Expérience douteuse ϟ Rosier, Avery, Ozores

Le corps immobile, la posture neutre, les épaules détendues, le visage lisse et les yeux dans le lointain, Severus Rogue bouillonnait littéralement d'impatience. Avec Rosier et Avery, ils allaient enfin tester le sort dont ils rêvaient tous depuis quelques semaines, qui les impressionnait voire les effrayait autant qu'ils l'admiraient et le désiraient. Severus en avait même perdu le sommeil, consacrant des nuits entières à la lueur de la bougie à vérifier point après point la traduction qu'il avait effectuée de l'ouvrage en runes prêté par Minerva quelques semaines plus tôt. Avec l'aide de Croupton, il était parvenu à finaliser le tout, et à ne plus y revenir : son obsession était telle qu'il recommençait du début à chaque fois qu'il avait terminé le tout, épouvanté à l'idée d'être passé à côté de quelque chose. Etait alors venu le temps de l'expérience, le moment le plus excitant de tout leur processus de recherche : à grand regret Wilkes avait décliné l'invitation, il avait cours à cette heure-ci et ne pouvait sécher sous aucun prétexte car Picott l'avait à l'oeil. Croupton avait bredouillé une excuse bidon qui n'avait intrigué que Rosier et Avery, et Febvre avait littéralement disparu de la circulation. C'est donc trois membres du cartel qui prirent la route des toilettes - leur salle de torture favorite. Il suffisait d'être sûr que quelqu'un se trouvait à l'intérieur, entrer sans faire de bruit, verrouiller derrière soit, exécuter sa mission et repartir l'air de rien. Un jeu d'enfants pour le Cartel, qui avait déjà l'habitude. C'était pour cela que Rookwood n'était jamais parvenue à les surprendre en flagrant délit, auquel cas elle aurait exigé des explications, en tant que chef de file des S.E.R.P.E.N.T.S. Ces explications toutefois, Severus ne tenait pas à les lui fournir, et ce sous aucun prétexte. Tout le mérite devait revenir au Cartel, et au Cartel seul.

Postés dans le couloir du deuxième étage, à peu de distance des toilettes, Severus surveillait du coin de l'oeil les allées et venues des élèves, à l'affût d'une potentielle victime qui se retrouverait isolée. Soudainement, trois filles sortirent des toilettes en même temps. Or, le jeune homme était convaincu qu'à leur entrée, elles étaient quatre. Il y avait une jeune fille seule à l'intérieur : c'était le moment.

On y va, chuchota-t-il d'une voix presque inaudible. La jeune Ozores, seule à l'intérieure, était faite comme un rat. Severus s'empêcha de penser à ce que Lily trouverait à dire de ce qu'il faisait. C'était un mal pour un bien.

Spoiler:

L'esprit dénué de doutes, Rosier était confiant, il avançait d'un pas fier et arrogant des les dédales des couloirs de l'école. Mais avait-il un jour douté ? Non, son éducation, rude et enseignant le narcissisme, la courtoisie et la confiance en soit à toutes épreuves faisaient aujourd'hui de lui, l'horrible personnage qu'il était. Adolescent vaniteux et arrogant dont toute la famille Rosier était extrêmement fière, le plus beau et obéissant des pions qu'ils avaient réussi à former. Alors maintenant qu'il était membre du cartel et des S.E.R.P.E.N.T, il était traité comme un maître par sa matriarche, ses domestiques, ses oncles, ses tantes, mais son cher, et grand paternel attendait encore mieux de lui. Insatisfait chronique, il souhaitait faire de son fils cette machine à tuer, détestable et incontrôlable, né pour faire le mal, il était sur la bonne voie. Le cartel était désormais sa raison de se lever le matin, il passait des nuits entières à converser des nouvelles action que le cartel allait effectuer. La dernière en date, était de tester un sort relevant de la magie noire sur un être humain, et cette perspective était alléchante. Cette fois ils opéreraient à trois, Severus, Avery et lui-même, les autres membres n'ayant pas eu réellement le temps de se consacrer à ce projet pourtant si tentant. Evan se posait effectivement de nombreuses questions sur certains membres du cartel, et commençait à sévèrement douter de leur sincérité et de leur implication. Il sentait le mensonge se profiler au loin, et avait commencé quelques recherches depuis un ou deux jours sur un membre en particulier. Et s'il s'avérait que ses soupçons de mensonge étaient justifiés, il ne manquerait pas de faire tomber une sanction, avec l'accord des autres ou non, Severus était bien plus posé que lui, et trouverait surement de bonnes raisons de ne rien faire, il n'en parlerait pas, cette fois c'était son problème et peu importe ce que son meilleur ami pouvait en penser.

Les trois jeunes gens se rejoignirent enfin, avec une discrétion sans borne qui leur était propre. Toute la mission devait se faire rapidement, sans bavures afin que cela ne s'ébruite pas trop, ils devaient rester anonymes, la était la clef, même si quelques petits fouineurs avaient quelques soupçons, mais rien de concert qui n'aurait pu les effrayer suffisamment pour tout stopper, ça n'arriverait jamais, personne ne les arrêterait, dans leur soif de pouvoir, de connaissances obscures, et de mal, c'était la noble cause que tous souhaitaient servir, chacun avait ses raisons propres.
Ils étaient désormais très proche des toilettes du deuxième étage, leur victime était déjà en ligne de mire, Ozores, aucune once de remords et d'envie de fuir ne traversa Evan, il était sur de lui, ils étaient sur d'eux et de ce qu'ils allaient accomplir. Trois jeunes filles sortirent des toilettes, une restait à l'intérieur, leur nouvelle victime. Severus, lança le signal, ils pénétrèrent tout trois dans les toilettes sans réelle appréhension. La scène promettait d'être amusante et bénéfique concernant leurs connaissances en matière de magie noire. Ils étaient gagnants sur tous les points.

expérience douteuse

Ils étaient là, adossés à l'un des murs de pierre du deuxième étages. Une scène plutôt banale qui n'attira l'attention d'aucuns des élèves passant parfois dans le couloir… Après tout, Rogue, Rosier et Avery étaient souvent fourrés ensembles, il n'y avait donc aucune raisons de s'interroger sur leur présence ici.… Pourtant aujourd'hui, les trois jeunes hommes le savaient, tout était différent. Le "grand jour" était arrivé, celui auquel ils se préparaient avec assiduité depuis déjà plusieurs mois.

Ce n'était pas la première fois que Finn s'essayait à un tel exercice, pourtant la même excitation mêlée d'anxiété le prenait aux tripes. C'est certainement ce qu'il préférait. Ca, et la sensation d'être "craint". Finn trouvait ça particulièrement grisant. C'était une sensation particulière dont il avait fait l'expérience pour la première fois l'année dernière, grâce à l'affaire Mary McDonald. L'idée de recommencer était alors devenu une obsession, sa passion pour la magie noire un moteur.

Un fin sourire étira les lèvres de Finn à ce souvenir et ses yeux se posèrent un instant sur Severus. Aujourd'hui, l'idée était de lui, et Avery s'en réjouissait. Il était vraiment l'un des leurs et que ce soit inconsciemment ou non, ce qu'ils s'apprêtaient à faire aujourd'hui allait tirer une trait final sur son histoire avec Evans. Finn, en tout cas comptait bien faire en sorte que ce soit le cas.

Des éclats de voix tirèrent le serpentard des ses pensées, un peu plus loin trois filles quittèrent les toilettes. Severus fit visiblement le même calcul que ses compagnons, c'était le bon moment. Trois mots suffirent pour que ses deux acolytes le suivent. Un simple hochement de tête de la part de Finn lui servit de réponse. Ils n'y avait rien à dire d'autre, les trois garçon savaient parfaitement quoi faire. C'est silencieux, qu'Avery entra à la suite de ses compagnons dans les toilettes. Il pouvait entendre son coeur, battant un peu plus fort quand temps normal, résonner dans ses oreilles… Il posa néanmoins sa main sur la poignée de la porte et la referma sans un bruit… Puis, d'un geste souple, se saisit de sa baguette et verrouilla l'accès aux toilettes du 2ème étage sans prononcer un mot.
Ils pouvaient maintenant commencer. Ozores était pris au piège.

FICHE ET CODES PAR RIVENDELL

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COTÉ DU BIEN

- Tu aurais vu ses yeux quand il m'a regardé ! minauda une voix de l'autre côté de la porte.
- Olàlàlà, ma tête, soupira une autre voix qui ne semblait accorder aucune attention à la première.

Des bruits de lavabo se firent entendre.

- Les filles, on ferait bien de retourner en cours, dit une troisième voix, plus ferme que les autres.

Luzia perçut des bruits de pas avant que la porte ne se referme sur le brouhaha du couloir. Elle remit bien sa robe de sorcier et sortit des toilettes. Elle trouvait les filles des années inférieures de plus en plus superficielles - c'est vrai quoi, elles ne pensaient qu'aux garçons et à leur maquillage... A à peine onze ans, à en juger par leurs voix.

La chasse d'eau résonnait dans un bruit assourdissant - et cela, encore au bout de six années, étonnait Luzia. Et quoi ! La magie ne pouvait-elle pas la rendre plus discrète ? Parce que là, il y avait bien de quoi rivaliser avec un scrout à pétard. Il est vrai que les toilettes du deuxième étages n'étaient pas les plus luxueux du collège ; et pour cause, ils étaient hantés, et souvent souillés par les récurrentes fuites d'eau dont on ne trouvait jamais l'origine. La jeune fille les évitaient quand elle le pouvait, mais là, en l’occurrence, elle n'avait que quelques minutes avant de retourner en cours de défense contre les Forces du Mal. Ce n'était pas le moment de faire la princesse.

Elle se dirigea vers le lavabo, dont certaines parties de l'émail étaient ébréchées, pour se nettoyer les mains. L'eau chaude, aspirée dans les égouts, produisait un borborygme monstre. Elle se rappela alors ce que venait de lui dire Deidre le matin même - elle avait reçu une lettre de ses parents et les nouvelles d'Eliel n'étaient pas bonnes. Son jeune cousin n'arrivait même plus à dormir la nuit et la fatigue, pour lui comme pour ses parents s'accumulaient. Luzia s'inquiétait pour lui - et aussi pour Deidre, qu'elle savait très attachée à son frère. La moindre mauvaise nouvelle lui faisait apparaître des rides de souci sur le front et des cernes bleuâtres. Luzia se sentait inutile dans ces moments. Elle ne savait ni que dire ni que faire... Seulement être là, mais cela ne lui paraissait pas tellement formidable comme aide. Elle entendit alors vaguement la porte des toilettes se refermer mais ne se préoccupa en aucune façon de la nouvelle venue.
La Jeune fille se regarda dans le miroir. Elle voyait une brunette avec une mine concentrée, les cheveux un peu décoiffés. D'un geste de la main, elle les remit en place et tenta de les lisser en passant les doigts dans sa chevelure.
"Mouais, pas comme ça que je vais trouver un amoureux", songea-t-elle, sceptique. Il faudrait qu'elle pense à acheter une lotion pour les cheveux la prochaine fois qu'elle irait à Pré-au-Lard.

Luzia revient à la réalité - il était plus que l'heure de retourner dans sa salle de classe.

Spoiler:

La démarche était fluide, l'expression neutre, l'attitude parfaite : nul dans le couloir (qui n'était pas vide) ne nota que trois Serpentards hommes venaient de rentrer dans les toilettes des filles, là où un air conspirateur ou coupable les aurait à coup sûr trahis. Rosier entra le premier, c'était lui qui avait le pas le plus rapide, son père devait lui avoir appris à marcher comme un conquérant, car il faisait de grands pas qui le propulsaient toujours devant, pour se pavaner sans doute. Ensuite venant Severus, et le convoi était fermé par Avery, qui eu l'excellent réflexe de verrouiller silencieusement la porte derrière eux - décidément, ils devenaient très bons. En revanche, ils furent accueillis par le bruit assourdissant d'une chasse d'eau, et le loquet de la porte d'un des cabinets les plus proches du trio s'enclencha : ni une ni deux, Severus et ses compagnons se dissimulèrent sans bruit, car l'important était de ne pas être vus. Pas une parole n'avait été échangée, pas même un regard : les meilleurs clans fonctionnent de la sorte, avec l'expérience. L'expérience, et une grande complicité. La salle qui servait de toilettes aux filles était plus lumineuse que celle qui servait aux garçons, peut-être un peu plus propre, aussi, mais hantée par le fantôme de Mimi Geignarde, il ne fallait pas l'oublier. Cette dernière déjà avait failli tout gâcher la dernière fois, en se mettant à brailler comme si on l'égorgeait, des garçons dans les toilettes des filles, ouuuuh ! Rosier lui avait servi un regard tellement dégoûté que Mimi en avait fondu en larmes et avait déguerpi. Severus ne comprenait toujours pas très bien pourquoi - peut-être Mimi était-elle amoureuse de Rosier, aucun moyen de le savoir. Pour le moment toutefois, nulle trace du fantôme, ni de personne d'autre à part cette jeune fille qui se lavait les mains, face au miroir. Severus ne pouvait pas lancer le sort tant qu'elle avait une chance de les voir, il devait attendre qu'elle ne se détourne, et à ce moment là, ils auraient une chance d'exécuter leur expérience douteuse sans qu'elle ne puisse les confondre. Il s'agissait du sort le plus ambitieux qu'il lui avait été donné de traduire jusqu'à présent, un sortilège hybride d'une rare violence qui semblait mêler les effets du Doloris et celui du Petrificus Totalus : Severus était curieux de savoir pourquoi un tel sort lui était totalement inconnu. Etait-ce parce qu'il était moins utile que le classique Doloris ? Moins douloureux ? Le jeune homme brûlait de le découvrir. C'est pourquoi dès que la jeune fille fit volte-face et commença à se diriger vers la sortie, il posa la main sur le bras de celui qui se trouvait le plus proche de lui et serra :

Allez-y, maintenant, murmura-t-il d'une voix réjouie. Il n'aimait pas jeter le premier sort, ce qui l'intéressait en premier lieu était de prendre des notes, d'étudier la réaction de la victime, d'analyser la moindre de ses réactions. Quand il aurait terminé, il pourrait jeter lui-même le sort : pour le moment, il gardait sa posture de scientifique. A Avery ou Rosier de se lancer.

Spoiler:

expérience douteuse

Ils n'avaient fait aucun faux pas. Leur entrée était passée parfaitement inaperçu, préservant ainsi leur anonymat. La porte quand à elle était maintenant verrouillée, ce qui excluait l'arrivé inopportune d'un quelconque intrus… Toute personne tentée d'entrer s'imaginerait ainsi être face à un nouveau caprice de Mimi geignarde. Oui tout était parfait, ils avaient même réussi à se cacher à temps quand leur victime était sortie des toilettes.

Avery prit le temps de détailler la jeune fille. De dos, elle était parfaitement banal. Peut être l'avait-il déjà croisé dans le château mais il était bien incapable de donner son nom ou même sa maison. Elle avait peut être leur âge, peut être était-elle plus jeune… Il n'avait qu'une certitude, elle n'était pas chez les serpentards, et c'est tout ce qu'il fallait savoir. Un petit sourire s'installa sur le visage de Finn. Il y avait quelques chose de satisfaisant à la voir comme ça, calme, s'apprêtant naïvement devant un miroir, imaginant certainement retourner tranquillement en cours. Elle ne se doutait de rien, s'en était grisant.

C'est Severus qui le sortit de sa contemplation dans bref contacte sur son bras. C'était le signal, il fallait commencer la séance de "travaux pratiques" maintenant avant qu'elle ne tente de sortir, qu'elle se rendre compte qu'elle était prise au piège. Pour toute réponse, Finn hocha la tête. Son regard quand à lui croisa brièvement celui de Rosier. Un regard complice mais où l'on pouvait déceler une petite note de défi. Malgré leur amitié presque aussi vieille qu'eux deux, la compétitivité avait toujours était présentant dans leur relation.

Finn fit un pas sur la gauche, restant méticuleusement dans l'ombre de la cabine où il s'était caché un peu plus tôt. D'un geste souple il leva sa baguette comme il l'avait fait de nombreuse fois durant leurs séances d'entrainement et distinctement il prononça.

- dolorem ipsum.

Le sort fit mouche, touchant sa cible en plein dos. Il ne sembla d'abord avoir aucun effet, figeant le sourire de Finn en un rictus effrayant. Puis le corps gracile de la jeune fille se tordit pour enfin se figer comme l'avait fait la semaine dernière l'araignée sur laquelle il s'était entrainait. L'araignée cependant n'avait pas été capable de crier. Le sourire du garçon s'agrandit alors que son coeur tambourinait dans sa cage thoracique, il avait réussi.

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Poudlard possédait aussi ses côtés sombres, ses côtés d'ombres et d'effrayante noirceur. La mort s'était emparée de ses murs des années auparavant, la mort dans son étrange beauté, la mort sous toutes ses coutures, dans sa souffrance, dans la magie elle même, en un seul regard la mort était apparue. Elle avait foudroyée l'école de sa grande puissance, avait attristé. Ce soir de 1943, Poudlard avait été langoureusement plongé dans une peur inaudible et sanglotante. Personne n'avait jamais réellement su comment, ni pourquoi elle était morte, mais les toilettes des filles sont restés gravés du décès de celle nommée aujourd'hui et depuis près de cinquante ans, Mimi Geignarde. Les trois verts n'avaient bien sur pas choisi ce lieu que pour sa tranquillité et sa discrétion, mais accomplir un sort de cette ampleur dans ce lieu presque sacré pour eux était un prolongement de ce qu'une personne de leur qualité avait commencé à l'école. Bien évidemment, qu'eux ne comptaient pas tuer, bien sur qu'ils l'auraient peut-être souhaité, mais c'était trop risqué, et trop peu approprié à leurs capacités, ils innovaient, ils observaient, mais pour le moment, tant que leurs sorts n'étaient pas au point, tant qu'ils ne savaient pas encore les contrôler et s'en servir avec toute la puissance nécessaire, ils n'auraient jamais pris le risque d'un raté. Evan et Avery le savaient mieux que quiconque, des risques ils en avaient pris, et les conséquences de leur acte les avaient suivit pendant très longtemps, ce jour là, ils avaient eu tord, emporté dans ce flot de destruction et de terreur, ils en avaient oublié les règles fondamentales, parce que oui, les règles servaient à ne pas se compromettre aux yeux des autres, et ils y-avaient échappé de très peu. Aujourd'hui, Evan était méfiant, et beaucoup plus posé, il savait que cette petite peste de Mimi Geignarde traînait toujours dans les parages, et il n'avait pas l'esprit tranquille. Lors de leur précédente tentative elle avait tout fait rater, avec ses cris perçants de pleureuse inconditionnelle, cependant elle avait peur du jeune homme, il s'en était rendu compte après quelques visites qu'il lui avait fait, curieux de l'étrangeté de sa mort, les questions bien placées avaient fusé. Lorsqu'il posait son regard d'un gris jaune perçant sur elle, le fantôme détournait bizarrement la tête, à chaque fois, mais elle n'avait jamais répondu à ses questions ou seulement de façon très évasive, puis elle se mettait à pleurer comme un boursouflet et plongeait dans la cuvette des toilettes, ce qui ne le faisait absolument pas rire. Evan savait que son père était au courant de quelque chose concernant la mort de la pauvre petite, mais malgré les questions insistantes du jeune homme il n'avait jamais rien dit, et puis il y réfléchissait, plus cette énigme le taraudait. Il en parlerait avec Severus lorsque le moment serait propice, peut-être serait-il capable de lui fournir une hypothèse.

L'heure était venue. Ozores, la jolie et douce Ozores, leur tournait lamentablement le dos, mais ils n'étaient pas à ça prêt, tout à fait capable d'abattre quelqu'un de dos. Evan partageait quelques cours avec elle, il la connaissait de nom, de vue et l'avait entendu prendre la parole à quelques reprises, mais rien de plus. Elle ou une autre il s'en fichait bien, tout ce qui l'intéressait, et les intéressaient était le sort qu'ils avaient étudiés ensemble, et tout cela en partie grâce à Minerva. Une petite rivalité avait toujours opposé Avery et Evan, et ce depuis leur enfance, Severus ne lancerait pas le sort en premier, il le savait très bien, alors le privilège allait se jouer entre eux. Cependant, Evan, avait un goût tout particulier pour les jolies filles et il s'avérait qu'Ozores était jolie, et Avery ne s'arrêta même pas à la dévisager quelques secondes, que le sort fut lancé, de sa main, de sa baguette. Il toucha leur victime de plein fouet, l'espace d'un millième de seconde rien ne se passa, et dans un ralentit effrayant son corps se figea, et la torture commença. Evan ne souriait pas, un peu atteint dans sa fierté de ne pas avoir eu la réaction de le lancer en premier, cependant cette contrainte s'effaça un peu, lorsqu'il contempla son visage et qu'il vu la douleur se mirer dans les yeux de la pauvre Luzia. C'est à ce moment là, que tout commençait, elle n'aurait du répit que lorsqu'ils l'auraient décidé, qu'après que chacun ait tenté de jeter le sort maudit une fois. Un sourire en coin, s'afficha enfin, et il ne pouvait détourner son regard de celui de la jeune femme, gardant une oreille attentive aux hurlements que Mimi Geignarde aurait pu ajouter en accompagnement à cette scène.

COTÉ DU BIEN

Alors que Luzia avait entamé un mouvement vers la porte, elle se sentit tout d'un coup bizarre, étrange. Quelque chose lui avait frappé le dos et son corps eut une réaction inhabituelle. Comme si elle avait porté des stilettos et qu'elle peinait à trouver son équilibre, vacillant d'un côté et de l'autre. Luzia se croyait prise d'un soudain vertige - elle avait l'impression qu'elle s'éloignait de son corps. Puis, comme si on la recouvrait de chaux, ses membres perdirent leur élan et se figèrent, à l'instar d'une statue. Là voilà les bras collés le long de son corps, dans une attitude de momie.

Et c'est à ce moment-là qu'elle sentit la douleur. Violente.

Des clous se plantaient dans sa chair, déchirant sa peau, défigurant son visage. Elle se mit à crier et, quand elle eut l'impression que quelqu'un lui donnait des coups de marteau sur les mains, elle sentit des larmes couler sur ses joues.
Elle marchait sur des braises, elle respirait de l'eau, on lui arrachait les cheveux, son estomac se tordait et son cerveau lui faisait l'effet d'un torchon dans un sèche-linge en fonctionnement. Sa vue se brouillait tandis que la douleur faisait naître dans son esprit des images incohérentes. Ses ongles étaient arrachés, son dos était lacéré par des multiples coups de fouet. Luzia n'était plus qu'un corps sur lequel marchaient toutes les créatures de son manuel de Créatures magiques. Son esprit, quant à lui, était mis au supplice : mille épines, mille sensations horribles venaient l'empoisonner. Tous les maux de la terre s'abattaient sur elle, en même temps, avec une violence indicible.
Ses jambes étaient encore plantées dans le sol – Luzia savait qu'elle n'était pas tombée par terre. Il lui restait un peu de lucidité, ce qui lui permettait sûrement de mieux ressentir la souffrance. Elle ne comprenait pas comment elle faisait pour ne pas perdre conscience... pour ne pas mourir. Car le feu qui la consumait lui donnait tout simplement envie d'en finir. Sa gorge s'irritait à force de crier et de la sueur lui coulait sur le front et dans le dos. Mourir, mourir, c'était tout ce qui lui restait à faire. Elle priait pour son dernier souffle.
Elle sentait pour autant qu'il n'en serait rien. Qu'elle pouvait encore rester en vie longtemps. En revanche, elle savait qu'elle ne pourrait pas continuer longtemps sans devenir folle. La douleur aiguisait ses sens, comme une décharge électrique, et ce qu'elle ressentait était trop fort. Son cerveau n'arrivait pas à suivre. L'excès était tel que son esprit allait exploser. Comment en effet ne pas sombrer dans la démence quand on sent a l'impression que quelqu'un vous découpe les paupières ?

Le hurlement qui jaillit hors de la gorge de la Poufsouffle arracha un frisson d'excitation à Severus, qui commençait à douter que sa trouvaille soit si importante que cela. Un son à ce point désarticulé, à la fois viscéral et à la limite de ce qu'un être humain était capable d'émettre comme bruit, ne pouvait qu'être le résultat d'une douleur toute aussi viscérale et inhumaine. Le Serpentard toutefois ne laissa pas la jeune fille hurler plus d'une seconde, que déjà il pointait à son tour la baguette sur elle :

Silencio, ordonna-t-il d'une voix extatique à sa victime, à laquelle la voix fut immédiatement ôtée. Le spectacle n'en était que plus impressionnant et grotesque à la fois, à la voir hurler sans bruit et incapable de bouger, comme retenue par un filet de verre. Severus entreprit de faire le tour de la Poufsouffle, comme si cette dernière était une statue de marbre dont il s'efforçait de capter le moindre détail de sculpture.

Je ne sais pas combien de temps elle peut tenir sans devenir folle, reconnut-il d'une voix légèrement curieuse en s'arrêtant devant le visage de Luzia, qui continuait de se tordre de douleur devant lui sans l'émouvoir le moins du monde. Le jeune homme attrapa le menton de la jeune fille et le leva légèrement, afin qu'il puisse voir ses yeux, qui eux ne pouvaient le voir : un léger voile recouvrait les pupilles de la Poufsouffle, comme si elle était subitement devenue aveugle. C'est ainsi que Severus nota soigneusement, tout en prenant son temps, les quelques observations qu'il faisait de l'état général de la jeune fille.

Aveuglement total - regarde ça Evan, c'est impressionnant. Incapacité de bouger autre chose que le visage, c'est pratique cela évite de casser des meubles comme avec le Doloris... Comme ce moldu, à Londres, vous vous souvenez, l'été dernier, un sourire pervers traversa le visage du jeune homme à l'évocation de ce souvenir, bref. La douleur a l'air intense, assez pour rameuter la moitié de Poudlard avec ses cris.

C'était peu de le dire, aussi Severus souligna-t-il cette information de deux traits plus foncés, afin que cela attire son attention quand il relirait ses notes, ce soir dans son lit au moment du compte-tendu au cartel. Un pli plus soucieux barra son front, tandis qu'il mettait enfin le doigt sur ce qui le gênait réellement, dans cette expérience :

Dommage que la demoiselle soit silencieuse, regretta-t-il comme si ça n'était pas lui qui l'avait réduite au silence, je suis curieux de savoir ce qu'elle ressent réellement. Tu peux relâcher la pression, Finn, on lui laisse quelques secondes et à toi, Rosier, si tu le souhaites.

Car il était bien sûr évident qu'ils n'en avaient pas terminé avec leur victime de la journée... Bien sûr, le Cartel allait lui accorder quelques secondes pour renouer avec son humanité, mais c'était seulement pour s'assurer qu'elle ne devienne pas trop vite folle - après tout, c'était une Jaune - avant qu'ils ne reprennent leurs exactions de plus belle. Ils pouvaient se le permettre, ils avaient encore près d'une heure de pause avant leur cours de Sortilèges... Quelle aubaine.

Spoiler:

Crier lui aurait peut-être permis d'atténuer un peu la douleur, de la faire entendre à ses bourreaux, hurler jusqu'à en crever, mais rien ne devait être pire pour elle que le silence. Son esprit devait s'embrasser à la vitesse de la lumière, brûler de l'intérieur, sans trêve. Sans répit. Tout trois avaient parfaitement conscience de l'atrocité de leur geste, ils se rendaient compte de chacun de leurs gestes et les mesuraient tous avec une extrême précision, rien n'était laissé au hasard, rien. Mêmes les visages qu'ils montraient avait été façonné par eux mêmes, ils ne laissaient rien paraître, car laisser filtrer une information aurait pu courir à leur perte. La folie. Non, ils n'étaient pas fous. La folie doucereuse que leur apportait cette expérience n'était rien à côté de la folie dans laquelle leur mignonne victime risquait de tomber. Ils aurait pu, oui il leur aurait été possible de la laisser sombrer, de laisser l’atroce douleur la consumer, mais pas ici, pas maintenant, ils risquaient trop gros, protéger leurs arrières, ce n'était pas négligeable. Et puis lui laisser quelques secondes de répit, leur laissait l'occasion de réitérer le sortilège chacun leur tours, pour deux minutes de repos, elle gagnait une heure de souffrance, ils trouvaient le compromis plutôt juste.

Le silence s'était abattu dans les toilettes, seuls les pas de Severus tournant autour de la jeune fille rythmaient la danse nocturne. L'oreille aux aguets, Rosier, quant à lui ne bougeait pas, contemplant Rogue dans ses observations suivant toujours la même rigueur et le même acharnement. Sans failles. Tout en se déplaçant il adressa quelques mots à Rosier, un sort, un souvenir commun, encore. Il était vrai que le cartel prenaient toutes leurs décisions ensemble, même celles qui n'étaient parfois pas liées à celui-ci. Mais lorsque l'on y réfléchissait bien, ils étaient tous liés, tout ce qu'ils faisaient se ramenait de prêt ou bien de loin, au cartel. La résistance des forces du mal, contre celles du bien. La tendance allait s'inverser, aucun d'eux n'en avait jamais douté. Evan reporta son regard sur la jeune femme, son visage était totalement décomposé, il portait une souffrance qu'il n'aurait sut décrire avec des mots justes, ce n'était pas définissable, mais pourtant cette expérience était l'une de celles qui lui plaisait le plus. Enrichissante en matière de magie noire, mais s'ils étaient parvenu à le maîtriser de la sorte, cela signifiait que les trois membres du cartel gagnaient en puissance, ils étaient gagnants sur toute la ligne. "Comment l'oublier ce petit idiot, ce jour là j'ai bien cru qu'on se ferait remarquer pas par ses cris, non, mais par le bruit que faisaient les meubles en se fracassant par terre. C'est un bon point qu'elle ne bouge pas, au moins on ne la verra pas se tortiller par terre tel un vers à crasse." Il marqua une courte pause, cela ne lui ressemblait pas d'aligner les phrases sans se stopper, ça ne lui ressemblait pas d'en aligner autant, surtout, mais l'expérience le faisait monter en excitation. "Regarde son visage Severus, il est encore plus parlant que ses cris, elle se décompose. La souffrance se lit dans ses yeux, et ses traits. Le sort fonctionne à merveille."
Finn relâcha enfin la pression, sous l'ordre de Rogue. C'était au tour d'Evan. Il attendait, patient. Laissant quelques secondes de répit à la jeune femme, il plongea son regard profond dans le siens, ne la lâcha pas. Il la fixait, sa baguette à la main. Elle se remettait doucement, et lorsqu'elle penserait que le cauchemar était fini, il reviendrait hanter ses rêves. Pointant sa baguette dans la direction d'Ozores, il prononça les mots dangereux avec toute la concentration possible, il ne vacilla pas. "Dolorem Ipsum". Un filet vert se dégagea de la baguette, puis montant en puissance, il la toucha de plein fouet, aucun d'eux ne pouvait rater leur cible.
Ozores plongea à nouveau dans le cauchemars. Rosier se joignit à Rogue dans ses observations et dans sa marche lente autour de leur victime. Ils étaient des bourreaux. Assoiffés de connaissances. De pouvoir peut-être.

Spoiler:

Sujet: Re: Expérience douteuse ϟ Rosier, Avery, Ozores