L'après-midi commençait, et une faible lueur automnale filtrait à travers les carreaux salles de la pièce. Assis sur un vieux pupitre, les jambes balançant au dessus du sol, Alexander contemplait la pièce en reprenant son souffle. Un vieux balai traînait à ses pieds, aussi usé par la séance de ménage de la matinée que par des années de service continu.
Il faut dire que Poudlard ne comptait plus de chorale depuis des décennies, et que les salles non utilisées du château avaient une tendance surnaturelle à attirer la poussière. Peut-être, se dit Alex, faisaient-elles ça pour drainer la poussière loin des salles qui servent, une sorte de système de ménage géant qui ferait partie du château sans qu'on s'en aperçoive, et qui expliquerait comment le gardien faisait pour tenir tout le château propre à lui seul. Il faudrait qu'il enquête là-dessus un de ces jours, quand il aurait un moment.
Mais il n'avait pas le temps pour cela aujourd'hui. Il avait passé le plus clair de son temps libre de la semaine à écrire de petites affiches qu'il avait épinglé dans les endroits les plus fréquentés de l'école, et ce matin il avait englouti rapidement son petit déjeuner, pendant que le plus clair du dortoir traînassait au lit, et s'était échiné à dépoussiérer la salle qui avait été attribuée au club. Trop intimidé par Rusard pour lui demander de nettoyer cette salle oubliée de tous depuis si longtemps, il s'était contenté de lui emprunter un vieux balai et avait donné de son mieux en écoutant un live de Queen que sa mère lui avait offert pour fêter sa libération de l'institut. Il aurait du aller les voir en concert cet été, mais tout cela avait été empêché par cette ministre trop zélée et ses sbires à capuche. Deux mois de soleil, de jeux et de musique remplacés par les brimades constantes, les menaces, et même des morts... Mais Alex ne voulait pas se laisser aller à la morosité aujourd'hui. Il était là pour faire de la musique et, avec les autres qui allaient le rejoindre, ils allaient faire rocker Poudlard jusqu'à ce que tous les mauvais souvenirs de l'été se soient évaporés dans le ciel d’Écosse.
Tout en balayant il se prenait à rêver de jouer un jour aussi bien que le groupe qu'il écoutait. Oui, un jour, peut-être, lui aussi donnerait des concerts devant des foules de sorciers ébahis et leur donnerait envie de danser et de se déchaîner au son de son luth. Heureusement, personne n'avait été là ce matin pour le voir de temps en temps interrompre son ménage pour jouer un solo en air guitare avec son balai, ou danser dans la salle comme un dératé.

Toujours est-il qu'il était là à présent, les jambes balançant en rythme, une main sur son luth à égrener quelques notes comme on pique des friandises dans un bol sans y penser, à attendre que les autres arrivent. Il espérait que le club allait intéresser du monde. Il espérait que les Serpentards n'avaient pas arraché trop de ses affiches. Il espérait qu'il n'avait pas fait tout ça pour se retrouver finalement seul tout l'après-midi.

Il se tenait là, fixant la porte, attendant avec impatience de voir une première tête apparaître...