L'amour des éruptifs | Ft. Skaal

ORDRE DU PHÉNIX

L'amour des éruptifs

Avril 1972, Ouganda.

Octavius retenait son souffle. C'était comme si le temps s'était figé. Autour de lui, aucun bruit ne se faisait entendre à part celui de la nature. Malgré le crépuscule et une température qui allait à la baisse, il pouvait sentir une goûte de sueur rouler le long de son dos nu, assailli par une lourde chaleur. Dissimulé derrière des feuillages, il observait les éruptifs au loin, s'abreuvant à une source d'eau. Ils étaient calmes. Mais cela n'allait pas durer. L'ancien l'avait prédit. La saison des amours allait débuter incessamment sous peu. Le jeune homme pouvait déjà constater les signes précurseurs tels qu'ils avaient été énoncés par le vieillard. Les mâles et les femelles faisaient bande à part. Les jeunes éruptifs mâles s'étaient séparés de leur mère.
Le lendemain, la chasse allait pouvoir commencer.
Octavius appréhendait. Allait-il y laisser sa vie comme il était souvent légion dans ce genre de rite ? Ces créatures à l'apparence si paisible allaient peut-être signer son arrêt de mort. Dans quoi s'était-il entraîné ? Si seulement il avait lu les petites lettres en bat du contrat ! Bon ok, il n'y avait pas eu de contrat. Mais s'il avait su, il y aurait réfléchi deux fois avant de se lancer dans cette fabuleuse aventure.
Tandis qu'il se retournait pour revenir au village, il entendit un craquement de branche qui le fit sursauté. Il se mit aussitôt sur ses gardes en s'armant de sa machette très artisanale — qui servait initialement à couper du bois.
« Qui est là ? » demanda-t-il en swahili, au cas où il n'aurait pas s'agit d'un éventuel ennemi.
C'était horrible ce sentiment de vulnérabilité. Très peu vêtu (vu la chaleur, il ne s'en plaignait pas vraiment), seul et sans baguette magique. Alors qu'il se retourna, il tomba nez à nez avec un autre individu. Il fit un grand bond en arrière, très méfiant.
« Qui êtes vous ? » demanda-t-il, toujours en swahili, sur la défensive.

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L'amour des éruptifs

❝ Les traditions sont d'excellentes excuses pour continuer à faire impunément des conneries. ❞

Me voilà ici, au beau milieu de la brousse, dans un sacré pétrin.
Dans ce petit coin de la terre oubliée des hommes, perdu au milieu du sable et des plantes séchés, un horrible cri de souffrance inhumain se fait entendre, dans ce cri se mêle sueur et sang épais. Et au milieu de tout cela, il y a moi, et elle... Et nous n'en pouvons plus ni l'un, ni l'autre. Nous savons que ça va bientôt être terminé d'une manière ou d'une autre.

Le soleil décline, me promettant fraicheur et moustiques pour le reste de la soirée mais peu m'importe en réalité. Mes muscles me font horriblement souffrir et j'ai peur de la mort, pas de la mienne, mais de la sienne, ou plutôt, de la leur. Un coup de corne me fait reprendre conscience de la réalité et de l'énorme merde dans laquelle je suis (au sens figuré, rassure-toi).

"Hééé, ça va aller ma belle."

Ne pas prendre parti, ne rester qu'observateur, laisser faire la sélection naturelle, et toutes Les conneries de ce genre n'ont pas beaucoup de poids face à une magnifique Eruptif s'apprêtant à mettre bas dans des conditions hautement difficiles au milieu de braconniers, de mâles en rut et de chasseurs. Je n'ai pas de formations, c'est ce que tu te dis ? T'as parfaitement raison !

"Ce sont les membres postérieurs qui arrivent en premier. C'est pour ça que c'est aussi dur. Encore un effort..."

Dans un sursaut d'énergie renouvelée, une poussée fait enfin sortir la créature pour qu'elle puisse voir le jour. Le reste se fait tout seul et est assez rapide, j'en profite pour laisser la future et désormais maman faire le reste sans plus intervenir. Je disparais alors dans les buissons pour observer le bébé ouvrir ses yeux pour la première fois pour profiter enfin de sa vie toute neuve.

Alors seulement je m’aperçois que je suis couvert d'un sang de femelle Éruptif au milieu de chasseurs et de mâles en rut. Ah, et mon t-shirt est déchiré, et l'une de mes jambes de pantalon aussi, et je n'ai plus de chaussures, seules mes lunettes sont restées intactes. Face à la beauté d'une naissance, j'en aurais presque rien à faire. Allez, marche arrière toute, tout va bien, je vais transplaner tranquillement un poil plus loin, ni vu, ni conn...

"Wewe ni nani?"

Je crois que je n'avais jamais sursauté aussi loin de toute ma vie. Visiblement, c'était pareil pour ce gars là aussi. Fort heureusement, je n'avais pas ma baguette en main, sinon je l'aurais transformé en poulet, c'est le seul sort de défense que j'arrive à faire en cas de stress élevé. Je reprend un peu contenance.

"... Hein ... De que .. Plaît-il ?"

Oui, j'ai dit "un peu".
L'homme est un blond aux yeux bleus, habillé de façon a rester sous le soleil pendant des heures. Qu'est ce qu'il faisait là ? Non, qui était-il ? Non, la vraie question était ...

"Tu parles anglais ? Dis moi que tu parles anglais ..."

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Devant lui, tout aussi paniqué, se trouvait un homme couvert de sang. Blanc. C'était important de le souligner. Dans ces contrées reculées du Ouganda où la nature demeurait encore sauvage et seulement exploitée par des populations minoritaires, les êtres humains caucasiens n'étaient pas monnaie courante. Et ce malgré une encore récente colonisation britannique. Alors on comprenait aisément la surprise — et la peur ? — que ressentit Octavius en voyant cet homme. Il le regardait avec méfiance. Il mit un certains temps avant de percuter que ce dernier parlait anglais. Depuis combien de temps n'avait-il pas entendu une autre personne parler sa langue maternelle ? Des mois et des mois. L'homme lui demandait s'il parlait anglais. Il hocha la tête.
« Qui êtes vous ? » réitéra-t-il sa question dans la langue de Shakespeare, toujours aussi méfiant et surtout hostile. « Que faîtes-vous là ? »
Retrouver une personne de sa culture ne le réjouissait pas vraiment, à vrai dire. Enfin, c'était surtout la surprise que cela générait qui le dérangeait.
Oh ! Mais ? Pudeur ? Installe-toi, je t'en prie.
Oui, très clairement, Octavius aurait préféré rencontrer cet homme vêtu de d'autres attirails. Ou au moins être prévenu au préalable histoire de se préparer psychologiquement. Il était là depuis quelques mois déjà. Il avait eu le temps de s'accoutumer à une nudité, certes partielle mais inhabituelle pour un occidental. Mais se retrouver devant un anglophone (qui avait probablement grandi en Europe) dans cet accoutrement... Cela le faisait se sentir vulnérable et mal à l'aise. Sans parler d'une hygiène capillaire assez discutable et une probable odeur de sueur. Non pas parce qu'il ne se lavait plus mais parce qu'il avait travaillé toute la journée. Il se trouvait être bien loin des normes d'apparence du Royaume-Uni.
Il était toujours en position de défense, prêt à lui sauter dessus au moindre geste brusque. Ce n'était pas dans sa nature d'être aussi hostile envers autrui. Mais pour le coup, il avait d'excellentes raisons. Pourquoi cet homme était couvert de sang ? Qu'est-ce qu'il fichait là où il n'avait, à priori, aucune raison d'être ? En général, les personnes ayant de mauvaises intentions ne faisaient jamais long feu quand ils s'approchaient trop près du camp.

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❝ Les traditions sont d'excellentes excuses pour continuer à faire impunément des conneries. ❞

L'homme n'est pas ouvertement agressif, comme un Éruptif, il a simplement eu très peur de moi et cela me détend sur le champs. Si je ne sais pas ce qu'il faut faire en société, je sais toujours ce qu'il faut faire en cas de panique d'un être vivant. C'est pas grand chose, mais je n'ai que ça.

"Du calme. Je suis Skaal, je fais partie du Ministère Londonien. Je suis chargé d'étudier les animaux de ce secteur."

C'est alors que je me met à détailler le jeune homme qui me fait face. Blond aux yeux bleus, visiblement britannique vu son accent. Dans son accoutrement léger et dans cette état, il faisait très couleur local. Visiblement, il vit ici depuis quelque temps à la manière des tribus qui peuplent les alentours, par contre, il n'est pas typé comme eux le moins du monde, et il parlait un anglais parfait. Les questions ont franchis mes lèvres sans passer par le dispositif de censure de mon cerveau.

"Et ... et toi, du coup, on peut savoir qui tu es et ce que tu fais ici ? C'est juste que c'est assez dangereux de rester dans les parages. Les gros rhinos autour de nous vont entrer en chaleur pour les femelles et en rut pour les mâles. Ils vont devenir très dangereux et si on reste ici plus longtemps, on peut se retrouver entre des animaux qui ne pensent plus du tout avec leur tête et des chasseurs."

Pourquoi avait-il eu aussi peur ? Ce n'était quand même pas moi qui ...
Aaaah oui, je suis toujours recouvert de sang ! Bonne indication pour se méfier d'emblée d'un individu. Je pense que moi-même je ne serais pas rassuré de me retrouver devant moi-même, une chance que j'ai encore mes lunettes de soleil, sinon, le pauvre aurait déjà déguerpi depuis longtemps ou m'aurait très certainement attaqué.

"Tu sais s'il y a un puis pas loin ? Ou une source ? J'aurais vraiment besoin de me débarrasser de tout ce sang, j'ai peur qu'il n'énerve encore plus nos amis pachyderme."

Du mieux que je le peux, je souris à mon interlocuteur, un sourire que je veux aimable et détendu. Manquerait plus que le type soit un sorcier tout droit venu de Londres pour venir se faire une petite frayeur en braconnant des Éruptifs.
J'ai peur, dis moi que ce n'est pas ça, p'tit, je t'en prie.

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L'amour des éruptifs

D'un air suspicieux, Octavius continuait à dévisager l'inconnu tandis que ce dernier se présentait tout en cherchant à le calmer. Il baissa un peu son arme (sans pour autant baisser totalement sa garde) en écoutant ce que ce dénommé Skaal avait à lui dire. Ainsi, il travaillait au Ministère de la Magie britannique. Il ne put s'empêcher de hausser les sourcils alors qu'il l'informait de ce qui se passait autour d'eux par rapport aux « gros rhinos ». Cela pouvait paraître totalement incongru étant donné le contexte mais il ne fit aucune remarque pour ne pas paraître impoli. A la place, il lui répondit par un long silence. C'était tout ce qu'il avait à lui dire ? Et le sang, alors ?
Etrangement, quand Skaal finit par lui demander où il pouvait trouver de l'eau dans les parages pour nettoyer tout ce sang, Octavius se sentit un peu rassurer. Il n'avait pas l'air dangereux. S'il avait voulu le tuer, il l'aurait déjà fait. Et son sourire. Il baissa enfin son arme en adoucissant son regard.
« Il n'y a pas de puis par ici. » l'informa-t-il. « Suivez-moi. »
Il commença alors à se frayer un chemin entre les branches déjà un peu débroussaillées par son précédent passage. A force de s'aventurer dans les environs, il connaissait assez bien les lieux. Il savait où trouver de l'eau potable, de la nourriture et les endroits à éviter.
« Ce ne sont pas vraiment des chasseurs. » dit-il tandis qu'il marchait en direction de cette source d'eau, en parlant des hommes qu'évoquaient Skaal. « Ils observent. Ils ne sont pas sensé tuer les éruptifs. En tout cas, pas maintenant. »
Chaque année dans les environs, des jeunes hommes entre 20 et 25 ans la plupart du temps s'adonnaient à une chasse à l'éruptif. C'était en quelque sorte une « épreuve » pour qu'un garçon devienne un homme aux yeux de ses semblables et des forces supérieures. Cet événement était le seul moment de l'année où l'on pouvait chasser cet animal considéré comme sacré.
Les environs n'étaient fréquentés que par des sorciers qui partageaient une même culture mais étaient divisés en plusieurs tribus disparates qui au final communiquaient très peu entre elles. Il y avait autant de bonnes ententes que de mésalliances. Le moment de la chasse à l'éruptif était l'un des seuls moments de l'année où tous les membres des tribus pouvaient se croiser. En théorie, tout combat était prohibé.
« Vous ne connaissez pas vraiment les lieux, n'est-ce pas ? »
Octavius savait pertinemment que l'homme à qui il parlait était un sorcier. Sinon il n'aurait jamais pu arriver jusque là.

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❝ Les traditions sont d'excellentes excuses pour continuer à faire impunément des conneries. ❞

Cet homme parle d’éruptifs, c'est donc un sorcier, message reçu. On m'a dit que je n'étais pas assez méfiant envers les moldus et l'ignorance qu'ils ont du monde magique, au moins avec lui, je n'aurais plus à faire attention, c'est noté.

Chose intéressante, il semble parfaitement connaître les environs et surtout les tribus locales. Même s'il tente d'amoindrir les faits, jamais je ne pourrais être pour la mise à mort d'un animal pour une tradition. Les animaux, magiques ou non, n'ont pas pour tradition d'aller tuer des hommes... Mais ce serait très amusant ! Je suis donc mon homologue, marchant dans ses pas.

"Et toi, tu es l'un des leurs ? Tu vas t'adonner à la chasse aussi ?" Le ton employé n'était pas teinté de reproches, c'était juste de la curiosité. "Non. Je ne connais absolument rien ici à part les Éruptifs, leur comportement, et à présent bien malgré moi, le déroulement de leur mise bas."

L'homme est à présent parfaitement à son aise en guide improvisé, je sens même qu'il peut m'être très utile en cas de conflit. C'est au choix un voyageur pur et dur, ou un adopté de l'une des tribus pour une raison mystérieuse.

"Encore un truc, Irwin... Je t'en supplie, tutoie-moi !"

Si on me donne pas de prénom à utiliser, j'en prend un au hasard, ou un surnom. Irwin, 'beau blond' lui va bien. S'il se présente autrement, je pense que j'aurais du mal à éditer cette partie de ma mémoire. Enfin arrivés au point d'eau, je m'empresse de retirer mes vêtements à l’exception de mon slip et de mes lunettes afin de me laver au mieux. D'ordinaire, j'aurais certainement été gêné de faire cela devant un inconnu, mais à l'instant présent, et sous la menace des moustiques affamés, j'ai vraiment autre chose à faire qu'à m'abaisser à ce genre de considération. J'espère simplement que le blond est de mon avis.

"Du coup, tu ne m'as pas répondu ... Tu fais quoi ici ?"

Je lui demande tout en m'interrogeant si je devrais remettre mes vêtements mouillés ou s'il ne fallait pas mieux les balancer tout de suite et m'en faire de nouveau avec ce que j'ai sous la main. Mes capacités en coutures étant aussi limité que l'état de délabrement dans lequel se retrouvent mes vêtements, je ne suis vraiment pas très avancé.

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L'amour des éruptifs

Skaal posait beaucoup de questions. Comment Octavius aurait pu lui en vouloir pour ça ? Mais il était assez réticent à y répondre car il pensait que les choses n'étaient pas aussi simples que cela. Il ne savait pas s'il était vraiment "des leurs". Il sentait qu'il était encore dans cette situation étrange qui faisait qu'il ne parvenait pas à affirmer qu'il faisait parti de cette communauté. Et cette chasse, ce n'était pas seulement un simple chasse. Elle signifiait plus. Il lui fallut quelques temps pour trouver une formulation.
« Ce n'est pas aussi simple que ça. Et j'imagine que oui, je vais devoir m'adonner à cette chasse. »
Il pensait ne jamais avoir à faire cela. C'est que la vie réservait des surprises. Il ne l'aurait jamais fait de lui-même autrement. Il ne le faisait pas tant pour le plaisir que pour la symbolique et tout ce qui allait en découler.
Skaal lui expliqua qu'il avait assisté à la naissance d'un bébé éruptif. D'où le sang, très certainement. Cela rassurait Octavius en un sens. Cela prouvait que cet homme ne devait pas être fondamentalement mauvais. « Vraiment ? Ça s'est bien passé ? » demanda-t-il, curieux, sans pour autant se retourner sur son interlocuteur. Qui n'était pas heureux d'apprendre la nouvelle d'une naissance ? N'était-ce pas l'une des choses les plus magiques ?
« Irwin ? Je m'appelle Octavius. » le corrigea-t-il tandis que Skaal lui demandait de le tutoyer.
Ils arrivèrent rapidement au point d'eau. L'étranger ne perdit pas de temps pour se débarrasser de ses vêtements tâchés de sang pour se laver. Octavius, habitué, ne prêta aucune attention à ce qu'il faisait et s'occupait de se rafraîchir en se mettant de l'eau sur la nuque.
« Tu feras attention, cette eau là n'est pas potable. » l'avertit-il avant de se passer de l'eau sur son visage.
C'était la source d'eau la plus proche. De nouveau, Skaal revint à la charge pour savoir ce qu'il faisait ici. Le blond tourna son regard vers lui en s'asseyant — avec une étonnante élégance — sur un rocher au bord de l'eau. Ses manières trahissaient une éducation britannique sans doute stricte. Malgré sa tenue vestimentaire d'apparence rudimentaire qu'il arborait à ce moment là.
«Qu'est-ce que tu veuix dire ? » demanda-t-il, dans le doute. « Qu'est-ce que je fais ici près des éruptifs ou qu'est-ce que je fais ici de manière générale »
Peut-être que Skaal voulait avoir les deux réponses.
« En tout cas je vis ici depuis quelques mois déjà. Tu as le droit de ne pas me croire, si tu veux. » répondit-il enfin avec un petit sourire.
Cela paraissait assez irréaliste, en effet. Pourtant il ne mentait pas et cela se voyait, se ressentait. Rien qu'au léger hâle de sa peau qui avait eu le temps de dorer un peu soleil et à son aise dans ces lieux sauvages.

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❝ Les traditions sont d'excellentes excuses pour continuer à faire impunément des conneries. ❞

"Bien passé ... Moyen ... Le petit ne se présentait pas sous sa meilleure position et la mère était au bord de l'épuisement. Enfin garde ça pour toi, je ne suis pas supposé intervenir dans ce genre de cas."

Octavius alors ? Hum, je trouve qu'Irwin lui va bien mieux mais je ferai avec je suppose. Encore une fois, il ne me répond pas, ou plutôt il me répond par une question sans vraiment être plus précis. Mais pourquoi tant de mystère et de méfiance ? Non, attends ... Il faut que je dise ça a voix haute parce qu'on va jamais arriver à rien.

"Pourquoi tant de mystère ? Réponds-moi simplement."

L'eau me fait un bien énorme. Au revoir sang poisseux ! Je reste donc affalé dans le point d'eau vêtu d'un simple slip et de mes lunettes de soleil, proche de l'extase.

"Sans rire, devant un membre du ministère, ça fait directement penser que tu as quelque chose à te reprocher et je suis sur que c'est loin d'être le cas."

Alors, je commence à entrevoir ce que je suppose être un fait : ce garçon vit ici. Sans doute qu'il n'y a pas d'autre explications, aucune causes et aucune conséquences particulière, juste un choix de vie. J'aurais tellement apprécié être libre comme ça à son age.

"La chasse aux Éruptifs, hein ... ?" Je ne suis absolument pas pour ce genre de pratique du moins quand elle ne relève pas de la pur survie. Malheureusement, je ne peux rien pour l'empêcher, c'est parfaitement légal et maintient un semblant de paix par ici. Derrière mes lunettes, je regarde le désormais nommé Octavius. "Et tu n'as pas peur ? Parce que tu n'as pas l'air d'être bien sur. Je suppose que je ne t'apprend rien en te disant que c'est une bestiole particulièrement dangereuse..." ... Et sensible ... Et doté d'une mémoire aiguisée ... Et d'une intelligence propre ... Et qui gagnerait à être étudiée et surtout laisser en paix. Quand on me lance sur le sujet des animaux, j’admets ne plus avoir les idées claires.

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L'amour des éruptifs

Tandis qu'Octavius demeurait assez évasif dans ses réponses — quand il daignait répondre —, Skaal finit par un peu s'impatienter en se prélassant dans l'eau en slip, ne comprenant pas pourquoi il faisait planer autant de mystère. Pourtant, ce n'était pas vraiment intentionnel de la part du blondinet. Déjà, il avait perdu l'habitude de converser dans la langue de Shakespeare car il communiquait principalement en swahili dans son quotidien. Et puis il trouvait ses questions pas aussi simples que ça. Il ne put s'empêcher de lâcher un léger rire quand Skaal lui faisait remarquer que son silence pouvait être suspect.
« Et si j'avais tué quelqu'un, ici, en Ouganda ? Qu'est-ce que tu aurais pu faire ? »
Cette question frôlait la limite entre la véritable interrogation et une figure purement rhétorique. Légalement, Skaal n'aurait rien pu faire si Octavius avait commis le crime en Ouganda et ce malgré son origine anglaise. Donc, il n'aurait rien eu à craindre s'il avait quelque chose de répréhensible. Bien qu'il ne l'aurait pas avoué pour autant.
« J'observais juste les éruptifs pour la chasse de demain. Si ça répond à ta question... »
Aussitôt, son interlocuteur manifesta de la curiosité quant à cette chasse à l'éruptif. Mais surtout de la curiosité quant à comment se sentait Octavius vis-à-vis de ça. Et fallait dire qu'il avait mis le doigt sur quelque chose ! Avec un sourire un peu gêné, le concerné baissa son regard vers ses mains qui se mettaient à faire des confettis à partir d'une feuille d'une plante.
« Qui n'aurait pas peur à ma place ? Ce n'est pas rien. On dit que chaque année, des jeunes hommes comme mois meurent lors de cette chasse. D'ailleurs, pour ton information, on ne chasse qu'un éruptif par tribu. Sinon ce serait un véritable génocide sacrilège. » commença-t-il à répondre pensivement avant de lever le regard. « Il y a des chances pour que j'y passe. Mais si ça arrive, je n'aurais pas eu le regret de faillir à mes engagements par lâcheté. Mourir ainsi, c'est très respectable par ici. »
En soi, aucune homme n'était forcé à le faire. Mais il fallait le faire. C'était une nécessité pour la communauté. Pour devenir un "homme", pouvoir se marier, avoir des enfants, garantir la stabilité de son foyer et de la tribu toute entière.

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Sujet: Re: L'amour des éruptifs | Ft. Skaal Mer 25 Sep 2019 - 21:17

L'amour des éruptifs

❝ Les traditions sont d'excellentes excuses pour continuer à faire impunément des conneries. ❞

J'admet volontiers que j'ai bien faillit m'emporter un brin alors que l'homme me fait le discours sur les Eruptifs et à quel point c'est formidable de les tuer pour devenir un homme. Cependant, j'arrive à me contenir et à ne rien dire. Un par tribu, c'est relativement peu, et soyons honnête, la bête à toute ses chances dans l'affrontement.

A nouveau, j'observe le jeune homme. Il m'a l'air tout à fait honnête et conscient de ses chances. Je peux d'autant moins juger que c'est lui qui nous a amené ici afin que je me lave avant d'aller rejoindre les miens. Le sang est tellement dur à laver sur les habits que je me demande si je ne vais pas simplement passer par un sortilège pour les nettoyer. Cependant, rien ne vaut la sensation de l'eau sur une peau sale.

"Cela fait longtemps que tu vis ici ? Tu n'as jamais ressenti le besoin de renouer avec ..."

Quoi dire pour ne pas être insultant ? La civilisation ? Les tiens ? L'occident ?

"... Ta culture ?"

Pour ma part, j'ai tellement longtemps voyagé pendant mon adolescence que cette volonté de tirer un trait sur le passé, je la connais très bien. Je pense très sincèrement que j'aurais fait comme lui à l'époque, si javais eu le choix. Peut-être que je l'avais, d'ailleurs. Toujours est-il que je trouve ce jeune homme assez courageux pour se détourner comme ça d'un confort certain pour vivre pleinement sa vie et adopter une toute autre culture nettement moins confortable.

Je souris à Octavius à cette pensée.

"En tout cas, merci beaucoup de m'avoir aidé. Et je dois dire que tu as de sacrés tripes pour oser te frotter à un combat contre un pachyderme de ce calibre."

Oui, étrangement, j'ai dis ça parfaitement sincèrement. Je lui souhaite de réussir et de trouver ce qu'il cherche ici. Une femme pour se reproduire, visiblement.

"Simple curiosité. Que faites-vous du corps après l'avoir abattu ? J'ai jamais pu avoir la réponse à cette question et je dois admettre que cela m'intrigue."

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ORDRE DU PHÉNIX · Sujet: Re: L'amour des éruptifs | Ft. Skaal Sam 28 Sep 2019 - 17:52

L'amour des éruptifs

Octavius s'était engagé à une grande chose en intégrant cette tribu aux traditions et aux valeurs éventuellement complètement opposées aux siennes. Celle de n'émettre aucun jugement de valeur occident-centré. Et il s'y tenait extrêmement bien, à vrai dire. Bien sûr que cela ne l'enchantait pas vraiment d'aller chasser de l'éruptif. Mais c'était comme ça. Il s'était aussi engagé à tout faire pour vivre au plus près l'expérience de vie des membres de cette communauté.
Skaal lui demanda si sa culture natale de ne lui manquait pas. Ce à quoi Octavius répondit presque aussitôt : « Non. ». Cela avait le mérite d'être clair. Cela faisait des années qu'il n'était pas retourné en Angleterre. Cela ne lui manquait pas. Il avait passé trop d'années à rêver d'y partir pour vouloir y retourner après à peine six ans.
« Je suis très bien actuellement. Je n'ai aucun regret. »
Il avait cependant encore beaucoup de mal à se faire à certains usages et les débuts avaient été compliqués pour lui. Au terme de la première semaine, il avait pleuré. C'était un mode de vie tellement éloigné de tous les standards auxquels il avait été confronté. Pourtant, il avait eu l'occasion d'observer pendant plusieurs semaines le fonctionnement de cette culture avant de vraiment franchir le pas et c'était un choix mûrement réfléchi.
Skaal lui adressa un sourire en le remerciant.
« Courageux ou fou. Je ne sais pas. » commenta-t-il en affichant un sourire de thérapie. « Mais merci. »
C'était son choix, il l'assumait jusqu'au bout. Un mal pour un bien. S'il ne mourrait pas. Skaal de nouveau manifesta de la curiosité. Cette fois quant à ce qu'on faisait du corps de l'éruptif. Il fallut quelques secondes à Octavius pour réfléchir pour se souvenir.
« Rien n'est perdu. La chair est conservée pour être cuite pour un certains nombres de rites. Une sorte d'offrande aux esprits avant tout. Les os sont utilisés pour faire des objets. La corne, réduite en poudre, est connue pour ses propriétés... Hm... C'est quoi le mot déjà.... Humf... Qui guérissent. Et le sang est utilisé pour la concoction d'une potion pour la fécondité que l'on fait boire aux époux lors du mariage. »
Il avait ouïe dire que le goût laisser à désirer et que certains ingrédients n'avaient rien de très ragoûtants. Mais que les effets étaient « efficaces ».

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Sujet: Re: L'amour des éruptifs | Ft. Skaal