Je regardai un moment ma montre. Il était déjà 19 heures ! J'avais une de ces fringales, & Peter qui mettait trois plombes à enfiler son pantalon. Je levai les yeux au ciel lorsqu'il manqua de tomber en trébuchant contre le rebord de son lit à baldaquin et me posai la main sur la bouche. Décidément, j'avais l'élite pour ami.

▬ « Nom d'un chien, Peter, dépêche-toi... Sirius est déjà parti depuis dix minutes ! » demandai-je à mon ami alors qu'il lassait ses souliers.
▬ « Ça va, ça va, je me magne... T'es marrant, toi, on voit bien que c'est pas toi qui es tombé dans son chaudron en potion... Devant tout le monde ! » me rétorqua-t-il en secouant la tête.
▬ « Je t'avais dit de faire attention, ça faisait cinq minutes que je voyais les serpentards manigancer quelque chose... Enfin bref, viens, on va manger, ça te remontra le moral... »

Ainsi nous descendîmes tous les deux les marches menant à la salle commune. Celle-ci était plutôt bondée, les élèves se préparant à sortir pour aller prendre leur repas. Dans un coin de la pièce, je remarquai Lily avec ses amies mais détournai les yeux lorsque je croisai son regard.

▬ « James ! J'ai... J'ai oublié mes cartes de chocogrenouilles pour les échanger avec Norman McCormick... Bon, je remonte, avance, je te rejoindrai ! »

Une nouvelle fois, je levai les yeux au ciel en soupirant mais ne me fis pas prier. En moins de trente secondes, je me frayai un chemin dans la pièce et quittai la salle commune. Les yeux rivés vers mes pieds, histoire de ne pas me prendre les pieds dans le tableau de la grosse dame, je fus surpris en relevant la tête et en croisant le regard de ce cher Servilus Rogue. Aussitôt, ma bonne humeur disparut et je m'arrêtai dans ma course, l'envie irrésistible de flanquer mon poing dans la tête aux cheveux gras de mon... Ennemi. Il était probablement là pour Lily, sans aucun doute, et cela m'énervait d'autant plus.

▬ « Ta salle commune n'est pas là, Servilo... Tire toi, t'es pas le bienvenue, ici... » lui lançai-je avec un air de défi dans le regard.

Je plissai les yeux à la remarque de Rogue. Ce couloir m'appartenait toujours plus qu'à lui, étant donné qu'il n'avait rien à faire devant notre salle commune. Il avait de l'audace, surtout après ce qui était arrivé à la fin de l'année dernière, à savoir le "sang-de-bourbe" qu'il avait osé lancer à Lily, qu'il considérait comme son amie...

▬ « Tu n'as pas honte de te montrer ici, après ce que tu as dit à Lily ? A ta place, je me cacherai au fond d'un tiroir, Servilo. »

Je n'avais nullement l'intention d'être sympa avec lui, surtout que j'avais bien envie de me rapprocher de Lily et qu'il était le seul obstacle à mon histoire avec elle. En même temps, avais-je déjà été sympa avec lui ? Depuis notre première année, il avait toujours été notre souffre douleur, à Sirius et à moi. Pourquoi ? Peut être tout simplement car il nous répugnait. Ses allures hautaines qu'il se donnait, sa manie de toujours vouloir fouiller dans nos affaires alors que rien de ce que nous faisions le regardait. La seule chose qui pouvait le rendre sympathique, c'était son amitié avec Lily. Sauf que même ça, il n'était pas foutu d'en profiter.

▬ « J'suppose que tu regrettes même pas tes paroles... » lui lançai-je en rapprochant ma main de ma baguette magique, juste au cas où.

Toute moquerie habituelle avait disparue, laissant place à une haine, surement similaire à celle que pouvait éprouver Severus lorsque je m'en prenais à lui en temps normal.

Ma main était maintenant à l'intérieur de la poche de mon pantalon, mes doigts serrées, comme des griffes d'ornithorynque, sur le manche de ma baguette magique. Aucun de nous deux ne bougeaient, se contentant de se fixer comme deux cow boys prêt à tout moment à assassiner l'autre. Enfin, pour les passants du couloir, on avait surtout l'air de deux idiots bouchant le passage & ayant l'air d'avoir une petite constipation passagère. Surtout moi, les yeux plissés, l'air menaçant.

▬ « Tu ne sais rien de moi... » me lança t-il entre ses dents.
▬ « J'en sais assez sur toi pour savoir que tu n'es qu'un vaurien qui n'est pas foutu d'entretenir une amitié avec une fille aussi formidable que Lily. Tu ne la mérites pas, tu ne serais même pas foutu de lui lécher les orteils tellement tu es bas, tellement tu ne vaux rien à côté d'elle. J'espère que tu les sais ça, Servilo. J'espère que tu as bien conscience que tu as tout gâché, avec la seule personne susceptible de t'apprécier sur cette foutue terre. »

J'avais tout craché, tout ce que j'avais sur le coeur. Je n'avais qu'une envie, lui faire mal & qu'il ne s'approche plus jamais de Lily. Elle était à moi, maintenant. Non pas qu'elle soit un objet, mais il avait eu sa chance, il l'avait laissé passer. Qui lui avait remonté le moral durant les vacances, qui avait été là pour elle ? Surement pas lui.