Severus était occupé à jouer une partie d'échecs sorciers contre Barty Croupton lorsque Mulciber fit irruption dans la salle commune de Serpentard. Concentré sur son jeu, le jeune Rogue ne releva pas les yeux, même lorsque Mulciber se porta à leur hauteur sans dire un mot, comme un oiseau de mauvais augure.
— Salut Mulciber, le salua en revanche Barty, ce qui révéla à Rogue qui était la forme noire à sa gauche. Il n'aimait pas Mulciber, et l'ignora donc copieusement.
— Salut Croupton. Rogue, Avery veut te voir, lui annonça Mulciber d'un air important. Rogue profita de cet instant pour avancer sa tour en diagonale, ce qui arracha un soupir contrarié à Barty.
— Rogue ? s'impatienta Mulciber.
— Pourquoi ? s'enquit Severus en se redressant sur sa chaise pour toiser le nouveau venu avec un désintérêt tout calculé.
— Il te le dira lui-même, répondit Mulciber en regardant autour de lui pour vérifier que personne n'écoutait, viens, insista-t-il de manière plus pressante.
— Et moi je peux venir ? s'enquit Barty avec espoir tandis que Rogue se levait. Ni lui ni Mulciber ne lui répondirent : ils se contentèrent de le laisser pour rejoindre le reste de la bande dans le dortoir qu'ils partageaient. Severus entra dans la chambre à la suite de Mulciber, le visage fermé.
— Salut Sev, lui lança Rosier à son arrivée. Le concerné lui adressa un signe du menton qui se voulait vaguement amical.
— Qu'est-ce qui se passe ici ? demanda-t-il en avisant Rosier, Wilkes, Avery et Mulciber, qui venait de refermer la porte derrière eux.

L'enthousiasme débordant avec lequel Thomas Avery accueillit son arrivée mit immédiatement Severus sur ses gardes : si ça, c'était pas le signe que le Serpentard préparait un mauvais coup, il voulait bien percer son chaudron. Et pourtant, il y tenait, à son chaudron. D'ailleurs, c'était semble-t-il à ses "merveilleux" talents de potions que ses amis voulaient se remettre : Severus fronça les sourcils, un peu suspicieux, mais remarquablement intéressé.
— Un philtre d'amour ? s'étonna-t-il, pour qui ?
Severus fit abstraction de toutes les formes que Thomas essayait de mettre pour noyer le triton, il se doutait bien que déjà, il s'agissait parfaitement de quelque chose de gênant, et ensuite, que Thomas allait d'ici quelques secondes lui demander de réaliser lui-même cette fameuse potion. Severus n'était pas dupe : qui plus est, aucun de ses camarades n'était assez doué, en Quatrième année, pour parvenir à concocter une potion d'Amortentia.
— C'est pour te venger d'Ophelia Parkin, pas vrai ? devina-t-il après quelques secondes de réflexion, avec sa clairvoyance habituelle. Thomas ne pensait plus qu'à ça depuis que la Poufsouffle l'avait ridiculisé devant toute l'école en dissimulant une bombabouse dans sa boîte de l'Avent. Mais Severus allait-il accepter de l'aider ?