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Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra

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Hermes Nott

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MANGEMORT
L'homme n'est libre que de choisir sa servitude.

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MessageSujet: Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra 129196351Mer 26 Mai 2021 - 3:26

Le vent venait cingler ses joues, sensation de liberté absolue.

Sous lui, entre ses cuisses rendues musclées par des années d’équitation, il sentait toute la puissance de l’animal qui semblait pourtant voler avec une incroyable aisance. Mais les plus gros efforts étaient souvent les plus invisibles aux yeux des hommes, n’est-ce pas ? Hermes en était l’incarnation la plus parfaite, luttant contre sa nature profonde pour se faire accepter des autres, et pouvoir obtenir d’eux tout ce qu’il désirait. Et si la persuasion ne suffisait pas, alors il employait la force, mais pas avant. C’était qu’il y avait une forme de satisfaction à manipuler les autres, lire dans leur regard une tendresse qu’il ne ressentait lui-même à l’égard de personne, ou presque. C’était grâce à leurs émotions, leurs expressions, qu’il avait pu lui même feindre les siennes en miroir. Leurs faiblesses, depuis toujours, faisaient sa force et ce rapport de pouvoir le grisait follement. Il fallait bien ça pour accepter de ne pouvoir être soi-même, car mentir aux autres impliquait de jouer en permanence un rôle dans lequel il était aujourd’hui coincé, et le costume commençait à devenir de plus en plus petit sur ses épaules ambitieuses et empreintes de cette envie d’en faire craquer les coutures. Mais il fallait tenir bon. Déclamer quelques gentillesses tout en pensant l’inverse, mimer l’affection sans même réellement savoir à quel point cela pouvait réchauffer un coeur. Car au royaume des mensonges, Hermes Nott régnait en maître.

Son corps suivait parfaitement les mouvements de l’animal, ne faisant qu’un avec lui. Ses yeux pourtant étaient clos, tandis qu’il s’enivrait de la sensation si plaisante du vol, l’adrénaline courant dans ses veines alors qu’il ressentait au fond de lui la possibilité de mourir sur une simple erreur de sa part. Mais Hermes ne faisait pas d’erreur, jamais. Savoir monter un cheval ailé comme le superbe Gronian qui lui servait de monture requérait une absolue confiance en soi et en ses propres capacités, et un désir certain tout de même de frôler la mort en atteignant les hauteurs. Ce n’était pas pire que sur un balai, diraient certains idiots incapables de comprendre la différence entre un bout de bois inanimé et une bête racée qui possédait son propre caractère. Les Gronian, en particulier, étaient le reflet même de la fierté animale, presque autant qu’un hippogriffe, et leur rapidité en faisait des animaux réputés indomptables ou presque. Fallait-il être fou pour monter une bête pareille sans selle, sans protection aucune, sans baguette en main pour tenter une ultime bravade en cas de chute. Mais voilà, la peur se cachait dans d’infimes détails, et Hermes l’avait appris à bien des égards. Il n’avait su affronter son vertige que le jour où il avait pris tous les risques. Savoir que la mort l’attendait à chaque tournant le rendait plus attentif, et meilleur cavalier que bien des âmes inconscientes à laquelle il vendait parfois ses bêtes. Combien s’étaient brisés le cou par excès de confiance, ou par manque de celle-ci justement ?

Ouvrant les yeux enfin, Hermes réalisa que l’animal qui n’avait pas encore de nom l’avait ramené au-dessus de ses terres. Il apercevait le manoir au toit d’ardoise, les plaines verdoyantes à perte de vue dans lesquelles ses bêtes se repaissaient paisiblement, sans même fuir alors qu’elles avaient des ailes. C’était qu’il avait son petit secret pour réussir pareil miracle, et voilà qui laissaient bouche bée bon nombre de ses invités. Il était d’ailleurs temps de rejoindre le sol pour accueillir celle qu’il attendait avec une impatience dont bien peu pouvaient se vanter de jouir. Hermes pourtant vivait sans horaire ou presque, incarnation parfaite de l’aristocrate qui ne s’embarrassait pas des futilités qui rythmaient la vie du commun des autres mortels. Mais Sinistra dérogeait à cette règle. Après tout, ne dérogeait-elle pas à toutes les règles ? Incapable de rester en place, toutefois, supportant mal l’attente, il avait ressenti le besoin de monter, et l’avait assouvi. Tant qu’il était à l’heure pour accueillir son invitée de prestige, alors pouvait-il se permettre un petit caprice.

Le sang-pur et sa monture atterrirent donc avec grâce et agilité dans la cour de l’écurie où attendait Sinistra, amenée jusqu’aux écuries par Baudelaire à qui le maître des lieux avait donné de strictes instructions dans l’éventualité où les hauteurs l’auraient trop grisé. L’animal nerveux trépignait sur place alors que son cavalier rejoignait le sol en se laissant glisser contre le flanc grisâtre recouvert d’une fine pellicule de sueur. Son sourire accueillit Sinistra alors que sa main ne se détachait pas de l’encolure de l’animal, qu’il flatta avec douceur, l'autre décoiffant ses propres cheveux que l'effort avait légèrement imprégnés de sueur. « Tranquillo, precioso… » Il avait pris l’habitude de parler à ses bêtes dans cette langue du sud qu’il ne réservait qu’à eux seuls, la sienne roulant dans sa bouche pour produire un accent absolument parfait. « Ma douce, pardonne-moi cet accueil mais cette merveille avait besoin de se dégourdir les ailes. » Un de ces lads accourut, déposant une cape vert émeraude sur ses épaules, prêt à harnacher l’animal pour le ramener à son enclos et laisser son maître libre de parler à son invité. « Laisse-nous… » dit-il d’une voix rude à son employé en lui arrachant le licol des mains et en le fusillant du regard. L’étalon était encore trop jeune et sauvage, et Hermes ne s’était pas encore résolu à le priver de sa liberté en lui imposant les lanières de cuir. « Je suis tout à toi maintenant, c’est promis. » Et Hermes ne faisait jamais de promesses en l’air, du moins, pas à sa plus chère amie. D’un geste tendre, il déposa un baiser sur sa main d’une façon un peu théâtrale, avant que son rire ne s’envole dans l’air doux du mois de mai. Ces deux-là n’en étaient plus à pareille distance, aussi embrassa-t-il sa joue tendrement. Il n’y avait bien que Sinistra qui pouvait se vanter d’obtenir de sa part pareille tendresse, du moins sincère. « Si tu savais comme il me tardait d’être à aujourd’hui. Je devenais fou dans cette grande maison vide. » C’était un fait, l’héritier Nott détestait l’absence que ses parents avaient imposé à l’endroit, bien qu’ils ne lui manquaient même pas. Et s’il essayait de combler ce manque par bien des visites, aucune ne le réjouissant autant que celle de Sinistra. Lentement, sa main toujours posée sur le cou de l’animal, il prit la direction des écuries et encouragea son amie à le suivre d’un signe de la tête, tandis que l’animal faisait de même, docile uniquement avec celui qui l’avait mis au monde. Le son de ses bottes de cuir sur les pavés résonna dans la cour tandis qu’alentours, les bêtes réagissaient à la présence de leur maître. « Ysée est fin prête pour notre balade à venir. Laisse-moi juste changer de monture, je crains d'avoir épuisé les forces de celle-ci. » Ironie s’il en était, Hermes s’apprêtait à monter Éther, superbe étalon qu’il destinait à procréer avec la divine jument de Sinistra. Quelle parfaite union cela ferait. Parfaite, pas vrai ?


Dernière édition par Hermes Nott le Ven 2 Juil 2021 - 23:26, édité 3 fois
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Sinistra Lowe

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COTÉ DU MAL
La méchanceté s'apprend sans maître.

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MessageSujet: Re: Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra 129196351Mer 26 Mai 2021 - 13:55

Certains jours valaient davantage d'être vécus que d'autres. Sinistra avait passé des dernières semaines délicates. Ulysse était plus que jamais présent chez eux pour répandre sa mauvaise humeur et abattre son courroux sur elle. De mauvaises nouvelles au Ministère l'avaient conduit à faire un pas en arrière en attendant que les choses se calment, au grand désespoir de la jolie mannoise. Aussi avait-elle bien peu de temps pour elle, sinon pour entretenir des correspondances dans le dos de son époux qui tendait à les lire, lorsque c'était possible. Elle avait eu du mal, beaucoup de mal à cacher les quelques lettres éparses que lui envoyait Octavius. Mais jusqu'ici, ça allait, elle les gardait sur elle, parce qu'on est jamais trop prudent. Hermes avait cependant eu la merveilleuse idée de l'arracher à la contemplation de son propre jardin, un livre ouvert sur les genoux, en l'invitant à ses écuries. L'équitation était bien entendu un sport noble qui plaisait grandement à Sinistra, quand bien même, au contraire de lui, elle ne daignait pas se poser sur un cheval ailé. Le risque de se briser la nuque était trop grand par rapport aux avantages à gagner. Sans doute que si Ulysse avait été là, elle l'aurait enjoint à faire un tour en cheval pour avoir le plaisir de le voir tomber et se briser la nuque. Mais il n'en était rien, il n'était pas invité et elle pourrait tranquillement passer l'après-midi avec son cher Hermes. « Où diable vas-tu ? ». La voix l'avait arrêté dans le corridor alors qu'elle enfilait sa cape. « Chez Hermes. Je t'en ai parlé il y a une semaine » répondit la sorcière sans se départir d'un air profondément calme. Ulysse ne l'écoutait pas lorsqu'elle s'adressait à lui, la plupart du temps, mais elle connaissait l'animosité teintée de jalousie qu'il ressentait pour son ami. A juste raison. Sa femme, si proche d'un autre homme au sang plus pur encore que le sien, plus jeune aussi, avec qui elle s'entendait bien. Cela sentait le roussi à des kilomètres à la ronde, non ? Mais Ulysse n'oserait rien dire. Précisément à cause du patronyme de son ami. Nott, Nott, en voilà un nom qui fait peur. Se retrouver rayé de la liste longue comme le bras était en effet une épée de damoclès que Sinistra s'était amusée à faire flotter au dessus de la tête d'Ulysse. Cruellement. En une phrase soufflée, un doute instillé, pour lui faire croire que ce serait quelque chose qui pourrait arriver.

Elle n'attendit pas son reste pour transplaner, entendit simplement en partant quelque chose de soufflé qu'elle n'identifia pas. C'était sans doute mieux comme cela, car une insulte supplémentaire aurait le don de l'agacer et elle désirait passer, tout de même, un bon moment ce jour-là. Bien entendu habillée pour grimper sur un cheval, Sinistra arriva dans la cour des écuries, conduite par Baudelaire, s'adossa avec une certaine nonchalance contre le mur en attendant son hôte. Non loin, un cheval. Ce n'était pas son Ysée mais après tout, toutes les bêtes de son ami étaient splendides. Il faisait des croisements d'une excellente qualité et il avait véritablement des poulains qui valaient leur pensant d'or. La mannoise admirait cette passion qu'il avait envers les chevaux. Elle aurait aimé aussi avoir une passion pour laquelle donner tout son temps, avec son argent. Mais elle n'en avait pas, ou tout du moins, elle n'en avait plus, puisqu'elle n'avait guère plus le droit d'écrire depuis qu'elle était mariée à Selwyn. La cour des écuries était tout ce que l'on pouvait attendre d'un lieu d'élevage dirigé d'une main de fer par un sang-pur. Ce dernier d'ailleurs fit la plus belle des entrées sur son cheval ailé et la sorcière eut machinalement un petit sourire admiratif en voyant son don avec ses équidés. Elle accueillit son baiser sans cesser de sourire : « Ne seras-tu pas trop fatigué pour une balade supplémentaire ? » demanda-t-elle tout de même, d'un ton un peu provocant. Elle ne désirait pas l'épuiser, quand bien même la balade pour elle se ferait les quatre fers par terre. L'aveu d'Hermes lui fit poser machinalement une main délicate sur son avant-bras et elle lui dit : « N'hésite jamais à me faire venir, d'accord ? ». Car le bonheur de son ami lui importait tout particulièrement, c'était peut-être même le seul qui avait cette chance-là. Sinistra se libérerait toujours pour venir le voir, peu importe les imprévus. Son ami était prioritaire dans chaque moment de sa vie. Il était le seul à s'en faire réellement pour elle et à la comprendre et ça avait plus de prix que tout autre chose. « Tu m'as manqué » ajouta-t-elle sincèrement. Qu'il fallait compter pour elle pour lui arracher pareil aveu. Mais finalement, cela avait toujours été ainsi entre eux. Elle laissa son regard couler sur les membres de l'étalon, bête magnifique qui semblait pourtant impétueuse. Sans doute le genre de caractère qui plaisait à Hermes.

Arrivés tous les deux dans les écuries, les yeux noisettes de Sinistra accrochèrent la robe blanche d'Ysée et toute contente, elle s'avança vers elle plus rapidement, sans même le remarquer. Elle adorait cette jument depuis qu'Hermes la lui avait offerte. Elle était douce et facile à monter. « Elle a l'air d'être en excellente santé depuis la dernière fois que je l'ai vu » fit-il d'elle d'un ton joyeux en laissant sa main glisser sur sa robe parfaite, « tu as des plans pour elle ? ». Il serait dommage de ne pas la faire se reproduire. Elle tourna son regard vers son ami qui était affairé à quelques pas avec un autre animal. Sans attendre son reste, la sang-pure cala son pied dans l'étrier pour grimper avec aisance sur le dos de la jolie jument, préparée tout exprès pour elle. Chez elle, la sorcière ne pouvait que se contenter de la présence de sa perruche Morrigan qui, elle le savait, allait finir par se prendre un mauvais sortilège de la part d'Ulysse. « Je me demande où tu vas m'emmener » fit-elle tranquillement. Hermes connaissait mieux ses terres qu'elle. Mais dans tous les cas, elle était toujours simplement ravie de passer du temps en sa compagnie.


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MessageSujet: Re: Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra 129196351Ven 28 Mai 2021 - 20:35

Qu’y avait-il de plus plaisant que de passer une après-midi en si charmante compagnie ?

Car si le sang-pur appréciait chaque minute passée auprès de ses merveilles équines, son besoin de lien social se faisait cruellement ressentir, et il peinait de plus en plus à le satisfaire. C’était que le monde entier lui paraissait toujours d’une stupidité sans pareille, et les badinages sans intérêt avaient tendance à le fatiguer bien plus qu’une balade dans les airs, malgré ce que sous-entendait son amie. « M’as-tu déjà vu fatigué ? » La réponse se fit sur le même ton, alors qu’Hermes savourait enfin le plaisir immense de pouvoir être parfaitement lui-même avec quelqu’un. Bien sûr, les réunions de mangemorts étaient l’occasion rêvée pour lui de laisser tomber son absurde masque de gentillesse, mais Sinistra pouvait se vanter de connaître réellement toutes ses facettes, ou presque. En sa présence, il se faisait toutefois plus doux, comme si elle avait ce pouvoir d’effacer un peu la noirceur qui le caractérisait tant. Il fallait dire qu’elle lui distribuait bien des gentillesses, et le contact de sa peau sur son bras ne lui causa pas le dégoût habituel qu’il ressentait pourtant face aux gens trop tactiles. On disait pourtant ça de lui, car il forçait son tempérament pour sembler avenant, mais toucher ces gens qu’il estimait moins que lui le répugnait réellement. Mais voilà, Sinistra était sans nul doute la seule autre personne qu’il mettait sur un pied d’égalité avec sa propre personne, et c’était là la plus belle des considérations venant de la part d’un être qui se sentait tout de même si supérieur qu’il s’en croyait intouchable. « Tu es là maintenant. N’est-ce pas l’essentiel ? » La conversation prenait déjà un tournant émotionnel pour lequel il n’était pas réellement prêt, lui si habitué de par son éducation à masquer ses sentiments les plus profonds. Il lui était bien plus facile de les coucher sur un parchemin que de laisser les mots tendres sortir de sa bouche. Car il était évident qu’elle lui avait manqué. Après tout, ne l’avait-il pas gratifiée d’un baiser ?

Le simple fait de sentir la présence de Sinistra à ses côtés alors qu’ils avançaient jusqu’aux écuries le faisait se sentir bien, réellement bien. Comme complet, et c’était là une impression qu’il ne s’expliquait pas. Et que dire lorsque la jeune femme laissa un peu tomber son perpétuel contrôle pour retrouver avec émotion sa jument ? Attendri - car oui, les miracles arrivaient parfois - Hermes observa la scène, légèrement en retrait. Il aimait lire dans le regard de la mannoise cet amour pour la bête qu’il lui avait offerte, sentir cette connexion entre elles. Mieux encore, il aimait qu’une chose de plus ne le rapproche de cette incroyable femme qu’il n’avait jamais su faire sienne. « C’est que j’en prends grand soin. » Effectivement, Hermes veillait personnellement à s’occuper d’Ysée la majorité du temps, et lui dégourdissait régulièrement les ailes en l’absence de sa propriétaire qui, de toute manière, n’allait jamais dans les hauteurs. Mais le sang-pur avait dressé l’animal pour lui apprendre à rester au sol quand on le lui demandait, aussi Sinistra ne risquait rien. À ses côtés de toute manière, elle ne risquerait jamais rien. « Comment pourrais-je laisser pareille beauté sans descendance ? » Parlait-il seulement de la jument ? Le doute était permis, mais il ne se risqua pas à engager la conversation sur pareil terrain. En tout cas, la question de Sinistra démontrait combien elle le connaissait, et alors qu’il fermait le luxueux box de son jeune étalon, Hermes lui lança un sourire qui dévoilait déjà ses futures intentions. « Laisse-moi te présenter celui à qui je la destine. » La phrase était un peu théâtrale, autant que son geste lorsqu’il ouvrit la porte de la stalle d’Ether. D’un pas fier, il avança pour présenter à Sinistra l’immense étalon à la robe grise parfaitement lustrée par un de ses lads, robe qu’il flatta d’un geste doux. Le superbe Ethonan poussa un hennissement calme, comme ravi de recevoir un peu d’affection de la part de son maître. « Sinistra, voici Ether, digne descendant d’une lignée d’immenses champions. L’un de ses frères est invaincu sur les terres espagnoles, me semble-t-il. » Comme s’il n’était pas parfaitement sûr de son information. Mais voilà, Hermes aimait faire son petit effet, et une fois le spectacle donné, grimpa avec aisance sur l’étalon qui accueillit son cavalier d’un coup de tête affectueux. C’était un tendre, étrangement, peut-être pour ça d’ailleurs qu’il le destinait à la si calme Ysée. Mais surtout, il imaginait très bien le superbe poulain à la robe acier qui pourrait résulter du mélange de ces deux sangs.

Juste en reculant son pied, Hermes fit avancer sa monture qu’il dirigea rapidement sur un sentier qu’il ne se souvenait pas avoir déjà emprunté avec sa douce amie. Voilà d’ailleurs qu’elle jouait les curieuses, ce qui l’amusa plus sans doute qu’il n’aurait dû. « Eh bien, nous irons là où leurs sabots nous porteront. » Son sourire trahissait l’attitude légère qui était la sienne, et d’un geste désinvolte, le sang-pur lâcha les rênes qu’il laissa posées sur l’encolure d’Ether, dont il était si sûr du caractère qu’il ne craignait pas le moindre débordement. Le pas tranquille du futur couple équin les berçait doucement, et Hermes mit quelques minutes à se réhabituer à la sensation de la selle, lui qui montait bien peu au sol, et donc souvent, à cru. Mais son assise était parfaite, évidemment, et son port de tête fier. « Alors, ma douce, raconte-moi un peu les secrets de ta vie. Qu’ai-je donc manqué en brillant ainsi par mon absence ? » C’était qu’il se fustigeait, en effet, de ne pas être assez présent pour elle. Mais après tout, elle n’était pas sa femme, à son grand désarroi. Donc finalement, n’était-ce pas mieux comme ça ? Non. Jamais Hermes ne pourrait se satisfaire de ne la voir que trop peu. Jamais il ne pourrait s’habituer au manque qu’il ressentait parfois lorsqu’il pensait à elle. Mais c’était ainsi, et peut-être cela ne changerait-il jamais.


Dernière édition par Hermes Nott le Sam 3 Juil 2021 - 1:16, édité 1 fois
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Sinistra Lowe

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MessageSujet: Re: Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra 129196351Sam 5 Juin 2021 - 23:44

La relation d'Hermes et Sinistra faisait des envieux. Il fallait bien dire qu'ils avaient un lien tout privilégié, tout particulier également. Sinistra donnerait jusqu'à sa vie entre les mains de ce jeune homme en qui elle avait parfaitement confiance. Aveuglément, inconditionnellement. Sans qu'elle ne sache réellement à quel moment la profondeur s'était bâtie entre eux pour donner cet étrange mélange qui était désormais leur relation. Quelque chose à mi-chemin entre la tendresse et l'affection profonde auxquelles se mêlait naturellement la confiance. Presque une relation de couple, non ? Les similarités étaient surprenantes, surprenantes. Tant et si bien que quelques jaloux avaient déjà comméré sur eux. Mais enfin, il en fallait plus pour salir leurs beaux plumages, n'est-ce pas ? « Non c'est vrai » concéda-t-elle poliment. Son ami veillait toujours à se montrer sous son meilleur jour, parce qu'il était ainsi. Dans leur monde, les apparences étaient maîtresses, même entre deux vieux amis. On ne se refaisait pas, après tout, c'était ainsi. La jeune femme hocha simplement la tête à sa phrase suivante. Ils n'étaient pas du genre à devenir trop émotionnels de toute façon. Encore un héritage de leurs strictes éducations. Une personne noble se doit de rester stoïque. L'on reconnait le bas peuple à la puissance de leurs sentiments dévastateurs qu'ils faisaient éclater brusquement.
La conversation suivit donc son bonhomme de chemin fort naturellement. Et ils arrivèrent finalement aux écuries où Sinistra pu retrouver la jument que son ami lui avait si délicatement offerte. Ysée était racée, belle. Ses courbes étaient parfaites, sa robe magnifique. Un animal qui correspondait tout à fait à la sorcière. Elle n'était même pas du genre à rechigner pour lui brosser la robe ou pour lui donner une carotte ou une demi-pomme. Alors que pour les autres animaux qu'elle pouvait avoir, la mannoise était ravie de laisser à Libellule le soin de s'en occuper. Que ce fut pour sa perruche qu'elle aimait tendrement pourtant, ou pour tout autre chose. Elle, changer une cage ? Pire encore, changer un bain ? Imaginez donc le scandale. « Je sais que tu en prends soin » répondit-elle tendrement, « tu sais y faire avec ces animaux ». C'était là un compliment bien naturel et qu'elle pensait en plus de cela. Hermes aimait ce qu'il faisait et cela se sentait. Faire des chevaux parfaits en étudiant les personnalités, les robes et le sang, c'était ce pour quoi il était fait. Il fallait bien être un homme pour avoir le loisir de développer pareille activité. Par son statut d'épouse, elle avait surtout le droit de se taire...

Et elle avait surtout le droit d'enfanter, comme toute bonne épouse. C'était également le cas d'Ysée, qui par son statut de jument était nécessairement prédestinée à donner la vie. Contrairement aux grossesses de femmes, cela la dégoûtait moins. Peut-être la chose ne lui faisait pas très envie parce que son époux était tyrannique. Mais c'était une réflexion sur laquelle elle ne s’appesantissait jamais de toute manière. La théâtralité d'Hermes lui arracha un léger mouvement de la tête alors qu'elle se perchait sur son animal. Elle utilisa les étriers pour se pencher un peu vers l'avant et voir le magnifique étalon que ramenait son ami. Elle ne sut retenir un soupir admiratif : « Il est splendide » dit-elle lorsqu'il l'informa qu'il s'appelait Ether, et ajouta en se penchant cette fois vers les oreilles de sa jument : « Dis donc, tu es gâtée ! ». Sinistra se mit à rire, parce que bien entendu, sa jument ne comprenait pas ni ce dont ils discutaient, ni à quoi servait Ether. Mais ça viendrait bien assez vite de toute façon. « Ne le fais-tu pas concourir également ? ». Il lui semblait surprenant qu'Hermes ne l'envoie pas en compétition si sa lignée était parfaite. Après tout, ses chevaux lui servaient aussi à briller et à faire briller toute sa réputation.

Ils prirent ensemble un sentier que la jeune femme ne reconnaissait pas. Ils baladaient de temps en temps, mais il lui semblait que les terres de son ami étaient aussi grandes que son île d'origine. La curiosité de Sinistra ne trouva pas de réponse alors qu'elle levait un sourcil désabusé devant la réponse de son cavalier accompagnateur : « Je vois » fit-elle faussement vexée de ne pas obtenir de réponse. En réalité, elle aimait aussi bien les surprises, alors Hermes pouvait lui mentir pour l'emmener dans un endroit splendide ou pas du tout, cela ne changeait fondamentalement rien pour elle. Ne venait-elle pas pour passer surtout du temps avec lui ? Car c'était une vie plus compliquée que ce que l'on peut imaginer, d'être un sang-pur riche et sans emploi. Que faire de ses journées ? Il fallait trouver de l'occupation, des gens sur qui parler, des potins à rapporter. Ce n'était pas à la portée de n'importe quel péquenaud. C'était aussi pour cela que les pièces rapportées ne plaisaient pas trop aux sorciers de leurs rangs. On naissait avec la dignité, on ne pouvait l'acquérir comme une simple compétence. Sinistra n'avait même pas remarqué que cela faisait quelques minutes qu'ils ne parlaient plus. Elle respirait profondément l'air frais alors que ses mains tenaient mollement les rênes, parfois, quelques soupirs s'échappaient de sa bouche parce qu'elle ressentait un tel apaisement dans cet endroit qu'elle ne réalisait qu'à peine qu'elle était tendue. Elle l'était toujours, ne le réalisait même plus. Elle rouvrit les yeux qu'elle avait fermé pour profiter de l'instant lorsqu'Hermes s'adressa de nouveau à elle. Et naturellement, il parla à son côté langue de vipère. Elle aurait pu cracher un peu sur le dos de son époux mais la mannoise savait que le sujet ennuyait son ami aussi ne le mentionna-t-elle pas. Le problème était que son époux était plus envahissant que jamais et qu'elle peinait à trouver quelque chose à dire qui ne le concerne pas. « Je travaille sur un second tome » avoua-t-elle. C'était la seule personne à qui elle avouait ce secret qu'elle gardait comme si elle était enceinte de son amant : « Tu sais, de la Conspiration Moldue ». Hermes était surtout au courant qu'elle n'avait pas le droit d'écrire sous peine de voir le courroux de son époux s'abattre sur elle. Mais à dire vrai, Sinistra avait atteint un point où il pourrait l'assassiner qu'elle n'en aurait guère aucun regret. La volonté de liberté commençait à tirer férocement sur le collier que Selwyn lui avait mis. Et elle se sentait maintenant prête à tenter des choses, petit à petit, pour en gagner davantage. Sa réaction lorsqu'elle lui avait rappelé qu'elle allait au manoir Nott était très parlant par ailleurs. « Après tout, j'ai tout de même eu de très bonnes ventes pour le premier ouvrage. J'avoue qu'écrire un second tome n'était pas dans mes projets mais j'aimerais maintenant étudier un peu la politique sorcière davantage. Peut-être appellerais-je ça la Conspiration née-moldue ». C'est que le Ministre, Harold Minchum, en était un, de né-moldu, et que cela lui tapait sur le système comme aux autres sang-purs. La jeune femme avait totalement et aveuglément confiance en lui pour lui avouer pareille bravade. Car elle savait, bien entendu, qu'il ne risquait pas de le répéter et encore moins à son mari. « Oh mais j'oubliais, n'es-tu pas allé à une soirée remplie de gens du petit peuple, mon ami ? » demanda-t-elle brusquement, comme si elle avait été frappée par la foudre de Zeus lui-même pour se rappeler de quelque chose d'aussi futile, « dis moi donc qui tu as vu ! ».


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MessageSujet: Re: Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra 129196351Sam 3 Juil 2021 - 2:00

N’y avait-il que les chevaux qui pouvaient se vanter d’être la prunelle de ses yeux ?

La version officielle était que non, bien sûr que non. La version officielle voulait qu’Hermes soit un gentilhomme, en rien semblable à ses ancêtre, qui avait appris à force de voyages et d’expérience que la pureté ne se résumait pas au sang. La version officieuse, en revanche… Ses lads comme ses elfes savaient bien qu’Hermes n’était attentionné qu’avec ses étalons, juments et poulains. À peine s’il gratifiait ses employés et esclaves d’un bonjour le matin, s’il n’y avait aucun public pour s’en émouvoir. Les elfes, encore, c’était autre chose. Hermes avait une once d’affection pour son majordome, et jouait des politesses avec eux pour leur donner l’exemple - quoiqu’aucun d’entre eux n’était à l’abri d’une de ses noires colères. « Je sais prendre soin de ce qui compte à mes yeux, oui. » Car plus qu’officieusement, Hermes était aussi aux petits soins avec Sinistra. Elle était bien la seule envers qui ses tendresses étaient sincères, et la seule à le savoir d’ailleurs. Il aurait été bien mal vu, dans leur cercle proche, qu’une femme mariée et l’un des héritiers les plus convoités de Londres aient une relation aussi intime. Sinistra était infidèle, ça n’était un secret pour personne ou presque - et un de ses plus gros défauts aux yeux du sang-pur - mais il aurait été bien dramatique pour leurs réputations respectives que cette tare les lie tous les deux.

Car après tout, Hermes était bien plus doué pour unir des chevaux que pour besogner lui-même une femme. La simple idée de son corps nu près de celui d’une femme lui donnait des haut-le-coeur, réellement. Mieux valait donc parler du couple qu’allaient bientôt former Ysée et Ether. L’admiration flatteuse dont fit preuve Sinistra le gonfla de fierté - comme s’il avait eu besoin de ça - et il adressa une nouvelle caresse à son étalon, sur lequel il était désormais monté. « Rien n’est trop beau pour elle. » Il parlait de la jument, évidemment… quoique tout de même, elle était désormais sellée d’un ensemble de cuir noir brodé de tissu argenté du plus bel effet - et extrêmement cher, si besoin était de le préciser. Cadeau d’Hermes à Sinistra, dont il ne se vanta même pas tant il aurait pu lui offrir tous les gallions du monde sans en tirer la moindre vanité. « Il concourra quand il aura une descendance. » Son ton était ferme, comme souvent lorsqu’il parlait de son sujet de prédilection. « Sait-on jamais… La perte de pareille merveille est déjà une tragédie, que dire s’ils n’ont pas eu le temps de parfaire la lignée. » Parlait-il de l’étalon… ou de lui ? Hermes n’avait jamais été homme très prudent, s’adonnant à des sports plus qu’extrême, naviguant des mois durant parfois sans dire où il allait. Pire, il était l’une des mains armées les plus fidèles de Voldemort, et si la résistance en face était bien piètre, il n’était nullement à l’abri d’un jour perdre la vie dans un combat. C’était là un prix qu’il était bel et bien prêt à payer mais désormais, il avait pris conscience que cela sonnerait la fin de sa lignée. D’autres Nott peut-être perpétueraient le nom, mais personne pour transmettre les gènes de son propre coté. Les siens étaient parfaits, du moins de l’idée qu’il se faisait de la perfection. Parfaite santé - physique du moins, le mental c’était là autre chose dont il n’était aucunement conscient - et intelligence supérieure à la moyenne, des aptitudes physiques indéniables, un faible taux de consanguinité. Oui, un jour, il lui faudrait froisser les draps avec celle qu’il prendrait pour femme. Un jour, il lui faudrait affronter son dégoût et peut-être la seule peur qu’il n’avait jamais su combattre.

Si seulement cette femme pouvait être Sinistra… alors peut-être son dégoût serait-il moindre. Alors qu’ils marchaient d’un pas tranquille sur leurs montures respectives, Hermes se surprit à laisser son regard dériver sur elle plutôt que sur les paysages qu’il connaissait déjà. N’était-elle pas une pure beauté ? Consanguine - deuxième énorme défaut - mais tout de même, quelle grâce émanait du moindre de ses gestes. Et surtout, la sang-pur n’était pas qu’un physique, comme elle lui prouva en lui délivrant un secret auquel il ne s’attendait pas. Hermes n’était pas habitué à laisser transparaître son émotion, mais ce fut bien de la surprise qui lissa quelques peu ses traits alors qu’il l’entendait lui confier ses projets d’écriture. « Quelle brillante idée… » Mais il n’osa rien dire de plus, de peur de la couper dans son élan. Certes, il aimait s’écouter parler, mais cette fois, il n’était pas en compagnie d’un vulgaire rat d’égout, mais bien de Sinistra. Aussi l’écouta-t-il avec une attention toute particulière, buvant ses paroles jusqu’à la touche finale qui le crispa légèrement. Né-moldu…. Rien que le mot le tendait considérablement. « Ces sales chiens ne méritent rien d’autre que la brusque révélation de leur infâme condition. » Les dents serrées, il avait craché son insulte comme un serpent aurait craché son venin. « Trop de gens pensent à tort qu’ils ont leur place dans le monde magique. » Et pourtant, Hermes les aurait bien exterminé un à un, comme il l’avait fait avec celle qui avait brisé sa vie, son monde tout entier. « Tu as tout mon soutien, ma douce. Même si hélas, je ne pourrais pas soutenir publiquement tes efforts, quelle tragédie… » Mais c’était le prix à payer pour obtenir ce qu’il voulait. Ce qu’ils voulaient. « Du moins, pas tant qu’il me faut jouer ce ridicule jeu. Mais je serai ton premier lecteur, évidemment. » Lors de son premier livre, Hermes avait joué les relecteurs et soutenu son propos, du moins dans les cercles où c’était possible. Sinistra avait une plume, c’était indéniable. Et peu de femmes pouvaient se vanter de pareil talent…

Et justement, puisqu’ils en étaient à parler des faux-semblants, Sinistra l’interrogea sur la pénible soirée qui avait eu lieu quelques jours plus tôt. « Ah, ça… J’aurais préféré oublier. » Tant de médiocrité en un seul endroit, c’était trop pour son rang. S’allongeant avec aisance sur la croupe d’Ether, mains derrière la tête, Hermes fixa le ciel alors que ses muscles se déliaient au fur et à mesure des pas de l’étalon.  « C’était proprement scandaleux. De ma vie jamais je n’ai vu fête plus pitoyable. Quant aux fréquentations… Par où commencer ? » Il se redressa tout à coup, comme frappé par l’évidence. « J’ai renoué quelques liens familiaux avec cette chère Wilda Griffiths. » Le mépris quand il prononça ce nom impur était plus qu’évident. « Une pleureuse de première, pauvre enfant traumatisée par la tentative d’empoisonnement à son égard ! Faut-il que nous ayons le plus mauvais potionniste de Londres dans nos rangs pour avoir raté pareille affaire ! » Le sujet le mettait résolument en colère, sans compter le souvenir en effet de cette piètre soirée. « Les autres… Tout juste quelques manants dont je n’ai même pas retenu le nom. Ah si, Galaad Stomby ! Par Salazar, peut-on être plus déshonorant que cet… Je n’ai pas les mots Sinistra. Pas les mots, je t’assure ! Il était aux bras d’une gitane qui semblait avoir fumé autre chose qu’une cigarette. » Ca y était, il était prodigieusement agacé. « Et dire que j’ai failli être associé à cette famille ? Te rends-tu compte ? » Il aurait préféré que Sinistra prenne son nom plutôt qu’Antinea, cela allait sans dire.
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MessageSujet: Re: Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra 129196351Ven 16 Juil 2021 - 15:31

Parfois, dans ces journées où la colère d'Ulysse éclatait comme une piñata, Sinistra Lowe se demandait ce que serait devenue sa vie si précisément, elle n'était pas devenue Sinistra Travers, puis Sinistra Selwyn. Elle se présentait toujours sous son nom de jeune fille, ce qui avait eu le don d'amuser son premier époux et de faire éclater la colère du second. Quand elle regardait le plafond orné de quelques peintures au dessus de son lit, dans ces longues nuits desquelles on ne voit pas percer le jour, la mannoise regrettait ses mariages. Et ce qui était une douce vengeance à l'encontre d'Ulysse était un affront envers Warren. Tous les deux avaient été ses maris mais il n'y avait pas une seule ressemblance entre le premier et le second. Travers avait été un homme dur mais jeune, malléable et compréhensif malgré tout. Ses vues misogynes pouvaient parfois être désagréables mais il veillait toujours à ne pas froisser son épouse avec laquelle il entretenait la paix dans le mariage. Somme toute, il la laissait tranquille, ne la détestait pas, lui offrait des cadeaux pour satisfaire sa nature vénale. Et puis, il lui avait donné le goût d'écrire et de bien écrire. Autant de qualités qui avaient conduites la jeune femme à ressentir une profonde affection pour lui. Tout le contraire de son époux actuel. Et dans ses songes à demi-éveillés, parfois, une autre pensée se promenait dans l'esprit de la mannoise. Et si elle avait épousé un autre homme ? Pire ! Et si elle ne s'était pas mariée...? La question la taraudait d'autant plus qu'éclatait à sa rétine la facilité avec laquelle elle discutait avec Hermes Nott. Il était son ami, depuis très très longtemps, mais cela n'avait pas été suffisant pour que ses parents à elle envisagent de la marier à cet homme. Idioties, idioties, ou bien peut-être qu'ils étaient amis, précisément, parce qu'ils n'étaient pas en ménage ? Sinistra n'en savait rien, sentait juste qu'elle se sentait plus à l'aise avec cet homme qu'avec n'importe lequel de ses amants. Elle n'avait pas honte devant lui, que ce soit de ses vues ou de son sang - un scandale que l'on commence à avoir honte de son sang-pur ! - elle n'avait pas honte de sa nature qui aimait les belles choses et les beaux cadeaux. Avec Hermes, elle méritait. C'était tout ce qu'il y avait à dire. Ses autres amants pouvaient être agréables, ils n'étaient souvent que la simple expression d'un plaisir physique. Et si elle savait qu'une telle chose ne serait sans doute pas possible avec son ami, pour autant, cela ne changeait rien. La mannoise était prête à oublier ce qui faisait sa carte d'identité. Mais malheureusement, elle était mariée. Même si elle savait qu'elle n'avait qu'un mot à dire pour que son cavalier d'ami ne la débarrasse de son violent époux.

C'était parce qu'elle méritait avec Hermes qu'elle savait, au plus profond d'elle, qu'il prendrait soin de sa personne si elle portait son nom. Et la phrase qu'il dit sur les choses qui comptaient à ses yeux était limpide dans les siens. Bien sûr qu'elle savait qu'il tenait à elle. Suffisait-il de lire les lettres qu'ils s'échangeaient et les après-midi qu'ils passaient ensemble. Hermes était certes un hypocrite, elle n'était pas en reste non plus. Mais jamais elle n'avait été aussi honnête avec quelqu'un d'autre que lui. Aussi, Sinistra se contenta d'un sourire qu'il vit, ou pas, qu'importe, pour toute réponse à sa phrase. Elle flatta tranquillement sa jument alors qu'ils continuaient tous les deux de s'avancer sur le chemin qui s'étendait devant eux. « Tu as raison » acquiesça-t-elle en détournant ses yeux pour les poser sur le paysage, « on est jamais trop prudent ». Et cela se valait dans tout. Que ce soit en matière de compétition équestres, en matière maritale... Hermes avait sans doute posé le double-sens à raison mais elle n'entra pas dans ce sujet-là. C'était bien morne que de parler descendance. Il en voulait une, elle retardait l'échéance pour rendre Ulysse fou. Elle espérait également - mais c'était son petit secret à elle, qu'il connaisse le trépas avant qu'elle ne soit enceinte. Sinistra ne remarqua pas le regard de son ami sur elle, peut-être était-ce mieux par ailleurs. Leur amitié connaissait une barrière dont ils n'avaient pas tant décidé. La mannoise rougit naturellement devant son compliment, elle-même trouvait que travailler sur un second tome était fort important pour alerter la société actuelle. Les choses évoluaient de façon délicate et la sorcière trouvait cela indécent - oui, indécent ! - que personne ne se penche sur l'étrangeté qu'étaient les nés-moldus. Cela n'avait absolument aucun sens qu'un gène magique apparaisse chez les rejetons de ces gens qui n'avaient pas un soupçon de magie en eux. Et pour être honnête, elle ne trouvait pas franchement moral ni normal qu'on les place à égalité. Elle écouta Hermes lui cracher quelque chose en hochant paisiblement la tête, comme s'il parlait d'une espèce particulière d'arbres alors qu'il insultait violemment tout un pan de la population sorcière. « Je deviens lasse de l'hypocrisie dans laquelle nous devons nous enfoncer » avoua-t-elle à son ami d'un ton tristounet, lorsque ce dernier lui confiait qu'il ne pourrait la soutenir publiquement, « obligés de nous cacher et de cacher nos vues alors que ce sont des évidences ? ». Ah, c'était scandaleux ! « Encore faut-il que je parvienne à convaincre l'autre ». La jeune femme se rembruma un peu et haussa les épaules, « je t'enverrai un exemplaire, comme toujours ». S'il avait été à côté d'elle, sans doute lui aurait-elle serré un peu la main. Mais il était à un pas ou deux et elle ne désirait pas tomber ridiculement d'Ysée.

Elle jugea fort à propos de détourner légèrement le sujet vers une soirée grivoise où il s'était montré. Hermes aimait bien se jouer de la plèbe et ce serait mentir que de dire qu'elle n'adorait pas écouter ses plaisanteries sur le sujet. Imaginer les visages de ces gens qui pensaient sans doute qu'il les appréciait la faisait rire dans son coin, car ils étaient d'une stupidité sans pareille pour croire pouvoir être ainsi ami avec un Nott. Ou en tout cas, un Nott qui ne soit pas renié. Les reniés étaient sur le côté de la société des sang-purs et c'était une bonne chose. Certains noms méritaient d'être rayés de la liste familiale d'ailleurs, tels que les Weasley, tandis que d'autres méritaient d'y entrer - le sien. Ou en tout cas, son nom de jeune fille, car même si elle se faisait appeler Sinistra Lowe, elle devait malheureusement porter le nom de Selwyn. Elle le regarda s'allonger sur son cheval et inspira paisiblement devant la tranquillité de cette vision. Hermes était beau, à sa manière. « C'est proprement intolérable » appuya-t-elle ses propos avec une compréhension certaine, « j'espère que tu t'es bien lavé les mains... C'est que les gens du bas peuple ont tendance à être tactiles même avec ceux qu'ils ne connaissent pas ». Brrr, quelle horreur. « Plus le temps passe et moins je les supporte. Quelle terrible angoisse de descendre au Chemin de Traverse, cela grouille, cela pullule, on dirait des vers ! ». Elle en faisait des caisses, mais c'était dire le dégoût quant aux gens qui n'étaient pas de sa caste. « Je ne comprends pas vraiment comment cette vulgaire famille irlandaise peut se revendiquer sang-pure » continua-t-elle d'un ton particulièrement hautain, « ils ont tous l'air d'être des ménagères du village ». Jamais elle n'aurait pris le nom de Stomby. Entre Antinea et Galaad, ils n'étaient pas rendus et le mauvais caractère de Selena la rendait imbuvable pour Sinistra qui n'était pas beaucoup plus agréable. « Quel était le but de cet événement au juste ? Une... Rébellion contre les mesures du Ministère ? ». La mannoise se mit à pouffer devant l'insurrection de pacotille. Pas de doute, le Ministère allait tomber !


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MessageSujet: Re: Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra 129196351Lun 26 Juil 2021 - 5:50

Toutes les pensées n’étaient pas bonnes à dire, du moins, pas avec n’importe qui.

Mais Sinistra n’était pas n’importe qui. Ne l’avait jamais été. Et le fait était que le mangemort convaincu qu’il était avait des idées particulièrement arrêtées, et extrêmes, concernant la purification de leur race. Si la majorité de leur rang déployait toute la hargne de leur haine envers les moldus, Hermes les considérait si inférieurs, au même titre que de simples elfes de maison, qu’il en faisait bien moins de cas que des odieux sang-de-bourbe. Pour des raisons qu’un psychomage aurait trouvé proprement fascinantes, il s’était mis en tête que par leur ascendance, leur magie était plus faible que celle de ceux qui avaient le sang pur. C’était une croyance d’enfant, qui s’était désormais tant et si bien inscrite dans son esprit qu’elle était devenue un moteur de sa vie. Sa détestation des nés-moldus était telle qu’il ne pouvait en supporter dans les environs, et il prenait un malin plaisir à les massacrer lors des missions. Exigeait même auprès des mangemorts moins influents qu’on les lui laisse. C’était dire si l’hypocrisie dont parlait Sinistra lui rongeait les sangs quand il lui fallait prétendre être amical envers l’humanité entière alors qu’il faisait face à un homme ou une femme de cette pire espèce. « Cette démocratie ridicule… Le pouvoir au peuple, n’est-ce pas là la chose la plus stupide qui soit ? » Car c’était alors la majorité qui faisait loi, et la majorité était devenue si molle et tolérante que c’en était affligeant. Être bien-né désormais ne semblait plus rien signifier, et même le registre sur lequel était inscrit son nom était moqué par les masses. « Mais l’évidence finit toujours par se révéler, ma douce. » Car telle était sa conviction. Quand les rangs parviendraient à se solidifier, quand les soldats sous les masques apprendraient à canaliser correctement leur magie, alors leur heure viendrait. Mais Hermes ne pouvait que constater, à chaque mission, que ses acolytes étaient d’une inefficacité exemplaire. Il fallait que cela cesse, même s’il devait pour cela prendre sur son précieux de temps pour former les soldats en devenir.

Parlant de haine donc, et d’incapable, Sinistra n’alla pas jusqu’à prononcer le nom d’un des sangs-purs qu’Hermes haïssait presque autant que s’il avait été enfant de moldus. Le mépris dans sa voix lui fit craindre de nouveau accès de violence à son encontre, et le sorcier fit s’approcher Ether d’un geste imperceptible pour pouvoir saisir sa main. Comme s’il avait senti que c’était là ce qu’elle voulait faire. C’était sans doute le contact le plus agréable qu’il connaisse. Le seul d’ailleurs qui ne le répugnait pas. « Qu’il ose s’opposer à ce que tu souhaites… » La phrase laissée en suspens, Hermes retira sa main de la sienne après l’avoir serrée un peu plus fort. Ca n’était pas les raisons qui manquaient de tuer cet homme indigne. Alors qu’il lui en fournisse une supplémentaire, peut-être celle de trop, celle qui ferait qu’elle lui donnerait enfin la permission qu’il attendait depuis si longtemps… et alors la sentence tomberait, inflexible et brutale.

Fort heureusement, Sinistra détourna son attention en lui rappelant le souvenir douloureux de sa dernière… mondanité, bien que le mot semblait peu adapté à ce simulacre de fête à laquelle il avait participé. Hermes donc exposa ses impressions, avec une lassitude et un dégoût flagrants. Son amie semblait ressentir la même chose par procuration. Qu’il était triste d’ailleurs qu’elle soit obligée d’entendre pareils récits pour sortir un peu de sa morne routine… Mais décemment, il n’aurait pu l’emmener dans pareil endroit. Si lui avait décidé de salir son nom, volontairement, en se mêlant au peuple, il ne pouvait exiger la même chose de sa part. Et comment aurait-il pu faire semblant à ses côtés ? Comment aurait-il pu prétendre n’être rien à côté de celle qui était tout ? « J’ai pris la douche la plus longue qui soit à peine rentré. Même l’air semblait comme… imprégné. Ces rustres ont été jusqu’à me bousculer, c’est dire s’ils ne sont que des animaux ! » Ou des vers oui, comme elle le précisa si bien. La comparaison était fort adaptée. Et dire que d’autres sangs-purs avaient été associés à cette fête déplorable ! Enfin, si ça ne tenait qu’à lui, les Stomby seraient rayés du registre depuis longtemps déjà, même s’il n’avait pas tout à fait la même aversion que Sinistra à leur encontre. Après tout, il avait eu de… quoi, l’affection, pour Antinea ? Il ne saurait dire, mais en tout cas, elle avait été une compagne agréable. Certes, son frère était un crétin notoire et sa soeur une reine des glaces peu avenante, mais Antinea avait toujours été bonne envers lui. N’avait jamais jugé ses réserves quant aux rapprochements physiques. Si seulement elle avait été mieux née, alors peut-être l’aurait-il épousée. Mais hélas, Hermes ne pouvait se permettre d’être associé à une famille si instable. « Il y a le sang, c’est vrai, mais aussi l’éducation. Je gage que les parents Stomby ont été négligents par bien des aspects. » Le simple fait que les trois prénoms de leurs enfants soient aussi dissonants donnait déjà le ton.

Alors que le ciel commençait à se couvrir, Sinistra lui posa une question dont, à vrai dire, il n’avait pas réellement la réponse. À quoi bon organiser cette misérable sauterie ? « J’en ai bien peur… Quoique pour un événement politique, c’était tout à fait chaotique, et désorganisé. Toujours est-il que le peuple se refuse à obéir à ce Ministère qu’il a lui même élu, c’est dire la farce. » Le droit du sang, au moins, saurait rétablir l’ordre dans ce pays qui partait à la dérive. « Mais il me semble que c’était surtout une occasion pour ces mécréants de s’adonner à leurs vices. L’alcool était si mauvais, je doute qu’on ait envie de boire pareil poison si ce n’est pour s’enivrer. Et la danse... mais depuis quand, Sinistra, les gens se frottent-ils comme ça ? » Il eut un frisson, plus de dégoût que de froid, quoi que le vent s’était désormais levé. « Nous aurions pu leur donner une leçon si tu avais été à mon bras. Mais jamais de ma vie je n’aurais osé t’infliger ça. Ma cavalière était bien plus à l’image du lieu et de l’ambiance. » Il eut une pause, comme plongé dans une profonde réflexion. « La vulgarité est une chose terrible chez un homme. Mais chez une femme, c’est proprement scandaleux. » Car oui, Hermes n’avait pu se sortir de la tête le geste outrancier qu’elle avait eu à l’égard de Wellington. « Le temps se couvre, veux-tu ma cape ? » Changement abrupt de sujet, mais le temps tout londonien avait tourné si vite, et Sinistra était bien moins habituée aux intempéries que lui. Même à bras nu, il était capable de braver les averses cinglantes. Et avant même sa réponse, le sang-pur avait déjà ôté l’attache d’or pur autour de son cou, prêt à réchauffer son amie - puisqu’il n’avait guère le droit de l’appeler autrement.
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MessageSujet: Re: Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra 129196351Lun 9 Aoû 2021 - 13:50

Les idées politiques de Sinistra n'étaient pas inconnues. Comment pourraient-elles l'être ? La sorcière s'était inscrite comme autrice au travers d'un ouvrage à vocation politique. Elle s'y était intéressée tôt, il fallait dire. Au grand désespoir de son père qui ne désirait qu'élever une épouse sachant diriger des elfes de maison à la baguette et douée en musique. Elle savait faire les deux, mais savait également se forger son propre avis. Et son premier époux avait nourri cette tendance qu'elle avait d'avoir sa propre opinion, courant moderne parmi certains sang-purs. Le second, en revanche, essayait constamment de lui couper la gorge sur cette question-là. « Une vague fumisterie » fit-elle en haussant les épaules à la remarque de son ami. La démocratie était un concept que l'on avait inventé pour calmer la foule et lui faire croire qu'elle avait du pouvoir. Quoi de plus flagrant, dans leur monde à eux, que le commun des mortels n'en avait pas ? « Lorsqu'ils réaliseront qu'ils ne sont rien et ne valent pas plus, il sera trop tard » dit-elle, comme si elle essayait de le rassurer. Elle savait les efforts qu'Hermes déployait dans cette guerre. Et comme beaucoup de femmes, elle portait un jugement très sévère là-dessus. En fait, pour elle, la guerre, c'était avant tout la mort. La véritable bataille se jouait dans les idées, non pas dans la violence. Mais elle savait bien qu'il ne serait pas d'accord avec elle, ou pas complètement et elle ne souhaitait pas le braquer. Tout ce qu'elle demandait, c'était qu'il soit prudent. Perdre son seul allié ou presque parmi les sang-pur serait quelque chose dont elle doutait de pouvoir se remettre un jour. « Sois quand même prudent, d'accord ? » lui demanda-t-elle d'une voix douce.
Sans Hermes, Sinistra serait totalement sous le joug de son époux. Ulysse n'était pas stupide et l'amitié de sa femme pour un Nott le faisait parfois réfléchir à deux fois avant de commettre certaines choses irréparables. Car il avait peur de lui, connaissant ses pulsions, ses jeux. Hermes avait plus de carrure que ne le laissait imaginer son visage d'ange. Et pour elle, il faisait office de protecteur sans que ce ne soit guère très officiel. Le contact de la main de son ami sur la sienne la fit sourire, de ces sourires tristes qu'elle ne pouvait s'empêcher d'avoir depuis ses secondes noces. Sinistra ne regrettait pas grand chose en général, mais elle regrettait assurément d'avoir épousé Selwyn. Quelle idiote, quelle idiote elle avait été ! Et naïve qui plus est. Elle n'osa pas répondre qu'il s'opposait déjà largement à ses envies littéraires et qu'elle craignait son courroux s'il apprenait qu'elle avait envie de le défier sur ce terrain là. Elle appréhendait, d'ores et déjà, ce qu'il pourrait lui faire... Mais entacher la discussion de la présence néfaste d'un homme pareil n'était pas sa volonté. Qu'il soit même cité n'était pas une bonne chose car il ne méritait pas de la hanter encore. Leurs mains se séparèrent et la mannoise écarta légèrement sa jument, comme pour qu'ils retrouvent tous les deux une distance qui était acceptable pour des gens comme eux.

Les gens comme eux donc qui n'avaient pas à se mêler à la plèbe, heureusement. Sauf si c'était de leur fait. Sinistra avait bien du mal à serrer les mains ou accepter les baises-mains de ces gens qui ne valaient pas grand chose. Paradoxalement, elle acceptait que ses amants n'aient pas le sang-pur, parce que que voulez-vous : coucher avec un cousin n'était pas aussi excitant qu'on pouvait le croire. Elle eut un léger ricanement, qui n'était pas moqueur, lorsqu'il lui avoua qu'il avait pris la douche la plus longue de sa vie après avoir subi cela.  Elle ne fit pas de réflexion de mauvaise foi sur l'odeur que le bas peuple pouvait avoir mais le pensa très fort toutefois. Et ce bas peuple se confondait parfois au leur, curieusement. Comme les Stomby, ces irlandais qui n'avaient rien à faire dans leurs cercles. Hermes ne lui paraissait pas assez sévère envers cette famille. Aussi fronça-t-elle les sourcils et acquiesça simplement : « Tu as sans doute raison ». Même si son avis propre, c'était que la tare remontait dans les gènes. Quoiqu'il en soit, elle n'avait pas été invitée, mais elle était un peu jalouse d'apprendre qu'une autre femme avait été pendue à son bras. En fait, Sinistra ressentait pour son ami une espèce de possessivité que l'on ne retrouvait souvent que lorsque des sentiments amoureux entraient en jeu. Pourtant, pourtant, elle n'avait pas l'impression d'en ressentir pour lui. Elle sentait une grande tendresse pour ce garçon, beaucoup d'amitié également. Mais parfois, l'amour et l'amitié se confondent, alors imaginez. « Les gens se frottent parce qu'ils sont vulgaires » affirma-t-elle, « et chez eux... C'est autant les hommes que les femmes ». Quelle sainte horreur !

Le temps se couvrait et leur offrait une nouvelle vue sur le paysage qui les entourait. La mannoise leva son nez vers le ciel comme pour en évaluer le temps avant que la pluie ne leur tombe dessus. Son ami ramena toutefois son attention sur lui en lui proposant sa cape et un sourire touché se glissa sur les traits de la jeune femme : « Merci mon ami » répondit-elle en prenant la cape pour la déposer sur ses épaules. « J'ai envie de la faire courir, je sens qu'elle trépigne » lui dit-elle en tournant un regard un peu joueur vers son partenaire de cavalier, « je suppose que tu m'accompagnes ? ». Sans attendre de réponse, Sinistra donna quelques coups de talons et sa jument se mit au galop, comme d'habitude, comme toujours. Elle sentait la cape d'Hermes sur son dos voler un peu au gré du vent qui s'engouffrait dans ses plis et Ysée se laisser porter. La jeune femme sentit bien ses ailes frémir un peu, mais elle ne s'aventurerait pas à la faire voler alors qu'elle était sur son dos. C'est qu'elle appréciait l'équitation mais qu'elle doutait tout de même de tenir sur le dos de ce pégase si d'aventure, elle se décidait à voler. Hermes avait lui-même lancé son cheval et comme si elle l'attendait, elle fit ralentir un peu sa jument. Gavée d'ivresse par cette course sur ce sentier de terre, la sang-pure éclata d'un joli rire libérateur, libérée par ce moment, comme si le poids qui reposait sur ses épaules frêles avait enfin disparu. « C'est comment le ciel ? » lui demanda-t-elle d'une voix plus murmurée que prévu. Elle leva ses yeux vers le haut. Les nuages s’agglutinaient comme pour déverser la foudre. C'était à la fois dangereux et hypnotique et si elle avait été plus téméraire, elle aurait adoré tenter de se brûler les ailes dans le ciel.


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MessageSujet: Re: Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra Balade des âmes hélas amicales w/ Sinistra 129196351Ven 3 Sep 2021 - 20:34

Bien des choses pouvaient rapprocher deux âmes sans que les corps n’aient à s’en mêler.

Chacun à leur manière, Hermes et Sinistra étaient finalement actifs quand il s’agissait de défendre leurs idéaux. La mannoise, intellectuelle, délicate et raffinée, se plaisait à le faire par la voie des idées et des débats, sans aller jusqu’à la politique toutefois. Et si Hermes aimait les mondanités en tout genre, voilà bien longtemps qu’il avait compris que parler ne suffisait pas à se faire entendre. Agir était le seul moyen de faire comprendre, par l’exemple, la voie à adopter. Devenir Mangemort lui avait semblé si naturel qu’il lui semblait parfois être né avec la marque sur son avant-bras. Là où certains serviteurs de l’ordre répugnait cette trace voyante, Hermes se plaisait à pouvoir l’afficher librement, et trop rarement à son goût d’ailleurs. Souvent, il lui arrivait de la contempler, l’observer se mouvoir sous sa peau là où pourtant, le sang-pur répugnait toute modification de l’apparence. Les gens de leur rang n’avaient pas à changer ce qu’ils étaient, et se devaient d’être fier de l’expression parfaite de leurs gènes. La Marque faisait exception, car il la trouvait aussi élégante et racée que le noir de ses cheveux, ou la teinte sombre de ses yeux. Mais l’allégence impliquait de se battre, et c’était sans nul doute pour cette raison qu’Hermes avait accordé sa confiance au Lord. Sinistra ne comprenait pas, et exprimait souvent des inquiétudes inutiles. Parfois, il aurait aimé observer le serpent courir délicatement près du poignet de sa meilleure amie et tout à la fois, la simple idée de l’imaginer se mettre en danger ou altérer sa beauté le perturbait. Mieux valait donc que chacun reste à sa place. Sinistra agissant dans l’ombre et Hermes fréquentant d’autres ombres où régnait la mort. « Ne t’inquiète pas pour moi. Je fais bien trop rarement face à une magie susceptible de rivaliser avec la mienne. » Excès de confiance, certes, mais surtout certitude qui guidait chacun de ses actes. Au point parfois d’en être imprudent, mais jamais il n’admettrait ça devant elle. Car jamais il n’avait confié à Sinistra le plaisir qu’il ressentait parfois dans la douleur de l’affrontement, si tant est que l’issue soit tout de même en sa faveur.

Parlant de faveur, la discussion sur le bas-peuple les ramena bientôt à la frivolité de cette espèce qui méritait qu’on l’éduque un peu. Hermes était bien conscient qu’il ne pouvait exterminer ne serait-ce que les sangs-mêlés, ne le désirait pas d’ailleurs. Mais à trop fréquenter des sangs-de-bourbe ou des moldus - sacrilège - ses compatriotes n’en étaient que devenus plus primaires. Cette vulgarité avec laquelle ils dansaient… La soirée s’étant écourtée, l’héritier Nott n’avait fort heureusement pas trop eu le loisir de se lier à la fange, mais avait tout de même échangé quelques mouvements avec Rosmerta. Mouvements élégants, si besoin était de préciser, a contrario de leurs voisins sur la piste qui semblaient parfois s’adonner à un coït tout habillés. « Les hommes ne respectent guère plus les femmes… Et les femmes ne se respectent pas elles-même. Au moins, ne pas y aller en célibataire m’a permis d’éviter les rencontres indécentes entre leurs mains baladeuses et l’arrière de mon jean. » Une grimace de dégoût déforma ses traits. « Depuis quand se permet-on de toucher ainsi les autres, et à ce genre d’endroit je te prie ? » Sinistra était bien moins prude que lui, certes, mais ne s’adonnait pas à ce genre de démonstrations publiques. Parfois, il songeait à ses amants qui la souillaient, conscient que leur sang n’était pas toujours d’une pureté exemplaire. Sentait alors ses organes remonter un peu par une magie qu’il ne maîtrisait pas, ne sachant poser un mot sur cette jalousie démesurée et mal placée. Au moins Ulysse avait-il le sang pur. Au moins leur progéniture serait inscrite sur le registre, même si l’idée qu’elle se reproduise avec un tel rustre le répugnait profondément.

Les mots cédèrent finalement la place aux actes, et un sourire attendri barra les lèvres fines du sang-pur en entendant la proposition de Sinistra, désormais drapée dans le vert de sa cape. Ether était d’un calme olympien, mais Ysée semblait effectivement plus impatiente. Le dresseur qu’il était fut ravi de constater qu’elle était connectée à sa jument au point de ressentir ses besoins. « Toujours. » Nul besoin d’en dire plus, car déjà la mannoise était partie au galop, ses talons malmenant un peu sa monture alors qu’Hermes n’eut qu’à reculer son pied pour faire partir l’étalon. Derrière elle, il pouvait admirer sa chevelure s’emmêler dans le vent, la cape recouvrant la robe immaculée de la bête. Son corps habitué à monter suivait parfaitement le mouvement, mais la course au sol était bien moins excitante que dans les airs. Et alors qu’elle freinait un peu Ysée, son rire faillit faire exploser son coeur de joie alors qu’il répondit par le sien, trottant à son côté alors qu’il tenait à peine les rênes, ses yeux captivés par son expression de joie. La mannoise sembla tout à coup curieuse en ce qui concernait les hauteurs. Voilà qui était bien surprenant, elle si peu aventureuse. Toutefois, Hermes se ferait une joie d’assouvir sa curiosité. « C’est prodigieux. Tout simplement prodigieux. Une sensation qu’on ne peut ressentir d’ailleurs que là-haut. » L’envie de laisser l’étalon s’envoler était forte, mais il n’en fit rien. « Peut-être est-ce le fait d’être si loin de la médiocrité de ce monde. Peut-être est-ce parce qu’on réalise à quel point nous sommes mortels. Mais crois-moi, cela vaut tous les plaisirs terrestres. » Même tuer ne le rendait pas si heureux. Mais les envolées se devaient d’avoir toujours une fin, et il fallait bien redescendre sur terre un jour. L’Homme n’était pas né avec des ailes, et c’était peut-être bien là l’un de ses seuls regrets concernant sa propre race - du moins, quand elle était pure. « Un jour, peut-être me laisseras-tu t’y emmener… » Sourire tendre, car il savait que ça n’était là que des mots. Car il était homme d’action, et Sinistra femme de paroles. Et pourtant, pourtant, existait-il sur Terre deux âmes plus proches que les leurs ?
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