☀ Much ado about a swann ☀ Rosa & Dodo

NEUTRE

Much ado about a swann

Les bancs de la cour qui menait au viaduc ne semblaient pas confortables. Et pourtant, en cette journée où les premiers rayons du printemps revenaient réchauffer l'air, Rosalyn Weasley s'était alongée sur l'un deux, un livre sur les genoux, et des lunettes de soleil sur le nez. Sa paleur et sa rousseur contrastait furieusement avec le soleil, mais un bain de lumière ne pouvait faire que du bien. Autour d'elle, assises en tailleur, plusieurs filles de gryffondor parlaient entre elles, tel l'habituel aréopage qui entourait la jeune Weasely. Prendre le soleil avec ses amies était en réalité l'alibi parfait qu'avait trouvé Rosalyn pour ne pas avoir à avouer qu'elle n'avait pas pu aller à Pré-au-Lard. Et cela, pour la simple et bonne raison qu'elle n'avait pas une mornille, les dernières qu'elle ait eues en sa possession étant parties dans l'achat de ses lunettes de soleil rétro, car achetées lors d'un vide grenier à Loutry Sainte Chaspoule à Noël. Néanmoins, habituée à instaurer sa dictature sur les douces personnes qui l'entouraient, elle avait "demandé" au Capitaine des blaireaux de lui rapporter un oiseau animé en sucre. Elle avait dernièrement une obsession pour les petits animaux animés en différent matériaux, et ne pouvant s'offrir un des ceux qu'on sculptait en pierres précieuses, ou en marbre, elle se rabattait sur ce qu'elle pouvait avoir.

Elle ferma ses yeux un instant, baignée de la chaude lumière du soleil, qui l'enveloppait toute entière. Rosalyn était si habituée à vivre dans le dénuement, même si elle préférait ne pas l'avouer, que la perspective d'avoir en sa possession un cygne en sucre la rendait euphorique. La jeune fille était habituée aux cadeaux recyclés, qui venaient d'un lointain ancêtre décédé. Et les Weasley avait vécu dans une pauvreté si constante que, à part les rares bijoux que lui avaient offert sa grand mère Black (Qui elle même n'avait plus grand chose de sa famille) elle était parfaitement habituée à recevoir d'atroces cadeaux qu'elle feignait d'adorer.

La jeune Weasley referma son livre d'une main en entendant au loin les rires de ceux qui revenaient de Pré-au-Lard et le déposa sur le banc, avant de se relever d'un bon. Toute joyeuse et heureuse, elle releva ses lunettes de soleil sur le sommet de ses cheveux, et rejeta sa longue chevelure de feu derrière son dos avant d'aller à la rencontre du groupe de Poussoufle qui revenait. Arrivée à leur hauteur, elle localisa le capitaine des blaireaux, qui lui avait d'ailleurs fait un coup très fourbe quelques semaines auparavant en feignant d'accepter de décaler l'entraînement des jaunes poussins, sans rien n'en faire. Presque bondissante, avec un grand sourire extatique, elle vint vers lui, tendant une petite main dans sa direction; demandant d'une voix enjouée et un peu impérieuse : « Tu as rempli ta mission, petit oiseau ? »

GASMASK

Aujourd'hui c'est sortie à Pré-Au-Lard avec les copains, ça tombe bien il fait plutôt beau et j'avais grave besoin de sortir un peu des grilles du Château avec le retour du printemps, perdre un peu Poudlard des yeux, rencontrer d'autres gens, bref, décrocher un peu, tu vois. Du coup vu que j'étais pas le seul dans ce cas on a été traîner dans la campagne autour du village, on a pris une petite Bièraubeurre, léché quelques vitrines avec Marlene mais pas trop non plus, bref, une bonne petite journée passée dehors, mais déjà terminée malheureusement, sur les coups de cinq heures on a commencé à remonter vers Poudlard, parce que déjà Picott nous attendait au portail avec sa mine des mauvais jour, prêt à fouiller nos poches à la recherche de Bombabouses, tu vois le genre quoi. Mais comme j'ai rien acheté aujourd'hui parce que j'ai tout mis dans mon nouveau nécessaire à balai, eh ben j'suis fouillé ultra-rapidement et avant même d'avoir pu dire Quidditch je gambade dans le viaduc menant au Château avec les autres. A la sortie de celui-ci cependant, à ma grande surprise y'a un petit truc roux qui se jette sous mes roues et me force à piler des quatre fers, tout en me demandant si le petit oiseau que je suis a bien rempli sa mission, et en fait ça fait un peu trop d'informations à gérer d'un coup, et je jette un regard de vague incompréhension sur le joli petit minois de la gamine Weasley.
— Hein ? je m'interroge fort poliment et avec une distinction tout à fait indéniable.

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Le capitaine des blaireaux affecta un regard d'incompréhension à son intention, et lui lâcha une onomatopée pour la questionner sur ce qu'elle demandait. L’ascenseur émotionnel qui saisit la jeune Weasley, la fit passer de l'extase la plus pure, à la rage la plus brûlante. D'un geste lent, elle referma ses doigts pour en faire un poing, et pinça ses lèvres avec mécontentement. Son regard lançait des éclairs.
D'un geste qu'elle ne chercha pas à faire violent, elle envoya un petit coup dans le ventre du Poussoufle irrespectueux, avant de croiser ses bras et de relever le menton avec arrogance.

« C'était pas la lune de me prendre un cygne en sucre à Pré-Au-Lard, vil bandimon. » lâcha-t-elle d'un ton hargneux en foudroyant du regard l'inconscient garçon qui la dépassait d'une tête. « Déjà que tu m'entourloupes pour l'entraînement, et là tu me fais un faux espoir. » ajouta-t-elle froidement avant de poursuivre : « Lorsqu'on ne veut pas faire quelque chose, on dit simplement "non" plutôt que de décevoir les gens. »
Plutôt mourir que de reconnaître qu'elle avait sincèrement espéré qu'il lui offrirait ce stupide volatile en sucre, et que quelque part, elle l'appréciait suffisamment pour être déçue et se sentir trahie.
Aussi elle détourna son regard avec lassitude, passant une main dans sa chevelure de feu, avant de murmurer d'une voix froide en arborant une moue déçue : « Mais bon, il faut du courage pour ça ... » Qualité dont il semblait pathétiquement dépourvu.

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Visiblement j'ai pas posé la bonne question, car face à moi la peau de Rosalyn prend une teinte d'un rouge alarmant qui n'est pas sans rappeler celui de sa sauvage chevelure, et là j'me dis que j'ai peut-être fait une bêtise, ce qui on va pas se mentir, arrive assez souvent. Ah, on parle d'un truc grave en plus, puisque visiblement ça mérite un petit coup de poing de bébé Chaporouge dans le ventre, et du coup je sais pas trop quoi faire, me plier de douleur même si c'est pas le cas, au risque de l'énerver plus, ou faire le sorcier qui sent rien du fait de ses abdos d'enfer, ce qui risque de l'énerver encore plus, je sais pas du tout ce qu'elle attend de moi, donc j'me décide à couper la citrouille en deux et j'lui dédie une petite grimace souffreteuse ma foi fort convaincante je trouve, avant de soudainement saisir ce à quoi Rosalyn Weasley faisait allusion et abandonner sans plus de cérémonie ma mine contrite.
— Aaaahh çaaa, je lâche d'une voix aiguë, soulagé que cela ne soit que ça : pas de quoi chier un chaudron, et soudain je me mets à rire devant l'air outré de Weasley qui n'a pas l'air de saisir ce qu'il y a de si drôle à cette situation. Mais enfin, je blaguais quand je disais ça, tu as vraiment cru que j'allais t'en rapporter un ? j'dois avouer que je suis un peu incrédule, je pensais que depuis le temps les gens avaient bien saisi que j'étais un Poufsouffle un peu farceur et qu'il ne fallait pas forcément prendre au premier degré tout ce que je disais, d'autant plus que comme le soulignait fort justement la Weasley, je lui avais déjà fait un coup de ce type genre quelques jours plus tôt, une sombre histoire de blague de Quidditch ça encore, mais il paraît que c'est le jeu ma pauvre Lucette ! Il faut surtout de l'argent, pour s'acheter des trucs inutiles comme ça, pas du courage. On dirait que t'as pas parié sur le bon Sombral ma douce ! j'dois avouer que son insinuation me plaît pas trop, je lui ai rien promis à cette jeune fille, et j'apprécie pas trop d'me faire insulter comme ça devant mes copains à cause d'un ridicule oiseau en sucre bien inutile comme il faut.

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Les sourcils de Rosalyn se haussèrent avec une expression à mi-chemin entre un dédain flagrant et une surprise désagréable. Elle avait beau faire plus d'une tête de moins que Dowey, cela ne l'empêchait pas de lui jeter un regard éminemment supérieur et mécontent. Et comme si ce dernier ne percevait pas tout à fait encore l'extrême urgence de la situation, et la trahison terrible qu'il avait accomplie, il rit. Si la Weasley n'avait pas eu mal à son poing en le frappant précédemment, elle n'aurait hésité à lui en renvoyer un. Et cette fois, elle l'aurait fait à un endroit qui en plus d'être à sa portée, aurait fait taire le blaireaux pour quelques heures. Elle croisa finalement ses bras, avant de répondre d'un ton vindicatif : « Tu n'es pas à la foire du Troll mon gars, on est pas là pour rire des autres et faire des blagues de mauvais goûts »

Finalement, alors que Rosalyn semblait à deux doigts d'écharper sauvagement l'outrageux Dowey, elle finit par relever sa main devant ses yeux pour observer ses ongles avec lassitude, avant de rejeter ses longs cheveux roux derrière ses épaules. « Ils offrent ces cygnes en sucre à l'achat de trois paquets de suçacides » releva-t-elle d'un ton posé, en adressant un sourire au capitaine des poussoufles, avant de pencher son visage sur le côté : « Or, tes … amis … En ont chacun dans leurs mains au moins une demi-douzaine. » d'une geste de main théâtral, elle désigna les trois garçons qui entouraient Dowey, et les emplettes qui occupaient leurs bras. Son regard passa de chacun des garçons jusqu'à revenir sur son interlocuteur initial. "Ç'a n'aurait donc pas été très compliqué de m'en ramener un seul."

Avec une moue blasé, elle s'avança de quelques pas vers lui, en agitant son doigt devant le garçon d'un air vindicatif : « C'est pas parce que je me nomme Weasley, que je suis aussi facile à arnaquer que ma parentèle, mon chat. » lâcha-t-elle finalement, en déposant un regard assassin dans les prunelles du blaireau, un sourire magnanime au coin des lèvres et les poings sur les hanches.

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