(libre) Pourquoi le héros choisi toujours la nunuche de l'histoire ?

Assise au coin du feu, Eleanor lisait tranquillement sa bande dessinée préférée "Martin le moldu fou". Elle en était au 58ème tome sur 126 et Martin le héros était face au tentacumonstre. Ce dernier était particulièrement affreux et semblait invulnérable, mais comme toujours, la gryffondor savait que le moldu sortirait vainqueur du combat ultime qui aurait lieu au dernier chapitre. En effet, la BD avait la même structure narrative : quête ou mission, rencontre d'un ennemi, appel à ses amis ou son équipe de choc, résolution de la quête après plusieurs péripéties, combat final avec l'ennemi, victoire. Parfois il se tapait même la demoiselle en détresse. Mais ce qui la chagrinait le plus dans ce numéro c'était la mise en couple de Martin avec Deborah, la nunuche de l'équipe. Cette fille était une telle dinde qu'elle ne comprenait pas pourquoi le moldu ne choisissait pas plutôt Willow, la fille intelligente qui le sortait toujours d'affaire avec ses super gadgets. Tandis qu'elle lisait en fronçant les sourcils les vignettes un peu trop édulcorées à son gout du baiser entre Martin et Deborah ...

Danny descend les marches de son dortoir. Il sort de la douche et a encore les cheveux humides qui lui tombent en partie sur le front. Il se frotte les yeux, poings fermés, et se met à bailler bouche grande ouverte avant de remarquer Eleanor assise près de la cheminée.
« AAAaaaaaaahhhh... (onomatopée du bâillement, d'accord) je suis naze. Tu fais quoi ? »
Danny se jette dans le canapé aux côtés de sa camarade et pose son bras sur le dossier derrière elle. Puis il se penche pour voir ce qu'elle est en train de lire.
« AH, je l'adore celui-là ! C'est avec le tentacumonstre, c'est ça ? Ouais, il est trop bien. »
Danny et Martin le Moldu fou, c'est une grande histoire d'amour et il a toute la collection chez lui. Il se fait même livrer les nouvelles parutions directement à Poudlard. Comme ça, il loupe rien et en plus, il économise de l'argent car l'abonnement est de dix-neuf gallions par an au lieu de vingt-cinq !
« C'est dans celui-ci qu'il se fait Deborah ? demande Danny. Elle est bien Deborah, elle est plus belle que Willow en plus, Martin c'est un chanceux ! »
Danny, d'ordinaire, c'est pas un grand bavard mais quand il est avec Eleanor, on ne peut plus le faire taire.

- ça se voit pas ce que je fais ! Répondit-elle avec une sorte d'agacement

Avec Danny elle était nature et spontanée, elle répondait comme ça venait et le garçon ne s'en offusquait jamais. Elle le laissa parler lorsque le gryffondor évoqua que c'était son numéro préféré mais au moment où il annonça son opinion, qui était absolument diamétralement opposé, elle ne put se retenir et balança avec passion :

- Mais alors là comme je suis absolument pas d'accord avec toi !! Déborah c'est la pire pintade de tous les temps !! Elle sert à quoi dans leur bande, hein ?

Un certain parallèle avec leur propre groupe de gryffondor n'est que pure coïncidence. Tout comme une certaine ressemblance entre ce personnage et Talya Fitzpatrick !

- A part à se trémousser et à faire sa petite princesse !! Ah non mais Martin c’est bien un gars, ça !! Alors que Willow elle le tire toujours d'affaire ! Et puis elle est futée, courageuse !! C'est pas possible que tu prennes le parti de la nunuche, Danny !! voyons !!!! y a quoi la dedans .. ?

Elle posa son index sur son front à lui en tapotant avec son doigt comme si ça sonnait creux dans son cerveau !

Il attrape le poignet d'Eleanor, Danny, pour l'obliger à arrêter de taper sur sa tête comme Woody Woodpecker tape sur un arbre. C'est pas un arbre, Danny et dans son crâne, y a pas du vide.
« Mais y aurait pas d'histoire, sans Deborah ! s'exclame Danny et secouant la tête comme si ça tombe sous le sens. Y aurait personne à sauver ! Martin, il mènerait sa vie pèpère de moldu et on sait très bien que la vie de moldu est affreusement nulle ! Inintéressante ! Tandis que là, l'amour lui fait faire des trucs palpitants. »
Quand il a un débat avec Eleanor, Danny n'est plus le même. Il parle fort, il s'énerve pour expliquer ses arguments alors que d'habitude, c'est un type gentil, calme, posé. Eleanor le transforme, rend sa vie plus... palpitante ? Ne dites pas que je vous l'ai dit.
« Et puis d'après un article du magazine "Martin, l'envers du décor", les figurines de Deborah se vendent beaucoup mieux que celles de Willow, voilà, tout le monde est d'accord. »
D'ailleurs, il en a une de Deborah miniature, Danny. Elle se cache dans sa valise, sous son lit et lorsqu'il n'y a personne dans le dortoir, il aime la sortir de son trou pour la regarder se dandiner sur ses genoux.

Une petite décharge électrique lui parcourut le bras lorsque Danny lui enleva le main. Elle n'y préta pas attention, c'était de la colère. De toute façon, Danny la mettait toujours en colère... Le pire c'était qu'il avait raison avec ce truc de l'amour. Ça faisait faire à Martin des trucs un peu fou et courageux, et parfois complétement :

- Ça le rend idiot ! L'amour rend idiot !

Eleanor elle faisait jamais de trucs idiots ! Toujours raisonnée, même si elle partait au quart de tour et disait un peu trop de grossièretés. Penchée en avant vers Danny, il lâcha le commentaire de trop. Il faisait appel aux statistiques, l'arme absolue d'Elea dans son petit esprit cartésien et étriqué !

- Ne me dis pas que t'en as une !!! Je te ferai manger de la crotte de sombral par les trous de nez !

Danny a un mouvement de recul quand Eleanor s'approche de lui. Il sait qu'elle peut être un peu exaltée parfois, lorsqu'elle débat sur un sujet qui lui tient à coeur. Alors du coup, il préfère éviter la baston. C'est une fille, mais elle sait flanquer des droites mieux que personne.
« Non ! Non, j'ai pas de figurine Deborah, qu'est-ce que tu crois ? »
Menteur. Danny, il ment pas terrible mais il espère que ça ne se remarque pas.
« N'empêche que les faits sont là, Martin il ne serait rien sans Deborah, la bande-dessinée non plus, même si Willow a plus de cerveau, je le reconnais. »
Le dos de Danny se bute contre l'accoudoir, il ne peut plus reculer. Il sent sa fin proche et se dit qu'il va être temps de capituler s'il ne veut pas recevoir de coups de poing. Cette fille a quand même un sacré tempérament. Danny la craint, mais d'un autre côté il l'admire.
« Faut pas croire ! La plupart des gars qui lisent Martin, c'est pas pour les grosses lunettes de Willow ! C'est pour voir la culotte à Deborah quand Martin la soulève pour la sauver ! Enfin la plupart, je suis pas comme ça, personnellement. »

Danny mentait !!! Ça se voyait comme son gros nez au milieu de sa figure ! Oui bien sur il avait un gros nez et des sales dents d'ailleurs … et là maintenant tout de suite, Elea le détestait au plus haut point avec ses paroles à la mords-moi-la-baguette !
Déborah était un faire-valoir ! Comme les speakerines des émissions Teleshopping ou les hôtesses des salons de l'automobile qui s'allongent sur les voitures pour montrer comme elles sont belles et glissent bien ! Eleanor grimaça de dégoût à l'évocation de ses images et posa son regard sur Danny comme un aigle sur sa proie, pointant dangereusement son doigt sur le torse de son ami :

- Tu mens Brokedale !

Ça valait pour la figurine qu'il disait ne pas posséder et sa dernière réplique...

- Mais t'as raison sur ce point ! Ils lisent la BD uniquement pour la culotte de Deb ! Les gars sont vraiment pathétiques !! La baston ça a toujours fait vendre mais la baston avec une midinette en détresse c'est la recette du mega-succès !! Mais alors je réclame plus de scène de Martin dénudé !! On en voit pas assez !

Eleanor était pour l'égalité des sexes, et si Deborah dévoilait sa culotte, il fallait que Martin montre son slip ! Elle se recula et s'enfonça dans son siège, le regard noir toujours tourné vers Danny.

Where's is Danny ?? Sad