Stop being a bitch ! A bitch or a witch ? | LEVI

ORDRE DU PHÉNIX

Les portes claquaient, les murs tremblaient chez les McKinnon et la canicule longue de plusieurs jours n'apaisait certes pas les esprits des fiers Écossais qui y vivaient. Marlene s’était rendue en douce à l’anniversaire de Wilda et Dowey et la punition avait été sévère : interdiction formelle de camper avec ses grands frères et d’assister à la coupe du monde de quidditch. « MAIS TOUT LE MONDE NE PARLERA QUE DE LA COUPE DU MONDE A LA RENTRÉE ! TU VEUX FAIRE DE MOI UN PARIA SOCIAL ? UN MONSTRE ? C’EST CA ? ». Sa mère s’affairait partout dans l’auberge qui affichait une clientèle complète et était suivie dans chaque pièce par sa furie de fille. « Tes amies ne se sont pas encore rendues compte que tu étais un monstre ? » se défendait la mère avec plus d’humour. Marlene néanmoins n’avait pas envie de rire et sortit sa baguette pour défaire le lit que sa mère venait de dresser au carré. Moïra lui interdit de faire sa witch ! - witch ou bitch ? - « LE PROBLÈME, MARLENE FENELLA MCKINNON, C'EST QUE TU ES LES DEUX EN MÊME TEMPS DEPUIS QUE TU AS DIX-SEPT ANS ! ». Humiliée et furieuse, l’adolescente s’en retira dans sa chambre en prenant grand soin de claquer les talons dans les escaliers. Elle lança un regard noir à un toquard de client qui voulut lui faire remarquer que la prochaine coupe du monde de soccer n'aurait pas lieu avant l'année 1978.

Quelle ne fut pas sa surprise de trouver, en poussant la porte de son sanctuaire, Levi confortablement installé sur son lit. Il avait à ses côtés un bagage de prêt. « C’est quoi ça ? Tu ne vas pas à la coupe du monde de quidditch ? Si j’ai pas le droit, t’as pas le droit ! » se jeta-t-elle comme une harpie sur son sac à dos pour le secouer et le vider de tout son contenu sur la moquette. Mais il n’y eut pas que des caleçons qui en tombèrent. Pour sûr, on ne campait pas avec une telle quantité de plantes magiques aux vertus hallucinatoires. « MAIS T’ES FOU ? » s’exclama-t-elle encore. L’adolescente observa alors son petit-frère avec des yeux grands comme des soucoupes. Elle n’était pas née de la dernière pousse de mandragores et savait qu’il aimait bien fumer du péteuforik et snifer des champifleurs hallucinogènes. Il aurait été mentir de dire qu’ils n’avaient pas testé ensemble toutes ces plantes magiques pendant les autres vacances … mais elle ne se souvenait pas en avoir jamais rapporté autant de l’école de sorcellerie ! La sorcière eut finalement le bon sens de refermer derrière elle la porte de sa chambre.

le disque tournait depuis maintenant un bon quart d'heure dans la stéréo, le volume poussé à fond. le blond, vautré sur le matelas de sa soeur, les pieds sur la tête de lit, balançait la tête en mesure avec la musique - sans se soucier du fracas qui lui parvenait d'en bas. en vérité, il s'était habitué à tout le vacarme qui régnait dans la maison des mckinnon : c'était devenu une habitude d'entendre des cris provenant des endroits les plus incongrus. en attendant, la chaleur étouffante qui régnait dans la baraque depuis le début de la semaine n'aidait pas à calmer les tempéraments bouillants de son pays d'origine et le nombre de bagarres avait haussé de 50%, à vue d'oeil.

aussi, quand la porte s'ouvrit brusquement en grand et qu'une tornade blonde entra dans la chambre, il n'y fit d'abord pas attention et continua de bouger en rythme avec la mélodie. « C’est quoi ça ? Tu ne vas pas à la coupe du monde de quidditch ? Si j’ai pas le droit, t’as pas le droit ! » levi redressa la tête, et comprit à voir la mine furax que tirait marlene que c'était sa gueule des mauvais jours. elle en avait plusieurs, des têtes, marlene, mais celle là était une des pires - ou des plus amusantes, tout dépendait du point de vue. « t'as encore été punie, soeurette ? » se contenta de chantonner son frère, ses lèvres s'étirant en un sourire malicieux...

...sourire qui disparut aussitôt lorsqu'elle se précipita vers son sac et l'en débarrassa de son contenu d'un trait. les affaires tombèrent au sol avec un grand BOUM à peine étouffé par les couches de vêtements. levi se redressa d'un bond - « FUCK DHETH !* » - et se jeta sur ses biens pour les ramasser en toute hâte. mais avant qu'il ait pu ramasser tout son paquetage, la porte claqua et, redressant la tête, les genoux au sol, il comprit que la discussion risquerait d'être longue... et bruyante, très bruyante, si on en jugeait au tempérament des deux ado.

« MAIS T’ES FOU ? » s'exclama la lionne, les yeux plus ronds que la terre elle même. le corps rompu par des années à sauter de murs en murs, le mckinnon se redressa souplement et jeta son sac sur le lit, derrière lui. il croisa les bras, adoptant une position défensive. « c'est TOI qui est folle ! ça vaut une fortune ce truc, je vais pouvoir me faire masse d'argent avec ça - et je te signale que c'est toi, qui m'en a apporté en premier ! » piètre défense il le savait, mais ces plantes représentaient tout son argent de poche - c'était son travail, et clairement, il était dans la merde.

*va te faire foutre !

ORDRE DU PHÉNIX

Encore punie ? A ces mots, Marlene grommela des propos que sa rage rendit incompréhensibles. C’est qu’elle en avait par dessus les boucles blondes de la crâne chance de son frère de toujours passer entre les mailles du filet du diable. Il commettait une bêtise à chaque respiration mais rien ne paraissait jamais l’inquiéter. Il s’en sortait toujours. Elle se défoula en vidant son sac tout foutrac et ignora royalement sa grossière invitation à fourrer son nez ailleurs. Levi récupéra ses plantes magiques mais elle avait refermé la porte … pas moyen que ça sorte de sa chambre. « Masse de … ? - commença-t-elle à répéter ses mots les sourcils froncés car elle redoutait d’y entendre la terrible vérité - QUOI ? ». La vérité avait eu le temps de faire son chemin et la justification de son petit-frère la rendit furieuse. « Si tu racontes ça à maman, la coupe du monde de quidditch deviendra mon dernier problème … et le tien aussi ! » s’approcha-t-elle en le pointant d’un doigt autant que d’un regard menaçant. « PARCE QUE JE T’AURAIS ASSASSINE ! ». Leur mère s’était toujours montrée inquiète face à ce qui pouvait provenir du monde magique, sûr que si elle apprenait que le cadet dealait des plantes magiques, l’aînée ne retournerait pas à l’école à la rentrée.

Mais la vérité était que ce n’était pas ce qui inquiétait le plus la sorcière. Son petit-frère, pressentait-elle, se fourrait cette fois-ci dans des problèmes qui le dépasseraient. « Je t’ai apporté ça en premier ? Très bien ! TU LE RENDS ! » ordonna-t-elle d’un ton impérieux une main tendue et prête à sortir la baguette de son autre. « TU NE PEUX PAS - Elle tourna vivement la tête vers la porte de sa chambre en lui semblant entendre des pas dans le couloir et baissa son volume sonore - Tu ne peux pas vendre ça d’accord ? C’est à peine légal chez les sorciers et ça ne l’est définitivement pas chez les moldus ! ». Et redoutant l’ampleur du désastre, elle plaqua d’un seul coup les deux mains sur sa bouche. « Oh non, Levi, dis moi que tu ne vends pas ces plantes à tes copains moldus ! ». Marlene ne connaissait pas grand chose de la justice magique mais était au moins familière, comme tout un chacun, de l’importance de la règle suprême de ne pas trahir le secret magique.

les chamailleries entre levi et marlene étaient fréquentes. très fréquentes, trop fréquentes, mais elles faisaient irrémédiablement partie de la routine qui s'était installée entre eux dès qu'ils avaient appris à se connaître. en un sens elles étaient essentielles dans leurs relations, parce qu'elles forgeaient le lien qui les unissait. mais là - là, la dispute qui arrivait au grand galop était radicalement différente de leurs petites insultes de gamins. levi le sentait, dès le moment où l'affaire du deal avait été porté sur la table. s'ils avaient un peu de bon sens ils auraient baissé la voix. mais le fait était qu'ils étaient levi et marlene - et levi et marlene faisaient rarement preuve de bon sens lorsqu'ils étaient tous les deux.

« masse de... QUOI ?! » la mckinnon ne paraissait pas en revenir - comme si elle avait voulu dénier la vérité qui s'imposait à elle. le blond eut un rire jaune. « de fric, ouais, t'as bien entendu ! » ah ! c'était mal, très mal, Dieu le punirait sûrement pour cela - et pour tout ce qu'il avait fait, et ce qu'il ferait encore - mais il ne pouvait s'arrêter. « si tu racontes ça à maman, la coupe du monde de quidditch deviendra mon dernier problème … et le tien aussi ! PARCE QUE JE T'AURAIS ASSASSINE ! » elle hurlait, et elle hurlait encore marlene, et les murs tremblaient, et ses cris ne faisaient qu'alimenter la rage sourde qui montait plus vite que la lave d'un volcan chez le garçon.

« t'es complètement aveugle ou tu le fais exprès ? tu croyais quoi, que j'en récoltais autant pour ma consommation personnelle ? j'en prends presque plus, de tout ça, mais je te raconte pas la fureur que ça fais chez les autres. » ça claquait, ça claquait aussi sèchement qu'un fouet, alors qu'il se déplaçait, donnant un coup de pied au sac qui tomba à terre derrière lui, et qu'il posait un pied sur celui ci en un geste protecteur. « je t’ai apporté ça en premier ? très bien ! TU LE RENDS ! » les yeux qui s'agrandissent, le cri qui résonne, « NON ! »

il la voyait esquisser un mouvement vers sa baguette, et la peur grimpait, enflait en lui comme un énorme ballon d'hélium. car il savait, le mckinnon, il savait que si elle faisait usage de magie, il n'avait aucune chance. « TU NE PEUX PAS- tu ne peux pas vendre ça d’accord ? c’est à peine légal chez les sorciers et ça ne l’est définitivement pas chez les moldus ! » et elle continuait, à déferler ses leçons de morales qu'il n'avait que trop entendu - et il ne saisissait pas la portée de ces leçons, l'gamin. il en avait juste marre, trop marre, beaucoup trop. « oh non, Levi, dis moi que tu ne vends pas ces plantes à tes copains moldus ! »

la goutte de trop. les yeux du blond flambent de fureur, le serpent se met à siffler, « tu comprends toujours pas, hein. » ses mouvements deviennent incontrôlés, alors qu'il voit toujours la main de sa soeur près de sa baguette, « touche pas à ça ! t'as pas intérêt, tu- t'as pas- MAIS MERDE TU COMPRENDS VRAIMENT RIEN ! » coup de tonnerre, la rage éclate au grand jour, plus violemment qu'une balle de fusil. « PUTAIN MAIS T'AS PAS PIGÉ ? TU PEUX PAS M'ENLEVER ÇA ! TU PEUX PAS ME FAIRE TES PUTAINS DE LEÇONS COMME ÇA ! » à cet instant il se fout bien de qui l'entendra et qui ne l'entendra pas, parce qu'à cet instant la rage avait trop prit le contrôle de ses mots pour qu'il l'en empêche.

« tu peux pas m'enlever ça, marlène, t'as pas le droit. parce qu'en fait c'est ta faute, non ? » sa voix frémit, au paroxysme entre la retenue et le laisser-aller, elle vibre de colère sourde et d'impuissance enfouie. « C'EST TA. PUTAIN. DE. FAUTE. ET TU PEUX PAS, TU PEUX PAS M'ENLEVER ÇA. PARCE QUE SI TU ME L'ENLÈVES, JE SUIS QUOI, MOI ? JE SUIS QUOI SINON UN... UN HUMAIN ? JE SUIS RIEN. » et soudain sa voix se brise, comme un verre éclate en un millier d'éclats de cristal. « je suis normal. » le sanglot monte, enveloppé dans une bulle, et il réprime les larmes de fureur qui lui montent. « j'en ai rien à faire de la légalité. 'puis de toutes façons on va tous crever, non ? » rire amer, dénué de toute joie, alors que le marbre de ses yeux se veine de rouge.

ORDRE DU PHÉNIX

Levi avait toujours fait des bêtises depuis aussi longtemps que Marlene pouvait s’en souvenir, mais dans leur monde dont il maîtrisait les règles, pas dans le monde magique. Et plus il parlait, plus elle paniquait. Les questions qui se percutaient dans sa caboche étaient nombreuses et terrifiantes. Les sorciers pouvaient-ils juger un moldu ? L’envoyer à azkaban ? Elle passait en revue ses cours d’histoire de la magie sans trouver la bonne réponse. La seule chose dont elle était certaine, c’était qu’il valait mieux se tenir éloigné des obscures arcanes du Ministère de la Magie. Son petit-frère l’accusa de ne rien comprendre à l’exact moment où elle formulait le même constat à son égard. « JE TOUCHE A CE QUE JE VEUX DANS MA CHAMBRE ! » protesta-t-elle sans pour autant sortir sa baguette. Elle se pencha pour tirer un grand coup sur la anse du sac à dos en dépit des plus vives protestations du cadet mais elle n’en défit que la bretelle. Levi ne voulait rien lâcher et elle lui jeta un regard sombre (regrettant amèrement ce moment de l'adolescence où il était devenu plus fort).

Et alors qu’il semblait à la sorcière avoir déjà atteint le paroxysme de sa colère, son petit-frère la propulsa encore trois niveaux plus hauts en lui mettant tous les torts sur le dos, ding ding ding ! « OH LA FERME ! LA FERME ! LA FERME ! ». Elle réalisait maintenant l’absurdité de l’avoir dès ses onze ans emmener avec elle sur le Chemin de Traverse, de lui avoir offert des bêtises de chez Zonko depuis qu’elle avait l’âge d’aller à Pré-au-Lard, de lui avoir présenté une nouvelle amie sorcière chaque été qu’il s’était toujours empressé de séduire. Mais tout ce qu’elle avait fait, elle l’avait fait pour ne pas le laisser sur le carreau. Il n’était pas uniquement son petit-frère mais le dernier et meilleur ami qu’il lui restait chez elle. « Il n’y a rien de mal à être NORMAL, Levi ! Tous NOS amis - TES amis en fait aujourd’hui ! - me prennent pour une espèce de tarée qui passe son année dans un institut spécial ! Tu crois vraiment que c’est mieux, ça ?! C’EST CE QUE TU VEUX ?! ». Elle lui épargna le chapitre sur ce que certains pensaient des sorciers comme elle dans l’autre monde mais sentit l’insulte que Amycus Carrow lui avait marqué dans la chaire lui brûler le bras. Elle n’osait pas imaginer ce qu’il aurait fait à son petit-frère sans baguette. « Quant aux sorciers, il suffit de voir l’usage qu’ils font de la magie pour savoir qu’ils n’ont pas plus de valeur que les autres, crois moi … ». La voix de l’adolescent s’était brisée et elle ne voulait pas que la sienne se brise à son tour. Elle regrettait déjà ses premiers propos, elle détestait parler de ça, la plupart du temps c’était une réalité qu’elle se contentait d’ignorer joyeusement. Elle tira encore sur la lanière du sac en grommelant. « ET TU ARRÊTES DE DRAMATISER PIRE QUE MAMAN ! Ce qui est arrivé aux McLeon, ça ne nous arrivera pas ! » se redressa-t-elle en le pointant d’un doigt déterminé. « SAUF SI TU T’ENTÊTES A FAIRE LE CON ! ». Et perdant sa dernière once de patience, elle s’empara de sa corbeille de bureau d’une main et de sa baguette de l’autre - pas moyen qu’elle se fasse avoir par son petit-frère sur ce coup-là ! - pour commencer à faire le ménage. « Accio champifleur ! » et un premier sachet s’envola du sac à dos pour rejoindre sa corbeille.

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