Et si on prenait un peu d'altitude ? [SEAN] -terminé-

" Le terrain de Quidditch. Aujourd'hui. 16h.
Prue Bones, une inconnue que tu as rencontré un jour ... "

Elle avait envoyé ce message sur le temps de midi. Prudence avait longuement hésité depuis leur dernière rencontre. Elle ignorait où cette relation les mènerait ... Et en plus, elle craignait qu'il lui pose encore d'autres questions dérangeantes. Mais c'était plus fort qu'elle ... une sorte de curiosité mal placée occupait son esprit jour et nuit. Elle voulait en savoir plus.

Elle avait dans l'idée de lui montrer qu'effectivement, elle volait sur un balais, et plutôt bien. Sans lui dire qu'elle faisait partie de l'équipe. Peut-être qu'un jour elle lui dirait ... mais pas maintenant, ils ne se connaissaient pas assez pour que Prue fasse ce genre de confidence. Seuls ses proches étaient au courant de son secret.

La belle attendait donc, au pied d'une des estrades qui délimitaient le terrain de Quidditch. Elle avait embarqué avec elle un des balais de l'école qui était posé sur le sol.

Puis il arriva, elle l'observa de loin, regardant chacun de ses mouvements. Une fois qu'il croisa son regard, elle détourna le sien, ayant eu l'impression d'être prise sur le fait ... Et quand il arriva en face d'elle, c'est un grand sourire qui se dessina sur ses lèvres.

- " Tu es venu ! " marmonna-t-elle, s'étant demandée toute l'après-midi si il viendrait au rendez-vous ...

Et si on prenait un peu d'altitude ? [SEAN] -terminé- Jen_smiling

Prue Bones. Alors c’était ainsi qu’elle s’appelait. Il n’avait jamais entendu parler d’elle. En tout cas, il ne s’en souvenait pas. Il se serait rappelé de son visage s’il l’avait déjà vu. Mais qui était-elle ? D’où venait-elle ? Pourquoi lui donnait-elle un rendez-vous ? Que voulait-elle ? Alors qu’il était censé se restaurer pour plusieurs heures de cours, l’appétit l’avait abandonné. Il n’avait pas eu à attendre longtemps au final, mais assez longtemps pour cette rencontre lui fasse avoir d’innombrables maux de crâne. Mais maintenant qu’il avait enfin des nouvelles, il se sentait mal tout court. Que lui arrivait-il encore ? Pourquoi arrivait-elle à le rendre comme ceci ?

Il sentit le stress lui tordre son estomac. Il savait que le reste de son assiette n’atteindrait jamais son but. Il relu la petite lettre une seconde fois. Il se rendit enfin compte de où elle comptait l’emmener. Un sourire timide apparut sur son visage. Il comprit un peu mieux mais en même temps, il eut peur. Elle allait se venger à sa façon. Elle ne lui ferait pas de mal, mais elle le ferait « souffrir ». Allait-il prendre le risque ? Il savait ce qu’elle allait lui demander. Il n’y avait pas dix milles possibilités. Prendrait-il le risque de répondre au défi ?

Arrivé 16h, Sean sortit du château. Il ne se pressait pas. Il n’était pas totalement sûr de lui. Pourtant, il continuait de marcher. Contrairement à chacun de ses cours de vols, il n’y allait pas en reculant. Ce fut une étrange sensation. Même lorsqu’il n’était que supporteur d’une équipe, il n’aimait pas cela. Cependant, il était juste serein. Sa boule au ventre n’avait rien à voir avec le terrain.

Il y entra observant partout. Il la remarqua très rapidement. En un coup d’œil, il put voir le balai posé près d’elle. Il lui était forcément destiné. Il tourna ensuite son regard vers elle. Celle-ci tourna le sien, comme si elle se sentait coupable. Pourtant, il ne lui en voulait pas. Il avançait juste. Plus il s’approchait, plus il sentait sa boule au ventre augmenter. Si ça continuait, celui-ci allait exploser. Il n’aurait même pas besoin d’accepter son défi pour mourir. Ça pouvait peut-être faire un bon compromis après tout. Cependant, ce scénario ne se mit pas en place. Au contraire, arrivé en face d’elle, il n’avait plus rien. Il était juste bien. Surtout en voyant son grand sourire, il ne put qu’être bien.

Je n’aurais pu manquer un tel évènement. Je n’aime pas les risques, mais je ne suis pas un trouillard pour autant !

Sa voix avait pris le ton de défi. La regardant comme s’il soupçonnait quelque chose, il murmura :

Tu crois réellement que je vais accepter de monter là-dessus comme ça ? J’espère que tu as pensé à bon compromis en échange.

Il s’installa contre un des bancs placés là pour on ne sait quelle raison. Il croisa les bras pour bien faire comprendre qu’il ne bougerait pas tant que l’affaire n’était pas équitable. Puis il ajouta avec amusement :

Fais attention à ce que tu proposes, je pourrais en profiter…

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Spoiler:

Il avait donc bien compris où elle voulait en venir. Prudence sourit d'autant plus en l'entendant lui demander si elle croyait vraiment qu'il monterait sur le balais. Et c'est là qu'il lui parla de compromis. Il fallait donc qu'elle le motive un peu à réaliser ce qu'elle lui proposait.

- " Un compromis ? " demanda-t-elle en suivant du regard le déplacement du Serdaigle qui, résigné, emprunta une pause de refus, assis sur un banc. " Pour dire vrai, je ne pensais pas que tu viendrais à parler de compromis. J'imaginais plus un refus catégorique ... et à finalement une abdication face à mon beau sourire. " dit-elle en plaisantant, gardant ce beau sourire, comme si elle espérait que ses belles dents blanches changeraient quelque chose. Mais ... rien. Le Serdaigle abordait une mine qui voulait dire : "T'es sérieuse ?", sans bouger d'un poil.

Après ce laps de temps où un silence s'était installé, Prue enchaina, comprenant bien que ce n'était pas comme ça qu'elle arriverait à lui faire changer d'avis : " Bien ... que veux-tu en échange alors, Sean ? " demanda-t-elle, à son tour de croiser les bras, un sourcil surélevé, comme intriguée par ce qu'il aurait à proposer.

Sean resta de marbre en l’entendant parler. Cependant, à l’intérieur, il fut assez amusé par sa remarque. Oui il avait failli venir en disant tout simplement que ce serait non. Il ne voulait pas voler. Mais, il savait également qu’il avait de grandes chances de se laisser persuader par la jolie jeune fille. Alors, il avait décidé de se laisser faire là-dessus du coup, mais selon quelques conditions. S’il devait avoir peur dans tous les cas, autant choisir celui qui serait le plus avantageux. Il resta donc les bras croisés avec une tête de boudeur et silencieux. Rien, aucun signe ne se montra sur lui. Cela fonctionna à merveille. Son plan fut plus qu’une réussite. Il pensait qu’elle mettrait des conditions, mais non, c’était à lui de choisir.

Un soudain sourire lumineux et malicieux monta. Il décroisa rapidement ses bras n’ayant plus besoin de bouder. Elle venait sans doute de faire une grave erreur en lui laissant champ libre. Mais après, il fallait qu’il trouve rapidement une idée. Il se leva tranquillement, prenant réellement tout son temps. Il allait essayer de gagner le plus de temps possible, il n’y avait aucun doute là-dessus. Il n’allait tout de même pas se précipiter vers sa mort. Il s’approcha d’elle et en passant, il lui glissa :

Tu ne croyais tout de même pas que j’allais louper cette chance. Comme tu l’as dit, j’aurais sans aucun doute accepté comme un fou, alors autant gagner quelque chose pour ma mort…

Il se mit ensuite à faire les cents pas. Il faisait comme un grand chercheur à la recherche de l’idée incroyablement géniale. Mais c’était plus une impression qu’autre chose. Avec un grand espoir, il y avait un peu réfléchi en marchant jusque-là. Il fallait juste qu’il peaufine sa pensée. Puis il s’exclama avec un grand sourire :

Tu devras… répondre à chacune de mes questions. Car oui, j’aurais le droit d’en poser une à chaque fois que j’aurais l’impression de mourir.

En disant cela, il se sentit moins rassuré. Il essayait d’être confiant, de jouer faire comme la dernière fois. Mais rien n’y faisait, il était mal à l’aise. Il savait ce qui l’attendait et il n’aimait pas cela. Mais il ne pouvait pas dire non, pas après tout ce qu’il avait appris. Et puis, même, il ne pourrait sortir comme ça du stade. Il voulait être avec elle, en apprendre plus sur elle, qui à devoir avoir le vertige. En y repensant, il se sentit de nouveau mal, comme s’il allait être malade. La panique lui monta à la tête. Il alla rapidement s’asseoir sur le banc. D’une voix mal assurée, il demanda :

Tu veux vraiment que je vole ? Tu veux réellement prendre cette responsabilité ? Parce que je ne vais pas être commode, si déjà j’arrive à le faire quoi…

Prue sourit un peu moins en entendant Sean lui proposer de répondre aux questions qu'il lui poserait, à chaque fois qu'il aurait l'impression de mourir. Il y avait des secrets qui ne devait pas être révélés ... Des détails de sa vie qui faisaient partie de son jardin secret. Encore une fois, elle aurait l'impression d'être mise à nue ... sans que Sean le soit. Au final, elle y gagnait quoi ? Juste la satisfaction d'avoir essayer d'aider à combattre les peurs du Serdaigle ?

- " D'accord ... mais j'ai droit à 3 joker alors. " dit-elle en se rapprochant du jeune homme qui s'était assis sur le banc, comme s'il essayait de calmer son stress. Il posait déjà plusieurs questions à la fois, demandant à Prue si elle était certaine de vouloir le voir voler. Elle s'assit à ses côtés et y déposa sa main sur la sienne, comme pour le faire taire ou le détendre. Sa main était chaude et Prue sentit son coeur s'accélérer. Puis, elle releva ses yeux bleus ciel en direction du jeune homme.

- " C'est pas compliqué de voler. Puis je vais pas te balancer sur le balais tout seul. On va voler à deux dessus. T'auras juste qu'à fermer les yeux quand tu as peur. " expliqua-t-elle calmement. Elle comptait pas non plus lui faire des figures sur le balais. Le but n'était pas de lui faire peur ... juste de montrer de quel monde elle faisait partie quand elle volait, lui montrer que l'altitude avait des beaux côtés, nous offrant une vue magnifique.

Prue n’avait pas l’air très contente face à sa proposition. Et oui, il avait encore réussi à mettre les avantages de son côté. Mais il pensait qu’elle avait oublié certains points très importants. Sa demande risquait d’être compromise très rapidement. Elle s’approcha tout de même de lui et mit une petite condition. Il ne pouvait pas dire non. Cependant, ça risquait de le bloquer plus encore que prévu. En même temps, il en savait déjà pas mal sur elle. C’était à son tour de prendre l’avantage et de le mettre à nu en quelque sorte. Il lui souffla donc :

Tu sais, tu auras un gros avantage sur moi. Ce n’est même pas sûr que je puisse te demander quoi que ce soit de réfléchi. C’est toi qui pourras en profiter…

Puis il se tut d’un coup. Il fit une tête comme s’il avait fait une gaffe. Il plaça une main devant sa bouche et s’exclama surpris :

Oups… J’aurais mieux fait de me taire… Oublie ça veux-tu ?

Il lui fit un petit clin d’œil avec son sourire en coin. Il laissa retomber sa main sur sa jambe. Il se sentit soudain beaucoup moins sûr de lui. Il eut énormément de mal à le cacher. En fait, il n’essaya même pas. Il devait lui faire confiance, sinon il ne pourrait jamais monter sur ce balai. Alors, elle devait connaître ses peurs. Sinon, elle se retrouverait avec une crise de panique sans rien comprendre. Un frisson le parcouru. Il baissa les yeux et vit sa main posée sur la sienne. Il pouvait sentir tous les petits points de contact entre les deux. Toutes les petites connections, tous les effleurements, il sentait tout. Il ne bougea plus. Il ne dit plus rien. Il ne voulait pas qu’elle parte.

Il leva la tête et vit son regard posé sur lui. Il ne la quitta plus des yeux. Elle était là. Juste là pour lui. Elle parla calmement. Elle le calma. Elle essayait de lui donner confiance. Il buvait ses paroles. Il voulait que ce moment dure. Mais que lui arrivait-il ? Que se passait-il ? Il coupa le contact, des yeux et des mains. Il se leva rapidement. Il baissa la tête et regarda le sol. Il se sentait mal tout d’un coup. Il ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait. Il marcha un peu. Comme s’il allait partir.

Il se reprit tout de même rapidement. Il se retourna et fit un sourire. Celui-ci était timide. Il était tout de même un peu rouge. Mais il se rapprocha, prit le balai d’une manière maladroite. Ça pouvait se voir qu’il n’avait pas l’habitude d’avoir ça dans la main. En rigolant, il demanda :

Ça fonctionne comment ce truc ? Il y a un bouton ? Tu me montres peut-être ?

Puis il la regarda. Il n’était pas bien mais en même temps à l’aise. Il avait peur, de sa réaction à lui, à elle, de son malaise incompréhensible, de cette idée de voler. Mais il ne voulait pas être ailleurs et ça aussi ça le perturbait. En le regardant, il dit timidement :

Tu viens ?

Spoiler:

Prudence rit en entendant le jeune homme gaffer, alors qu'il venait de lui expliquer l'avantage qu'aurait la jeune Serdaigle sur lui : elle pourrait profiter de sa faiblesse une fois en haut pour avoir le dessus sur les questions ...
Comme si elle n'y avait pas pensé ! Mais elle le laissa dans le doute ... ne relevant pas la facilité qu'elle aurait sûrement à le faire parler, une fois sur le balais.

Puis il se releva soudain. Il fit mine de partir avant de revenir et de s'emparer du balais, posant quelques questions sur la fonctionnalité de ce "truc" comme il disait si bien. Prudence se releva aussitôt, morte de rire en entendant Sean parler de bouton pour le faire fonctionner.

- " Arrête. " dit-elle en lui reprenant la comète des mains, encore en train de rire. " Tu vas te faire mal. " poursuivit-elle dans un sourire, le voyant prendre le balais à l'envers, risquant de se mettre les branches dans les yeux. " T'es vraiment jamais monté là-dessus ? " demanda-t-elle en le déposant sur le sol délicatement, comme si il s'agissait de la porcelaine. " Tu sais, c'est très docile, les balais. Tu leur dis debout, " ... expliquait-elle alors que le balais s'éleva dans les airs pour arriver dans la main de Prue. " Et ils volent déjà dans les airs. Tu vois ? " demanda-t-elle tout en montant dessus d'abord.

- " Allez, mets-toi juste derrière moi. " lui proposa-t-elle, poursuivant ainsi ses indications. " Après, tu mets tes mains sur les miennes. Vas-y, n'aie pas peur. " ajouta-t-elle pour le mettre en confiance. Alors qu'il entourait ses bras autour d'elle, Prue sentit une chaleur au fin fond de son corps. C'était la première fois qu'elle se sentait aussi proche de lui, corporellement parlant. Elle sentait son souffle sur sa joue, son odeur ... Elle se surprit à garder le regard sur lui, ... et déstabilisée, elle se reprit, se rappelant qu'elle était là pour le faire voler. " Bon ... maintenant que tu te tiens bien, je vais faire une petite impulsion sur le sol. On va juste voler à quelques centimètres du sol, hein ? T'inquiète pas. " continua-t-elle de tout lui expliquer, tout en essayant de le rassurer. Puis, ils décolèrent, sans se déplacer, ils étaient dans les airs, à quelques centimètres du sol. Prue posa encore une fois son regard sur Sean, tournant la tête dans sa direction. " ça va ? " s'inquiéta-t-elle.

Elle n’avait pas dû entendre sa dernière petite réplique. Elle s’était en fait relever directement en rigolant. Il fallait dire qu’il devait être assez drôle avec ce balai dans ses mains. Surtout en le prenant à l’envers. Il n’avait pas fait attention sur le coup, il l’avait juste pris afin de cacher son malaise. Mais maintenant qu’elle le récupérait, il put remarquer sa première erreur. Comment montrer qu’il n’y connaissait rien en un geste. S’en était au point qu’elle se demandait s’il avait déjà eu un cours de vol. Il sourit à cette remarque. Il ne dit rien cependant. Il fallait dire qu’il n’avait pas été très attentif à partir du moment où il avait été torturé lors de son premier cours.

Il la regarda commencer le cours de vol. C’était tellement plus intéressant qu’en première année bizarrement. Elle prenait le balai comme s’il risquait de se casser à chaque fois qu’on le frôlait. Il n’arrivait pas à comprendre ce lien. Il voyait le morceau bois comme un objet de torture tandis qu’elle voyait cela comme un rêve. Ils avaient une vision tellement différente. Ils avaient même une façon de vivre différente. Rien qu’un petit exemple : le balai arriva tellement docilement dans sa main alors que pour lui, il n’arrivait jamais à le faire voler ou sinon il faisait n’importe quoi. Comment voulez-vous qu’il y ait une quelconque envie de voler après, hein ? Si on ne peut pas faire confiance à cet objet et qu’on a le vertige, c’est juste impossible.

Le serdaigle la vit monter sur le balai. Il savait ce qui allait suivre. Il allait devoir monter lui aussi. Il hésita. Il ne voulait pas. Le balai ne tiendrait pas. Il était trop lourd. Comment supporter un tel poids ? Mais il ne put dire non. Il avait en quelque sorte promis en silence. Ils avaient un pacte. Alors il s’approcha lentement. Il suivit ses instructions. Il s’assit derrière elle. De peur il dit :

Euh, on n’est pas un peu trop lourd à nous deux pour un morceau de bois ? non ? Bon d’accord ça va j’écoute…

Au même moment, il entendit son indication suivante. L’entourer de ses bras ? Pourquoi faire ? Il la regarda un peu surpris. Cependant, il ne dit rien et s’exécuta. Il ressentit une chaleur intense monter en lui. Il était collé à elle. Il sentait son corps contre le sien. Il était tout chaud. Ils se regardèrent dans les yeux un moment. Mais elle coupa rapidement le contact. Il n’entendit pas ses paroles. Il se crispa quand il sentit ses pieds quitter la terre. Que se passait-il ? Ses mains se serrèrent sur les siennes. Il ressentit son regard sur lui. Une vraie inquiétude se lisait sur son visage. Il essaya de se décrisper. Il se rendit compte qu’il devait lui faire mal.

Excuse-moi. Je ne m’y attendais pas. Enfin, disons que ça faisait longtemps…

Il baissa les yeux. Il avait honte. Ils avaient à peine volé et déjà il avait peur. Il était ridicule. Il tenta de s’expliquer :

Je dois avouer avoir tendance à sécher régulièrement ce cours. Promis, c’est le seul.

Il lui fit un petit sourire. Les serdaigles étaient connus pour travailler tout le temps et ne pas sécher. Il venait tout juste de casser cette tradition, ou du moins l’avouer. Il baissa de nouveau les yeux, inquiet. Il se mordit la lèvre avant de demander avec appréhension :

Comment vont tes mains ? Je ne voulais… Je… Juste, je ne sais pas, ça me crispe.

Puis il déplaça ses mains, les plaçant sur le bois derrière celles de Prue. Il aurait voulu les laisser à leur place, mais il ne pouvait se permettre de lui casser ses doigts. Casser ses doigts ? Il ouvrit tout d’un coup ses yeux de façon assez horrible :

Tu dois nous faire descendre. Tu risques de te faire mal. Je ne veux pas que tu prennes de risque pour me faire peur. Tu dois bien pouvoir trouver autre chose. Je ne veux pas que tu te casses quelque chose pour ça. Fais-moi un interrogatoire s’il le faut, mais descend de là s’il te plait ?

Il la suppliait presque sur la fin. Il venait tout juste de se rappeler de leur dernière et première conversation et plus précisément de sa maladie. Il avait été tellement content de la revoir qu’il avait oublié. Mais maintenant, il ne pouvait prendre aucun risque. Elle ne pouvait terminer à l’hôpital à cause de lui, si ce n’est pire…

Prue ? S’il te plait ?

Spoiler:

Alors qu'elle avait réussi à le convaincre de s'asseoir sur le balais, et même de voler, même si ce n'était qu'à quelques centimètres du sol, Sean pensait à la maladie de Prue et semblait être mort de trouille .... plus parce qu'il était en faible altitude, mais surtout pour elle et sa santé. Il devait apprendre à lui faire confiance. Il devait déjà le savoir : elle ne se contenterait pas de rester la fille sage comme le voulait sa très chère mère. Prudence portait mal son nom et ne ferait pas en sorte d'être prudente. Être sur un balais, ça faisait partie de sa vie. Et Sean devait le comprendre.

Il avait serré ses mains autour des siennes, sans le vouloir. Mais il n'y avait rien de cassé. Il n'y avait aucune raison de s'inquiéter et de descendre du balais. Ils n'étaient pas en train de faire des pirouettes dans les airs ... ils étaient juste immobile, non loin du sol.

- " C'est pas une excuse pour descendre plus vite du balais ? Parce que si c'est le cas, il va falloir trouver autre chose. " dit-elle en haussant les épaules, un mince sourire aux lèvres. " Sean ... on vole même pas là. On est dans les airs à l'arrêt, et ... " dit-elle en se penchant un peu sur le côté pour regarder vers le bas. " Y a peut-être 5 centimètres grand max entre le bout de tes chaussures et le sol. " l'informa-t-elle en reportant son regard vers le jeune homme. Son inquiétude pour elle ne l'atteindrait pas. Elle était bien trop habituée à ce qu'on s'inquiète pour elle. Et ça ... il l'apprendrait sûrement tôt ou tard.

- " J'vais te faire un aveu ... " confia-t-elle se montrant tout à coup mystérieuse. " J'ai déjà volé à bien plus haut que ça ! " dit-elle, lui faisant comprendre implicitement qu'elle ne descendrait pas du balais pour cette raison-là. Elle savait très bien ce qu'elle faisait ...

Sean était vraiment inquiet. Elle ne se rendait pas compte du risque énorme qu’elle prenait ? Ne se rendait-elle pas compte qu’elle pourrait mourir ? Ils étaient deux sur le balai, cela ne pouvait pas aider. Il savait qu’il mettait un poids considérable en plus avec elle. Il n’était pas léger. Et elle, tout ce qu’elle trouvait à dire c’était qu’ils volaient à peine. Elle se moquait juste de lui. Certes, il n’était pas à l’aise, mais là n’était pas la question. Seulement, ils arrivaient maintenant à un problème assez énorme : qui aurait le dernier mot ? Elle ne descendrait pas de là. Comment faire ? Comment la convaincre ? Comment l’empêcher d’aller à l’infirmerie ? Il s’en voudrait pour toujours si elle se blessait.

Ça va être ça alors ? La guerre pour celui qui aura le dernier mot ? La sécurité ou la folie ? Te rends-tu seulement compte de ce que tu me demandes ?

Il la regarda. Elle ne répondrait sans doute pas. Elle savait très bien ce qu’elle avait en tête. Mais elle ne l’écouterait pas. Elle était têtue, et d’une façon bien plus obstinée que lui. Il avait bien envie de croiser les bras, mais il ferait pencher le balai en arrière. En même temps, s’il se faisait mal, peut-être qu’elle n’irait pas vers les enfers ? Il fronça les sourcils. Il ne pouvait faire ça. Ce serait idiot de sa part ou tout court même. Elle le piégeait comme avec un enfant. Elle savait si prendre, elle avait l’habitude. Il souffla de désespoir et murmura avec soupirs :

Très bien, tu veux voler, on va voler. Mais crois-moi, si tu te casses quoi que ce soit, tu m’écouteras la prochaine fois. Tu le regretteras comme jamais. Alors fais attention à toi, compris ?!

Sa voix était un mélange de colère, d’avertissement et d’inquiétude. Il y avait même un peu de supplication. Il ne savait pas pourquoi, il avait plus que peur pour elle. Il en oubliait presque qu’il n’était plus sur le sol. Jusqu’à ce qu’il revoit son geste de penchement. Là, il regarda le sol et releva les yeux vers elle. Il avait mieux ça. Ses yeux étaient perçants, ils étaient remplis de persévérance et d’entêtement. Il fallait qu’il l’avoue : ça lui allait bien. Lui par contre, il devait avoir une tête de première année stupide à tous les coups. Il souleva ses mains, déclenchant l’accélération et la montée du balai :

Oups… Je crois que j’ai fait une bêtiiiiiise…

Sa voix partait dans le vent tandis qu’ils montaient dangereusement. Qu’avait-il fait encore ?

Pruuuue ! A toi de joueeeeer !

Prue avait l'impression que Sean s'énervait. De la folie ? Elle ne le voyait pas ainsi ! Elle s'était déjà faite plusieurs fractures durant les match ... mais uniquement durant les match ! Là, il s'agissait de voler, tout simplement. Y avait pas plus simple pour Prudence, qui voyait pas du tout le danger dans ce petit exercice. Mais peut-être était-ce une bonne chose qu'il mette toutes ses craintes sur cette inquiétude qu'il avait envers Prue, oubliant ainsi sa propre peur ... Alors la jeune Serdaigle ne répliqua rien, le laissant parler. Et puis, c'était pas tout a fait le bon moment pour débattre sur ce sujet.

Sean indiqua au balais de s'élever dans les airs, sans le faire exprès. Le balais accéléra petit à petit. Le jeune garçon se sentait dépassé, ne sachant pas quoi faire pour rectifier son erreur. Alors, tout en criant de panique, il recommanda à Prudence de reprendre les rennes. Délicatement, elle déposa sa main sur celle de Sean et mit une légère pression vers le bas, tout en gardant le manche incliné vers le haut pour effectuer un freinage doux. Leur trajectoire changea, et le balais descendit doucement.

- " ça va, Sean ? " s'inquiéta-t-elle alors que le balais se stabilisait petit à petit, jetant un regard derrière elle. " T'es prêt à tourner à gauche ? " lui demanda-t-elle, un mince sourire sur les lèvres. " Faut que tu bascules en même temps que moi. On se penche légèrement à gauche et ... " dit-elle, joignant ses paroles au geste. Doucement, elle lui indiqua la position dans laquelle il devait se mettre, et le balais tourna doucement. " ... On tourne ! " s'exclama-t-elle. Puis Prue se positionna droite, invitant Sean à faire de même et le balais poursuivit sa trajectoire tout droit cette fois-ci.

Ils étaient toujours à quelques centimètres du sol. Prue stoppa le balais dans les airs en relevant tout doucement le manche vers elle et se tourna encore une fois vers Sean : " On fait une dernière chose avant d'en terminer là. Tu me fais confiance ? " lui demanda-t-elle dans un sourire qui se voulait rassurant. " Pas de looping, promis ! " le rassura-t-elle avant qu'il n'ait la crainte d'avoir l'estomac retourné ... et de voir Poudlard à l'envers.

Pourquoi Sean avait-il fait cela ? Comment avait-il fait cela ? Ils étaient en train d’accélérer et il ne savait pas quoi faire. Il avait l’impression de voler vite, trop vite. Il sentait l’air dans ses cheveux. Il voyait surtout le sol s’éloigner rapidement. Il devint pâle. Il ne pouvait pas le supporter. Il avait besoin d’avoir les pieds sur terre. Il serra le manche de toutes ses forces. Une chance qu’il avait décalé ses mains juste avant, sinon celles de Prue n’auraient été plus que de la purée. Il plongea sa tête derrière le dos de Prue et ferma intensément les yeux. Il ne fallait pas qu’il regarde plus, sinon il allait avoir le mal de quidditch.

Il sentit le balai descendre petit à petit, mais surtout une main sur la sienne. Cette dernière sensation, il avait failli la louper tellement il était crispé. Il se rendait compte que la descente était légère. Elle savait y faire. Son estomac reprenait sa place dans son ventre. Il essaya de se détendre, mais il avait du mal. Il fixa ses pensées sur sa main, la décontractant petit à petit pour apprécier le contact. Il avait toujours son visage caché dans son dos. Il entendit un lointain « ça va » mais il ne put y répondre. Il n’était pas sûr que ce soit un son qui en sortirait.

Il perçut un changement dans sa position. Il était tellement collé à elle au final qu’il tourna en même temps qu’elle. Leur trajectoire partit sur la gauche ou peut-être la droite. Il n’arrivait pas à se mettre d’accord avec lui-même là-dessus. Il décala légèrement la tête, ouvrit délicatement un œil et vit qu’effectivement ils avaient tourné. Il vit également qu’ils étaient presque au niveau du sol. Il eut honte. Il devint rouge tomate sur ses joues, même si le reste de son visage restait pâle. Il ne lâcha pas pour autant la jeune fille. Sa présence le rassurait comme jamais en cet instant. Enfin, ça le rassurait jusqu’au moment où elle lui demanda de faire une dernière chose, surprise bien entendu. Il décala entièrement sa tête et eut un petit sourire en entendant sa promesse. Bizarrement, ça ne le mettait pas à l’aise du tout.

Je crains le pire, mais ai-je le choix ? Je t’aurais prévenu que je n’aimais pas ça, tu ne pourras pas dire le contraire…

Sa voix était toute brisée, fragile. Cependant, c’était mieux que ce à quoi il s’attendait. Il ne pensait pas que des mots arriveraient à sortir de sa bouche. Il avait hâte de toucher le sol avec ses pieds. Il savait que dès que ce serait le cas, il redeviendrait normal et en forme, au bout de quelques minutes seulement. Il se rapprocha de son oreille et lui glissa :

Tu ferais mieux de te lancer avant que je tombe comme une pierre. Enfin, sauf si tu souhaites m’accompagner à l’infirmerie ?

Il glissa ensuite ses bras pour avoir une meilleure attache au balai. En même temps, il la sentait mieux contre lui. Elle était dans ses bras au final. Il garda sa tête près de la sienne et se força à garder les yeux ouverts. Que les montagnes russes commencent !

Spoiler:

Cette proximité, ces chuchotements dans son oreille ... comment faire pour calmer subitement les battements de son coeur qui semblaient se presser dans un rock n'roll devenu incontrôlable ? Elle mit un moment avant de répondre à Sean, le temps de reprendre ses esprits. Elle se sentait encore plus dans ses bras en cet instant. Elle tourna donc une dernière fois sa tête en sa direction, lui donnant les dernières indications :

- " Ne regarde pas le sol, regarde droit devant toi. " dit-elle avant de commander son balais d'aller vers les hauteurs. " Prenons un peu d'altitude. " marmonna-t-elle, sans que ces mots ne soient destinés au jeune homme. Le balais montait, tout doucement, sans allure brusque ... et bientôt, ils eurent l'occasion d'avoir une vue imprenable sur le château et sur le lac. Le soleil était prêt à se coucher. Il était si tard que ça ? Elle n'avait pas vu le temps passé ...

Le balais était immobile dans les airs, et Prue, dans un sourire en direction de Sean, lui demanda : " Alors, ça en vaut la peine quand même, non ? "

Rien n'était comparable à ce spectacle fabuleux. Prudence était une personne différente sur un balais : pleine de confiance en soi, dégageant une sérénité qui lui était rare. Elle était plutôt impulsive comme fille, avec un caractère bien trempé ... et une boule d'énergie qui ne demandait qu'à s'épuiser. Pourtant, là dans les airs, elle restait cette jeune fille calme, concentrée au moindre mouvement, donnant l'impression de vivre à chaque fois une expérience unique, incroyable. Chaque vol était comme une première fois, un sentiment de liberté qu'elle trouvait si rare ... une bouffée d'air frais. Tout ce que Dexter ne comprenait pas en essayant de la convaincre de renoncer à leur accord ...

Sean s’attendait à partir à toute vitesse dans le stade. Mais ils ne bougèrent pas. Ils restèrent sur place. Il fronça les sourcils et tourna les yeux vers elle. Il sentait sa présence toute chaude contre lui. Il en oubliait presque où il était, où à quelle hauteur il était. Elle le regarda quelques secondes plus tard. Elle lui donna quelques instructions. Il n’écouta que la première partie : ne pas regarder le sol. Il écouta avec bonheur et la regarda elle à la place. Elle ne devait pas le remarquer. C’était peut-être mieux comme ça. Elle avait l’air tellement concentré, calme. Elle était posée et attentive en même temps. De petites rides se fronçaient au niveau de ses yeux, mais cela lui donnait un certain charme. Elle finit cependant par se tourner vers lui. Il détourna alors rapidement son regard. Il venait de la fixer.

Autour de lui, il pouvait voir tout le domaine. Le lac était calme et le château semblait silencieux. Surtout, il ne voyait plus les tribunes du stade qui l’avaient entouré toute l’après-midi. Il eut le mauvais goût de regarder vers le sol. Il regretta aussitôt. Une pâleur monta dans ses joues. Il releva rapidement la tête, secouant les deux serdaigle. Il replongea son regard vers la jeune fille. Il souffla calmement une bonne minute avant de dire en murmurant :

Je pense je pourrais mieux profiter encore sans mon vertige. J’ai sans doute eu la mauvaise idée de regarder le sol. Mais je dois l’avouer, la vue est magnifique.

Bizarrement, il ne savait pas s’il parlait du paysage ou d’autre chose. Prue semblait bien ici, dans les hauteurs. Elle était sereine. Sean se doutait qu’elle pourrait rester des heures sans bouger. C’était sans doute le seul moment où elle pourrait faire cela. Ils étaient si opposés. Sean, au contraire, était crispé, tendu, il était incapable de se détendre totalement tandis qu’elle était partie dans ses rêves. Elle n’était plus vraiment présente. Alors qu’au sol, c’était lui le rêveur et elle l’agitée. Comment une telle différence était possible ? Pourquoi cela ne le dérangeait pas ?

Il restait là à la contempler sans rien dire. Il aimerait tellement savoir ce qu’il y avait dans sa tête en ce moment. Il aimerait comprendre ce qu’elle ressentait en volant. Qu’est-ce qui ressortait de ces vols ? Qu’est-ce qui changeait en elle par rapport à d’habitude ? Devenait-elle quelqu’un d’autre ? Montrait-elle seulement une autre part d’elle-même ? Le partageait-elle ?

Une mèche de cheveux se détacha du reste pour passer devant son visage, battue par le vent. Il essaya de lâcher le balai avec lenteur. Son premier geste fut de le rattraper. Petit à petit, cependant, il réussit à le faire. Il attrapa délicatement la mèche, la déplaça frôlant son visage et la déplaça derrière son oreille. Son visage était toujours aussi près du sien. Il plaça sa main dans son cou, entre sa joue et sa nuque et s’approcha doucement. Il sentit son nez contre le sien. Ses lèvres effleurèrent les siennes jusqu’au moment où il les posa tendrement mais fermement. Il ferma les yeux et l’embrassa oubliant tout le reste. Il l’embrassa simplement…

Prudence s'y attendait, à ce baiser. C'était sans surprise. C'était leur deuxième rencontre, mais Prue avait bien remarqué depuis les questionnements du garçon qu'il se passait quelque chose. Elle avait compris ses battements de coeur accélérés ... cette envie de le voir ! Alors, quand il retira ses mains du balais pour accrocher une de ses mèches derrière son oreille ... elle sentit son coeur s'arrêter de battre. Elle s'y attendait. Il déposa une main sur sa nuque pour l'inviter à partager un baiser qu'il lui offrit, malgré son vertige. Leurs lèvres se scellèrent, et Prudence apprécia ce baiser, sentant son coeur battre à nouveau à une vitesse folle.

Sans regarder, et pour éviter à Sean un vertige de plus, elle appuya sur son balais pour qu'ils descendent en douceur. Absorbés par ce baiser, ils ne sentirent même pas que petit à petit, le jeune couple redescendait sur terre. Prue avait déposé sa main de libre sur la joue du garçon, répondant à son baiser ... pour enfin, toucher la terre ferme. Leurs pieds touchant le sol, leurs lèvres se quittèrent. C'était comme si dans les airs, ils avaient vécu un rêve qui leur avait paru si court, mais qu'à présent, ils revenaient à eux, dans la réalité. Et surtout, qu'ils réalisaient qu'ils s'étaient embrassés.

Elle n'osait pas ouvrir les yeux ... comme si elle voulait encore rêver à ce baiser ! Mais un évènement inattendu allait la ramener au monde réel, malgré elle ...