Déjà que d'un façon générale, les devoirs et Holden ça faisait deux, de les faire avec Janice n'arrangeait pas les choses ; dur dur de se concentrer lorsqu'il était troublé de sa proximité, confortablement installés tous les deux dans le canapé de la salle co, lui, bercé par la chaleur qui émanait du corps de Jane, appuyée contre lui.
Il était enfoncé, le dos dans les coussins, une jambe repliée sous sa cuisse, l'autre étendue devant lui sur la table basse devant l'âtre. Le feu réchauffait ses pieds, bien au chaud dans ses chaussettes couleur brique. Un manuel reposait sur sa jambe tendue, et sur le parchemin posé sur sa cuisse, il griffonnait des notes de sa petite écriture fine et torturée, typiquement masculine. Son amie soupira et cala un peu plus sa tête au creux de son épaule, pour son plus grand bonheur et son plus grand désespoir à la fois ; ses cheveux sentaient bon le shampoing et étaient doux, ils lui gratouillaient l'oreille. Ça l'agaçait et en même temps il était bien. Pour rien au monde il n'aurait voulu qu'ils bougent. Un troisième année avait bien tenté de s'asseoir à côté d'eux sur le canapé, mais no way ; Cassy lui avait jeté un regard farouche, et avait étalé de façon éhontée ses affaires de classe sur la place libre, sans gêne ni remord. C'était eux deux. Thickidy, personne d'autre.  
— Méta, répondit-il distraitement, mais je m'endors. Il passa une main sur son visage alors que Jane tournait son visage pour zieuter son parchemin, son petit souffle chaud effleurant son cou et le faisant frissonner. Ça chatouille, fit-il pour se donner contenance. Puis il jeta son parchemin sur la table. C'est chiant comme la pluie, désigna-t-il d'un vague mouvement du doigt son devoir. Toi, tu t'en sors ?

Holden sourit lorsque son amie s'abandonna à la paresse tout comme lui, mais ravala très vite son sourire lorsqu'elle se pelotonna contre lui, toute serrée collée. Parole de Cassidy, Jane était pire qu'un chat ! La perspective d'une Janice en train de miauler le rendit fébrile, et en proie à des bouffées de chaleur, il tâcha de penser à autre chose. Quelque chose de très, très désagréable. Genre sa grande tante Jocelyn, celle qui avait un poireau sur la narine, et du poil dans le cou. Voilà, beaucoup mieux. Tellement mieux qu'il se permit même de faire un peu de place à Jane sur le canapé en se décalant afin qu'elle prenne ses aises. Il passa un bras derrière elle, qu'il appuya sur le dossier du sofa — fallait pas pousser Merlin dans le filet du diable non plus. Il bailla à s'en décrocher la mâchoire, se frotta la tempe d'une main, et ne comprit pas la question que lui posa son amie.
— Euh... En fait je préfère plutôt la fraise... Répondit-il, pas sûr de comprendre où voulait en venir Jane. Lorsqu'elle lui expliqua que c'était pour son petit dej, Cassy se dit que décidément, il y avait des mots tout à fait anodins comme « étaler » et « confiture » qui, dans la bouche de Miss Thickey, lui donnait des palpitations. Loin de se douter de ses insinuations, il sourit à la gloutonnerie de Jane.
— Après se qu'on vient de s'envoyer au dîner, tu penses déjà à remanger demain matin ? Il rit en se tapotant le ventre, glissant sa main sous son t-shirt. T'es vraiment gourmande comme fille, toi ! Oups, le revoilà en train de dégringoler sur la pente glissante. Si je me souviens bien, et je sais que je me souviens bien, je t'ai vue te resservir deux fois du gratin de potimarron, et en plus tu m'as chapardé un bout de pudding directement dans mon assiette... Vrai ou pas ?

Holden, goguenard, lança une œillade gentiment moqueuse à son amie ; elle était trop mignonne lorsqu'elle boudait. Fier de l'avoir prise en défaut, car après tout qui aime bien châtie bien, et Cassy il avait grave envie de châtier, il attendit la question suivante vu que Jane avait l'air bien décidée à jouer au petit jeu du « tu préfères », avant qu'ils ne soient interrompus par Teresa.
S'il fut surprit que la jeune fille lui montre son intérêt aussi ouvertement, il ne loupa pas une miette de la joute de regards que les deux quatrièmes opérèrent. Son coeur manqua un battement, puis accéléra furieusement : était-ce de la jalousie dans les yeux de Janice ? Cela voulait dire qu'il y avait finalement de l'espoir ?
Transporté par la lueur de clarté dans l'obscurité qui nimbait son futur amoureux avec la jolie griffonne, il sourit poliment à Teresa, le genre de sourire un peu condescendant qui s'approchait du « c'est gentil, mais c'est pas contre toi : mate le level à côté de moi », avant que Teresa ne trace sa route et que Jane se lève d'un bond et se fiche devant lui. Aussitôt, la sensation de chaleur le quitta, cela l'agaça.
Elle avait les yeux écarquillés — oh oui, elle était super jalouse — s'époumona sur le gringue que lui avait fait sa rivale — tellement jalouuuuse —, puis éclata de rire.
Okay, elle se foutait de sa gueule ?
C'est vrai quoi, il avait un certain charme, Cassy. Il était pas le plus repoussant des Gryffondors, bien qu'il y ait mieux, il y avait toujours mieux, genre Prewett. Même parti de Poudlard, son omble semblait toujours narguer Holden. Celui-ci fronça les sourcils. Encore plus lorsque, semblant changer d'avis, Jane voulu le maquer avec Teresa.
— Hein, quoi ? Fit-il bêtement, à côté de la plaque. Pourquoi lui présenter ? Il s'en foutait de Teresa, lui c'était Janice qu'il voulait ! Il attrapa ses deux mains dans les siennes pour la forcer à se rasseoir à côté de lui, comme tout à l'heure. Non mais, le truc c'est qu'elle est un peu trop... Brune, tu vois ? Ouais, je préfère les filles avec les cheveux plus... châtains, en fait. Genre Jane. Et sa coupe est un peu trop... Courte, moi j'aime bien les cheveux longs et un peu fous... Comme... Jane. Inconscient du fait que parler coiffure n'allait pas booster sa virilité, loin de là, il essayait d'aiguiller Janice sur son type de fille, savoir : elle !

S'il lui cachait quelque chose ? Euh, attendez voir... Oui, un énorme quelque chose ! Comme son big crush pour elle ! Pourquoi ne le voyait-elle pas ? Jouant le jeu de la petite enquêtrice, Jane s'approcha de son visage pour l'observer. De près. De très près. De très, très près. Cassy sentit ses joues devenir chaudes, puis ce fut tout son corps qui prit feu. Un véritable brasier d'hormones masculines en folie typiques d'un ado de quinze ans rendu abruti par les yeux de biche de sa meilleure copine badass. La tentation était là, sous son nez, il sentait son souffle sur sa bouche. Il n'avait qu'à tendre d'un poil les lèvres pour pouvoir les poser sur celles de Janice. Il était perdu et ne respirait plus. Que n'aurait-il donné, qui plus est, pour avoir un chewing-gum dans la bouche et checker son haleine ?
Lorsque la griffonne lui braqua sa baguette dans la tronche comme une petite espionne russe sexy, il ne réagit même pas. Juste quelques millimètres en avant...
Et Jane lui aurait foutu ses cinq doigts sur la figure. C'est vrai quoi, avec tous ces trucs de prude quelle clamait à longueur de journée, et ces idées sur la virginité et la pureté dont Marlene lui bourrait le crâne... Si à elle deux elle contaminaient toutes les filles de Poud'... Non seulement il ne conclurait jamais avec Janice, mais la seule qu'il réussirait jamais à choper serait McGo !
— Arrête tes bêtises, ria-t-il en écartant la baguette de la jeune fille qui lui dilatait les pupilles et lui cramait les rétines. Elle est pas moche... Répondit-il à sa question et, ô miracle ! L'espoir le reprit quand il la vit mimer des guillemets imaginaires autour du mot fille. Loin de se douter de ce que son amie insinuait, il y vit là de nouveau une preuve ÉVIDENTE de la jalousie de Jane. Alors quoi, elle trouvait qu'elle ne ressemblait pas à une fille ? Ou bien, elle se sentait menacée et donc obligée de la dénigrer à ses yeux ? Puisqu'il pouvait tout lui dire, il décida de jouer sur la corde sensible. En fait, elle est pas moche du tout. Mais je préfère les filles qui font vraiment... Femme. Mûre, tu vois ? Coquettes, élégantes, sûres d'elles, pas du tout garçon manqué... Tu vois le genre ?

Jane sembla se vexer des insinuations de son ami ce qui donna du baume au cœur de ce dernier : c'est qu'il avait touché une corde sensible, non ? Au fond, elle désirait peut-être lui plaire ? Elle se recula au bout du sofa et il rit, tirant sur ses deux pieds pour la ramener près de lui, à sa place initiale à ses côtés.
— Absolument rien, c'est des gens très bien ! Fit-il avec un petit sourire attendrit car c'est vrai quoi, lui, il connaissait pas plus belle personne que Janice. C'est pour ça qu'il en pinçait pour elle ! Une fille gentille, douce, marrante, toujours prête à rire et de confiance, pour lui, c'était la fille idéale ! Seulement, elle ne semblait vraiment pas le comprendre, c'en était désespérant. Boudeuse, elle le chambra sur ses préférences en matière de femmes mûres, genre très mûres, car quel que soit l'âge qu'avait Rita Skeeter, pour lui, elle faisait déjà partie de la génération de ses parents. Il fronça les sourcils et fit la gueule, ce à quoi son amie fut sensible et s'excusa.
Aussitôt, son humeur s'envola, comme son petit coeur, et le sourire lui revint. Elle l'informa, bien qu'il le savait déjà, que jamais elle ne pourrait le juger, et bien évidemment il n'entendit pas la fin de sa phrase, qu'elle avait marmonné si bas qu'elle n'avait pas atteint ses oreilles.
— Je sais que tu juges pas, dit-il en souriant, amusé par ses énumérations de vélanes et harpies. Mais lorsqu'elle lui demanda de s'assumer, ce fut une autre paire de manches. Comment lui avouer qu'il craquait pour elle ? Genre, vraiment beaucoup, beaucoup ? Les mots n'avaient jamais voulu franchir la barrière de ses lèvres, de peur de briser la si précieuse amitié qu'ils entretenaient déjà. Mais peut-être le moment de se jeter à l'eau était-il venu ? Il soupira et posa une main sur sa nuque, qu'il massa, peu à l'aise. Ben tu vois, il y a bien une fille... Commença-t-il, tout ses signaux internes criant des « TOI ! TOI ! » muets à Jane. Mais... Et si c'était pas réciproque ? Et si elle le prenait pas au sérieux ? Ou se fichait de lui ? Ou pire, lui tournait le dos ? Lui foutait un râteau monstre ? Holden était perdu et freina des deux pieds. A ce moment là, Nina Lænsen entra dans la salle commune et se dirigea vers le dortoir des filles. Mais oui ! C'est... Nina, balança-t-il de but en blanc, n'osant même plus croiser son regard. Nina était dans sa classe, et très jolie en plus. Mais... Dans quelle galère était-il allé se fourrer encore ?!?