Soyle comme souvent lorsqu'elle se retrouvait au début d'un nouveau projet était très excitée. Non pas qu'elle perdait de l'intérêt lorsque le projet avançait. Mais elle en avait presque les mains qui tremblaient et un sourire jusqu'aux oreilles. Alors un peu avant l'heure convenue, elle va ouvrir l'une des vieilles salles inoccupées. Elles servaient un peu à tout ces salles. Surtout aux enseignants. Déjà, ils pouvaient y stoker du matériel. On pouvait s'y isoler facilement et échapper à ces habitants avec qui ils étaient tous contraints de côtoyer quotidiennement. L'inconvénient de ce superbe endroit. Et pour son cas, Soyle s'en servirait pour animer un petit club bien de son cru. Elle avait annoncé son projet et laissé les étudiants s'inscrire selon leur désir. Et ils étaient plusieurs à avoir répondu positivement. La belle rouquine en était ravie et leur avait donc donné rendez-vous dans cette salle. Enfin, heureusement qu'elle avait pris de l'avance, cela faisait visiblement un moment que personne n'avait ouvert cette salle. Un nuage de poussière lui sauta au visage à l'ouverture de la porte. Après une petit toux, elle entra et alla tout de suite ouvrir les rideaux. Bon, un rapide coup de ménage et ça serait très bien. En quelques coups de baguette ce fut chose faite ! L'installation maintenant.

Dans un coin de la salle, Soyle avait disposé une petite table avec des théières chaudes, différents thés de sa petite réserve exotique, et deux plats de petits gâteaux, parce que mine de rien chanter faisait brûler des calories ! Bon, et aussi un peu parce que comme toujours elle avait eu envie de leur faire plaisir. C'était elle ça, trop gentille, beaucoup trop. Dans une volonté de les mettre dans une atmosphère plus détendue qu'en cours, elle en était venue à faire des gâteaux. Bon. Au moins ils allaient sans doute être appréciés. Ou du moins elle l'espérait.

Ils commençaient à arriver et elle les saluait de son habituel bonne humeur, les invitant à passer un peu par la table le temps que les autres arrivent. Elle, assise sur le tabouret du piano (oui, ils avaient un piano dans cette école, et même d'autres instruments, une ressource insoupçonnée qu'elle entendait exploiter!), attendait sagement que les élèves viennent. Elle finit par se relever, fermant les portes d'un coup de baguette.

-Bien, nous allons tout de même commencer, les autres n'auront qu'à frapper. Alors, est-ce que l'un d'entre vous a déjà fait partie de ce genre de groupe ? Juste que je me fasse une idée.

Une fois les noms des présents notés avec leur expérience, elle sortit un vinyle de son sac, allant rapidement le placer sur le lecteur pour que les étudiants puissent entendre ce qu'elle avait en tête. C'était un morceau moldu, déjà il faudrait voir leurs réactions vis à vis de cela. Bohemian Rhapsody du groupe Queen. Cela faisait fureur chez les moldus en ce moment, le morceau était sorti en octobre dernier. Et oui, Soyle l'aimait bien. Surtout elle voyait pas mal de possibilités avec. Une fois le morceau terminé elle reprit la parole.

-C'est donc le premier projet de ce groupe. Histoire de voire un peu où vous en êtes et ce que vous pouvez faire. Des questions ? Si vous êtes prêts nous commençons...

Janice et Marlene s’étaient entraînées à chanter toute la semaine si bien que la salle commune des gryffondors ressemblait à la chorale de la famille Von Trapp. Elles n’interagissaient plus qu’en chantant - pour se dire bonjour, se demander des parchemins, s’informer qu’elles allaient aux toilettes -  et ce n’était pas évident pour leurs camarades de maison comme elles chantaient toutes les deux aussi mal que des chaudrons. Marlene s’était immédiatement rendue compte que Janice avait une voix affreuse mais n’osait pas le lui dire (et l’inverse était sans doute vrai également). Alors ce fut comme deux joyeuses luronnes qu’elles se rendirent dans l’aile est du château ce jour-là. « Bonjour Professeure ! ». Ca alors, elle avait même fait des gâteaux s’extasièrent-elles en prenant un pouf. Il arrivait parfois à Marlene de regretter de ne pas suivre les classes d’étude des moldus plutôt que celles d’astronomie. C’est que la rousse avait l’air diablement plus sympathique que la brune et puis en plus elle aurait eu des bonnes notes comme elle vivait dans le monde moldu. Mais elle trouvait que cela aurait justement été de la triche comme elle le rabâchait sans cesse à Lily Evans. Madame Hoover annonça bientôt le début de la chorale et posa une question à laquelle la préfète répondit naturellement et de manière bien exhaustive comme si elles n’avaient été que toutes les deux. « Oh oui ! Quand j’étais à l’école primaire, ma maîtresse - elle entendit quelques élèves rire dans le fond et distingua même le mot d’elfe de maison être prononcé alors elle pensa très fort que pour certains, la classe d’étude des moldus, ça n’aurait vraiment pas dû être une option ! - notre professeure avait organisé une chorale pour un concert à la fin de l’année scolaire mais je devais sûrement faire trop d’ombre aux autres parce qu’on m’a fait jouer du triangle à la fin ! - Elle prit sa respiration alors qu’un élève ouvrait déjà la bouche pour s’exprimer à son tour mais il n’en eut malheureusement pas le temps - Et puis dans la ville où j’habite il y aussi des chorales de noël et eux aussi insistent pour que je joue du triangle figurez-vous ». Elle se tourna vers les autres élèves qui ne lui avaient rien demandé et profitant qu’ils soient sorciers et ne comprennent rien au monde moldu voulut faire sa mystificatrice. « C’est un instrument moldu très complexe ! » précisa-t-elle.

Elle se laissa retomber dans le pouf, signe qu’elle avait enfin fini de parler, et termina tranquillement la part de son gâteau moelleux qu’elle accompagna d’une tasse de thé vert au jasmin. Les autres élèves racontaient à leur tour leurs expériences mais elle ne les écoutait pas comme aucun d’eux ne l’intéressait plus que le charmant goûter. Professeure Hoover leur demanda alors si certains avaient des questions et la préfète fut encore la première à répondre. « Oui j’ai une question, est-ce que je pourrais vraiment chanter et ne pas jouer du triangle cette fois-ci ? » demanda-t-elle au professeure avec un regard où brillait une certaine détresse. Elle n'osait pas lui dire franchement qu'elle détestait tout à fait le triangle mais sans doute avait-elle dû le deviner.