La gazette était soigneusement pliée sur la petite table en bois de la cuisine lorsque Daisy vint déjeuner. A la lecture du gros titre, la jeune femme eu un sursaut de recul et de surprise. Elle s'approcha, saisit le journal avec avidité et dévora l'article d'une faim démesurée. Elle n'en croyait pas ses yeux ! La seconde lecture, puis la troisième confirmèrent ses craintes, si LEUR ministre disparaissait, les mangemorts pouvaient craindre de voir annuler les décrets et leurs privilèges. Peut-être risquaient-ils aussi l’emprisonnement. Mais en tout cas leur tranquillité ne serait plus de mise.
Loin de gâcher son appétit, elle entama sa tranche de pain tout en pensant aux conséquences d'un tel acte. Et si le Ministre ne revenait pas ? Et si cet enlèvement n'était que le début d'un soulèvement de rebelles non sorciers ? Et si ....

Audrey était sortie de leurs cachettes afin d'acheter à manger et elle était revenue avec quelques viennoiseries mais surtout la gazette. Leur tour de garde avait commencé cette nuit et les membres de l'OP se succédaient à la surveillance du Ministre. Après avoir franchi la porte, elle tendit le torchon aux deux individus qui étaient restés.

- On est dans le journal ! Dit-elle le plus neutre possible mais avec une joie non dissimulée dans le regard.

L’enlèvement d'Hardbull avait semé la panique au sein du Ministère, et dans tout le pays, les sorciers se demandaient ce qui c'était passé. Si certains étaient terrorisés à l'idée de ne plus avoir de dirigeant, d'autres esquissaient déjà des sourires soulagés de voir le règne du tyran prendre fin. Mais alors... Qui lui succéderait ?? Son destin était à présent entre les mains d'une dizaine d'individus et Audrey en faisait parti !

Tranquillement attablée pour déjeuner, Juliet tartinait de confiture un énorme morceau de pain. Le matin était le moment de la journée où elle mangeait le plus, conformément aux recommandations du professeur Boldric, qui selon lui, était le repas le plus important, avant une bonne journée de travail, stimulant la mémoire et la créativité. Son thé au jasmin était déjà bien infusé lorsque la gazette tomba à côté de son mug porté par un hibou ministériel.
Apprendre l’enlèvement de son père par cette voie était sans doute pire que l'information en elle-même. Instinctivement, elle lâcha le couteau qu'elle utilisait pour porter ses deux mains à sa bouche. Aussi surprise que touchée, elle ne put lâcher des yeux l'article du journal. Elle le relit, une fois, puis deux, le visage toujours teinté d'incompréhension. Elle savait que les nouvelles lois étaient loin de plaire à tout le monde, comme à elle, mais elle n'aurait jamais imaginé que des individus puissent s'en prendre à lui. Il fallait qu'elle voit son frère, il devait être avec lui cette nuit et devait en savoir plus sur ce qui s'était passé. Sans avaler une miette de son repas, elle se leva, saisit la gazette et commença à partir devant le regard des élèves qui commençaient à percuter...

Minerva se pâmait devant son énième nouvelle robe. Sa mère lui en avait fait parvenir une petite dizaine et il y avait là de quoi se faire une belle somme au marché noir. Toute heureuse, elle s'admirait devant une glace, très fière de sa plastique impeccable, gonflée d'orgueil à l'idée d'être la plus rayonnante. Vêtue donc de sa jolie robe émeraude sur laquelle dansaient des fils d'argent, Minerva descendait toute fière, la tête haute, sa longue crinière rousse rejetée en arrière. Ses talons claquaient dans une parfaite symphonie tandis qu'elle se rendait dans la grande salle pour au passage en mettre plein la vue.

Il y régnait une ambiance différente qu'elle flaira aussitôt. Repérant sans difficulté sa cousine Alshaïn, ce qui n'était guère compliqué puisqu'elle flirtait allègrement avec le mètre 80 du haut de ses talons. En quelques rapides enjambées elle fut à sa hauteur, ou plutôt la domina de toute sa hauteur bienveillante. Min salua Erin d'un sourire avant d'entrer dans le vif du sujet :

- De quel pari tu parles Al ? demanda-t-elle d'un ton naturel son regard clair fuyant avec dégoût les baguettes croisées que ce pauvre Berkeley était obligé de porter.