Last Christmas, I've taken your heart | SOYLE & RAVEN • mission

Pré-au-Lard, vingt-quatre décembre.
Vingt-et-une heures. ~

C'est la belle nuit de Noël,
La neige étend son manteau blanc.
Et les yeux levés vers le ciel,
A genoux, les petits enfants...
Avant de fermer les paup...

— SILENCIO !
Ce que c'était déprimant. D'un mièvre, d'un mielleux, d'un misérable... À gerber.
La grande rue commerçante de Pré-au-Lard était bondée de monde, pleine de visages illuminés de joie, aussi illuminés que les vitrines des boutiques et des restaurants, si chaleureuses et attirantes. À vous faire fondre un petit glaçon de la banquise.
Dommage. C'était un iceberg qu'avait Travers dans la poitrine.

Si tôt membre de cette confrérie de l'ombre, composée de sorciers dignes de ce nom décidés à débarrasser la société magique de toutes les souillures qui la pourrissaient comme des vers dans une pomme, si tôt affublé d'une mission. Nick n'était pas dupe ; le Maître le mettait à l'épreuve.
Le Lord avait donc décidé de tester son allégeance. Parfait. Niclas débordait de bonne volonté.
D'autant plus que l'objectif du soir était simple : on lui avait donné un nom, un seul, et une unique instruction ; l'élimination. Fallait-il sortir de la cuisse de Salazar pour en venir à bout ? Certainement que non. Désormais, ce genre de tâche serait monnaie courante, il le savait fort bien. Ce n'était pas la première fois, ce ne serait sûrement pas la dernière.

L'heureuse élue de cette veille de Noël était une professeur de Poudlard. Malheureusement pour elle, elle enseignait la mauvaise matière.
Engoncé dans son épaisse cape noire, Travers souffla dans le creux de ses mains jointes gantées de cuir. Derrière son masque, sur lequel était rabattue sa capuche, la condensation du froid ambiant ne pouvait s'échapper. Soyle Hoover non plus.
Il la filait depuis un moment déjà. Un long moment, mais il fallait au moins cela pour ruminer son approche, pour choisir le bon instant. Pour déterminer la minute fatidique.
Tel un félin, Nick se faisait léger sur la neige, un sort effaçant derrière lui chacun de ses pas imprimés sur l'épais manteau blanc. Silhouette à peine visible dans le noir d'une impasse, il attendait, le dos au mur. Sa respiration était inaudible et lente, comme si son cœur avait ralenti son rythme à la manière d'un grand sportif se préparant à l'effort. Le champ d'action serait court, il le savait, et ne durerait pas plus longtemps que quelques secondes.
Rien n'était laissé au hasard, tout avait été étudié pour que la victime de Noël n'ait aucun échappatoire.
Il l'avait vue entrer aux Trois Balais plus tôt dans la soirée, et l'attendait au coin. Nick n'était pas un homme patient, mais il apprenait à le devenir. Si l'exercice ne lui était pas aisé, le jeu en valait cependant la chandelle.
La future feu Professeur-Sang-de-Bourbe n'aurait pas eu l'hémoglobine mêlée, il lui aurait presque dit merci.

COTÉ DU BIEN

Soyle était ravie. Le mois de décembre en règle générale était un mois qui la rendait heureuse. Toute cette neige, ça lui rappelait des souvenirs d’enfance particulièrement joyeux. Un pur bonheur. Et puis, c’était un mois riche en fêtes qui rassemblaient toujours tout le monde pour tous nous mettre d’accord. Magique tout ça. Forcément, avec en plus les vacances scolaires pour plaire, le mois de décembre était l’un de ses préférés. Le début était assez banal. Mais avec le temps qui passait c’était de plus en plus intéressant. A commencer par noël. Un joyeux moment que l’on partageait avec ceux qui nous faisaient plaisir. On discutait, partageait un repas, échangeait quelques cadeaux, mais au final on passait surtout un super bon moment. Ensuite arrivait le jour de l’an. Là encore on fêtait tous ensemble le fait de pouvoir passer une nouvelle année en compagnie de ces personnes que l’on aimait. Que des réjouissances tout ça. En plus, Soyle étant professeur, elle avait le plaisir de participer à tous ces petits bonus qu’organisaient l’école. Il y avait eu ce merveilleux calendrier de l’avant. Et puis viendrait aussi le bal. Il était certain qu’il irait, elle savait déjà ce qu’elle allait porter. Cela serait une super soirée. Peut-être qu’on l’inviterait à danser elle aussi ? Cela serait sans doute amusant pour tout le monde.

Pour le moment, c’était dans cette humeur parfaite et même avec une pointe d’excitation que Soyle avait retrouvé quelques amis à Pré-au-Lard. C’était un point de rendez-vous facile pour elle. Plus tard, elle y retrouverait aussi Basil Carrow. Ils s’étaient écrit et avaient décidé de passer le réveillon ensemble. La belle était toute contente de ce nouvel ami qu’elle espérait pouvoir faire rire encore cette fois-ci. Généralement il riait bien avec elle. La soirée promettait d’être joyeuse. Mais pour le moment elle était au Trois Balais et profitait d’avoir encore un peu de temps en compagnie de ses amis. Basil ne devait l’attendre que pour 21h environ et pas au même endroit. Mais elle avait profité de la journée pour voir du monde, qui bien souvent l’avait invité à fêter noël avec eux. Elle avait pourtant refusé de leur laisser sa soirée, trop heureuse de pouvoir la partager avec Basil. Elle passait de bons moments avec lui et il ne semblait pas avoir pour habitude de partager sa soirée de noël alors pour elle c’était le plus intéressant pour ce soir. Ils essayaient bien de lui tirer les vers du nez, de lui faire dire ce qu’elle avait prévu, mais se contentant de rire en disant non de la tête elle n’avait rien lâché. Si elle avait dit qu’elle comptait passer son réveillon seul avec un homme, les connaissant, ça se serait terminé par un harcèlement amical dans le but de la pousser dans ses bras. Et ce n’était pas son intention du tout. Elle voulait juste le faire sourire un peu pour une fois à noël. Elle ne comptait pas s’oublier pour autant et entendait passer une bonne soirée, mais c’était juste comme ça. Inutile de donner à ses amis des raisons de vouloir absolument la caser, ils se débrouillaient déjà très bien comme ça…

Le seul problème dans cette affaire, c’est qu’elle n’avait pas prévu du tout que Niclas Travers avait été chargé d’une mission bien particulière. Soyle Hoover avait au fil des années fait bien malgré elle des choix qui la menaient aujourd’hui à être une cible sympathique pour certains mages noirs. Pour commencer son père était moldu. La pureté de son sang était donc d’office assez louche pour eux. Mais elle ne s’était pas contenté de cela. En devenant professeur d’étude des moldus, elle creusait plus profondément encore sa tombe. Sa matière gênait, elle le savait déjà. Mais elle ne serait pas supprimée, alors que supprimer la femme qui l’enseignait était tout de suite plus simple. Et c’était sans compter sa relation avec les Prewett qu’elle avait largement soutenu jusqu’au bout. Autant dire que sans être un ennemi prioritaire, la supprimer pouvait être une assez bonne idée. Et il était là pour ça justement. Soyle ne l’avait pas du tout vu. Pourtant il la suivait déjà depuis un moment. Mais elle n’avait rien vu. Parce qu’elle n’était pas assez attentive ? Pas assez méfiante ? Trop optimiste quand au monde dans lequel elle vivait ? Sans doute un peu de tout cela. Mais il avait eu le champ libre pour l’observer sans qu’elle n’ait même l’idée de regarder si il était là.

Au bout d’un moment elle avait fini par quitter ses amis dans un dernier rire. Elle devait repasser au château chercher le petit cadeau qu’elle avait prévu à Basil et éventuellement remettre de l’ordre dans sa chevelure rousse. Elle avait déjà fait un bel effort esthétique pour la soirée. Sa cape bleu nuit couvrait sa belle robe blanche, un collier en argent lui entourait le cou et son maquillage lui donnait un air plus sérieux que d’habitude (un air seulement !). Elle était à croquer comme ça. Il faisait déjà nuit à cette heure, il n’y avait personne dehors, trop froid. Le sourire aux lèvres, elle marchait assez vite, tenant sa cape bien fermée d’une main gantée, l’autre tenant sa capuche. Elle arrivait vers la sortie du village et allait entamer le sentier vers le château quand elle stoppa net. Elle n’avait rien vu venir, vraiment. Personne d’autre d’ailleurs, puisqu’il n’y avait personne. Personne à part lui, cet homme en noir, masqué, qui la suivait déjà depuis un moment. Elle était passé devant ou presque sans le voir. Et maintenant qu’une chaleur parcourait son dos, puis se changea en douleur, la faisant perdre l’équilibre et tomber lourdement en avant, il se montrait. Soyle était un peu sonnée et ne comprenait pas ce qui s’était passé, à part que c’était douloureux. Sortant machinalement sa baguette cette dernière lui échappa pourtant des mains pour finir à plusieurs mètres. Là elle commençait à comprendre. Se tournant, elle le vit enfin, devant elle, ses yeux brillaient derrière son masque. Elle était terrifiée, et surtout elle savait très bien de quoi il était question. Pas un mot ne passait ses lèvres, trop surprise, trop effrayée. Il n’y avait que son regard terrorisé qui se posait sur ce masque…

Les femmes et leur manie de se faire désirer.
Depuis son récent mariage, Nick goûtait aux joies des subtilités féminines. Autant dire qu'il dégustait.
Et bien que Fluvia aimait se croire unique, malheureusement pour elle, elle ne dérogeait pas à la règle ; absolument toutes les femmes étaient d'une lenteur exaspérante, presque comme calculée pour venir à bout des nerfs des plus patients des hommes.
Soyle Hoover, donc, prenait son temps.
Depuis son poste stratégique, Niclas la voyait à travers les carreaux vitrés du Pub. Elle buvait, riait, ne cessait de parler, se faisait remarquer. Il faut dire qu'avec son opulente chevelure rousse, qui contrastait avec une robe qu'elle avait choisie avec soin, elle attirait les regards. Et le sien, à lui, ne la lâchait pas.
Enfin sonna le glas de cette attente. Il la vit se lever pour saluer ses proches, et il transplanna quelques ruelles plus loin. Dans l'ombre de son poste de contrôle, il l'observa prendre le chemin du Château. À nouveau, il répéta son opération et transplanna plus loin, poursuivant discrètement sa filature d'impasses en impasses.
Parvenu à l'orée du village, juste à sa sortie, il était prêt à la cueillir.
Guillerette, l'esprit joyeux ou embrumé par l'alcool, elle ne se méfiait pas, le vit encore moins.
Lorsqu'elle passa devant lui sans le voir, Nick jubilait. Il attendit qu'elle le dépasse, et en un éclair fut dans son dos.
— Atakunto. Elle tomba comme un chiffon, la tête dans la neige. Sous son masque, un sourire moqueur étira les lèvres de Travers. Expelliarmus. La baguette que tentait de prendre Hoover lui vola des mains et atterrit loin. La petite maligne n'allait pas s'en sortir aussi facilement. Accio. Le bout de bois du Professeur atterrit dans sa main, et Nick la glissa dans un pan de sa cape. Lentement, tandis qu'il avançait vers elle, elle se retourna et ses yeux exorbités d'horreur se fixèrent sur son visage masqué. D'un pas animal, il s'arrêta à sa hauteur et se baissa face à elle, les yeux à hauteur des yeux. Posant sa main sur son épaule, ils transplannèrent.
Il arrivèrent ensuite dans la campagne de Pré-au-Lard. Il n'y avait rien aux alentours, si ce n'était l'étang gelé.
Niclas lâcha la rousse sorcière, qui tomba à nouveau dans la neige. Travers n'était pas un homme poétique, mais il fut saisit par l'image tout à fait métaphorique des cheveux roux de la femme, formant comme une tâche de sang sur l'immaculé manteau blanc.
— Bloclang. Si tant est que l'envie de crier la prenne, bien que personne ne pouvait l'entendre dans le coin, elle était désormais dans l'incapacité de le faire. À nouveau il se pencha sur elle et l'observa un moment en silence. Soyle Hoover... Vous êtes accusée de trahison à votre sang. Il attrapa son menton dans sa main gantée, et posa sa baguette contre la joue de la jeune femme. Lentement, détachant d'une voix sourde chacune des syllabes, il annonça la suite ; Diffindo...

COTÉ DU BIEN

La soirée s’annonçait pourtant bien pour elle. Encore une fois, elle avait été de bonne humeur et toute excitée d’arriver à ce soir si particulier. Elle avait passé cette première partie de réveillon de noël avec des amis, un bon moment qu’elle avait partagé avec eux dans la plus grande joie. Mais ce n’était pas fini ! Sa soirée ne faisait que commencer. Il était 21h à Pré-au-Lard, et beaucoup avaient déjà lancé leurs festivités. Ses amis d’ailleurs ne bougeraient sans doute pas du pub avant un certain temps. Sans doute pas avant la fermeture en tout cas. Mais elle, elle avait d’autres projets. Soyle avait prévu de retrouver Basil un peu plus tard. Elle était allé chercher son cadeau au château d’ailleurs. Ou en tout cas elle voulait le faire. Mais quelqu’un d’autre en avait décidé autrement. Quelqu’un de bien moins sympathique que les amis qu’elle venait de quitter. Quelqu’un qu’elle n’avait pas remarqué jusqu’à maintenant. Pourtant cela lui aurait épargné pas mal de problèmes. Mais non, elle n’avait pas fait attention et n’avait pas cherché à savoir si quelqu’un la suivait. Pour sa défense il avait tout fait pour rester discret et bien caché dans l’ombre.

Il aurait été préférable qu’il y reste, dans son ombre. Préférable pour cette pauvre Soyle qui s’était laissé surprendre avec une facilité déconcertante. Elle avait fait un plongeon dans la neige suite à sa première attaque. Avant de comprendre ce qui lui arrivait il avait déjà éloigné sa seule possibilité de se défendre. Elle avait suivi sa baguette du regard alors qu’elle allait directement dans la main de son assaillant. Cet homme (parce qu’il s’agissait visiblement d’un homme) était véritablement effrayant. Toujours à terre, elle s’était retourné vers lui, la neige trempant ses vêtements. Sa capuche tombait en arrière avec le vent. Mais elle ne sentait pas le froid pour le moment, simplement la peur. Il avançait vers elle, doucement. Elle ne pouvait pas même tenter de crier, elle était tétanisée. Il se baissa jusqu’à elle, ses yeux à quelques centimètres des siens, son masque presque contre son visage. Le cœur de la pauvre rousse battait à un rythme impressionnant. Elle était véritablement terrifiée. Elle respirait à peine alors qu’il était si près d’elle. Lorsqu’il posa sa main sur son épaule, elle eut un grand sursaut, qui alla avec leur déplacement rapide.

En arrivant en pleine campagne, Soyle retomba dans la neige. Un peu sonnée, elle était resté quelque secondes dans la neige, trempant ses cheveux, en faisant des mèches compactes qui gèleraient avec le vent. Mais elle ne s’y intéressait pas tellement à cette heure. Le temps qu’elle se reprenne, il lui avait retiré toute possibilité d’appeler de l’aide. Plus un son ne passait ses lèvres, ce qui n’était pas pour la rassurer. Bien au contraire. Pourquoi prenait-il la peine de l’empêcher de crier ? Il comptait jouer avec elle longtemps ? Songeait-il seulement lui faire plus de mal ? Irait-il jusqu’à la tuer ? Mais si il comptait la tuer, il n’aurait sans doute pas pris cette peine, il l’aurait simplement fait. Ou alors il le ferait plus tard, après avoir pris le temps de faire plus. La panique la prenait maintenant. Car elle voyait se profiler différents traitements horribles. Il ne l’amènerait sans doute pas ailleurs dans l’idée de la garder quelque part, cachée. Autrement ils y seraient allé directement. Il l’avait entrainé plus loin seulement, plus loin du village. Et même si elle se posait la question, elle n’était pas sûre de vouloir connaître la réponse. Pas de lui en tout cas. Mais il n’avait pas l’air de changer d’avis.

Il était revenu vers elle, se penchait de nouveau. Il était véritablement effrayant, caché derrière son masque. Soyle le regardait, toujours aussi affolée. Cette fois sa respiration était très rapide, comme celle d’un animal face à son prédateur le plus légitime. Elle ne pouvait rien dire de toute façon, mais de le voir si près, c’était assez impressionnant pour qu’elle ne l’ait pas fait quoi qu’il arrive.

-Soyle Hoover... Vous êtes accusée de trahison à votre sang.

Alors c’était de cela dont il était question. De son sang, de ses origines, de ce qu’elle faisait de sa vie. Il devait faire partie de ce groupe dont on parlait, ceux qui avaient tué les parents de Gideon, ceux qui s’en prenaient à autant de monde. Maintenant elle était l’une de ces cibles, l’une de ces victimes. Lorsqu’il lui attrapa le menton, un nouveau sursaut la pris. Elle tremblait, aussi bien à cause du froid que de la peur. Les yeux bleus de la belle se plongeaient dans ceux de son agresseur. Ce qu’elle y voyait était aussi effrayant que son attitude. Il avait l’air d’apprécier lui faire subir cela. On aurait même dit que ça l’amusait. A cette idée Soyle sentait les larmes lui monter aux yeux. Il était évident qu’il ne venait pas simplement lui faire peur. Il posa sa baguette contre sa joue. Soyle ferma les yeux, laissant échapper une larme qui roula le long de sa joue. Une joue qui fut bientôt douloureuse, en entaille y étant créée. Quelques gouttes de sang venaient maintenant couler le long de sa joue, de son cou, pour finir par tâcher cette robe blanche qu’elle avait choisi pour ce réveillon qui devait être si heureux. Ce n’était réellement plus le cas.

Elle était toujours à terre, toujours dans le doute quant à ce que cet homme lui réservait. Mais il était sans doute décidé à en finir avec elle. C’était la conclusion que Soyle avait tiré de ce ton qu’il avait utilisé. Il lui avait presque dit cela comme un verdict que l’on rendrait à un jugement. Et elle ne sentait pas venir l’emprisonnement. Non, elle y avait senti autre chose de bien plus effrayant. Alors prenant le peu de courage qu’il lui restait, elle envoya ses pieds contre lui pour lui faire perdre l’équilibre. Détachant d’un geste cette cape qui était trempée et la bloquait presque au sol, elle se releva ensuite bien vite pour essayer de courir en direction des faibles lumières qu’elle voyait au loin. La neige la ralentissait plus encore, et elle n’avait concrètement aucune chance, même faible. Elle essayait, par réflexe de survie, parce qu’elle espérait encore avoir une petite chance. Mais lui avait encore sa baguette et la rattraperait sans doute rapidement. Il était même probable qu’il n’ait pas du tout apprécié sa tentative…

Les yeux noirs de jais de Travers brillaient d'une lueur absolument pernicieuse, tandis qu'il suivait du regard les larmes qui se mêlaient au mince filet de sang qui filtrait de l'estafilade sur la joue gracile d'Hoover.
Il n'aurait su dire avec exactitude ce qui l'électrisait le plus, entre voir le sang couler, la peur dans les yeux de la femme, ou bien la résignation qu'il cru y lire, tout au fond.
Cru, seulement, car la maligne n'avait pas l'air d'avoir envie de vendre si facilement sa peau.
Profitant de l'attention de Nick portée sur son visage, elle lui expédia ses deux pieds dans les tibias, de telle sorte qu'il tomba à la renverse, le dos et le séant dans la neige. Ainsi allongé, il leva uniquement la nuque pour la voir tenter de s'échapper, sans sa baguette, à travers l'immaculé champ enneigé.
Un rire dément s'échappa de ses lèvres tandis qu'il se relevait et époussetait ses vêtements, peu pressé. Il ne comptait pas lui courir après, la malheureuse était déjà faite.
— Et où crois-tu aller comme cela, hum ? Défait de la neige fondue qui recouvrait sa cape, il pointa sa baguette dans le dos de Soyle, riant. Locomotor Mortis ! Les deux jambes de la Professeur se bloquèrent, l'empêchant ainsi d'avancer. En quelques grandes enjambées dans la neige, Nick arriva à sa hauteur. Il glissa sa baguette dans les longs cheveux roux d'Hoover et fit claquer sa langue contre ses dents dans un sifflement désapprobateur. Désireuse de me quitter, peut-être ? Il s'approcha plus près encore, pour venir murmurer de sa voix nasillarde à son oreille ; Alors que l'on commence tout juste à s'amuser...
S'éloignant d'elle, il inspira bruyamment l'air pur de la campagne de Pré-au-Lard. La neige tombait en de minces flocons qui se transformaient en eau en tombant sur son masque, l'air était tout juste froid comme il l'aimait.
Hoover était toujours arrimée au sol comme un bateau à son ancre, et il revint lui faire face. Du bout de sa baguette, il écarta sa cape dévoilant la gorge blanche de la sorcière, et posa sa baguette contre sa clavicule.
— Je veux t'entendre crier lorsque je te ferai passer l'envie de fuir, Sang de Bourbe... Il annula le sort de silence qu'il lui avait lancé plus tôt. Diffindo !

COTÉ DU BIEN

Tout se bousculait dans la tête de la pauvre rousse. Tout d’abord les questions normales, ou dirons-nous courantes. Pourquoi cet homme s’en prenait-il à elle ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi lui ? Qui était-il ? Pour qui agissait-il ? Agissait-il seulement pour quelqu’un d’autre ? Faisait-il partie de ce groupe dont elle avait entendu parler ? L’avait-il suivi pour lui tomber dessus ainsi ? Si oui, depuis quand ? Y en avait-il d’autres qui la suivaient ? Qui d’autre avaient-ils suivi ? D’autres personne de son entourage étaient-ils en danger ? Cooper ? Lui qui avait déjà perdu sa femme à cause d’eux… Alice peut-être ? Ou Audrey ? Avec leur travail elles devaient les gêner. D’autres enseignants ? Très franchement, ces questions la terrifiaient toujours un peu plus.

D’autres considérations étaient ensuite venues s’ajouter à tout cela. Le tout à une vitesse folle. Et si il était là pour la supprimer ? Purement et simplement ? Qu’est-ce qu’elle laisserait ? Pas de famille, ses parents étaient déjà partis avant elle. Et elle n’avait jamais eu de relations amoureuses, pas de mari donc, pas d’enfants non plus. Il n’y aurait que ses amis pour la regretter. Et quels amis. Sa petite Alice, sa pauvre Alice, ça la pousserait peut-être à faire des bêtises. Audrey et Cooper, ils étaient comme sa famille eux aussi. Qu’est-ce qu’ils penseraient ? Et Basil ? Ce pauvre Basil qu’elle devait retrouver ce soir ? Elle avait beau être très occupée par cet homme actuellement devant elle, Soyle eu tout de même un pincement au cœur en pensant à lui. Elle ne pouvait demander l’aide de personne. Elle ne pourrait donc pas non plus le prévenir. Ni même le revoir, à aucun moment. Comme elle ne reverrait sans doute jamais personne. Si ce n’est lui, cet homme qui s’en était pris à elle d’un coup. Cet homme en noir qui lui avait déjà coupé la joue et qui continuait à la menacer. Elle avait bien tenté quelque chose en le repoussant, mais au fond, il n’y avait pas beaucoup d’espoir à avoir. Essayant de faire tout ce qu’elle pouvait pour courir dans cette neige, elle n’avançait pourtant désespérément pas, ou en tout cas pas assez.

- Et où crois-tu aller comme cela, hum ?

Elle l’avait entendu derrière elle, riant même. La pauvre rousse était désespérée. Elle courait pourtant, de toutes ses forces, voulant absolument rejoindre ces lumières. Mais en un nouveau sort, elle s’était retrouvée bloquée, impossible de bouger. Un sanglot de panique lui avait échappé. Elle ne pouvait plus ni bouger ni parler ni même crier. Quel supplice. Et il avançait vers elle doucement, arrivant petit à petit à sa hauteur. Il fallait se rendre à l’évidence, elle ne lui échapperait pas. C’était fini.

- Désireuse de me quitter, peut-être ?

Oh oui, tellement. Il jouait avec sa baguette dans ses cheveux, semblait prendre son temps et un certain plaisir. Quel sadisme. Et elle ne pouvait rien faire. Ce sentiment horrible d’impuissance totale. Voilà qu’il s’approchait encore, toujours un peu plus. Elle était terrifiée.

- Alors que l'on commence tout juste à s'amuser...

Alors Soyle Hoover en était réduite à ça ? Elle n’était donc plus qu’un jeu pour lui ? Inutile de dire qu’elle savait tout de suite un peu mieux à quoi s’attendre pour les minutes à venir. Et voilà qu’il commençait à neiger. Il s’éloignait encore et semblait prendre à malin plaisir à la voir dans cet état. Quelle horreur. Il respirait comme jamais, semblait apprécier ce moment. Alors qu’elle n’était plus que panique. Elle était affolée, totalement apeurée. La belle ne pouvait rien faire si ce n’est attendre la sentence de son bourreau. Il revenait vers elle, il avait sans doute décidé de continuer son petit jeu macabre. Il écartait sa cape, lui provocant un frisson par le froid. Elle était tombé dans la neige, était mouillée, dans le vent, affolée et tremblante.

- Je veux t'entendre crier lorsque je te ferai passer l'envie de fuir, Sang de Bourbe...

L’entendre crier ? Il allait donc sans doute débloquer sa langue, certes, mais ce n’était pas tout. C’était une menace très claire. Elle n’allait clairement pas crier pour le plaisir de cet homme. Et il devait s’en douter. Alors il était probable qu’elle ait droit à un nouveau traitement particulier... et surtout douloureux. Il pose sa baguette sur sa clavicule. Ce contact fait battre son cœur plus vite et plus fort que jamais.

- Diffindo !

Encore ce sort, encore cette douleur, mais cette fois le cri tant attendu par son bourreau qui retenti dans cette campagne. Et pourtant personne ne l’entendrais. C’était tellement douloureux. Le sang se répand de nouveau sur cette robe blanche. C’était plus important cette fois, mais toujours douloureux. Cet homme, il n’avait aucune pitié. Qu’il en finisse vite, c’était tout ce qu’elle pouvait espérer. Soyle baisse la tête, entre les pleurs et la douleur. Mais elle ne peut pas bouger. Elle n’a plus rien à tenter. Au point où elle en est, elle ne tente qu’une question, une seule, d’une voix faible.

-Pourquoi ?

Quoi qu’il arrive elle savait que la réponse ne serait jamais satisfaisante. Mais elle voulait quand même savoir. Sans doute par curiosité un peu malsaine.

Soyle Hoover hurla comme un lycan à la pleine-lune, tandis que le sang coulait à nouveau sur sa robe blanche, lui donnant des allures de mariée macabre revenue d'outre-tombe. Son cri emplissait la clairière féerique dans laquelle ils se trouvaient, faisant s'envoler des corbeaux de leurs branchages en une sinistre nuée croassante, à cause de son écho. Travers renversa la tête en arrière et ferma les yeux derrière son masque, les flocons de neige s'y écrasant mollement et coulant comme des larmes dans son cou, sous sa cape.
La sorcière à côté de lui pleurnichait sur son sort, à grand renforts de hoquets pathétiques à vous fendre l'âme. Lui, la trouvait presque tristement ridicule ainsi acculée dans la neige, petit animal sans défense à l'aura brisée et affolée.
D'un Finite informulé, il libéra la Professeur d'Étude des Moldus de son entrave. De toute façon, et objectivement, que pouvait-elle bien faire ? Apeurée, mouillée de la tête aux pieds, blessée et dépourvue de sa baguette... Elle se retrouvait sans aucun moyen de s'en sortir. Elle semblait même ne plus en avoir envie.
Elle tomba en avant, et Niclas la rattrapa au vol par les épaules, au dernier moment. Presque enlacés, il s'approcha de son oreille, afin d'y murmurer d'une voix dure, martelant chacune de ses paroles ;
— La question n'est pas pourquoi, mais pour qui, pauvre ignorante. Puis, comme révulsé à l'idée seule d'un contact physique avec cette femme, il la lâcha brusquement, comme s'il avait été brûlé en la touchant.
S'éloignant à grands pas, il la jaugea d'un regard mauvais. Ainsi fourbue à se morfondre sur la bassesse de sa condition, elle ne valait rien à ses yeux, absolument rien. Il leva à nouveau sa baguette dans sa direction.
— Endoloris.

COTÉ DU BIEN

Honnêtement, Soyle n’avait jamais pensé finir comme ça. Elle avait imaginé beaucoup de choses. Surtout après la mort de ses parents. Combien de fois avait-elle imaginé tomber quelque part et ne pas y survivre ? Tout comme eux ? Ou encore un accident en ville, ça pouvait arriver. Plus simplement, elle pensait généralement pouvoir vivre encore tranquille de nombreuses années, finir sa vie paisiblement chez elle, tranquillement. On en était bien loin maintenant. Plus rien de paisible dans l’immédiat. Plus rien de tranquille. La belle était déjà en piteux état. Trempée, sous la neige, frigorifiée, terrifiée, dans la nuit, avec pour seule compagnie un homme qui se plaisait à la faire souffrir. Cela n’avait vraiment rien de paisible ou enviable d’une quelconque manière.

Une nouvelle blessure, une plus grosse tâche sur sa robe, et une plus grande douleur. Elle ne pouvait pas bouger, juste rester là, avec lui, à se laisser faire. Il lui avait au moins délié les cordes vocales. Plus pour sa satisfaction à lui au final. Mais à ce niveau, elle prenait ce qu’elle pouvait. Et l’usage de la parole entre deux cris était sans doute un privilège. Il avait l’air de profiter lui. Alors que les corbeaux eux-mêmes semblaient l’abandonner entre ses griffes. Elle ne pleurait pas vraiment, laissant simplement couler quelques larmes. Mais elle serrait les dents sous la douleur et respirait difficilement. Elle voulait juste que ça finisse vite, que cette douleur s’arrête. Et pourtant, il ne faisait que commencer comme il l’avait dit.

D’un coup il la débloque. Soyle tombe lourdement en avant, surprise par le mouvement. Contre toute attente il la rattrape. Elle termine dans ses bras, gémissant quand il l’attrape à cause de l’appuie soudain sur sa clavicule blessée. Par réflexe elle agrippe sa cape pour se retenir, encore tremblante. Il s’approche un peu plus, il est maintenant près de son oreille. Soyle lève un peu les yeux, se demandant bien ce qu’il peut vouloir lui dire comme horribles choses. Elle avait posé la question, mais le voir réagir ainsi n’annonçait rien de bien agréable.

- La question n'est pas pourquoi, mais pour qui, pauvre ignorante.

Pour qui ? Dans ce cas il n’y avait plus tellement de doute à avoir. Il faisait partie de ce sinistre groupe. Et elle serait une victime de plus à leur actif. Sans prévenir il la repousse et la lâche, comme si elle lui avait fait quelque chose d’un coup. Soyle termine dans sa chute brutale au sol, allongée une fois de plus dans la neige. Le choc réveille sa douleur à l’épaule et elle y porte la main pour tenir son bras. La belle essaye de se redresser, sans doute plus par réflexe qu’autre chose. Lui s’était éloigné, ce qui ne voulait plus rien dire de positif malgré tout. Il avait sans doute déjà prévu autre chose. Quelque chose qui ferait sans doute encore mal. Ou peut-être de plus radical. Elle ne savait pas trop ce qu’elle devait espérer. Il lève de nouveau sa baguette. Soyle s’était redressé et le regardait faire, la douleur déjà dans le regard, ses cheveux lourds sous le poids de l’eau qui commence à geler.

- Endoloris.

Un mot, un seul, pour une douleur immense. Elle se recouche, se tordant de douleur, hurlant de nouveau. Cette torture lui semble durer une éternité. Ni la neige qui continue de tomber, ni le sang qui continue de couler, ni même le plaisir manifeste qu’il semble prendre avec ce geste ne peuvent lui sortir cette douleur insupportable de l’esprit. Elle aimerait pouvoir penser à autre chose. Mais non, elle est bien trop présente, trop prenante, et tellement grande.

La femme qui se tenait devant lui tant bien que mal, qui tentait, c'était flagrant, de rassembler les quelques onces de courage et de dignité qui l'habitaient encore, fut perdue lorsque tomba le glas du Doloris.
Et Nick, l'observant sans aucune émotion se tordre de douleur au sol, s'interrogeait.
Pourquoi lutter ?
L'affrontement, si tant est qu'il en fut un, était joué d'avance. La Professeur de Poudlard était désarmée et blessée, sans échappatoire, sans aide. Seule.
Quel intérêt alors de s'échiner à se mettre debout, à serrer les dents, et ne pas à l'inverse abdiquer et se laisser glisser dans les tentacules tentatrices des ténèbres, fermer les yeux, et s'abandonner aux abîmes ?
Derrière son masque, il inspira profondément. Avait-elle seulement comprit ce qu'il se passait ce soir ? Quel était l'enjeu réel de cet aparté ? Le sens de ses paroles ? Sans doute que non.
À son pourquoi, il avait répondu pour qui. L'évidence voulait que ce « qui » désignait avant tout leur leader. Mais cela ne faisait pas tout. Pour qu'il y ait leader il devait y avoir cause, et pour qu'il y ait cause, il devait y avoir personnes pour la défendre. Cette cause, qu'il appelait idéal, Travers l'embrassait à bras le corps. Elle était devenue son essence même, comme un souffle, une seconde peau.
Le « qui », c'était lui.
Lui, ce scélérat égocentrique, si extrême et intransigeant dans ses idées. Ce fanatique si persuadé du bien fondé de ce qui était devenue chez lui une idée fixe, au fil du temps. Il n'avait pas attendu le premier Mage venu pour se faire sa propre opinion sur le monde et les sorciers qui l'entouraient, opinion bien peu reluisante il fallait le souligner. Non, il n'avait pas attendu le premier Mage venu, juste le bon. Celui qui saurait guider la bataille jusqu'au point de non retour, celui qui serait capable de tous les mener à une purge salvatrice pour pérenniser leur existence à eux, sorciers et sorcières, pas celle de ces impurs que des gens comme Soyle Hoover s'acharnaient à faire devenir leurs égaux.
Niclas abaissa sa baguette, relâchant la pantelante femme de son joug destructeur.
La mission était claire : pas de traces, pas de bruit. Pas de survivante.
Lisait-elle dans ses yeux noir de jais les instructions du Lord ? Il y avait dans son attitude quelque chose de résigné. C'était le signe que le moment était venu. Sa baguette se leva à nouveau et se braqua sur Hoover, visant droit la poitrine. Pas de traces, pas bruit, pas de survivante.
— Avada...

HJ:

Last Christmas, I've taken your heart | SOYLE & RAVEN • mission F221601bd8e61b45a2b83f314fafa9d8

Un besoin intense de voler.

Voilà par quoi tout avait commencé. Sans cela, le Bureau des Aurors aurait eu une affaire supplémentaire sous le bras. Et je ne me serais jamais doutée que j’aurais pu y jouer quelque chose, cette nuit-là. Passons. Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas déliée les ailes. Avec la tension, la pression au Ministère et tout ce que l’on demandait aux Aurors… Je ne prenais plus beaucoup de temps pour moi. Mais le travail était plus important que le reste. Cependant, il fallait bien que je me transforme, un jour ou l’autre. Et en cette nuit du réveillon, la ville de Londres devait être magnifique avec toutes ses lumières. Cela allait faire une belle vue, admirée d’en haut.

Sans attendre, je transplanai dehors et me transformai immédiatement, sentent l’air s’engouffrer entre mes plumes. Cela faisait un bien fou. Je me propulsai alors sur mes pattes, étendis les ailes et fis quelques virages avant de reprendre un vol plus régulier. Il faisait froid, oui. Mais je ne regrettais pas d’être sortie. Quelque chose m’appelait, inconsciemment. En deux temps trois mouvements, j’avais atteint Pré-au-Lard. Ses rues étaient remplies. Tout le monde tenait à acheter quelque chose pour Noël, et Pré-au-Lard était l’endroit idéal. Soudainement, j’entendis un cri suraigu qui m’interpela. Ça n’avait pas été un cri de joie ou de surprise. Non. Ça avait été un cri de souffrance. Comme si cette voix avait appelé de l’aide. Je jetai un coup d’œil juste en dessous de moi. Le train-train de la vie continuait. Personne n’avait entendu. Je compris alors. Sous ma forme d’oiseau, j’étais beaucoup plus sensible aux bruits qui étaient produits aux alentours. Voilà pourquoi j’avais entendu ce cri.

Je me concentrai sur la provenance de la voix. Un autre cri surgit alors, au milieu de la nuit. Ce même cri. Je bifurquai vers ma gauche, tous mes sens aux aguets, guettant le moindre mouvement suspect. Et là, je le vis. Je les vis. Elle était à terre, les vêtements ensanglantés, le corps rompu par la fatigue. Une personne se tenait non loin d’elle. Un homme, sûrement. Et… Par Merlin. Il portait un masque. Un Mangemort. Manquait plus que ça… Il ne fallait pas que je perde la moindre seconde. Chaque instant était précieux. Je piquai en direction du sol et me transformai instantanément, mes pieds touchant le… Non, s’enfonçant dans la neige, plutôt. Je grimaçai. Je n’avais pas pris les bonnes chaussures. Je m’élançai avec une légère difficulté en direction des deux protagonistes, baguette pointée vers le sorcier noir.

« Avada…
- Expelliarmus ! » m’écriai-je immédiatement.

La baguette ennemie vola dans les airs avant de s’enfoncer dans la neige quelques mètres plus loin. Il devait être surpris, de voir son sort ainsi interrompu. Je m’avançai jusqu’à me positionner devant la victime, lui jetant un coup d’œil afin de m’assurer qu’elle tenait le coup, puis reportai mon attention sur le sorcier.

« Faites un pas de plus et c’est à Azkaban que vous finirez », sifflai-je.

Je n’avais pas baissé ma baguette et restais sur mes gardes. Néanmoins, je ne pouvais pas me permettre de perdre trop de temps. La jeune femme derrière moi n’allait pas tarder à perdre connaissance et avait besoin de soins intensifs dans l’immédiat. J’espérais que le Mangemort n’allait pas me donner du fil à retordre…

Fiche de RP (c) Miss Yellow

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COTÉ DU BIEN

Epicure disait : " Quand nous sommes, la mort n’est pas là, et quand la mort est là, c’est nous qui ne sommes pas ! “. Pour Soyle Hoover, la vie et la mort étaient deux principes assez subjectifs. La vie, c’était concret tant qu’on en profitait, qu’on la sentait. Combien étaient déjà morts à l’intérieur et se contentaient de faire paraitre la vie sur leur visage ? Il y avait aussi ceux qui pensaient la comprendre et se retrouvaient à la manquer, sans arriver à la voir passer. Pas sûre que l’on puisse dire qu’ils vivaient réellement. Quant à la mort, était-on réellement mort lorsque l’on parlait encore de vous en toute occasion ? Lorsque vos idées poursuivaient leur route alors que vous ne les portez plus ?

Quoi qu’il en soit, si Soyle n’avait jamais réellement su trancher la question, elle n’avait pas pour autant attendu d’avoir de vraie réponse. Elle n’avait pas été spécialement pressée de répondre à l’une des plus anciennes questions du monde. Et pourtant, la voilà ce soir qui n’avait plus tellement le choix. Ce soir-là, soir ce noël, elle se retrouvait au portes de la mort. La belle rouquine retrouvait cette fameuse question, cette façon de considérer la chose, et toute la relativité de cette existence qu’elle aurait aimé poursuivre encore un peu. Ce n’était pas comme si on lui laissait le choix de toute façon. Cette fois, c’était presque déjà fini. Cet homme, qu’elle ne connaissait pourtant pas, qu’elle n’avait même peut-être jamais croisé, il s’en prenait à elle avec violence et sadisme. Lui qui se tenait devant elle avec sa longue cape noire. Lui qui la regardait derrière son masque. Ce masque qui brillait étrangement avec les reflets de la lune. Il était pourtant tellement effrayant ce masque. Lui et tout ce qu’il pouvait représenter. Soyle était terrifiée. Terrifiée et résignée.

Oh elle pouvait bien hurler, se tordre sous la douleur, en pleurer même, cela ne changeait rien. Il était toujours là, la souffrance aussi, et cela ne semblait pas pouvoir s’arrêter. Ou en tout cas la solution qu’elle voyait était à la fois douce et effrayante. La seule façon qu’elle avait de stopper tout cela, la seule façon de ne plus sourire, il n’y avait pas beaucoup de moyens… Il ne lui restait qu’à mourir. Il fallait se rendre à l’évidence, il n’allait pas la laisser partir non plus. Il allait lui régler son compte, c’était certain. Alors tout cela serait bientôt fini. Mais quand ? Quand allait-il enfin lui laisser un peu de répit ? Quand allait-il la libérer pour de bon ?

Finalement il avait au moins baissé sa baguette, la laissant reprendre son souffle. Soyle n’avait bien entendu pas raté l’occasion. Epuisée, les yeux clos, elle tentait de reprendre son souffle, quelques larmes perlant sur ses joues glacées. Que ça finisse vite, simplement. Elle ne tentait rien, inutile. Quelques secondes, elle ouvrit les yeux vers le ciel. Il neigeait, le ciel était gris, sombre. Mais c’était magnifique. Presque apaisant. Un oiseau passait tout en haut. Elle aurait aimé être à sa place. Il semblait la regarder, de tout là-haut. Elle qui avait fini sa vie avec un vertige de folie, là tout de suite elle aurait bien volé avec lui. Son regard retombe ensuite à nouveau sur son bourreau. Il baissait sa baguette vers elle, le regard déterminé. Elle avait tellement de regrets finalement. Tant pis, c’était trop tard pour y penser. Ses grands yeux bleus humides se plongeaient dans les siens, et il y avait encore un reste de cette peur qu’elle ne pouvait s’empêcher de ressentir. Il pouvait sans doute y lire aussi cette tristesse qu’elle avait de partir si tôt. Sa respiration courte attendait sa sentence.

-Avada...

Fermant finalement les yeux, en apnée, Soyle attendait, les quelques syllabes qui lui restait encore à entendre. Ensuite cela serait fini, enfin. Terminé, quelques syllabes et Soyle Hoover ne serait plus de ce monde, partie au nom d’une cause qu’elle ne comprenait pas. Allez, encore un peu…

-Expelliarmus !

Expelliarmus ? Comment ça expelliarmus ? Une autre voix, féminine, qu’elle ne connaissait pas, était soudainement entrée dans l’équation. D’où elle venait ? Aucune idée, mais ce serait mentir de dire que Soyle n’était pas heureuse de sa présence. Ouvrant de nouveau les yeux en s’autorisant un peu d’espoir, la belle vit de sa vue trouble une femme fine, brune, sans doute pleine de charme. Il faut dire que sa vue se faisait assez peu précise pour le moment alors difficile d’en dire plus sur cette femme. Soyle n’avait pas la force de bouger, elle ne pouvait qu’observer la scène. La belle brune avançait devant elle. La pauvre femme la regardait, elle devait être Auror. Et elle avait un sacré regard. C’était plutôt rassurant au fond. Enfin, dans la limite du possible.

-Faites un pas de plus et c’est à Azkaban que vous finirez.

Il était de plus en plus difficile pour la rouquine de rester éveillée. Maintenant qu’elle n’était plus vraiment la cible principale, ou plus pour le moment, tout son corps lui signifiait à quel point elle avait souffert. La douleur, la fatigue, le froid, tout cela la faisait vaciller. Impossible de se lever, impossible même de bouger. Mais la tension la faisait encore tenir un peu. Et si cette femme n’arrivait pas à faire face à cet homme ? Soyle devait tenir, encore un peu…

Dragées:

Nick avait tout prévu, sauf cela.
En d'autres circonstances, il n'aurait pas tiqué. Les corbeaux, dans ce genre de paysages de campagnes anglos-saxonnes, c'était monnaie courante.
Cependant, un corbeau qui fonçait tel un piquet vers le sol puis se transformait en femme, cela, ce n'était pas courant du tout. Et Salazar savait que le timing joua en faveur de Soyle Hoover !
Il n'eut pas le temps d'achever son sort, que sa baguette vola dans les airs et atterrit quelques mètres plus loin, plantée dans la neige.
Furieux, il se retourna vers celle qui venait de le désarmer et affichait une mine déterminée. D'où sortait cette sale bonne femme ? Qui était elle ?
Nick était bien trop suspicieux pour croire à une simple plaisanterie du hasard. Par ailleurs, quiconque eut jeté un œil sur son accoutrement et son masque aurait logiquement tourné les talons le plus discrètement et rapidement possible, trop heureux ou heureuse de pouvoir s'estimer n'avoir été qu'au mauvais endroit au mauvais moment, et s'en sortir sans encombre.
C'était évident : cette femme était auror. Cela voulait-il dire que le Ministère était finalement au courant de ce qu'il se tramait par ici ? S'agissait-il d'une filature, d'un piège ?
Impossible, le chasseur c'était lui, la proie était à moitié dans les vapes devant lui, la tierce personne de cette macabre scène n'était qu'un grain de sable dans son rouage.
Et quel grain de sable ! La malheureuse l'avait dépouillé de son précieux bout de bois. Nick bouillonnait littéralement de rage. Cette mission était déjà jouée d'avance, et devait être couronnée de succès. A une seconde près, il avait fallut que tout bascule.
Le Lord allait être furieux.
Hoover n'était pas morte, et il ne possédait désormais plus l'instrument pour y remédier. Le seul choix sensé qui s'imposa à lui fut celui de battre en retraite. Tant pis pour sa baguette, il trouverait bien le moyen au Ministère, par le biais de son père, de remettre la main dessus.
Dans un dernier regard sur le corps épuisé du professeur de Poudlard, il transplanna.

Spoiler:

Le Mangemort me considéra un instant, moi et ma baguette, avant de jeter un coup d’œil à la sienne. Il ne s’attendait certainement pas à ce que sa petite soirée se finisse de cette manière. Je ne l’aurais pas laissé faire, de toute façon. Et vu l’état de la demoiselle qui se trouvait derrière moi, il allait lui falloir de longues semaines de convalescence et ça n’allait pas être facile. J’avais déjà été plusieurs fois blessée, mais je prenais suffisamment de précautions pour que les sorts ne m’ôtent pas la vie comme cela avait été le cas pour plusieurs de mes regrettés collègues. Etre l’élite des sorciers n’était pas seulement un honneur. C’était un risque supplémentaire de risquer sa vie et de tenter d’oublier sa peur face au danger. Ce n’était pas à prendre à la légère.

Finalement, le Mangemort transplana. Un vrai lâche, incapable de tenir la route lors d’un combat. Difficile lorsque l’on est désarmé, me direz-vous. Et bien les rangs du Seigneur des Ténèbres devaient certainement compter d’autres membres aussi couards que ce sorcier. Ma foi, cela allait faciliter le travail des Aurors, dans ce cas.
Sans attendre, je fis volte-face et me penchai vers la victime qui était à demi consciente. Elle était vraiment dans un sale état, sa chevelure rousse mouillée par la neige, ses habits maculés de sang. La sorcière semblait avoir quelques peines à respirer. Il fallait que je l’emmène d’urgence à Ste Mangouste.

« Vous sentez-vous d’aplomb pour transplaner jusqu’à Ste Mangouste ? »

Mais je n’avais pas besoin de sa réponse pour me douter qu’elle était négative. Mon cerveau fonctionnait à vive allure en quête d’une solution que la blessée allait pouvoir suivre sans devoir tout faire à pied. Soudain, j’eus une idée et fouillai dans mes poches. Je ne savais pas ce que je cherchais exactement, mais je…. Oh, voilà. Ma montre. Je la sortis rapidement. Un Portoloin. Voilà ce qu’il fallait que je fasse.

« Je vais transformer cet objet en Portoloin. Vous sentez-vous prête ? »

Fiche de RP (c) Miss Yellow

Citation :: • Sans le nom du personnage ▬ 2 dragées ▬