A taste of honey, tasting much sweeter than wine | ALLISON

Assise sur son canapé, Alice relit une dernière fois le petit mot envoyé par hibou par son amie Allison qui lui donne rendez-vous chez elle aux alentours de 3pm pour une dégustation de pâtisseries. La jeune auror jette un coup d'oeil à la pendule et remarque qu'il ne lui reste plus que cinq minutes si elle veut espérer être à l'heure. Mais par chance, Alice est déjà toute prête, vêtue d'un combishort à manches longues bleu marine à fleurs rouges, d'un long gilet rouge, de collants noirs opaques et de grandes bottes en daim à franges assorties à sa tenue. So seventies !
« Frank, j'y vais ! » s'écrie-t-elle au bout d'un moment après avoir pris dans la cuisine une bouteille de jus de fruits pour accompagner les sucreries, et un autre petit truc qu'elle avait hâte de montrer à son amie.
Elle entend son fiancé lui répondre « A tout à l'heure, chérie ! » depuis la cabine de douche, dans la salle de bain.
Alice s'approche alors de leur cheminée et attrape sur le rebord dans un petit pot de terre un peu de poudre de cheminette. Elle lance la poudre verte dans l'âtre, met un pied dans les flammes et annonce la destination. Quelques secondes plus tard, la jeune sorcière fait son apparition dans le salon d'Allison.
« Ok, dit-elle d'entrée de jeu. J'ai rien mangé de toute la journée pour me préserver pour ce moment alors Allie, sache que je vais les dévorer tes gâteaux ! T'es prévenue, j'ai une faim de loup-garou ! Au fait, salut. Je t'ai apporté du jus de pommes ! »

Allison s'était réveillée ce matin-là pleine d'entrain et de bonne humeur, la tête remplie d'idées plus gourmandes les unes que les autres et qui lui étaient venues durant la nuit.
Sans plus attendre, attablée dans la cuisine, le dos à la cheminée, elle écrivit sur un petit bout de parchemin qu'elle tâcha un peu de marmelade qu'elle mangeait au petit déjeuner, un mot à son amie de toujours.

« Alice, j'espère que tu n'as rien prévu cet après-midi, j'ai besoin de ma goûteuse préférée ! Rendez-vous chez moi à quinze heures, viens avec la faim et notre vieil album photos de Poud'. Je t'attends et t'embrasse, Allie. PS : si Franck râle, dis-lui que tu rentreras avec le dessert pour ce soir ! »

Sa missive envoyée par hibou, la jeune femme s'habilla d'une petite robe noire au col rond et blanc et aux manches courtes, par dessus une paire de collants en laine gris perle et chaussa ses ballerines, direction le chemin de traverse pour ses emplettes. Elle se fit plaisir, ne lésina pas sur la dépense et passa par l'herboriste, bien décidée à mettre en œuvre toutes les nouvelles expériences qu'elle avait imaginées.
De retour chez elle, elle ne déjeuna que d'un sandwich rapide, enfila son tablier et attaqua ses préparations. Parmi toutes les qualités que possédait Alice, la ponctualité était en tête de liste ! Bientôt, une délicieuse odeur de sucre et d'épices embauma son intérieur, et un flash vert dans la cheminée de sa cuisine lui indiqua qu'elle avait eu le nez creux.
— Pile à l'heure, comme toujours ! En plus, tu es superbe, dit-elle en riant, débarrassant son amie du jus de pomme qu'elle posa sur la table. C'est très bien, tu as suivi les instructions, tu es venue avec la faim ! Viens, viens t'asseoir ici. C'est quoi, dans ce sac ?

« Par Merlin que ça sent bon ! s'écrie théâtralement la jeune auror en se débarrassant du jus de pomme dans les mains d'Allison. J'en salive d'avance ! »
Allison la complimente et Alice fait un petit tour sur elle-même pour qu'elle puisse admirer sa nouvelle combi, qu'elles avaient acheté ensemble lors d'une virée shopping quelques semaines plus tôt.
« Je t'avais dit que cette tenue était faite pour moi, fait Alice en s'approchant du canapé et en s'y asseyant, sous les ordres de son amie. Et toi aussi tu es superbe, on est deux canons, c'est comme ça !
— C'est quoi, dans ce sac ? demande Allison.
— C'est ce que tu m'as demandé, notre album photo de Poudlard, répond Alice en le sortant de son sac et en le déposant sur la table basse. Mais je te préviens, on n'y touche pas avant d'avoir goûter tes merveilles, si tu ne veux pas que je finisse par te croquer une jambe tellement je meurs de faim ! »
Alice rit et son ventre se met à grogner très bruyamment comme pour prouver à Allison qu'elle ne ment pas. La jeune femme plaque ses mains sur son estomac et rit de plus belle, loin de se sentir gênée, surtout devant son amie.
« Alors, qu'est-ce que tu nous as préparé ? demande Alice en retirant ses bottes qu'elle dépose à côté du canapé et en glissant ses jambes sous ses fesses. Tu as besoin d'un coup de main ? Tu connais mon talent pour la cuisine ! »
En vérité, Alice est une nullité incroyable derrière les fourneaux, tout le monde le sait et c'est d'ailleurs un sujet de moquerie récurrent. Mais elle assume, on ne peut pas être doué en tout !

— Et tu sais toujours ce qui te va, tu as vraiment bien fait de la prendre, fit Allison en sifflant admirativement entre ses dents. Elle rit aux pitreries de son amie, et caressa du bout des doigts l'album photos renfermant tant de leurs bons souvenirs communs.
D'une petite pression ferme sur l'épaule, elle incita Alice à s'asseoir.
— Installe-toi et met-toi à l'aise, la cannibale, dit-elle en allant vers ses fourneaux, je te sers ton quatre heures avant que ton estomac n'agonise pour de bon ! Dit-elle en riant, d'un air presque maternel. Alice s'installa confortablement, tandis qu'Allison, les deux mains gantées d'épaisses maniques, déposait sous ses yeux un plateau garni de petites choses à l'odeur sucrée.
— Surtout garde tes mains loin de ma cuisine, tu risquerais d'y mettre le feu ! Blagua-t-elle d'un air faussement scandalisé. Désignant tour à tour ses mignardises, elle énonça ; Mademoiselle a le choix entre des muffins aux raisins secs et à la citrouille, des Chelsea buns à la cannelle et aux pépites de chocolat ou mon célèbre sponge cake à la framboise. Ah, je t'avais dit de venir avec la faim ! Ria-t-elle face aux grands yeux arrondis de son amie. Minute, pitiponk ! Elle tapa gentiment sur la petite main d'Alice qui se dirigeait déjà vers les pâtisseries. Il y a des ingrédients surprises dans tout, tu dois deviner ce que c'est...

« NOM D'UN BILLYWIG ! s'écrie Alice, les yeux pétillants devant les sucreries que vient d'apporter Allison. Ces muffins ont l'air... et ces Chelsea buns ! PAR MERLIN, du sponge cake à la framboiiiiiiise, tu veux me tuer ou quoi ?
— Ah, je t'avais dit de venir avec la faim ! dit Allison en riant.
Aussitôt, Alice tend le bras en direction du sponge cake quand Allison lui donne une tape sur le dos de la main. Alice ramène sa main à elle en poussant un petit "Aïe !" plaintif alors qu'elle n'a rien senti du tout.
« Minute, pitiponk ! lui dit son amie. Il y a des ingrédients surprises dans tout, tu dois deviner ce que c'est...
— Facile !
En vérité, pas facile du tout. Les sens du goût et de l'odorat chez Alice sont aussi affûtés que son talent en cuisine. Mais la jeune sorcière est prête à mentir si ça peut lui permettre de s'en mettre plein le ventre !
Elle s'empare alors du sponge cake, celui qui lui fait de l'oeil depuis tout à l'heure. Elle commence par le passer sous son nez pour imiter les connaisseurs alors qu'en fait, elle n'y connait rien du tout.
« Hm, on sent fort l'arôme de la framboise, dit-elle en prenant un petit air bourgeois, avant de dévorer une grosse bouchée du gâteau. Oh Sheigneur, que ch'est bon... laisse-t-elle alors échapper en se laissant tomber contre le dossier du canapé, les yeux exagérément révulsés. Tu as mis quoi à l'intérieur, du nuage ? Du concentré de bonheur ? Tout ton amour ? »

Si Allie voulait tuer Alice – marrant comme cela pouvait ressembler à un titre de roman –, elle s'y serait prise tout à fait autrement, et aurait eut de sacrés comptes à rendre à Frank... Heureusement pour ce dernier, les intentions de la brune sorcière étaient on ne peut plus honorables, et sa vocation première, hormis l'envie de passer une après-midi en compagnie de son amie de toujours, était de la régaler.
Alice décida de se prêter au jeu, ce dont en toute honnêteté Allison n'avait jamais douté, et attaqua par une part de sponge cake qu'elle renifla fort élégamment comme une aristocrate, tirant des rires de son amie. La distinction laissa vite place à la convoitise, et aussi élégamment qu'une acromantula dans un magasin de chaudrons, avala son morceau.
Allison, rieuse, avait les yeux brillants de ravissement et d'une once de fierté. Non pas qu'elle remettait en cause ses capacités culinaires, mais étant donné que c'était la seule chose qu'elle était sûre de savoir faire convenablement dans sa vie, les compliments d'Alice l'emplissaient de joie.
— A vrai dire, un peu de tout ça, oui, fit-elle d'un air faussement hautain, jetant sa brune chevelure par-dessus son épaule, et soufflant ses les ongles de sa main, sourire roublard aux lèvres. La mine extasiée d'Alice eut raison de son sérieux et la fit rire à nouveau, tandis qu'elle se laissait tomber vraiment peu élégamment à côté d'elle sur le canapé. J'ai mis autre chose, Miss-nez-bouché, fais marcher ton odorat et ton palais, et dis-moi ce que tu sens derrière la framboise ! Si tu trouves... Elle prit l'assiette sur laquelle étaient posés les muffins, Tu auras le droit de passer à l'étape suivante... Elle agita sous le nez d'Alice les pâtisseries. Alooors ? Indice, ça commence par un A ! Dit-elle dans un grand sourire.

Alice éclate de rire lorsque son amie fait mine de frimer un peu (et à raison car son spongecake est délicieux), arborant des faux airs supérieurs qui ne lui ressemblent pas du tout. Non mais quoi, c'est Allie ! Elle est tout sauf prétentieuse, cette fille c'est la simplicité ! Quand Alice pense à Allison, ce qui lui vient à l'esprit, c'est des cupcakes et un chocolat chaud à la cannelle, le tout dégusté au coin du feu, des plaids sur les épaules. Oui, Allison est associée à la nourriture, dans la tête de son amie. C'est sympa, hein ? Bon, elle a pas dit qu'elle ressemblait à un chaudron non plus, ne nous méprenons pas.
Puis Allison s'affale sur le canapé, faisant rebondir légèrement la jeune auror qui reprend goulûment une bouchée de son spongecake en soupirant de plaisir.
« Je chens du sholeil et des p'tits papillons, dit Alice, la bouche pleine, oups, je me suis crachée des miettes sur les genoux. »
La pâtissière en chef allèche alors la jeune femme en lui passant sous le nez l'assiette de muffins et en lui promettant qu'elle pourra y toucher seulement si elle trouve l'ingrédient secret, tandis qu'Alice essuie sur ses collants les dégâts causés par sa maladresse et sa fâcheuse tendance qu'elle a de parler, parler, toujours parler même lorsque sa bouche est dans l'incapacité d'aligner trois mots sans recracher tout ce qu'elle contient.
« Par A, tu dis ? Hm, laisse-moi réfléchir... De l'asphodèle ? De l'armoise ? Ou alors de l'ail pour repousser les vampires ? »
Puis Alice se redresse soudain, ouvrant de grands yeux.
« Si tu me dis que tu as mis de l'acromentule, je te préviens, je vomis ! »

Le visage mutin et expressif de son amie Alice s'animait, parlait, crachait des miettes — Allie en reçu une sur la main, mais ce n'était pas grave, elle l'essuya sur un coussin du sofa — et ne cessait de faire rire Allison. Alice était un pitre, comme on n'en faisait plus ! Et elle savait la faire rire comme pas deux.
— Rien de tout cela, mais je penserai à l'ail si jamais tu oses vomir sur mon tapis ! Fit-elle mine de la gronder, en faisant les gros yeux. Puis elle prit elle aussi une part de cake, qu'elle mastiqua bien, à la manière d'un connaisseur. Bon, c'est très léger je te l'accorde, c'est sans doute pour ça que tu ne le sens pas, Miss Fortarôme... D'ailleurs, c'est marrant qu'avec un nom pareil tu ne... Non, non, pas le coussin sur la tête, j'ai rien dis, j'ai rien dis ! Riait-elle, les larmes aux yeux. Elle expira et reprit son souffle en se tenant les côtes. Bon, je te le dis ; il y a une infiiiiiime dose d'Alihotsy là-dedans ! Si tu en ingères trop, ça cause l'hystérie, mais en dose minime, elle te procure un sentiment de bien-être incroyable ! Comme un bon gros carré de chocolat... Elle soupira d'aise et ferma les yeux un moment. Bon allez, la suite, j'te laisse une chance encore !

« Rien de tout cela, fait Allison, mais je penserai à l'ail si jamais tu oses vomir sur mon tapis ! »
Alice lui tire la langue comme une enfant avant de croquer de nouveau dans le somptueux gâteau. Allison poursuit en se moquant un peu de la nullité si contradictoire de la jeune auror pour reconnaître un ingrédient alors que son nom de famille aurait plutôt dû la prédestiner dans ce domaine. Alice plisse les yeux, attrape un coussin et fait mine de le balancer à la tronche de la cuisinière en chef avant de rire avec elle. Bon, Alice est nulle, c'est comme ça, que voulez vous qu'on y fasse...
Alice s'apprête à reprendre une nouvelle bouchée du délicieux sponge-cake quand Allison lui dévoile enfin l'ingrédient secret qu'elle a disséminé à l'intérieur.
« Nom d'un scroutt ! s'écrie la sorcière en reculant le bout de gâteau de ses lèvres. De l'Alihotsy, jamais j'aurais dit... Non mais tu ne peux pas mettre de l'Alihotsy dans ton gâteau, Allie ! Il est tellement bon, les gens (comme moi, tu vois) vont s'en enfiler des tonnes, c'est impossible de se contrôler ! Au bout de combien de kilo ça devient dangereux ? »
Alice rit comme une baleine puis, qu'importe l'hystérie, enfourne dans sa bouche le dernier morceau de sponge-cake qu'il lui restait entre les doigts. Se laissant retomber contre le dossier du canapé, elle soupire de plaisir et pourrait même se laisser aller à un petit somme. Mais Allison lui rappelle qu'il y a encore deux autres gâteaux à tester et alors, comme un clown farceur sortant d'une boîte, Alice se redresse brusquement, tout sourire.
« Allons-y pour les Chelsea buns ! » fait la jeune femme d'une voix enjouée, attrapant du même coup l'un des gâteaux à la cannelle sur le plateau de présentation.
Elle se retient d'en avaler la moitié et préfère jouer la jeune fille distinguée en en prenant qu'un petit morceau. Aussitôt, elle roule des yeux en se mordant la lèvre inférieure.
« Ohlala mais je vais pleurer tellement c'est bon, dit-elle à peine dans l'exagération. Tout ce que je vais manger, après ça, va me sembler insipide ! Qu'est-ce que tu y as mis, cette fois ? Allez, donne-moi un indice, tu sais que je suis abominable à ce genre de jeu ! »