Yelena avait eu un paquet d’expériences dans sa vie. Elle avait voyagé et menait de base une vie assez mouvementé. Du haut de ses 34 ans elle avait déjà croisé la joie, le calme, le danger et même la mort. Et à une époque elle avait aussi croisé la route de l’amour. On pourrait sans doute parler de cette histoire de plusieurs années même qu’elle avait eu. Mais même cette histoire bien que sympathique et pourtant bien terminée avait semblé manquer de quelque chose. A moins qu’en fait il y ait eu quelque chose en trop. C’était presque évident en fait. Il y avait eu quelque chose avant cette histoire qui avait fait que, quoi qu’elle puisse faire, elle ne pouvait pas vraiment duré.  Alors qu’elle avait à peu près vingt ans, un peu moins même, elle avait croisé la route d’une personne toute particulière. Toute jeune qu’elle était, elle avait été avec quelques amis voir un match de Quidditch, une  équipe qu’ils suivaient un peu de loin mais quand même. De toute façon Yelena de base n’était pas une très très grande fan de Quidditch mais elle aimait bien. Et en tant que délégation du clan, ils avaient eu accès à l’équipe elle-même. Alors là, elle avait flashé, simplement. Un beau joueur, qui avait l’air fort sympathique. Ils avaient donc sympathisé, elle et le jeune Ragmar Dorkins. Oui oui, celui-là. Ils avaient passé du temps ensemble, elle lui avait même proposé un vol à sa façon à elle. Ils s’étaient tourné autour, et c’était peut-être même encore peu dire. Mais il était reparti et ça s’était arrêté là. Yelena avait fait avec mais elle n’avait jamais oublié le beau Ragmar. Alors forcément, quand il y a quatre ans il était arrivé à son tour dans le corps enseignant, ça lui avait fait quelque chose. Le temps ne lui avait rien enlevé, bien au contraire. Et il ne lui en avait pas fallu beaucoup plus pour retomber sous le charme. Sans pour autant tenter quoi que ce soit. Sans oser quoi que ce soit en fait, même à peine lui parler. Elle avait un peu peur de savoir ce qu’il pensait et préférait peut-être ne pas le savoir réellement. Alors depuis quatre ans, elle restait dans son coin et le regardait de loin.

Ce soir-là, la grande salle avait été décorée pour une occasion toute particulière. Un bal était organisé à l’école, une très bonne idée d’après la belle Yelena. Surtout que ce soir-là, pour l’occasion, sa collègue d’étude des moldus avait refait son apparition. Une autre bonne nouvelle. Alors comme souvent, elles avaient commencé la soirée à trois avec Minerva. Et elle imaginait continuer la soirée ainsi, pas tellement dérangée par ça… quand une main était venue devant elle pour l’inviter à faire tout autre chose. Pas n’importe quoi, danser, et surtout pas n’importe qui ! Cet homme si particulier à ses yeux lui proposait une danse. Ça lui avait fait un peu bizarre mais elle n’allait pas rater une occasion pareille quand même! Alors sous le regard amusé de ses amies (qui bien sûr lui avaient fait remarquer à plusieurs reprises qu’elles l’avaient vu regarder Ragmar), elle avait saisi cette main pour le suivre. Elle avait vu deux autres couples de professeurs les suivre dans la démarche, ce qui la rassurait un peu. Au moins cela ne semblerait pas étrange aux yeux des élèves.

Yelena avait eu un léger frisson alors qu’il posait sa main sur sa hanche. Elle était un peu nerveuse, mais elle appréciait qu’il ait pris cette initiative. La belle se laissait guider par lui, en faisant un effort pour être la plus détendue possible, ou au moins en donner l’impression. Ce regard qui plantait dans le sien la faisait fondre. Elle avait l’impression d’être retourné en Russie, à l’époque de leur rencontre. Avec un avantage sur cette époque : l’âge. Il avait changé, ils avaient changé tous les deux. Et pour le mieux. Alors elle avait décidé de prendre son courage à deux mains et de lancer la conversation, ou au moins de dire quelque chose. Ne pas bafouiller, ne pas perdre ses mots. Depuis le temps, l’anglais, elle connaissait. Alors ce n’était pas le moment de se tromper. Oui elle était nerveuse, ce n’était clairement pas devant lui qu’elle devait se tromper. Bon, pour cet accent qui la rendait habituellement si mal à l'aise... Et bien il l'avait connu en Russie après tout, il ne s'en formaliserait sans doute pas, ou pas trop!

- Je ne vous savais pas si bon danseur…

Oui, c’était facile, mais en même temps, elle ne voyait pas beaucoup mieux. Ça allait peut-être venir, après quelques minutes de plus. Mais pour le moment, elle ne savait pas tellement quoi penser, si ce n’est qu’il était toujours aussi plaisant après toutes ces années.