Euh... C'est par où la maison ? ~ Hannibal

La nuit était tombée depuis bien longtemps et Fluvia ne savait plus combien de verres elle avait bu de la soirée. Les éclats de rire retentissaient autour d'elle, couvrant un peu la musique des Stolling Rones sur laquelle quelques uns avaient le courage de danser.
L'appartement de Merton était devenu un vrai foutoir. Partout, il y avait des bouteilles vides, des verres renversés, des amuses-gueules écrasées sur le sol, et il fallait désormais prêter attention où on mettait les pieds. Merton était le dernier à se soucier de l'état de son logement, vu qu'il dansait comme un fou sur la musique, en essayant d'engager une valse mouvementée avec Garance Folkhart. Manifestement, cette dernière n'était pas particulièrement chaude et prétexta son verra à la main.

- La prochaine..., il faudra faire des passes plus dynamiques.

C'était Elber qui, non loin de Fluvia, revenait avec Dorcas sur le dernier entrainement de quidditch. Elle aussi avait un coup dans le nez et commençait à avoir du mal à former ses phrases. Quant à Fluvia, elle vidait d'un trait la dernière lampée de son cognac du korrigan - une boisson qu'elle découvrait et qui déchirait. Minerva était partie depuis deux heures déjà, prétextant une journée chargée le lendemain. Fluvia devait rentrer aussi, mais avait décidé de rester. Elle avait passé la soirée à discuter avec Raphaël Febvre et n'avait pas vu le temps passer, mais, à présent, elle voulait partir. Au lieu de rentrer chez elle, elle pourrait dormir chez Rory - ça faisait un moment qu'ils ne s'étaient pas vus. Ils étaient discrets depuis que Père les avait surpris. Mais là, elle n'avait pas envie de se glisser dans son lit qui serait froid... Elle préférait de loin l'étreinte de Rory.

- Je vais y aller, fit-elle en se levant.

Elle tituba dangereusement et se mit à glousser alors que Mary-E lui attrapait le poignet pour l'aider à conserver l'équilibre. La blonde fit un salut général, et, non sans avoir remercié Merton avec chaleur, elle quitta l'appartement. Tout tanguait dangereusement, ce qui faisait rire la jeune femme.

- J'ai des petits problèmes dans ma plantation, chantonnait-elle, pourquoi ça pousse pas ? J'ai planté des citrouilles - citrouilles n'ont pas poussé !

Parvenue dans la cour de l'immeuble, elle mit un certain temps avant de parvenir à mettre correctement sa cape de sorcière. A chaque progrès, elle éclatait d'un rire tonitruant. Bon, songea-t-elle, chez Rory. Et zou, elle transplana.

Le voyage lui mit l'estomac en sens dessus-dessous et il lui fallut quelques secondes pour retrouver le peu de neurones qui n'étaient pas trop imbibés par l'alcool. Elle était cependant assez clair pour s'apercevoir qu'elle n'était pas chez Rory. Elle se trouvait dans un parc. A Londres côté Moldu, c'était sûr, à en juger par le bruit de la circulation. Elle n'était donc pas si loin de chez Merton.
C'était désert et froid. Les balançoires bougeaient faiblement au gré du vent nocturne. Fluvia se rendit compte qu'elle était bien trop ivre pour tenter de transplaner de nouveau - elle risquait d’atterrir elle ne savait où ou bien de se désartibuler.

-Génial, maugréa-t-elle.

Elle commençait à grelotter à présent, et à ne plus être rassurée. Elle serra sa baguette dans sa main. Il semblait, qu'autour d'elle, on l'observait, on la suivait. Son estomac se tordit davantage.

Soudain, elle entendit des bruits de pas qui se rapprochaient.

- Qui... qui êtes-vous, balbutia-t-elle en essayant de garder son sang froid.

Spoiler:

Onze heures sonne à l'horloge de son bureau, tirant Hannibal de sa torpeur. Depuis le début de l'après-midi, il épluche des rapports de police à la recherche d'indices sur les dernières attaques sorcières à l'encontre de la population moldue. Il a ordre d'effacer discrètement certaines informations. Sur sa droite, les parchemins rédigés par ses services s'entassent en une pile maladroite. Le directeur de la brigade magique se lève. Une vive douleur en bas du dos le plie en deux et son bras fait un geste brusque, envoyant la paperasse sur le sol. Soufflant profondément, le policier relève la tête et croise son reflet dans le miroir de sa porte.

« Quarante ans, n'oublie pas » semble lui rappeler le visage abîmé par les soucis et la tristesse.

Hannibal éteint toutes les lumières de son bureau et attrape son manteau avant de prendre la direction de la sortie. Il est le dernier à quitter le Ministère, comme très souvent. Il n'arrive pas à travailler chez lui. Il faut le silence tranquille de son lieu de travail, pour qu'il soit efficace.

Une fois dehors, Hannibal inspire profondément. L'air frais lui caresse le visage, achevant de l'éveiller. Rien ne vaut l'extérieur. Londres est si belle, de nuit. Le Britannique se décide alors pour une promenade. Les rues sont presque désertes et s'il croise une bande de jeunes alcoolisés, sa carrure devrait suffire à les garder loin. Passant devant une rue sombre, un CRAC sonore attire son attention. Arquant un sourcil, il regarde autour de lui pour vérifier qu'il ne s'agit pas d'un sorcier ivre ayant transplané au beau milieu de Trafalgar Square. Même s'il fait nuit et qu'il est tard, les voitures et taxis sont légions à passer par cette place et ce n'est pas vraiment le moment opportun pour dévoiler l'existence des sorciers aux Moldus.

L'âme de policier de Hannibal reprend le dessus. Il n'est pas en service, mais il ne peut pas s'empêcher de faire son boulot. Son job est ce qu'il est, c'est ainsi. Glissant sa main dans la poche intérieure de son blouson, il en sort sa baguette qu'il cache discrètement dans sa manche. Hannibal lance un sortilège de localisation et finit par s'arrêter devant l'entrée d'un parc. « Charmant » marmonne-t-il. Il passe le portail et avance dans les allées de graviers. Il remarque alors une silhouette éclairée par la lumière de la lune. Lorsqu'elle se retourne, il fronce les sourcils. Il la connaît... Son visage lui est familier, mais impossible de mettre un nom. Il se force à scanner sa mémoire jusqu'à ce que le visage de son collègue Tiberius Avery lui apparaisse. Bien sûr. Le mariage de Tiberius avec Morgan Moon. La jeune femme en face de lui n'est autre que Fluvia, la fille de Tiberius.

Levant les yeux au ciel, le sorcier s'avance vers la jeune femme, apparaissant à la lumière des lampadaires. Il connaît trop bien les réactions d'un sorcier effrayé et préfère sortir sa baguette.

« Mademoiselle Avery » dit-il en mettant ses mains devant lui pour prouver qu'il ne lui veut aucun mal. « Brigade de police magique, veuillez poser votre baguette au sol » déclare-t-il en ouvrant légèrement son blouson pour qu'elle voit le badge attestant de son identité. Il n'a aucune envie d'être sympathique avec elle et ce n'est pas le moment pour l'énerver.

Une rafale de vent, plus forte que les précédentes, secoua les branches des arbres, produisant un bruit sinistre à faire froid dans le dos, tandis que Fluvia, tétanisée d'effroi et incapable de bouger, voyait devant elle une silhouette approcher ; un homme, à en juger par la taille et la carrure.

Un sorcier, à en juger par la baguette qu'il tenait à la main. Fluvia, l'esprit embrouillé par l'alcool ne savait pas comment réagir - quel sort fallait-il qu'elle lance ? L'homme, passant sous un lampadaire, fut alors éclairé complètement, les traits de son visage semblant alors surgirent brusquement des ténèbres. D'ailleurs, Fluvia connaissait ce visage. Elle battit des paupières, le temps de fouiller dans son esprit et de décider si oui ou non il était dangereux. Elle tituba et retint à peine un hoquet.

- Mademoiselle Avery, l'interpella doucement mais fermement l'homme dont l'identité lui échappait encore. Brigade de police magique, veuillez poser votre baguette au sol.

C'est à l'évocation de la profession de son vis-à-vis que Fluvia percuta soudainement. Mais oui ! Pas de doute possible, ses yeux sombres, cernés, comme s'il avait plein de soucis en tête et une fatigue incommensurable... Il s'agissait bien d'Hannibal Payne, qui travaillait plus ou moins pour Père et qui, en tout cas, avait assuré la sécurité lors du mariage, il y avait déjà quelques semaines. Comprenant qu'il ne lui ferait aucun mal, Fluvia se décontracta instantanément. Elle lui obéit cependant, c'était le patron de la police magique, et mieux valait filer droit sur son balai, alors elle laissa tomber sa baguette sur le sol.

- Aaaah, c'est vouuuus, fit-elle d'une voix rendue traînante et dont pointaient des intonations de petite fille.

Puis, elle se rendit compte que son comportement n'était pas le moins du monde approprié, alors, relevant le menton, le visage confus, elle ajouta aussi tôt.

- Aah, je suis désolée. J'ai un peu bu... hips ! voyez-vous, alors bon. Mais je vous assure, je ne vais pas vous faire de mal, voyez j'ai... hips ! posé ma baguette par terre.

Malgré tous ces verres ingurgités, la jeune femme sentait bien qu'elle était ridicule. Elle se mit à rougir et à rire comme l'aurait fait un enfant qui s'apprête à faire une farce, mais qui essaye de se retenir de rire pour ne pas tout cafter. Les mots, cependant, continuaient de franchir ses lèvres, tel un moulin à paroles. Elle était consciente que ça n'arrangeait pas son cas, mais d'un autre côté, elle était soucieuse de montrer et d'assurer à Payne qu'elle ne lui voulait aucun mal.

- En fait, pérorait-elle, j'ai eu peur quand je vous ai... hips ! vu approcher et j'ai sorti ma baguette, mais voilà, c'est vous, et on se connait comme on s'est vu au mariage. Enfin, non, on ne se connait pas vraiment, juste de vue, et je connais votre nom, car Père vous envoie des hiboux régulièrement. J'aime beaucoup la robe que les demoiselles d'honneur portaient au mariage, mais je trouve que c'était à moi qu'elle m'allait le mieux... hips !

Elle divaguait sérieusement et, tandis qu'elle s'approchait du brigadier, Fluvia se répandit en excuses, et elle aurait trébuché si elle ne s'était pas rattrapée au banc près d'elle, avant d'éclater cette fois-ci franchement de rire, dont les échos se répercutaient sur la frondaison des arbres qui les entouraient.

Spoiler:

Hannibal lève les yeux au ciel. La fille de Tiberius Avery n'a rien trouvé de mieux que d'être complètement saoule dans un parc vide, au milieu de la nuit. Le policier se retient de faire une remarque sur son comportement. Après tout, il n'est pas son père et, malgré ce que sa montre lui indique, il est en service jusqu'à ce que plus personne n'ait besoin de lui – nul besoin, donc, de devenir trop intime. D'un Accio, Hannibal récupère la baguette posée au sol et s'approche enfin. Elle n'a rien de bien différent de tous ces sorciers ivres morts que ses hommes ramènent au Ministère avant qu'ils ne commettent l'erreur de dévoiler leur monde aux Moldus – sauf qu'elle, elle porte un nom célèbre et que si un tel événement venait aux oreilles de la presse à scandales, le procureur Avery ne lui pardonnerait pas de n'avoir pas agis.

La mort dans l'âme et regrettant de n'avoir pas continué son chemin pour rejoindre son verre de whisky et son paquet de cigarettes, Hannibal prend la jeune femme par les bras et la force à s'asseoir sur le banc. A glousser comme une poule, elle va finir par ameuter une compagnie peu fréquentable. Hannibal passe sa main dans ses cheveux et ferme les yeux un court instant. Il ne sait pas où elle habite, mais il connaît la demeure familiale des Avery. Pourtant, il n'a aucune envie de ramener l'étudiante à son père dans un tel état. Même s'il n'est pas du genre à ressentir de la compassion pour quoi que ce soit d'humain, il ne souhaite à personne de connaître les accès de colère du patriarche Avery. Se pinçant l'arrête du nez, le policier réfléchit. Pendant ce temps, la jolie blonde continue de caqueter.

« En effet, je travaille en collaboration avec votre père et j'étais présent à son mariage. Je n'ai pas d'avis sur les robes de demoiselles d'honneur ».

En fait, Hannibal se fout bien de Merlin ou de Mélissandre si les robes étaient vert poireau, jaune citron ou rouge tomate. Il veut juste son fauteuil, sa cheminée et son verre de brandy – c'est tout. Et vu l'état de sa compagne, il n'est pas près de rentrer. Il tire son paquet de cigarettes de la poche intérieure de sa veste et en allume une avant de continuer.

« Écoutez mademoiselle Avery, Londres n'est pas très sûre de nuit. Je vais vous raccompagner chez vous » finit-il par dire, sachant parfaitement qu'il va rapidement regretter chaque mot. « Qu'on se mette d'accord. A la moindre incartade, je transplane chez votre père et je vous laisse sur le paillasson dans cet état » ajoute-t-il, se voulant menaçant pour la décider à se lever et à bouger rapidement.

Tandis que Fluvia pérorait sur le mariage de son cher Père, le chef de la brigade magique l'invita sans ménagement à s'asseoir. Elle se laissa faire, trop contente de trouver dans cette nouvelle position une certaine stabilité.

- Pas d'avis sur les robes... se désola Fluvia en frottant ses mains l'une contre l'autre, pourtant... hips ! Minerva, moi et Morgan avons passé du temps pour les choisir.

C'était la vérité. Les Moon tenaient à ce que la robe convienne à la fois à la rousse Minerva, à la blonde Fluvia et à la brune Philippa. Cela n'avait pas été une mince affaire. A ses côtés, la jeune femme sentait que Hannibal Payne ne l'écoutait pas. Alors, elle préféra se taire, se perdant dans la contemplation de la réverbération des lampadaires sur les feuilles des arbres. C'était beau. Très moldu, elle devait le reconnaître, mais c'était beau. Tout d'un coup, elle reconnut l'odeur caractéristique de la cigarette. L'homme à côté d'elle venait d'allumer son tabac, embaumant l'air d'un parfum âcre. Fluvia se tourna vers lui :

- Oh, s'il vous plaît, pourrais-jhips en avoir une ?

Le voir fumer lui avait soudainement donner le désir incommensurable d'en faire de même. Après tout, elle était en soirée et voulait s'amuser. Elle voulait une cigarette. Elle observait le bout rougeoyer dans la pénombre, gagner en intensité tandis que le brigadier aspirait le tabac avant de souffler une fumée épaisse.

- Écoutez mademoiselle Avery, finit-il par dire sur un ton sévère. Londres n'est pas très sûre de nuit. Je vais vous raccompagner chez vous.

Fluvia ouvrit la bouche pour l'interrompre : elle n'avait nullement l'intention de rentrer chez elle. Elle ne savait plus qu'elle heure il était, mais ce n'était pas le moment de dormir. Elle se souvint qu'elle devait à l'origine surprendre Rory chez lui. Mais Payne ne lui laissa pas le loisir de continuer :

- Qu'on se mette d'accord. A la moindre incartade, je transplane chez votre père et je vous laisse sur le paillasson dans cet état.

La jeune femme soupira avant de sourire. Elle le regarda dans les yeux et, secouant la tête, elle lui dit :

- C'est très aimable à vous, M. Payne. Hips... Mais ne vous sentez pas obligé de faire quoi que ce soit pour moi. Je me débrouille toute seule... hips.

D'un geste fier, elle rangea une de ses mèches blondes derrière son oreille. Avant de caler son dos contre le dossier du banc, signe qu'elle ne bougerait pas. Ce n'était pas de la provocation, mais uniquement une façon de dire qu'elle était suffisamment grande pour se débrouiller toute seule. Même si, il fallait le reconnaître, c'était une des premières fois où elle avait bu autant. Mais c'était tellement... drôle ! Elle se sentait capable d'affronter le Londres moldu, et la mauvaise humeur de son acolyte.

- Écoutez, hips, Monsieur... Au pire, restons-làààà, on est bien. J'ai même pas froid alors qu'il fait nuit. Dites, vous avez déjà goûté au cognac du Korrigan ? Ça déchiiire. Hips !

A chaque hoquet, la poitrine de Fluvia faisait un soubresaut, avant que cette dernière ne reparte dans un éclat de rire.

Spoiler:

La nuit avance et Hannibal n'a qu'une envie – rentrer chez lui. La proposition de la jeune femme de la laisser là le tente, l'espace d'un instant. S'il lui arrive quoi que ce soit et que Tiberis Avery découvre qu'Hannibal a eu l'opportunité de la ramener chez elle, en sécurité... Hannibal n'a pas peur du père de Fluvia, mais il gère suffisamment de conflits au boulot pour ne pas se mettre un membre du Magenmagot à dos. Lorsqu'elle lui demande une cigarette, il lui lance un regard froid et range son paquet sans dire un mot. Déjà qu'elle l'empêche de rejoindre son fauteuil et son verre d'alcool, il ne va pas non plus lui offrir une cigarette ! Elle semble ravie d'être assise sur son banc et s'émerveille de ce qui l'entoure.

Hannibal ouvre de grands yeux lorsqu'elle lui parle de cognac du Korrigan. Vu son état, c'est certainement le breuvage qu'elle a ingurgité. Hannibal aime l'alcool, il ne peut le nier. Cependant, depuis son adolescence, il a toujours eu l'intelligence de maîtriser sa consommation et de ne pas franchir la limite pour finir dans un état déplorable, semblable à celui de Fluvia Avery. Les yeux du policier dévisagent la jeune femme. Quel intérêt peut-elle avoir à se mettre dans un tel état ? Est-ce la mode chez la jeunesse sorcière ? Après tout, Hannibal a quarante ans. Il pense alors à sa fille. Sasha doit avoir fêté ses quinze ans. Sa mère l'a-t-elle autorisée à boire, pour son anniversaire ? A-t-elle donné une fête à laquelle des garçons ont été invités ? A-t-elle flirté ?

Hannibal reporte son attention sur Fluvia. Ce n'est guère le moment pour songer à l'éducation que reçoit sa propre fille. Et comment peut-il se permettre de faire des commentaires sur le comportement de la fille Avery, quand il n'a pas vu ses propres enfants depuis huit ans ? Il prend place sur le banc et retire une cigarette de son paquet, la tendant avec son briquet à la jeune femme. Après tout, il a tous les soirs de sa vie, pour discuter avec le fond de son verre de whisky. Il tire une bouffée. La fumée dessine des volutes dans la nuit d'encre seulement éclairée par la lumière blafarde des lampadaires. Il se tourne vers Fluvia. « Pourquoi vous mettre dans cet état ? » finit-il par demander, véritablement intéressé. « Qu'est-ce que ça vous apporte ? »

Le fait d'être assise faisait du bien à Fluvia. Sa tête lui tournait moins et elle pouvait goûter aux effets de l'alcool en se sentant moins malade. Le chef de la brigade magique lui lança un regard sombre lorsqu'elle lui demanda une cigarette, et elle en fut tellement surprise qu'elle n'eut pas la présence d'esprit d'insister. Qu'on lui refuse quelque chose, voilà ce dont elle n'avait pas l'habitude ! Un tel regard pour une simple cigarette. Mais finalement, l'homme s'assit à côté d'elle sur le banc, plongea la main dans la poche intérieure de sa veste et en sortit son paquet. Il en tira une cigarette qu'il tendit à Fluvia et, une fois la cigarette entre les lèvres de la jeune femme, le brigadier l'alluma avec son briquet.

Elle sentit que Hannibal Payne l'observait et que, quand elle fit mention du cognac du Korrigan, il sembla comprendre quelque chose. Il ne répondit cependant pas à sa question, comme s'il l'avait oubliée, perdu qu'il était dans ses pensées. Fluvia aspirait doucement sa cigarette, savourant le goût du tabac dans sa bouche. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas tiré sur une cigarette et elle en avait un peu le tournis. C'était tout simplement trop bon. Le bruit de la ville lui parut encore plus loin, comme si elle s'était enveloppée de coton. Les deux sorciers fumèrent ainsi en silence, côte à côte. Fluvia savait, en voyant la mine concentrée d'Hannibal, que ce dernier réfléchissait - elle, au contraire, avait cessé depuis longtemps de penser à quoi que ce soit. Même Rory avait été relégué dans un coin de sa tête. S'il ne tenait qu'à elle, elle resterait bien là sur ce banc, immergée par les volutes de l'alcool, sans crainte pour sa sécurité.

- Pourquoi vous mettre dans cet état, finit par demander Hannibal en se tournant vers elle.

Fluvia s'arracha de sa contemplation pour croiser le regard de l'homme. Elle n'y vit plus aucun dédain ni froideur, et se rendit compte qu'il avait laissé tomber son masque de policier.

- Hum ? fit-elle en ne comprenant pas très bien.
- Qu'est-ce que ça vous apporte ?

Ah. Fluvia détourna le regard, l'accrochant au loin, sur la statue d'un général moldu illustre qui surplombait le Trafalgare Square. Elle n'avait pas de réponse. Enfin si. Fluvia savait et aimait faire la fête. Père la laissait sortir maintenant qu'elle était adulte et, tant qu'elle rentrait et ne faisait pas de frasques, tout allait bien. De toute façon, Fluvia faisait tout pour que son paternel ne la voit pas dans cet état : elle s'arrangeait pour être de retour chez elle avant qu'il ne soit levé ou bien passait la nuit chez Rory, ou un autre, après avoir assuré à son Père qu'il s'agissait d'une soirée importante pour se créer des relations professionnelles. Fluvia ne mentait pas, la plupart du temps.

- Déjà, commença-t-elle après avoir tiré sur sa cigarette, je ne suis pas souvent dans cet état-là. Là, je dois avouer que j'ai un peu abusé, mais... Je ne me suis pas rendue compte de ce que je buvais.

Il s'agissait d'une soirée pour fêter la fin des cours, c'est-à-dire le dernier moment propice pour faire la fête avant les examens. Et comme Fluvia savait qu'après ces derniers elle travaillerait avec Wilhelmina, c'était le moment ou jamais. Elle s'était laissée se servir sans prendre garde à son verre.

- Je me sens plus légère, ajouta-t-elle plus doucement. J'ai l'impression de tout maîtriser. Enfin, non, je maîtrise toujours d'habitude, sauf que... hips ! là, c'est... naturel.

Elle ne le disait pas, mais pensait très fort qu'au fond cette biture lui allait bien. Elle qui aimait l'excès et le luxe était servie ce soir-là. Elle était une petite célébrité. Certes pas autant que Wilhelmina ou cette peste de Rita Skeeter, mais on la connaissait. Elle avait un patronyme qui imposait, un physique qui ne laissait pas les hommes de marbre, et des robes à en remplir plusieurs dressings - et le mariage de Père avec Morgan lui avait ouvert la boutique Moon. Bref, toujours était-il qu'elle avait été le clou de la soirée, chez Merton. On lui avait posé des questions sur le déroulement du mariage, on lui avait dit qu'elle y avait été magnifique et plusieurs filles s'étaient extasiées devant elle lorsqu'elles avaient su que son cavalier n'avait été autre que Dorian Moon, l'ancien joueur vedette de quidditch. Toute cette attention valait bien quelques verres, non ?

- En fait, termina-t-elle, j'ai juste fait une erreur de transplanage. Je ne voulais pas atterrir dans le Londres moldu, je voulais rejoindre un... un ami. Et puis vous êtes arrivé.

Elle observa un moment de silence puis éclata de rire.

- Ne vous inquiétez pas, je ne cherche pas à noyer un quelconque chagrin dans l'alcool !

Le chagrin, Fluvia ne connaissait pas. Après tout, elle était une Avery.

Spoiler:

Sujet: Re: Euh... C'est par où la maison ? ~ Hannibal

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Euh... C'est par où la maison ? ~ Hannibal

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