Mauvaises fréquentations et nouvelles informations | Sirius&Remus&Regulus&Rodolphus

ORDRE DU PHÉNIX

Février 1978
La pénombre régnait dans la salle principale de la Tête de Sanglier, malgré les bougies allumées aux quelques tables occupées ainsi qu’au comptoir. Installés au fond du pub près d’une fenêtre aux carreaux poussiéreux qui filtraient la lumière des réverbères allumées dans la rue, James, Remus et Sirius étaient penchés au-dessus de trois verres au liquide ambré. Ils étaient en pleine semaine et le lendemain, ils commenceraient par deux heures de métamorphose avec le professeur McGonagall, mais les frivolités de sorciers du premier cycle étaient bien loin de leurs préoccupations actuelles. Echappés de Poudlard pour la soirée, les trois maraudeurs discutaient plutôt d’un avenir plus lointain, avec la complicité d’Abelforth qui, depuis plusieurs années maintenant, feintait d’ignorer l’âge des maraudeurs. Aujourd’hui, Peter ne les accompagnait étonnamment pas : il n'avait jamais trop semblé friand de la Tête de Sanglier, mais James ne se souvenait plus si c'était lui qui avait quelque chose de prévu ou bien si les trois autres avaient oublié de lui dire qu'ils partaient...
Fréquenter la Tête de Sanglier avait un aspect grisant. L’ambiance y était moins enfantine et tout public que les Trois Balais qui les avaient vu boire leurs premières bieraubeurres. Le pub d’Abelforth avait la préférence de James qui aimait se laisser surprendre par ses clients à l’air toujours suspects et ses trafics sous cape. C’était d’ailleurs ici qu’ils avaient découvert et fait l’achat des miroirs à double sens, deux ans auparavant.
« On pourrait ouvrir un bar, après Poudlard... » déclara soudainement James à voix basse, ce qui semblait être la manière commune de discuter à la Tête de Sanglier.

Spoiler:

Rodolphus jeta un dernier coup d’œil à sa montre avant de pousser la porte de la Tête de Sanglier du bout de ses doigts gantés. Il fallait dire que l'endroit était à l'image de ses clients, crasseux et peu fréquentable, et que l'héritier Lestrange ne tenait pas à être contaminé par la lie du peuple qui se retrouvait ici pour se saouler le soir. Malheureusement, peu d'établissements à Pré-Au-Lard se révélaient suffisamment discrets pour le type d'entrevue qu'il entendait mener, et Merlin seul savait combien il avait besoin de discrétion. C'est donc le capuchon relevé que le Mangemort balaya la salle commune de la taverne du regard et localisa une alcôve située au fond de la pièce. Contrairement à ses habitudes il ne comptait pas réclamer de salle privée, ce qui aurait pu éveiller les soupçons de certaines crapules rassemblées ici, quand bien même il n'y avait pas beaucoup de monde ce soir si bien que son arrivée lui attira pendant quelques instants la vague attention des ivrognes en quête d'un peu d'animation. Rodolphus les ignora froidement et se dirigea comme une ombre vers le fond de la pièce, croisant l'espace d'un court instant le regard un peu trop curieux d'un client attablé, pour s'installer dos au mur, le visage tourné vers la porte et la somptueuse bague frappée aux armoiries des Lestrange bien visible pour permettre à Regulus de le trouver.

Il semblait à Remus que la Tête de Sanglier n’allait bientôt plus avoir de secrets pour les Maraudeurs. Plusieurs fois, il s’était demandé ce que pourraient penser leurs professeurs, s’ils avaient vu la fréquence à laquelle les garçons avaient visité l’établissement, ces deux dernières années… mais bien sûr, peu de professeurs mis à part Slunghorn ne se risquaient à venir dans cet endroit à la réputation douteuse.

Les doigts pianotant sur le bois sale de la table, Remus balayait d’un regard tranquille la vaste salle du pub. Une sorte de réflexe qu’il avait pris à force de venir ici - dans l’impasse du borgne, on apprenait rapidement à surveiller ses arrières. Quoiqu’il était vrai que la présence de deux de ses meilleurs amis à ses côtés le rendait bien moins tendu que d’ordinaire. « On pourrait ouvrir un bar, après Poudlard... » dit soudainement la voix basse de James, en face de lui. Sa remarque arracha un sourire amusé à Remus. « J’imagine d’ici la tenue de la chose, » répondit-il sur le même ton, une légère raillerie dans la voix. « Des tournées de whisky pur feu pour les troisièmes années ? Sans compter les explosions toutes les deux semaines dans la salle principale... »

À cet instant, la clochette à la porte du pub tinta. Remus croisa brièvement les yeux sombres du nouvel arrivant - il se détourna rapidement, ne souhaitant pas s’attirer de provocation. Cependant, le loup ne put s’empêcher de glisser un rapide coup d’œil à l’individu dont la figure dévoilée ne lui était pas complètement étrangère. L’avait-il vu quelque part ? Arrête ta parano, t'es à Pré-au-Lard. Bien sûr que tu vas croiser des figures vaguement familières. Remus fronça les sourcils, puis reporta son attention vers ses amis. Ses doigts se remirent à pianoter contre la fêlure de la table.

MANGEMORT

Cela faisait deux mois que la vie de Régulus avait basculé pour le meilleure et pour le pire. Il n'en revenait toujours pas de déjà porter sur l'avant bras gauche cette marque qu'il rêvait de porter dès sa sortie. Évidemment, il savait que s'il avait pu rejoindre le rang du seigneur des ténèbres si jeune c'était uniquement parce que le maître avait besoin d'un soldat dans l'enceinte de Poudlard. Pour quoi faire? Il ne le savait pas encore mais lors de son marquage, le seigneur des ténèbres avait dit qu'il aurait besoin de lui à Poudlard. Depuis la rentrée, il n'avait eu aucune nouvelle d'une éventuelle mission. Aucune jusqu'à ce hiboux qu'il avait reçu ce matin.

Citation :: Meet me tonight, 9PM at the Hog's Head.
R.L

Aucun de doute cette lettre venait du mari de sa cousine Bellatrix, Rodolphus Lestrange. Pourquoi devait-il le voir un soir de semaine? Sûrement une mission pour le Maître. Comment allait-il sortir de Poudlard? Heureusement, grâce à Sirius, il avait découvert un passage secret qui permettait de se rendre depuis le château jusqu'à dans l'arrière boutique de chez Zonko. A plusieurs reprises, Régulus avait croisé Sirius à Pré-au-Lard alors que jamais leurs parents ne lui avait signé d'autorisation de sortie. Il avait promis à son frère de garder son secret s'il lui disait comment il faisait pour quitter Poudlard. C'est dans ce contexte, que Sirius lui avait montré ce passage secret situé derrière la statue de la sorcière borgne. Pour une fois, il pouvait donc remercier son frère.

Après avoir emprunté le passage secret, il se dirigea vers la tête de sanglier, en essayant de se faire le plus discret possible. On sait jamais, un professeur pourrait être là. Pendant, quelques seconde il crû apercevoir Dumbledore derrière le bar. L'homme lui ressemblait mais ce n'était pas lui. Finalement, au fond d'une alcove, il repéra son cousin.

Bonsoir Oncle lestrange le salua-t-il poliment. Il n'était pas vraiment son oncle, mais c'était une façon de marquer son respect pour celui qui avait contribué à lui permettre de rejoindre les mangemorts et était devenu son mentor.

Le whiskey Pur Feu réchauffait Sirius. Le mois de Février avait déroulé son manteau de neige grise et sale et le pub n'était pas aussi chauffé que la Salle Commune des Rouge et Or. Il eut un sourire quand ses amis parlèrent de gérer un bar à la sortie de Poudlard.
▬ Ce serait grave cool, enchérit-il à voix basse. On aurait le pub le plus stylé du Royaume-Uni. Du monde, peut-être même.

Ils se tenaient à l'écart, dans la pénombre, presque cachés par un porte-manteau soutenant des capes antédiluviennes qui bruissaient à cause des insectes qui y logeaient. Les Mauraudeurs s'étaient calés dans le coin le plus sombre, de crainte d'être reconnus, et se donnaient contenance en buvant de petites gorgées de sa boisson forte.
Ils avaient raison de se cacher : la porte de la taverne s'ouvrit sur le visage ciselé de Lestrange.
▬ Tiens tiens, murmura Sirius en se plaquant contre le mur tandis que le mari de sa cousine balayait la salle du regard. Qu'est-ce qu'il fout-là, lui ?

À en juger par son application à ne toucher aucune des chaises et tables qui se trouvaient sur son chemin, Rodolphus Lestrange n'était pas là pour rien.
Les deux autres n'eurent pas le temps de lui répondre qu'un autre client entrait dans le pub. Sans troubler les murmures des autres personnes, le nouvel arrivant rejoignit Lestrange, dans le recoin que ce dernier avait choisi.
Même le plus aveugle n'aurait pu se tromper et ne pas reconnaître la silhouette de Regulus Black.
▬ Je le savais, fit Sirius en s'étranglant à moitié, mon frère est plus que louche !

ORDRE DU PHÉNIX

Dans leur coin sombre du pub, les maraudeurs étaient assez peu visibles pour n’importe quel arrivant. James, qui tournait le dos à la porte, s’empêcha de se retourner en voyant le coup d’œil que Remus réserva au nouvel arrivant du pub : au contraire, il baissa un peu plus la tête en jetant un regard interrogateur à ses amis. Sirius ne tarda pas à répondre à sa question informulée. La présence du mari de la cousine de Sirius n’étonna pas James plus que ça : bien que le style du lieu ne correspondait pas vraiment à l’image très propre sur soi qu’il avait de Rodolphus Lestrange, il ne voyait pas meilleur endroit pour des magouilles sous le nom de la famille sang-pur.
Son arrivée fut suivie de très proche par une seconde. Les allées et venues dans le bar n’étaient pas chose courante, les personnages qui le fréquentaient ayant tendance à y rester assez longtemps : en tout cas, on était loin des Trois Balais. Mais si les maraudeurs ne voulaient pas se faire remarquer, ils étaient toujours assez curieux d’analyser la clientèle. « Regulus ? Tu te rends compte seulement maintenant qu’il est louche ? » souffla James, qui n’avait jamais grandement apprécié le jeune Black et avait peu d’espoir qu’il suive un jour les pas de son frère. « C’est dans ces moments-là qu’on aurait bien besoin d’un rat pour espionner une conversation… » ajouta-t-il en regrettant soudainement l’absence de Peter, malheureusement exclu de leur sortie. « J’ai ma cape dans mon sac… » La solution n’était pas idéale, ils étaient devenus un peu trop grands pour rentrer encore à trois dessous. Dans tous les cas, il leur fallait se dépêcher s’ils ne voulaient rien rater de la conversation : il n’avait pas besoin de sonder les autres pour savoir qu’ils voulaient entendre ce que les deux hommes avaient à se dire.

Heureusement pour lui, le benjamin des Black ne tarda pas à faire son apparition à l'entrée du pub et se dirigea sans hésiter dans sa direction. Rodolphus pouvait au moins se targuer d'avoir réussi à faire comprendre au neveu de sa folle épouse qu'il ne valait mieux pas trop le provoquer s'il désirait pouvoir considérer les Lestrange comme des alliés. Il fallait cependant reconnaître que Regulus n'était pas trop mauvais, en particulier si on le comparait avec son frère aîné que Walburga s'était fait un plaisir d'incendier de la tapisserie familiale. Regulus n'était pas trop mauvais, et c'était la raison pour laquelle Rodolphus s'était joint à Bellatrix pour quémander l'insigne honneur auprès de leur Lord de faire marquer l'adolescent avant même sa sortie de Poudlard... ce que ce dernier avait obtenu lors de l'hiver dernier. Force avait néanmoins été de constater que Regulus Black n'avait pas fait un usage très utile de ce privilège obtenu de haute lutte par ses deux parents... ce qui motivait la venue de Rodolphus ce soir.
— Regulus, salua-t-il le nouveau venu sans que son visage laisse transparaître le moindre plaisir, assieds-toi. Que prendras-tu ? s'enquit-il tandis que le tenancier venait vers eux. Tous les deux commandèrent, puis tandis que Dumbledore retournait vers son comptoir. Alors mon cher neveu, comment vas-tu ? Comment se passe cette sixième année ? Sa voix n'était qu'un mince filet peu intelligible pour qui ne tendait pas fort soigneusement l'oreille, Rodolphus n'ayant pas encore décidé s'il comptait user d'un sortilège pour empêcher leurs voisins de les écouter sans que cela n'apparaisse trop suspect... Il leur fallait au moins attendre l'arrivée de leurs boissons et peut-être attendre quelques minutes à bavarder de manière futile avant que le reste des sorciers dans la salle achève de se désintéresser d'eux... pour qu'ils puissent enfin parler de ce qui les intéressait vraiment.

MANGEMORT

assieds-toi. Que prendras-tu ?. Une bierraubeure aurait été une réponse classique d'élève de 6ème année, mais Regulus Black n'était plus un simple élève. Il avait beau ne pas encore avoir eu ses 17 ans et devoir encore patienter 2 mois pour atteindre la majorité, la marque qu'il portait sur le bras avait fait de lui un homme. "Un whisky pur feu" dit-il d'un voix plus grave que d'habitude comme pour se vieillir devant le tenancier. Il espérait qu'il n'allait pas lui demander sa pièce d'identité. Au pire, les deux cousins pourraient ensorceler le vieillard avec un sortilège de confusion ou un imperium. Alors mon cher neveu, comment vas-tu ? Comment se passe cette sixième année ? évidemment, l'héritier des Black se doutait que son oncle ne s'était pas déplacé jusqu'ici pour lui parler de sa scolarité, mais il se doutait aussi qu'il devait avoir l'air le plus normal du monde. "Je n'ai jamais été un cancre mais le fait de pouvoir choisir ses propres matières et d'avoir un projet professionnel précis n'a fait que remonter ma moyenne. Elle se situe à E" dit-il fièrement en attendant que sa boisson arrive."Je ne sais plus si je vous l'ai dit, mais j'aimerais devenir briseur de sortilèges il marqua une courte pause "cela suppose d'étudier toutes les formes de magie" poursuvit-il sur le même ton en gratifiant son oncle d'un sourire "même les plus noires" murmura-t-il à l'oreille de son oncle comme pour lui rappeler son allégeance sans faille au seigneur des ténèbres "Et pour vous tout va pour le mieux? Oncle Rabastan également? Et ma cousine Bellatrix?" Reprit-il à haute voix. Pendant que l'héritier des Black questionnait son oncle sur le reste de la famille, cet homme qui ressemblait vraiment curieusement à Dumbledore apporta les boissons. Le premier whisky pur feu de Regulus Black "A la vôtre", il aurait aimé dire "au seigneur des ténèbres" mais le lieu était tout de même trop fréquenté. Après avoir porté son verre à ses lèvres il sentit une chaleur brûlante lui envahir la gorge. Ses joues virèrent au rouge et de la fumée sortait de ses oreilles. Par Merlin, c’était bien plus fort qu'il le pensait. Allait-il se mettre à cracher du feu comme un dragon? Il ne voulait pas avoir l'air ridicule devant son oncle et admettre que c'était la première fois qu'il en buvait et tenta tant bien que mal de cacher ses émotions. A aucun moment il ne remarqua la présence de son frère et sa bande de gryffondor.

James répliqua à l'exclamation de Sirius aussi rapidement que s'il avait eu à lancer un Protego pour résister à un maléfice.
▬ Je le savais, corrigea Patmol en fusillant James du regard, mais là, j'en ai la preuve.

Il ne savait s'il exultait de voir ses craintes confirmées, de savoir qu'il avait eu raison depuis le début, ou si le mauvais goût qu'il avait dans la bouche trahissait sa déception envers celui qui fut un jour son frère.

Tapi dans la pénombre, tout contre le mur, Sirius avait tourné ses yeux sombres vers les deux protagonistes, comme si les fixer aussi intensément pouvait lui permettre de percevoir leur échange. Ils parlaient, mais Sirius devinait qu'ils en étaient aux banalités. Leur visage n'était pas encore assez concentré, une certaine nonchalance émanait d'eux. À côté de lui, James regrettait l'absence de Queudver qui aurait pu les espionner en toute discrétion. À la mention de la cape, seulement, Sirius se tourna vers James.
▬ Vas-y raboule. On plie les jambes, ça le fera, personne ne nous regarde, on sera caché par les tables et les chaises.

Le Gryffondor aurait donné presque la totalité de la fortune léguée par l'oncle Alphard pour assister à la conversation des deux sbires. La cape était une aubaine, elle leur servirait une nouvelle fois à mener leur projet à bien.