Mission mangemorts ❝ Les ombres du passé (A. DOLOHOV)

Le regard vissé sur sa victime, la baguette pointée vers le corps agonisant de Druella Blackburn, Bellatrix jubilait. L'incantation que subissait l'infortunée secouait son corps de violents spasmes de douleur qui arrachaient des cris de terreur à ses morveux. Bellatrix n'avait d'yeux que pour son œuvre destructrice. Elle donnait la mort, tandis que les enfants pleurnichards étaient la vie – peut-être était-ce la raison pour laquelle son unique enfant n'avait pas survécu l'accouchement. Bellatrix n'était pas faîte pour donner la vie – seulement pour l'arracher. Après tout, les mangemorts étaient comme des messagers noirs ; ils étaient les cavaliers de l'Apocalypse, plus nombreux et plus fatals. Bientôt, les cadavres des Blackburn couveraient le sol en moquette de la petite chambre et la marque des ténèbres illuminerait le ciel au-dessus de leur maison.

Alors que la victoire semblait imminente, un chat sortit de nulle part et lâcha un miaulement qui détourna l'attention de Bellatrix. L'épouse Blackburn saisit l'opportunité et lança un sortilège contre son bourreau, aisément paré par la mangemort dont les yeux sombres brillèrent d'un éclat de colère. Cependant, elle ne remarqua que trop tard que l'attaque de sa victime avait détourné l'attention d'Antonin qui reçut le sortilège de Morpheus en pleine poitrine. Bellatrix pivota, tandis que Druella Blackburn attrapait ses enfants par la main et transplanait. « Comment oses-tu ? » éructa-t-elle à l'encontre du sorcier, son regard se figeant sur la statue qu'était devenu Antonin. « Tu vas me le payer très cher » siffla la sorcière en faisant un pas vers sa victime, les mains tremblantes de l'adrénaline du meurtre. Il n'était plus question de jouer, à présent. Elle leva sa baguette et d'un Endoloris, envoya Blackburn au tapis. Tandis qu'il se tordait de douleur, le visage de Bellatrix s'illumina d'un immense sourire. La sorcière se repaissait des souffrances de sa victime. Elle se pencha pour récupérer la baguette du sorcier et la glissa dans les larges poches de sa cape, s'assurant l'absence de toute opposition. D'un mouvement du poignet, elle fit cesser la torture et reporta son regard sur Antonin. Figé dans son mouvement, il avait la beauté d'un éphèbe grec – le même pâle éclat que lorsqu'ils étaient tous deux à Poudlard. Bellatrix ne regrettait pas de l'avoir aimé – et de toujours l'aimer, au fond de son être en ruines. Elle tendit une main vers sa joue quand un gémissement lui rappela qu'elle avait une mission à accomplir.

Sans quitter sa contemplation du visage de son amour perdu, elle exécuta Morpheus Blackburn. Le rayon vert illumina la chambre, couvrant la petite maison d'un profond silence. Bellatrix ignorait si le sortilège stupefix coupait entièrement sa victime du monde, ou bien si Antonin se rappellerait de tout. Elle décida que cela n'avait aucune importance et se hissa sur la pointe des pieds pour embrasser Antonin. Puis, elle recula et le libéra de l'emprise du sortilège. Leur mission était terminée. Mais ils avaient d'autres problèmes plus importants à régler – notamment le feu qui couvait sous les braises de leur soi-disant défunte passion.

Dragées:

Dolohov n'était pas parvenu à anticiper le mouvement de Blackburn et s'était cruellement retrouvé hors compétition, emprisonné dans son propre corps, tout juste assez éveillé pour pouvoir suivre du regard, impuissant, l'épouse Blackburn qui s'évaporait avec ses deux enfants, laissant derrière elle son mari que Bellatrix tenait en joue, rendue folle de rage par ce retournement de situation. Une seconde plus tard, le sorcier faisait les frais de la colère de l'épouse Lestrange et se tordait de douleur sur la moquette de la chambre, presque aussi impuissant que ne l'était déjà Dolohov. Dolohov, dont la colère était à peine moins brûlante que celle de son aimée : pourquoi ne le libérait-elle pas ? Pour pouvoir tirer toute la gloire de cette mission, assurément, et révéler à tous que le privilège de tuer Blackburn lui était revenu à elle, puisque Dolohov avait été malencontreusement surpris par un misérable Petrificus Totalus... C'était bien son genre, à cette garce, que de piétiner quiconque lui faisait obstacle sur le tortueux chemin de la gloire, sur le chemin qui menait droit aux inestimables faveurs de Lord Voldemort... Quitte à piétiner sans aucun regret son ancien amant, celui qui se serait volontiers tranché les veines pour elle...

Mais manifestement se trompait-il, ou alors Bellatrix avait-elle intercepté le cours de ses pensées, car à cet instant elle relâcha sa victime de son emprise et se tourna vers son ancien amant, le regard indéchiffrable. Avec une fureur soudain décuplée, Dolohov la vit lever doucement sa main d'albâtre dans le but évident de la poser sur sa joue, lorsque Blackburn parvint enfin à se rendre un peu utile et poussa un gémissement pitoyable. Sa diversion fonctionna, et la main s'éloigna instantanément de la joue figée de Dolohov, lequel se serait de toute façon dégagé s'il en avait eu la possibilité. Elle n'avait pas le droit de profiter de sa faiblesse, de faire de lui son jouet dont elle ne pouvait profiter que lorsqu'elle le décidait. Elle savait qu'il ne le tolérerait pas, qu'il ne l'aurait pas toléré si elle lui en avait laissé le choix. Un éclair vert traversa alors la pièce, distrayant un court instant le Mangemort du cours furieux de ses pensées, et Blackburn s'effondra sur le sol pour ne plus jamais se relever. Bellatrix, elle, n'avait pas quitté Dolohov des yeux, même en lançant son Sortilège Impardonnable : si bien que soudain, à l'instant même où elle approchait ses lèvres du visage figé de son ancien amour, celui-ci comprit que l'impardonnable à cet instant précis n'était pas de tuer cet homme, de brûler sa maison et de traquer le reste de sa famille, non, l'impardonnable, c'était de l'embrasser ainsi, de l'embrasser comme elle n'aurait jamais dû le faire. Et soudain, Dolohov fut de nouveau libre de ses mouvements.

Comment oses-tu ! gronda-t-il aussitôt en repoussant violemment Bellatrix pour s'éloigner d'elle, tremblant d'indignation et les yeux étincelant de rage, COMMENT OSES-TU ! hurla-t-il en se retournant vers elle, qu'est-ce que tu croyais faire, là, au juste hein ? C'était quoi, ça ? Réponds-moi !

Spoiler:

À l'instant où Bellatrix retira ses lèvres de celles d'Antonin, elle vit la colère envahir ses yeux. Le sortilège le libéra de son inertie et la fureur de son ancien amant explosa. Il la repoussa violemment et s'emporta. L'ombre d'un sourire courut sur le visage de la mangemort. Depuis le début de la soirée, Antonin restait sombre et discret. La colère qui l'animait éveillait le feu dans ses yeux, couvrant son visage pâle d'une coloration carmin. Bellatrix était parfaitement consciente qu'elle avait dépassé les bornes tacites qu'ils s'étaient imposés en se séparant pour de bon ce jour-là, dans l'église. Ils s'étaient dit adieu en un regard, refermant les pages de leur histoire. Poudlard avait gardé le secret de leur amour et jamais encore Bellatrix n'avait laissé ses sentiments prendre le pas sur sa raison. En ce soir de mission, l'adrénaline courant dans ses veines avait libéré une petite partie de son cœur, son sang palpitant comme jamais dans ses veines – et elle avait commis l'impensable. Elle n'avait pas le droit d'agir ainsi.

Antonin fulminait face à elle. Ses traits tirés par la colère n'en étaient que plus beaux aux yeux de la sorcière qui, pour la première fois, ne savait que répondre. Elle avait cru au plus profond d'elle-même qu'il la rejoindrait dans cette étreinte, au nom de leurs souvenirs communs. Il n'en était rien et Antonin semblait lui en vouloir profondément. Bellatrix ravala sa fierté égratignée et ne brisa pas le lien unissant leurs yeux, soutenant le regard perçant de son compagnon. « Les années t'ont rendu plus froid que je ne l'aurais cru » dit-elle avec nonchalance en tournant les talons pour s'accroupir devant le cadavre de Blackburn et briser sa baguette. Le profond égoïsme qui muait Bellatrix éclatait dans toute sa splendeur. Elle avait embrassé son ancien amant pour son bon plaisir, comme on use d'un jouet avant de s'en débarrasser. Certes il restait, au fond d'elle, un reste de leur amour ; mais elle ne venait d'agir que pour elle. Qu'il l'aime encore ou n'ait pour elle que mépris, elle s'en fichait. L'ombre d'un espoir avait cependant précédé sa cuisante déconfiture. Il ne semblait pas si prompt qu'elle à faire un écart.

Bellatrix se redressa et se retourna, faisant de nouveau face au mangemort. « Tes lèvres ont le même goût que lorsque nous étions adolescents » dit-elle avec un sourire amusé. Sa contenance récupérée, elle n'était pas le moins du monde gênée par la situation, bien que son orgueil eut prit une sacré baffe. « Je suis ravie que nous ayons pu vivre cette après-midi à Londres » ajouta-t-elle sur le ton de la conversation. Elle se souvint des deux adolescents se promenant dans les rues de la capitale. Leur diplôme en poche, ils s'offraient un seul instant de plaisir au cœur de Londres. La nouvelle du prochain mariage avec l'héritier Lestrange était tombé et il ne leur restait que très peu de temps avant d'être séparés pour de bon – une semaine, pour être exact. Ils s'étaient offerts l'un à l'autre, une seule fois. « D'ailleurs, nous... »

La phrase de Bellatrix resta en suspend. Elle détourna aussitôt la tête, rompant le contact visuel avec Antonin. Elle avait failli faire un pas de trop. Elle s'était juré qu'elle emporterait son secret dans la tombe. Pourquoi, alors, avait-elle failli le divulguer ? Elle espéra qu'Antonin ne se focalise pas sur sa phrase inachevée et prit la direction du couloir, traversant la chambre vers la porte.

Spoiler:

Jamais homme n'avait autant détesté la femme de sa vie que Dolohov à cet instant précis. Elle osait lui reprocher sa froideur, elle osait s'étonner de sa réserve, de son refus catégorique de la laisser lui faire plus de mal qu'elle ne lui en avait déjà fait. Elle osait le lui reprocher avec un tel détachement, comme si cela l'étonnait, mais pas assez pour la contrarier véritablement. Comme s'il s'agissait d'un caprice de peu d'importance, en somme. Un enfantillage. Antonin poursuivit Bellatrix de son regard rageur tandis que cette dernière se dirigeait nonchalamment vers la dépouille de Blackburn pour la délester de sa baguette. Blackburn n'avait péri qu'une seule fois de la main de l'épouse Lestrange. Bienheureux Blackburn. Dolohov, lui, avait souffert non pas une mais mille morts à cause de Bellatrix, et n'avait pour autant jamais eu la chance de trouver le repos de l'âme. Et elle osait lui reprocher sa froideur ? Par sa faute, le corps de Blackburn refroidissait dans un coin de la chambre : par sa faute, l'âme de Dolohov avait acquis une rigidité cadavérique presque dix ans plus tôt.
Il faut croire que tu ne me fais plus le même effet, rétorqua-t-il avec mauvaise humeur.
Un léger tic agita son visage figé par la fureur lorsque Bellatrix brisa d'un coup sec la baguette magique de Blackburn. Il devait se calmer, et vite. Ses nerfs, mis à rude épreuve, risquaient de ne pas tenir longtemps s'il ne prenait pas sur lui. S'il ne se reprenait pas. Déjà Bellatrix se redressait et lui faisait de nouveau face, un sourire amusé vissé aux lèvres. Ses lèvres...
Arrête donc ton petit cirque Bellatrix, lui enjoignit-il froidement, tu ne trompes personne.
Il connaissait toutes ses manoeuvres, toutes ses tactiques et ses ruses, l'étendue de sa roublardise. Il la connaissait par coeur pour l'avoir subie pendant de nombreuses années. Il la connaissait pour l'avoir étudiée avec amour, avec l'ardeur propre à tous les passionnés. Pour cela, il savait qu'elle n'apportait pas de crédit à ce qu'elle disait, du moins pas assez pour qu'il ne la prenne au sérieux. En revanche, les deux mots suivants, et surtout sa rebuffade... Bellatrix était une comédienne hors pair. Mais le doute venait de s'insinuer dans l'esprit de Dolohov.
Nous, rien du tout, Bellatrix, gronda-t-il en se lançant à sa poursuite, nous, plus jamais, et ça ne sert à rien d'essayer de te rappeler à mon bon souvenir, à celui de mes lèvres, ou à n'importe quel autre, car cela ne fonctionne pas, tu entends ? Nous, c'est du passé, c'est enterré.

» Mission 2 ❝ Obéir et tuer (mission achevée)
» Les ombres qui dansent sur toi w/ Razvan
» Ebenange • Les ombres du passé ...
» Les ombres funestes de la nuit | LACHLAN
» Le jour ne chasse pas toujours les ombres w/Razvan

Mission mangemorts ❝ Les ombres du passé (A. DOLOHOV)

Mission mangemorts ❝ Les ombres du passé (A. DOLOHOV)

Sujets similaires

Sujets similaires