Il reconnut instantannément la voix de Laya. Il resta un bref moment silencieux, curieusement troublé par la situation. Pourtant, il n'y avait pas de quoi être étonné, elle était préfète, elle avait tout à fait le droit de venir se baigner ici. Cela aurait-été stupide de ne pas se signaler, aussi il dit d'une voix forte à travers la porte :

- Laya ? C'est Rémus. Je te laisse tranquille, je faisais juste le tour pour être sûr que les stangulots ne s'était pas infiltrés. Garde ta baguette à portée de main !

Pourquoi est-ce qu'il se sentait aussi bizarre à ce moment précis ? Aurais-ce un rapport avec le fait qu'une simple parois le séparait de Laya qui allait prendre son bain. Effrayé par ses bourgeons de pensés, il s'interdit de penser plus loin et tourna le dos à la porte.

Entendant que Laya n'avait pas inspecter les lieux, il leva les yeux au ciel avec un petit sourire. Il allait finir par croire que c'était lui le paranoïque et non pas les autres les inconscients. Il poussa donc la porte et vue d'effectivement, Laya n'avait retiré qu'une chaussure. Lancée dans une recherche frénétique, elle boitillait avec energie pour commencer son inspection par un lavabo. D'un coup d'oeil rapide, il put déjà faire un premier constat.

- Il n'y a pas de traces de passage de strangulots dans le coin. Mais j'en ai déjà retrouvé au troisième étage. Ca s'infiltre plus facilement que je ne le pensais.

Saisissant sa baguette, il entama à son tour son inspection, avec son sérieux habituel même si son regard était peut-être un peu trop attiré par la Serpentard.

Rémus ne réprime pas un petit sourire. Laya cherchait donc à attirer les strangulots vers eux ? Il pouvait comprendre cela, même si ça paraissait un peu fou. Il était lui même très intéressé par les bêtes plus ou moins maléfiques en tout genres et prennait beaucoup de plaisir à les étudier. Alors lors qu'il pouvait mettre en pratique en situation réel la théorie, il devait avouer qu'il n'était pas trop mécontent. Sauf lors que la bestiole en question lui mord sauvagement le mollet, mais que serait la vie sans une petite dose de risque ?

- Si tu pensais à un Accio, je ne sais pas si c'est une bonne idée. Il n'aime en général pas du tout être attiré par un sortilège et un Stangulot énervé, c'est pas franchement beau à voir...

La fine chainette d'or ramassée, Laya mentionna sa provenance, et ces quelques mots figèrent le jeune homme pendant deux secondes avant qu'il ne finisse pas lacher d'un air grave.

- J'ai oublié ton anniversaire...

Il fit marcher son cerveau à toute vitesse pour trouver une excuse mais il ne voulait pas mentir et les véritables explications ne lui paraissaient pas valable. Il se mordit les lèvres et dit d'un air penaud :

- Bon... La seule manière de me faire pardonner serait de te faire un double cadeau alors...

Rémus ne sut exactement comment réagir à la remarque de Laya. Il était très content, et même flatté d'avoir amélioré son quotidien. Il avait l'impression de n'apporter qu'un peu de gentillesse... Etait-ce ça qui lui avait manqué ces dernières années ?... Il se contenta de sourire en se rapprochant discrètement. Puis finit par dire doucement.

- Et bien c'est un plaisir d'être un cadeau pour toi Laya.

Il crut remarquer un rougissement, mais l'interprêta comme le résultat d'avoir la tête baisser vers ses pieds. Elle finit par se redresser vivement, provoquant inévitablement quelques vertiges. Dans un accès de prévenance, Rémus se tint près à la soutenir en cas de trop fort tangage mais c'était peut-être un peu excessif. Il sourit, un peu gêné à nouveau.

- Je reste ici pour Noël aussi. C'est plus simple pour mes parents. Et puis, manquer le bal, ça serait domage...

Il guetta sa réaction et continua, tant qu'il était lancé.

- ... J'espère m'être un peu amélioré en danse. Si ça te dis qu'on y aille ensemble...

Rémus était toujours émerveillé par les talents de danseuse de sa cavalière. Cela rendait son "travail" de cavalier plus facile. Pas de doute, le bal avec Laya à son bras promettait d'être un moment de grand bonheur... Il la serra légèrement lorsqu'elle lui assura qu'elle ne l'aurait jamais repoussé. Puis finalement, il s'arrêta et après s'être de nouveau perdu dans la contemplation de ses yeux, il finit par dire :

- J'ai vraiment hâte d'y être.

Ils n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, et Rémus avait bien franchit les derniers centimètres restants. Qu'est-ce que le retint ? Un doute, un présentiment, la peur peut-être. Quoi qu'il en soit, il se contenta de serrer étroitement sa main. Il s'écarta enfin mais tarda à lacher cette main qu'il tenait.

Rémus resta seul et immobile pendant un petit moment, un peu sonné. Il avait cru sentir une certaine... réponse de la part de Laya. Ou alors était-il trop aveuglé. Elle était partie si vite qu'il n'avait pas eu le temps d'étudier cela plus en détails. "C'était peut-être mieux ainsi" essayait de lui hurler sa conscience. Sa raison avait allumé toutes les alarmes, l'alertant du piège dans lequel il était en train de retomber. Son coeur était-il si faible que ça ?

Il haussa les épaules et se dirigea à son tour vers la sortie. Advienne que pourra, la seule chose dont il avait envie de penser pour l'instant était ce bal de noël qu'il n'avait absolument pas envie d'appréhender. Pas la peine de se mentir, il avait terriblement hâte d'y être.