Les filles, les filles. Sven en avait eu des discussions avec Greta. Il ne s’y était jamais intéressé, à quoi bon ? Toutes les histoires de couple dont il avait entendu parler avait soit mal fini ou bien rendait les gens complètement nunuches. Décidément, ce n’était pas vraiment son fort. Autant il avait beaucoup de tact pour s’adresser avec les autres, même ceux qu’il ne connaissait pas, autant là… Là, c’était vraiment la catastrophe. Le scandinave perdait tous ses mots, comme si ces derniers restaient bloqués au fond de sa gorge. C’était affreux, vraiment. Et puis, cette boule au ventre, qu’est-ce que c’était ? Le stress ? Allons Sven, il n’y avait rien de stressant pourtant… Si ? Ce n’était pas la première fois qu’il parlait à une fille, ce n’était pas la première fois qu’il nageait avec quelqu’un, par contre c’était bien la première fois qu’il se souciait de son image envers une personne. Est-ce que c’était mal ? Le Poufsouffle se posait un milliard de questions en même temps tandis que son visage affichait un certain calme et une certaine sérénité. Car face à Rosalyn, il tenait à montrer l’image la plus positive qu’il n’ait jamais eu.
Sven eut un rire lorsqu’elle mentionna son frère. Njal avait toujours été à l’aise dans l’eau. C’était son élément, son moyen de décompresser. Quand il n’allait pas bien, il n’était pas rare de voir l’aînée des Lænsen en train de faire quelques longueurs pour se vider la tête. L’eau était au Serpentard ce que la glace était au Poufsouffle. Tous deux avaient ça dans le sang.
« Njal est comme un poisson dans l’eau. Mais il a tendance à vite s’essouffler, c’est vrai, » appuya-t-il les dires de la jeune fille. Ne pas la contrarier. Il ne voulait pas la contrarier mais être dans son sens. Et pourtant Merlin savait à quel point Sven aimait les débats.

Il devina assez facilement la Maison de Rosalyn. En même temps, c’était un peu évident, tous les stéréotypes collaient parfaitement à cette Maison. Son sourire éclaira son visage.
« Ouep, Nina est ma sœur jumelle. Vous vous connaissez bien ? Nina et Sven, c’était comme les deux doigts de la main, c’était comme le sorcier et sa baguette, c’était comme le chaudron et la potion. Inséparables depuis leur naissance, il n’y avait pas besoin de mots entre eux pour qu’ils se comprennent, même si Nina était un peu plus impétueuse que lui. Fais gaffe, les Norvégiens vont envahir Poudlard, » ajouta-t-il en rigolant.
Sven eut alors un sourire doux face au doute de la rouge et or. Si deux Maisons avaient pu lui correspondre, c’était en effet Poufsouffle et Serdaigle. Le Choixpeau avait longuement hésité lors de Répartition – il avait failli être Chapeauflou – mais avait fini par l’envoyer chez les blaireaux, grand bien lui fasse. Sven avait toujours préféré cette Maison-là à toutes les autres. Un peu comme son père, même si ce dernier n’avait pas fait sa scolarité à Poudlard. Le cadet Lænsen était persuadé que Torvald aurait été envoyé à Poufsouffle lui aussi.
« Ta première impression était juste, je suis bien à Poufsouffle. Avant d’ajouter, toujours suivre son intuition. » Ses yeux se perdirent alors dans ceux de Rosalyn et il ne sut plus quoi dire. Sa voix restait bloquée et il n’y avait dans sa tête que la puissance du regard de la lionne. Il devait ressembler à un benêt, là comme ça, ou comme un triple idiot ou dérangé à la fixer comme ça. Une attraction irrésistible lui donnait cette envie de s’approcher d’elle encore et encore, mais son bon sens l’en empêchait. L’adolescent ne comprenait tout bonnement pas ce qui lui arrivait.
 

Amies depuis plusieurs années ? Et Nina ne lui en avait jamais parlé ? Étrange, étrange. Il s’en serait souvenu, pour sûr. Les jumeaux ne se cachaient rien mais il arrivait qu’ils ne se disent pas tout non plus. Par exemple, Sven allait-il révéler à sœur cette petite chose qui semblait naître en lui concernant la rousse ? Il lui faisait totalement confiance, mais il la savait très enjouée lorsqu’il s’agissait d’un gros potin. Malgré son amour pour elle, le jeune Poufsouffle avait beaucoup trop peur que Nina ne fasse pas attention, fasse un lapsus ou se fasse cramer, tout simplement. Enfin, le Norvégien se faisait tous ces films-là dans sa tête mais n’était même pas sûr de plaire à sa camarade.
Le hockeyeur rigola à la courte mais efficace description de sa sœur par Rosalyn. En effet, c’était totalement ça. Affirmée, c’était le mot. Voire un peu trop affirmée des fois, et avec son sale petit caractère de temps en temps, mais Sven l’aimait comme ça, tout comme le reste de sa famille d’ailleurs. Nina était aussi une fille capricieuse mais qui savait faire la part des choses malgré son petit côté susceptible. Heureusement, les trois frères et sœurs Lænsen semblaient bien s’équilibrer par leur caractère respectif et si Njal et Nina étaient les deux extrêmes, Sven était présent pour équilibrer la balance.
— Attention faut pas lui dire, elle risque de prendre la grosse tête, prévint-il avec un petit sourire qui en disait long.
Ils aimaient bien se chamailler ces jumeaux, et se chercher aussi. Ce n’était pas pour rien qu’ils étaient aussi complices.
Le jeune sorcier rit de bon cœur avec celle qui la rendait perplexe avant que ce moment joyeux ne soit rompu par un autre beaucoup plus gênant. Un silence s’installa pendant lequel l’un se perdait dans les yeux de l’autre ne sachant que faire. Finalement, ce fut la lionne qui cassa cet instant décidément malaisant pour le jeune garçon qui fut assez heureux de pouvoir la suivre dans l’eau pour retourner à la rive. Cette fois-ci, il la rattrapa mais se douta bien en cours de route que la jeune Weasley faisait en sorte qu’il suive la cadence.
Tous deux sortirent de l’eau et Sven attrapa à la volée la serviette que Rosalyn lui lança avant de se sécher tout le corps. La question de sa camarade fit battre son cœur encore plus vite que d’habitude et ses mouvements ralentirent un instant avec de reprendre une vitesse normale. Le beau Norvégien se releva alors, jeta la serviette sur son épaule et lui envoya un sourire un peu intimidé. Il ne savait pas quoi faire, pas quoi répondre. Oui, il était en panique. Sven n’était pas d’un naturel timide ni d’un naturel macho. Décidant tout simplement de suivre son instinct, il s’approcha à quelques centimètres d’elle et lui tendit la serviette qu’il lui avait prêté.
— Avec plaisir. Envoie-moi un hibou pour l’horaire et je serai là.
Ce qu’elle est belle, se dit-il. Une petite flamme naissait au creux de ses poumons et il se faisait fureur pour ne pas sourire comme un benêt. C’était trop beau pour être vrai.

Les deux se quittèrent et une fois dans son dortoir, Sven s’allongea sur son lit tel une baleine échouée sur la plage, le sourire jusqu’aux lèvres. Il allait avoir son premier rendez-vous avec une fille.