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tom&lula ~

Les rues de Pré-au-Lard étaient sombres, ce jour-là. Le ciel était noir, très bas, ça cognait déjà fort au loin dans les contrées. Ils annonçaient une grande tempête et ça se ressentait dans les ruelles désertiques. Il ne pleuvait pas encore mais le vent violent faisait déjà claquer les volets en bois contre les murs de pierre.
Assis à une table miteuse à la Tête de Sanglier, j'attendais dans l'ombre la venue de Lula Rosmerta, la serveuse sans cervelle des Trois Balais qui, je l'espérais, n'allait pas tarder à ramener son joli petit minois auprès de moi. En l'attendant, je faisais tourner entre mes doigts le verre de Whisky Pur-Feu que j'avais déjà commandé, dans son verre crasseux et opaque qui avait dû, jadis, être transparent.
J'avais pris soin de garder ma capuche sur ma tête afin de masquer mon visage et d'éviter toute rencontre fortuite, connaissant la réputation de ce Pub et de sa clientèle. Et de toute façon, j'avais dans l'idée que nous ne resterions pas éternellement dans cette bâtisse lugubre, j'avais en tête d'autres projets bien plus intéressants et qui allaient me permettre d'assouvir quelques pulsions et de calmer mes nerfs, mis à rude épreuve aujourd'hui.
Au bout de quelques minutes d'attente, qui eurent pour effet d'aggraver mon énervement, j'entendis la porte du Pub grincer et, en me retournant, je vis Lula faire son entrée à la Tête de Sanglier. Il était temps, je commençais sérieusement à m'impatienter.

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tom&lula ~

Lula poussa la lourde porte dégondée de la tête de sanglier au moment même où un éclair zébra le ciel noir et le tonnerre gronda. Rien de tout cela n'était fait exprès bien sûr, mais la jeune femme en fut fort satisfaite, car elle aimait les entrées théâtrales. Au même titre que de se faire désirer. Surtout, de se faire désirer. Parce qu'elle savait parfaitement qu'elle avait du retard. Et elle ne comptait pas s'en excuser.
D'une démarche à la fois légère et féline, elle ondula jusqu'à Thomas qu'elle avait reconnu sous sa cape et sa capuche - c'est que sa silhouette, elle la connaissait bien -, et s'assit à côté de lui, veillant à éviter tout contact avec le comptoir collant et poisseux, qu'elle observa d'un air peu ragoûté. Dans son pub, jamais pareille chose n'aurait sa place. C'était sans doute ce qui faisait la différence entre les Trois Balais et ici-même.
— Je quitte un bar pour entrer dans un autre, fit-elle avec un sourire savamment étudié, posant sa main sur l'avant-bras de Thomas.

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tom&lula ~

Ma première envie, lorsque je vis Lula s'asseoir en face de moi avec son petit sourire mielleux, fut de serrer très fort mes doigts autour de son cou. Madame était en retard, comme une vulgaire allumeuse de quinze ans, et ne prenait même pas la peine de s'excuser ou de s'expliquer. C'était tout elle, et je devais me faire violence pour ne pas céder à mes pulsions.
« Je quitte un bar pour entrer dans un autre, fit Lula en déposant sa main glacée sur mon avant-bras.
— Cela en dit long sur ta réputation... » répliquai-je sans même lui adresser un regard, préférant porter mon verre de Whisky à mes lèvres.
A ce moment, un nouvel éclair zébra le ciel et le grondement du tonnerre ne mit pas longtemps à se faire entendre. Je soupirai, puis adressai finalement un sourire, non sans une once de sarcasme, à la miss Rosmerta.
« Alors, comment s'est passé ta journée, trésor ? demandai-je plus pour la forme que pour autre chose étant donné que je n'avais que faire de la réponse. Les élèves de Poudlard n'ont pas trop retourné ton cher Pub ? »

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tom&lula ~

Thomas était furieux, c'était évident. Son agacement suintait par tous les pores de sa peau et semblait comme créer un halo autour de sa personne mais il en fallait plus pour dérouter et déstabiliser Lula, habituée depuis le temps aux humeurs orageuses du mangemort.
— Cela en dit long sur ta réputation... Répondit-il, sardonique, à son entrée en matière et la jeune femme sourit d'un air entendu.
— Allons, on vient à peine de se retrouver et tu ne me regardes même pas. Offre-moi au moins un verre, plutôt que tes gentillesses habituelles... Rétorqua-t-elle sans se départir de son aplomb. Lula aimait vivre dangereusement, car l'affabulatrice n'avait pas sa langue dans sa poche, ni de filtre dans les inepties qu'elle sortait. Et parler ainsi à un homme de la trempe d'Avery coûtait cher, mais la vie pour elle ne représentait qu'une sorte de jeu. Alors que le tonnerre gronda à nouveau, Thomas se tourna finalement vers elle, sourire aux lèvres.
— Alors, comment s'est passé ta journée, trésor ? Un verre de Whisky Pur-Feu se matérialisa devant elle.
— Longue et dure, comme je les aime, fit-elle en buvant une gorgée du liquide ambré qui lui brûla la gorge, avant de jeter un regard en biais à Thomas. C'est bon pour le business.
— Les élèves de Poudlard n'ont pas trop retourné ton cher Pub ? Lula balaya la remarque d'un geste de la main.
— Il y a des employés pour ça, précisa-t-elle pour lui faire comprendre que c'était le cadet de ses soucis. Si la vraie Mrs Rosmerta l'entendait parler de la sorte... Noël approche, et les élèves vont affluer pendant les vacances. C'est dans moins d'un mois, tout le monde se prépare. Lula but une nouvelle gorgée qui lui monta à la tête, et observa Thomas de ses yeux de biche plissés. Et ta journée à toi ?

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tom&lula ~

« Longue et dure, comme je les aime. »
Je fixai Lula, essayant de capter dans son regard si sa phrase tenait d'un possible trait d'humour ou d'un lapsus tout à fait révélateur. Mais l'expression de la jeune femme ne me permit pas d'en apprendre davantage et je me contentai de me mordiller la lèvre pour retenir une réflexion.
« Noël approche, et les élèves vont affluer pendant les vacances, ajouta Lula. C'est dans moins d'un mois, tout le monde se prépare. »
J'hochai la tête en portant de nouveau mon verre de Whisky à mes lèvres. Bon Dieu qu'elle m'ennuyait déjà. Parfois, il m'arrivait de me demander ce que je pouvais trouver d'appréciable chez cette fille. Puis elle retirait son chemisier et les marques rouges laissées par mes soins le long de son dos me rappelaient qu'elle était un parfait exutoire.
« Et ta journée à toi ? » me demanda-t-elle.
Je reposai mon verre délicatement sur la table, silencieux, cherchant le meilleur adjectif pour qualifier cette journée. Le Seigneur des Ténèbres m'avait attribué une mission périlleuse, aujourd'hui et j'avais eu le malheur d'émettre des doutes quant à ma possible réussite dans cette mission auprès de mon père qui m'avait passé un savon digne d'un enfant de dix ans. Vexé, j'avais quitté le manoir familial pour me rendre chez Rosier qui, bien entendu, n'était pas chez lui. En voulant aller boire un verre au Chat Écrasé, je m'étais pris la pluie et pour couronner le tout, j'avais fait tomber ma baguette magique dans l'un des urinoirs du Pub.
« J'ai connu mieux, dis-je en serrant les poings et en évitant le regard de Lula tandis que la pluie commençait à s'abattre sur les vitres de la taverne. Disons que cette journée n'est pas fameuse mais qu'elle prend un tout autre tournant maintenant que tu es là. »
J'adressai à ma compagne un petit sourire sardonique.
« D'ailleurs, j'espère que tu n'as rien de prévu par la suite car je crois que l'on va être coincé ici un moment... ajoutai-je en jetant un coup d'oeil autour de nous afin d'évaluer les sorciers aux alentours. Vu que nous avons le temps... En as-tu appris un peu plus sur ce que je t'avais demandé de surveiller ? »
Afin d'allier plaisir et travail, j'avais demandé à Lula d'enquêter un peu au sein du Pub des Trois Balais qui, nous le savions, abritait parfois quelques membres de l'Ordre du Phénix. Et avoir un coup d'avance était toujours agréable, surtout que personne ne pouvait soupçonner Lula d'être dans le camp des ennemis étant donné qu'elle agissait assez souvent sous le sortilège de l'Imperium.

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tom&lula ~

Thomas n'avait saisi que la première partie de sa phrase et n'écoutait plus le reste, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure, mais ça ne dérangeait pas Lula. Trop heureuse de pouvoir blablater tout son soûle sans qu'on l'interrompe, elle était prête à monologuer toute la nuit si besoin. C'était ce qu'elle pensait faire, considérant le silence qui suivit sa question, mais après avoir porté de nouveau son verre à ses lèvres, le mangemort parla. Elle fit de même avec son propre verre, et fit la grimace. Les alcools forts n'avaient jamais été son péché mignon, et elle était quasi sûre de finir saoule à ce train là.
— J'ai connu mieux. Disons que cette journée n'est pas fameuse mais qu'elle prend un tout autre tournant maintenant que tu es là, fit-il.
— J'aime mieux entendre ça, ronronna-t-elle et, posant son verre sur le comptoir elle se leva, se plaça derrière Thomas, et posa ses mains sur ses épaules. Elle entreprit de les masser.
— D'ailleurs, j'espère que tu n'as rien de prévu par la suite car je crois que l'on va être coincés ici un moment... Ajouta-t-il en en jetant un coup d’œil aux alentours. Lula se pencha à hauteur de son oreille.
— Ça ne me dérange pas, j'ai tout mon temps, lui susurra-t-elle nonchalamment, grand sourire aux lèvres, insistant sur le tout. Cela sembla convenir au jeune homme. Le serveur, derrière le comptoir, adressa un sourire bourré de chicots et de sous-entendus à Tom que Lula ne vit pas. Avery poursuivit.
— Vu que nous avons le temps... En as-tu appris un peu plus sur ce que je t'avais demandé de surveiller ?
Les mains de Lula se figèrent, tout comme son sourire. Elle serait sortie nue sous la pluie, ou aurait reçu un sceau d'eau glacée sur la tête, que l'effet aurait été le même. La serveuse des Trois Balais était clairement refroidie. Elle soupira profondément pour faire entendre son mécontentement, ses mains retombant mollement le long de son corps longiligne. Elle avait pleins de choses en tête, sauf la « mission » que Tom lui avait donnée. Elle n'avait vraiment pas envie de ça, là, tout de suite.
— Je n'ai rien appris, ni rien entendu, fit-elle, boudeuse, et soulignons à nouveau le peu d'importance qu'elle attachait à sa vie, défiant ainsi ouvertement son mangemort d'amant. Telle une enfant désireuse de jouer, revenir à la réalité de la sorte n'entrait pas dans ce qu'elle avait prévu, et en aucun cas elle ne comptait coopérer. Mais peut-être Avery avait-il des arguments solides capables de la faire changer d'avis...?