pas souvent dans cette partie de Londres...

Quand un éclair s’abattit sur la ville, touchant surement Big Ben, Minerva sursauta violemment et se cacha contre moi. Je la rapprochai de moi par réflexe, avant de me figurer notre proximité. Mais bien sûr, pourquoi pas après tout ?! Je me fustigeai en la relâchant, remarquant qu'elle comme moi étions soulagés que notre proximité soudaine cesse. Et pour finir le tableau, un violent coup de vent manqua d'emporter mon parapluie et vola celui de Minerva. Je la mis rapidement à l'abri sous mon parapluie, avant de regarder le pub devant lequel nous nous étions arrêtés. Il semblait bruyant et peu enclin à une conversation au calme. Je secouai négativement la tête et lui indiquai une petite enseigne plus calme, un restaurant de famille surement.

- Que diriez-vous de ce restaurant plutôt ? Il parait plus adéquat pour être au calme, non ?

Je la regardai, attendant qu'elle se décide. La décision lui appartenait au final.

Mars 1979, Londres moldu, Angleterre.

La foudre s'abattait sur Londres, multiple, en plusieurs endroits, zébrant le ciel et emplissant nos oreilles de son fracas. Et pour couronner le tout la pluie se transforma en une averse violente et amplifiée par le vent. Ce spectacle aurait pu me plaire, mais le nez collé à ma vitre, entre les mains un chocolat chaud et dans mon dos la chaleur d'un feu ronflant. Pas ainsi, exposée aux éléments, transie de froid et le visage constellé de grosses gouttes de pluie. Orpheus m’attira contre lui, par réflexe sans doute, que dis-je, bien sûr! Et je serais bien restée là, si ce n'était pas étrange, alors je m'éloignai un peu. Mais le vent s'empara de mon parapluie, et lorsqu'Orpheus me fit une place sous le sien, bienséance ou pas, je le rejoignis, trop heureuse de ne plus me prendre toute la flotte du Royaume-Uni sur le crâne. Le pub ne désemplissait pas. Des moldus, de tout âge, seuls, en couple ou par groupes y entraient, tête rentrée pour se protéger de la pluie et par la porte ouverte nous entendions la musique et les rires. C'était bruyant, mais il y avait de la vie là-dedans, de la gaieté, de la chaleur même si un peu d'intimité ne m'aurait pas déplu.

Me balançant sur mes pieds, à l'abri sous le parapluie d'Orpheus, je jetai un coup d'oeil à la petite enseigne, moins tape-à-l'oeil. C'était un petit restaurant italien, le genre d'enseigne familiale qui ne paye pas de mine, et où on peut faire un repas de roi comme jeter son argent par les fenêtres! Mais avec le ciel qui grondait au-dessus de nos têtes ma décision fut vite prise.

- Parfait! répondis-je, et la seconde d'après je m'élançai à travers la pluie, mes talons claquant sur le pavé londonien, mon sac à main posé sur ma tête alors que les gouttes, innombrables, me brouillaient la vue.

En quelques secondes je me retrouvai de l'autre côté de la rue, là où nous étions plus tôt, à l'abri des éléments sous le porche du restaurant. J'ouvris la porte, Orpheus sur mes talons, une petite clochette tinta. Une jeune serveuse vint à notre rencontre, souriante, son tablier d'un blanc éclatant.

- Bonsoir! Êtes-vous seulement à deux ou attendez vous d'autres personnes ?
- Nous sommes deux, répondis-je.
- Alors dans ce cas il ne me reste que la table 9, elle me désigna une petite table ronde dressée d'une nappe blanche et de couverts de la même couleur, à l'écart.
- Oui ça ira.

Non ça n'allait pas, mais entre la petite table et la pluie battante mon choix fut vite fait. Embarrassée, la serveuse nous prenait surement pour un couple, un vrai, et je n'osais la contredire. Je me débarrassai de mon manteau et de mon sac à main pour m'installer. Bon et bien nous y voilà...

- Ce petit restaurant a l'air d'être bien, non ? dis-je en ouvrant la carte qui me parut tout à coup très appétissante. Et ce n'était pas juste pour penser à autre chose que cette soirée bizarre. - Au fait je voulais vous dire, j'espère qu'on ne vous a pas fait trop de réflexions après mon départ...

Du genre " les sang-purs, toujours aussi charmants ".

Spoiler:

Minerva sembla hésiter un peu entre le pub et le petit restaurant. Mais était-ce la pluie ou l'orage, toujours est-il que le choix fut vite fait et elle m'entraina rapidement vers le restaurant. J'entrai à sa suite, posai mon parapluie dans la corbeille et, au moment où je rejoignis la jeune sorcière, une serveuse nous approcha pour nous proposer une table. La jeune femme répondit pour nous et nous nous installâmes sur une petite table. Je n'eus pas le temps de tirer la chaise de Minerva qu'elle était déjà installée, je m'assis donc en face, sans rien dire.

Les cartes arrivèrent rapidement et je me plongeai dans l'étude approfondie de cette dernière, ne sachant pas trop quoi dire. Répondre quand on me parlait était une chose, mais engager la conversation en était une autre, et j'étais incapable de trouver un sujet assez intéressant pour pouvoir meubler le silence qui commençait à s'installer. Mais Minerva le fit et je relevai les yeux avec un petit sourire.

- Oui, c'est parfait pour ce soir. Le pub m'aurait paru bien trop bruyant après ma journée au Ministère...

Et voilà que je parlais comme un vieux rabat-joie... En m'écoutant, j'avais l'impression de me plaindre de tout.

- Mais ça ne m'aurait pas dérangé non plus, je sors souvent !...

N'importe quoi, voilà que je mentais maintenant... Comme si ce genre de propos était plausible, on voyait bien à la manière de me comporter que je n'étais pas sociable... A vrai dire, ce diner était le premier depuis au moins trois ans, j'évitais au possible de répondre aux invitations de mes collègues. Autant dire que j'étais très mal à l'aise et que je ne savais pas comment me comporter, mais j'avais encore quelques souvenirs et je savais me comporter en présence d'une femme.

Je souris une nouvelle fois quand elle évoqua son départ du Ministère, et secouai légèrement la tête.

- Ne vous en faites pas pour ça, ce genre de remarques sont monnaie courante pour moi. Sans les entendre tous les jours, elles me parviennent parfois aux oreilles. J'espère cependant qu'elles ne vous ont pas atteintes... Ils ne faut pas les prendre en compte.

Je posais ma carte sur la table, ayant fait mon choix. Ne restait plus qu'à attendre la serveuse.

- J'espère par contre que vous n'avez pas eu de souci après mon intrusion nocturne...

J'acquiesçai, de l'avis d'Orpheus. Le ministère grouillait de monde, et donc de bruit. Entre les conversations entre collègues, les sorciers mécontents et les nombreux hiboux qui volaient d'étage en étages je ne pouvais que compatir. Moi même j'appréciais me retrancher dans mon bureau, après la fermeture, en tête à tête avec mon carnet de recettes, les bons de commandes ainsi que les listes de fournitures. A vrai dire cela était peut-être même mon moment préféré. Avec toutes ces tâches à accomplir je me sentais plus forte que jamais, comme si se farcir une réponse à une sorcière mécontente des mesures trop larges faisait de moi une autre personne. Mais bon, ça faisait aussi partie de mon lot. Les bons de commande mal remplis, les mensonges sur le tour de taille, les orgueils mal placés, les beuglantes injustes, les hiboux qui n'arrivent jamais et les couacs en tous genres! Mère au moins n'avait plus à endurer tout cela, et d'ailleurs cela expliquait pourquoi elle me laissait si volontiers mener la barque seule. L'organisation du mariage lui prenait certes beaucoup de temps, mais elle disposait d'une armada de soeurs, cousines et tantes dévouées à sa cause, prêtes à remuer ciel et terre pour trouver les meilleurs artisans sorciers de cette planète.

- Les pubs moldus sont assez sympas, acquiesçai-je tous sourires, en repensant à celui où Gideon et moi avions une fois passé une soirée. J'avais eu la très nette sensation de me retrouver dans un autre monde, mais ça avait été génial, et je devais bien avouer qu'avoir un cousin si proche des moldus me plaisait bien. Je m'exprimais avec un enthousiasme sincère, mon minois expressif visiblement ravi de cette expérience.

- Ils ont tellement plus de choix que nous! Hormis la bierreaubeurre, on n'a pas grand chose, et là il y avait une carte entière dédiée aux boissons! C'est très bruyant, mais pour des gens comme nous ce n'est dérangeant, personne ne va faire attention à notre conversation, et de toute façon passé une certaine heure ils sont tellement ivres... Alors on peut bien parler de ce qu'on veut, ils se diront juste qu'on est aussi saouls qu'eux!

Oui, une chouette expérience! Expérience que j'aurai bien aimé renouveler, mais je n'avais pas eu l'occasion de revoir Gideon depuis un moment. Entre mon travail à la boutique, mes recherches annexes et la légilimencie difficile de me dégager du temps libre. Ah dommage... Mais peut-être que Marlene serait disposée un soir à me servir de guide dans les rues de Londres!

J'écoutai Orpheus me parler du ministère et de ses très fins collègues. Je haussai les épaules pour lui faire comprendre que toutes ces remarques me passaient au-dessus de la tête. Naître sang-pur ne faisait pas de moi une personne meilleure, mais ça m'exposait à ce genre de perfidies. A Poudlard, et merci Sirius Black, j'avais eu mon lot de remarques déplacées sur ma supposée consanguinité etc... Alors non, ça ne m'atteignait pas, je savais bien que je valais mieux que tous ces qualificatifs petits et mesquins. Nonchalante, le coude posé sur la table, et au creux de ma main mon menton, je m'amusai avec une de mes longues mèches, comme à chaque fois que j'avais l'esprit ailleurs. C'est à peine si je remarquai qu'il avait posé sur la table sa carte, et c'est tout naturellement, sans trop réfléchir que je répondis:

- Ne vous inquiétez pas pour ça, j'ai verrouillé l'accès de ce souvenir, je l'ai rangé dans mon palais des sou...

Oh Merlin! Mais quelle idiote! Sous l'effet de la surprise mon coude dérapa et je me rattrapai de justesse à la table. Mais quelle cruche! Et saleté de Black! Repenser à toutes ses méchancetés m'avait momentanément replongé dans mes souvenirs encore frais de Poudlard. Toutefois je repris bien vite contenance, et par habitude vidai mon esprit comme Rogue me l'avait appris, avant d'ajouter, confuse:

- J'ai fais en sorte que personne ne soit au courant. Ma mère et mon beau-père ont l'habitude que je rentre tard, et comme je leur ai dis que je m'occupais de l'inventaire ça ne les a pas étonnés que je passe la nuit au bureau.

Génial... Maintenant je passais pour une asociale! Une folle enfermée à double tour dans un bureau transformé en bunker magique à coups d'enchantements plus que douteux... Pourquoi au juste avais-je accepté de prendre un thé ? Un thé à 18h qui plus est! Mais quelle idiote! Je me fustigeai mentalement, m'invectivant de triple buse en croisant les doigts pour qu'il n'ai pas la moindre base en occlumencie ou légilimencie, parce qu'un palais des souvenirs c'était typiquement le genre de technique de legilimens!

- Orpheus est-ce que...

Question indiscrète, question indiscrète! C'était comme si un énorme voyant rouge clignotait dans ma tête, le genre de voyant qu'on ne peut pas louper, à moins d'être aveugle, mais ma curiosité était trop forte, il fallait que je sache. Et pourquoi d'ailleurs ? Pourquoi vouloir l'entendre de sa propre bouche alors qu'il me suffisait de m'insinuer avec douceur dans son esprit ? Cela je ne pouvais me l'expliquer, à moins que le sort funeste qui lui était réservé, et dont je l'avais épargné, n'était qu'un avant-goût de ce qui me pendait au nez si je continuais à jouer avec le feu...

- Vous êtes vraiment un traître à votre sang ? Et depuis longtemps ?

Merlin merci la serveuse choisit ce moment pour venir prendre notre commande. Je n'osais pas le regarder dans les yeux, de peur de m'enflammer comme un feu de joie, ce qui aurait juré affreusement avec ma tignasse rousse. Même la serveuse évitait soigneusement de me regarder, comme si elle devinait que j'étais responsable de ce froid.

- Une kilkenny et un risotto pour moi, dis-je d'une voix un peu trop claire pour être tout à fait détendue.

Elle prit la commande d'Orpheus, nous débarrassa des cartes et nous laissa à notre morne ambiance. La réponse je la connaissais déjà, mais c'était viscéral, je voulais savoir. Pourquoi ? Je n'en savais rien, mais c'était comme ça, je voulais en être sure et certaine. Parce que s'il me disait non, s'il ne l'était pas, alors moi non plus je ne l'étais pas. Du moins je n'étais plus en bonne voie pour le devenir...

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