Dumbledore l'avait bien précisé. Il ne fallait pas s'approcher du saule cogneur à moins de 10 mètres. Mais c'était sans compter la volonté d'Aurora de piéger son "ange gardien". Non mais c'était fou quand même, elle avait failli se manger les dalles des cachots, dégringoler des grands escaliers..deux fois, dévaler l'échelle jusqu'à la salle de divination.... Et à chaque fois elle était "sauvée" in extremis. Alors cette fois, elle allait se mettre en danger pour de bon et il n'y avait personne à l'horizon.... En fait quand on y pensait.. c'était un plan de bouse de troll, mais tant pis.
Statique devant l'arbre, Aurora ferma les yeux et avança progressivement. Lorsqu'elle franchit la barre des 10 mètres. Il ne se passa rien ...
9 mètres. Rien.
Aurora frémit et rouvrit les yeux.
8 mètres. Le saule actionna ses branches et les arma. Tel un coup de poing, à la vitesse de l'éclair ...

Aurora ferma les yeux au moment où elle aurait dû être percutée mais ....

mais ... les branches les plus fines du Saule s'emmêlèrent et s'enroulèrent autour de son tronc, l'immobilisant et transformant ainsi le végétal cogneur en un ravissant bouquet.

Adelheid jouait avec le feu. Enfin, avec la vie des gens, plus précisément. Elle ne savait pas gérer sa propre vie mais donnait des leçons aux autres sur comment ils devraient mener la leur. Elle ne le savait pas encore, mais en cela elle ne différait pas tellement de ses parents. Les fruits ne tombent pas loin de l'arbre, comme on dit.
Elle se comportait en justicière, récompensant les bons et punissant les mauvais. C'était un jeu qui lui plaisait et alimentait son âme d'écrivain. Sauf que ce petit jeu était bien en train de la rattraper ... Ceux qu'elle avait punis cherchaient à tout prix à se venger, et ceux qu'elle aidait aussi, apparemment ... C'était le cas de son amie Aurora. Oui, son amie. Une des rares qu'elle possédait. Ils étaient en moyenne plus jeunes qu'elle, comme Aurora et Pandora, témoignant de son envie de protéger plus faible qu'elle. Cependant, elle n'avait pas compté qu'Aurora serait téméraire. Elle avait cru tout d'abord à des accidents, mais maintenant que le phénomène se répétait, la rouquine avait ses doutes. La quatrième année n'hésitait même plus à se mettre en danger, volontairement d'après elle. Mais à quelle fin ? Après quelques expériences, Heidi avait percé à jour le plan de son amie : prendre son "ange gardien" en flagrant délit et découvrir son identité.
Seulement, la cinquième année ne voulait pas dévoiler son visage à Aurora, désireuse de garder cette facette de sa personnalité, bien cachée. Sans compter qu'elle ne savait pas du tout à quoi s'attendre quant à la réaction de la blonde, et l'idée de perdre une de ses seules amies lui était insupportable. Et, pour couronner le tout, il était trop tard pour elle pour faire machine arrière, car si elle abandonnait le rôle d'ange gardien qu'elle s'était auto-attribué, il n'y aurait plus personne pour sauver Aurora du danger dans lequel elle plongeait volontairement la tête la première. Là voilà donc piégée, obligée de déjouer sans cesse les plans mis en place par son amie.

Et aujourd'hui celle-ci avait visé fort : le Saule Cogneur. Adelheid s'en était doutée du moment qu'Aurora avait grommelé une excuse peu plausible pour lui fausser compagnie et se diriger à grands pas vers le Parc de Poudlard.
La cinquième année n'avait alors pas hésité une seule seconde à la prendre en filature sous le couvert des arbres, après s'être enturbannée de sortilèges assourdissant ses pas et faisant détourner les regards de sa personne.
Heureusement, en dehors de se mêler de ce qui ne la regardait pas, Adele avait d'autres passe-temps, bien dignes de sa maison : les livres et les cours. N'ayant par ailleurs que très peu d'amis pour l'en distraire, la rouquine avait acquis un très bon niveau en Sortilèges, glanant toutes sortes d'informations au détour de pages tournées de grimoires. Récemment, elle s'était même mise à faire ses propres expériences pour inventer de nouveaux sorts.

Ce qui lui permit de réagir suffisamment vite pour empêcher le Saule de fracasser le crâne de son amie. Celui-ci mis hors d'état de nuire — le Saule, pas le cerveau — l'Allemande s'autorisa à souffler. Puis plaqua une main hâtive sur sa bouche, craignant qu'Aurora ne l'entende.
N'ayant pas l'habitude de voir l'arbre si tranquille, quelques oiseaux curieux s'approchèrent en piaillant puis s'installèrent dans ses branches. Prise d'un soudain élan romantique, Heidi incanta tout bas et les oiseaux se mirent à chanter l'air de la chanson du Choixpeau Magique. Rien à faire, elle aimait la mise en scène ...

Soudain, par précaution, elle s'enfonça plus profondément dans l'ombre des arbres. Car le Saule se débattait férocement et menaçait de se libérer de ses entraves. Ça alors, son sort n'avait pas été plus efficace plus d'une minute ! Il allait falloir qu'elle songe à une autre option et vite, si elle ne voulait pas que son amie finisse en bouillie ... Que faisait-elle d'ailleurs ?

Alors ça !! Quand elle rouvrit les yeux, la serdaigle fut ébahie de constater que le saule n'avait plus grand chose de menaçant. La scène était même bucolique. Les petits oiseaux qui chantonnaient, ça n'avait franchement rien de naturel. Avant qu'Aurora ne puisse chercher d'où pouvait venir un tel revirement, l'arbre commença à se débattre. La jeune fille recula d'un pas, prenant sans doute conscience que ce qu'elle faisait n'avait pas de sens et qu'à vouloir provoquer le destin, il pourrait bien s'occuper d'elle promptement. Dans un accès de lucidité, elle choisit donc l'option de fuir. Si elle avait eu du courage, le choixpeau ne l'aurait pas envoyé chez les serdaigles. Sans attendre, elle fit volte face et entama sa course lorsque le saule se délivra et lança ses branches à sa poursuite....

Elle sentit alors une force la tirer en arrière par le pied .. c'était ....

c'était ... une des branches du Saule qui s'était enroulée autour de sa cheville. Du moins, c'était ce à quoi ça ressemblait. En réalité, cela sortait de la baguette d'Adelheid, tirant Aurora en arrière sans ménagement, lui faisant éviter de justesse le coup d'une vraie branche de l'arbre qui s'écrasa à quelques centimètres d'elle. Ouf, elle avait eu chaud !
Adelheid s'empressa de rompre son sortilège car Aurora commençait de se débattre et si elle regardait la « branche » d'un peu trop près, elle ne souffrirait pas un examen approfondi. De plus, le regard de la petite fille risquait de remonter jusqu'à sa baguette, ce que la rouquine ne désirait pas.

Dans sa poitrine, son cœur tambourinait à lui en meurtrir les côtes. L'adrénaline pulsait dans ses veines, et elle ne put s'empêcher de penser que c'était là la façon dont elle voulait vivre sa vie. A fond. Mais pas au détriment de la sécurité de ses amis, et elle se sentait coupable de mettre ainsi involontairement Aurora en danger.

Le Saule Cogneur allait à nouveau charger et les pensées d'Adelheid se focalisèrent derechef sur la situation périlleuse. Elle incanta et une énorme bourrasque se leva de sa baguette pour frapper l'arbre de plein fouet, espérant ainsi ralentir ses mouvements et permettre à Aurora de sortir promptement du cercle d'action du végétal. Croisons les doigts pour que celle-ci ait assez de jugeote pour saisir l'occasion de fuir et non pas de continuer à provoquer le destin ...

Ouch, ça la tirait en arrière si violemment qu'Aurora tenta de se rattraper à tout ce qu'elle trouvait sur son passage. Ses ongles raclait la terre, ses mains étaient complétement éraflés et commençaient à bruler. Mais qu'est-ce qu'il lui était passé par la tête, par Merlin, C'était de loin la chose la plus stupide qu'elle avait fait et elle se jura intérieurement de ne plus jamais recommencer .... Lorsque la branche la lâcha enfin, elle se leva difficilement mais le plus rapidement possible pour échapper à une nouvelle rafale des poings du saule. Elle se jeta en avant, et courra si vite qu'elle manqua de perdre l'équilibre une bonne dizaine de fois. Elle ne remarqua pas la bourrasque qui ralentissait le saule mais qui lui permit de s'échapper finalement loin du champ d'action de l'arbre.
Quand elle fut hors de danger, la jeune serdaigle détailla ses mains, ses genoux écorchés et prit la décision de se filer chez madame Pomfresh. En effet une douleur jusqu'alors passée inaperçue, adrénaline aidant, commençait à se réveiller.. En claudiquant elle s'y rendit, en se promettant d'arrêter de jouer avec le sort .. et surtout de tout raconter à Adel !


(On continue à l'infirmerie si tu veux?)

Adelheid fut soulagée de voir qu’Aurora avait eu la présence d’esprit de prendre ses jambes à son cou pour fuir le rayon d’action du Saule Cogneur. Elle se permit enfin de souffler ; son amie était hors de danger. C’était moins une. Elle espérait simplement que la petite fille avait eu la peur de sa vie, assez pour ne pas recommencer. Car Adelheid avait beau être douée en Sortilèges, elle n’était après tout qu’en sixième année, et n’avait pas des connaissances infinies. Si Aurora continuait à jouer ainsi avec le feu, Adelheid savait que viendrait un moment où elle ne pourrait plus rien pour elle…
Elle promena un regard à la recherche de son amie, et la découvrit en train de détailler ses mains et ses genoux… écorchés vifs. Adelheid tressaillit. Trop occupée à éviter que les branches de l’arbre ne la défigurent, elle n’avait pas fait attention aux blessures qu’elle avait infligées à son amie. Son cœur se serra. Elle jouait à un jeu dangereux, qui commençait à la dépasser, et elle ne savait pas comment en sortir. Elle dut faire un effort extrême pour brider ses émotions et ne pas accourir et demander comment elle allait. C’était assurément la chose la plus dure qu’elle avait faite de toute sa vie.


Quelques minutes après à l'infirmerie.

Adelheid pénétra dans l’infirmerie quelques minutes après qu’Aurora elle-même y soit entrée. Elle ne pouvait pas attendre plus longtemps, elle devait savoir si son amie allait bien. Celle-ci était assise sur un lit et Madame Pomfresh lui examinait les mains. « Aurora ! Je suis venue dès que j’ai su, qu’est-ce qui t’est arrivé ? » mentit-elle en se précipitant vers le lit. En réalité, elle avait suivi Aurora jusqu’au château, puis jusqu’à l’infirmerie. Elle était heureuse que son amie ait été assez sage pour demander l’aide de l’infirmière. Elle avait cependant hésité sur l’attitude à adopter. Devait-elle attendre sagement à la salle commune que la petite fille sorte de l’infirmerie et vienne lui conter ses mésaventures, ou devait-elle prétexter les commérages allant bon train  à Poudlard pour lui rendre visiter à l’infirmerie ? N’y tenant plus, elle avait finalement opté pour la deuxième option, comptant sur le fait qu’Aurora serait trop sous le choc des événements pour se rendre compte à quel point elle avait accouru rapidement…

Aurora ♥:

Assise sur un des lits de l'infirmerie, Aurora laissa l'infirmière lui examiner les mains et les genoux. C'était franchement douloureux, mais elle serra les dents, après tout c'était de sa propre faute si elle était là. Elle avait raconté à Pompom être tombée dans le parc. Quand Adel arriva, la serdaigle voulut se lever pour tout lui raconter, mais Pomfresh la retint oralement : "Reste tranquille, je vais chercher ce qu'il faut." L'infrimière partit, permettant à la petite fille de tout dire à son amie :

- J'ai voulu m'approcher un peu trop près du saule cogneur.. tu te souviens je t'avais parlé que j’étais parfois AIDE par quelqu'un ou autre chose quand il était sur le point de m'arriver quelque chose... Et bien figure toi, que ça a de nouveau eu lieu, mais je suis allée un peu loin là .... Le saule allait m'écraser !!!!! J'ai couru, et j'ai couru ..et finalement j'ai pu me mettre à l'abri .... Merci Merlin !!!

Elle marqua une pause et continua d'un ton résolu :

- Je crois qu'il faut que j'arrête ....

Sur ces paroles, Pomfresh les interrompit en appliquant un onguent sur les paumes des mains de la serdaigle ainsi que sur ces genoux. Aurora grimaça de douleur, mais se tut... Quelle bécasse .... !