— Je ne dis pas ça pour être méchant, hein, ai-je ajouté en haussant les sourcils et en pointant du doigt le gamin Stregone. Je dis ça pour toi, car en tant que coach, voilà que je me prenais pour un coach maintenant, je tiens à ce que tu comprennes ce que tu dois et ne dois pas faire !
J'ai évité une crotte de chien sur le chemin, puis je me suis retourné de nouveau vers l'italien.
— Par exemple, si là, maintenant, je te dis que la couleur de ton t-shirt ressemble à du dégueulis de chien, tu me réponds quoi ?
C'était pas vrai, bien sûr. C'était juste pour le motiver un peu à m'insulter. Son t-shirt, il ressemblait plus à de la crotte de chat.

J'ai regardé fixement Mani, les sourcils froncés, un peu ébahi d'une telle... réplique, si on pouvait appeler ça comme ça. J'avais d'abord pensé qu'il m'insulterait, ce qu'il a commencé à faire, d'ailleurs... Avant de s'auto-casser en me révélant que son t-shirt avait été trempé dans de la bouse de dragon !
— Je suis en train de rêver ? j'ai dit en me frappant une joue. Non, non je rêve pas... après un moment de silence, j'ai ajouté : Pourquoi ?! Je veux dire, pourquoi tu te tailles toi-même ? Tu pouvais pas te contenter de m'insulter au lieu de te rendre ridicule ? Oui, désolé de te le dire mais tremper ses t-shirts dans de la merde de dragon, c'est un peu con !
Je me suis arrêté net, j'ai attrapé le gamin par les épaules et je l'ai obligé à me regarder dans les yeux.
— C'est sans espoir, j'peux rien pour toi !

Alors là le môme, il m'avait mouché. C'est de la faute à Peter ça, toujours sortir et laisser la porte grande ouverte, comme si notre cabane était une vitrine de magasin !
Je me suis retourné vers Mani, je l'ai choppé par le col de son t-shirt puis je lui ai pointé mon index sur le nez.
— De une, le rose bonbon, sache que c'est super à la mode mon pote, de deux, les chaussettes, c'était un cadeau de maman et de trois... De trois, si je t'entends répéter ça à qui que ce soit, je serai capable de te tuer, tu m'as bien compris ?
Je lâchai alors le pauvre gamin d'un geste brusque puis tournai les talons, bien décidé à le laisser tout seul dans la forêt. Puis, après avoir fait quelques pas, je me retournai vers lui.
— Et t'as retenu la leçon, imbécile. J'te félicite. Maintenant, tu sais casser les gens. J'sais pas si j'dois être fier de t'avoir appris ça... Ou pas.

Le "merci" de Mani me fit... chaud au coeur. Aussi décidai-je de retourner vers lui et de lui poser ma main sur l'épaule.
— De rien mon pote. Fais-en bon usage... lui dis-je en souriant avant de retirer ma main et de tourner les talons.
Nous étions arrivés au camp, il était temps pour nous de nous séparer. Coach pour un italien un brin demeuré... Qu'est-ce-qui m'était passé par la tête, j'en savais fichtrement rien. Quoiqu'il en soit, j'espérai tout de même, au fond de moi, avoir été utile au gamin même si une conversation de dix minutes n'allait probablement pas changer sa vie. Peu importe, j'aurai essayé.
Et c'est avec ces pensées que je pris la direction de la cantine, bien décidé à m'enfiler un bon gros repas d'ogre bien mérité.



hj : on clôt là, mec ?