« Tu ne peux décemment pas me forcer à y aller Daddy-chéri, tout le monde sait que les Black ne sont plus ce qu'ils étaient, et pas seulement à cause de leur traître-à-son-sang de fils aîné, c'est vraiment trop dangereux, qui sait si ça n'est pas contagieux, hein ? »
« Ne dis pas de sottises Azelma. Larvus, aide Miss Azelma à mettre sa cape. »
« Mais enfin Daddyyyy... Ne me touche pas, sale bête ! »
« Mais Miss Azelma... Le Maître vient juste de demander à Larvus de... »
« DADDY JE NE VEUX PAS Y ALLER ! »

Un quart d'heure plus tard, c'est une Azelma particulièrement renfrognée qui se faisait introduire dans le salon de Square Grimmaurd, la demeure des Black, et se voyait invitée à prendre place sur l'immense sofa. Sans se le faire dire deux fois, la jeune fille se laissa tomber entre les épais coussins et entra dans une profonde bouderie, laissant son regard se perdre sur la tapisserie retraçant la glorieuse ascendance des Black tandis qu'Ambrosius et Atia bavassaient aimablement avec les époux Black sans plus s'occuper d'elle. Azelma avait rempli son rôle en présentant du bout des lèvres ses voeux les plus sincères (tu parles) pour cette année 1980, et n'attendait qu'une chose depuis : rentrer ! Mais ses parents n'étaient visiblement pas pressés de repartir, et avaient accepté l'aimable invitation de Walburga à prendre le thé. Si bien qu'Azelma se retrouvait coincée dans ce trop grand divan, d'une humeur de dogue et plus du tout disposée à faire le moindre effort pour faire bonne figure, malgré les regards d'avertissement qu'Ambrosius lui lançait toutes les quinze secondes.
« Kreattur ? »
A l'appel d'Orion Black, un elfe répugnant se matérialisa au beau milieu du salon et Azelma plissa le nez de dégoût. A côté de ce truc, même le vieux Larvus avait meilleure mine !
« Oui Maître ? »
« Va chercher Regulus, dis-lui qu'on l'attend dans le salon. »
« Bien, Maître, Kreattur va tout de suite faire passer le message à Maître Regulus, Maître. »
L'elfe s'inclina avec une grande déférence et disparut dans un crac sonore. Azelma leva les yeux au ciel... Regulus. Il ne manquait plus que ce freluquet !

Spoiler:

dragées:

Azelma dédia au nouvel arrivant un rictus hypocrite et ne répondit même pas à la froide salutation du jeune homme. Il était de notoriété publique (du moins à Poudlard), que tous deux ne se portaient pas la moindre affection : la jeune Travers, du haut de ses treize ans, ne se gênait pas pour piétiner la réputation que Black était parvenu à se construire au sein des murs de l'école. En retour, Black lui vouait le plus cordial mépris, ce dont Azelma n'avait cure, étant donné que les Black étaient des has been, pourris jusqu'à la moelle. Leur temps était fini, tel était le credo que la jeune insolente se plaisait à chanter sous tous les toits. Autant dire qu'elle avait dû faire des pieds et des mains pour rentrer dans l'équipe de Quidditch dont Regulus était le Capitaine. Au moins savait-il reconnaître le talent quand il en rencontrait un.
« Bien il est temps qu'on vous fasse part d'une nouvelle ! »
Azelma se désintéressa de Regulus (qu'elle continuait de dévisager comme s'il s'agissait d'un cafard particulièrement répugnant) et daigna poser sur le patriarche Black un regard vaguement poli. Ce dernier arborait une mine fière qui était on ne peut plus de mauvais augure, et malgré elle la jeune fille eut un mauvais pressentiment. Qu'un Black soit satisfait de quelque chose était toujours une mauvaise nouvelle pour la Travers qu'elle était, et qui ne lui souhaitait que du mal. Mais alors, qu'un Travers ait la même tête qu'un Black exactement au même moment et vous regarde comme s'il savait exactement de quoi Black parlait et s'en réjouissait tout comme lui, c'était encore pire. Azelma sentit qu'il y avait anguille sous roche et se hérissa instantanément.
« Genre ? »
« Azelma voyons, surveille ton langage. »
Azelma ne jeta pas un seul regard à sa mère qui venait de lui donner une tape sur le genou mais esquissa une moue de repentir à l'adresse de Black senior.
« Pardon Monsieur, je voulais bien évidemment dire, quelle est cette nouvelle dont vous voulez nous faire part ? »

Azelma remarqua du coin de l'oeil que Regulus s'était tourné vers elle après sa sortie peu gracieuse, mais ne lui accorda pas la moindre attention. Ce petit roquet était tellement convaincu de sa propre supériorité qu'il se permettait de juger de la conduite d'une Travers, c'était un comble. S'il avait un tant soit peu de dignité, il aurait le bon goût de s'abstenir : pouvait-il se poser comme exemple, lui le modeste cadet dont l'aîné avait si honteusement renié les principes familiaux ? Pas le moins du monde. Et une Travers ne devait pas accorder le moindre crédit à ce qu'un tel manant pouvait bien trouver à redire de sa conduite. Elle pouvait bien s'exclamer tout son saoul, c'était pas à Black de le lui reprocher. C'était à tout le monde, sauf à lui.
« Il s'agit de la future alliance entre nos deux familles. »
Azelma sursauta à cette réponse et darda sur le patriarche Black un regard hostile. Celui-ci paraissait fier comme un paon de son petit effet, et n'était manifestement pas décidé à leur en dire davantage, le satané bougre. Qu'est-ce que les Black pouvaient être horripilants, au fond ! Inutile de se demander d'où Regulus tenait ce caractère taciturne et pompeux, la réponse se tenait devant elle. La jeune fille leva les yeux vers son père, une moue hautaine sur les lèvres, et posa la question tant redoutée que les adultes assemblés dans ce salon attendaient manifestement qu'elle ose poser.
« Une alliance ? Quelle alliance ? »
Ambrosius eut un éclat de rire entendu, et tandis qu'il échangeait un regard amusé avec Orion, la vérité se fraya finalement un passage dans l'esprit d'Azelma, dont la moue hautaine se transforma progressivement en une expression d'horreur pure. Ils avaient osé. Ces monstres avaient osé.
« Mais la vôtre, mes enfants. »
Azelma jeta un regard vide vers son père, qui lui parlait avec le ton condescendant qu'il prenait lorsqu'il se croyait spirituel. Ce ton qu'elle abhorrait depuis qu'elle était en mesure de comprendre ce qu'il impliquait, ce ton qu'il prenait pour lui affirmer qu'il avait fait cette énorme erreur alors qu'en fait elle n'attendait que de lui qu'il démente, éclate de rire et lui avoue que tout cela n'était qu'une plaisanterie. Mais cela ne fonctionnait jamais, toujours Ambrosius ignorait la perche tendue par sa fille, et se plaisait à faire les plus mauvais choix. Une alliance. Avec Regulus Black. Azelma en resta un instant muette de stupeur et d'effroi.

HJ:

Black junior accusa lui aussi le coup, ce qui prouvait bien qu'il ignorait tout des sombres tractations de leurs pères.  Cela, Azelma le nota très distraitement, encore toute entière à l'horreur qui l'avait saisie lorsqu'elle avait compris quel projet dégoûtant on avait fomenté pour elle. Son fiancé parvint à se reprendre à toute vitesse, et commença à protester que cela n'était pas possible. Au même instant, Azelma se leva brusquement et retrouva la plein maîtrise de sa langue et de la fonction "Hurlement" :
« COMMENT PEUX-TU ME FAIRE CA, DADDY ! »
Atia Travers ne daigna même pas sursauter, habituée qu'elle était aux crises d'hystérie de sa benjamine. Walburga Black en revanche faillit bondir hors de son fauteuil, et jeta sur Azelma un regard interloqué auquel la jeune fille ne prêta pas la moindre attention. Folle de rage, elle fixait son père, lequel paraissait au moins aussi furieux que sa fille.
« Azelma Rowena Travers... »
« UNE BLACK ! TU VEUX FAIRE DE MOI UNE BLACK ! POURQUOI ? POURQUOI TU ME FAIS CA, DADDY ?  »
Une foule d'émotions assaillait la jeune fille, qui cilla sous le choc. Elle aurait aimé se jeter sur son père adoré et le cribler de coups de poing, lui arracher les cheveux, l'étrangler avec sa cravate. Au lieu de cela, ses épaules s'affaissèrent et les larmes commencèrent à rouler sur ses joues. Azelma resta debout au milieu du salon des Black, à partager du regard avec son père le sentiment de trahison qui était le sien. Il savait pertinemment ce qu'elle pensait de la famille Black, et de la décadence qu'elle représentait. Et maintenant, il voulait faire de sa fille l'une des leurs ? Orion Black profita de la fin de la crise de sa future bru pour répondre à son fils. Azelma n'avait même pas remarqué que Regulus avait ouvert la bouche.
« Cette jeune fille va grandir, elle deviendra rapidement aussi belle que sa mère si ce n'est plus. »
L'affirmation du vénérable Mangemort ne lui attira que le regard morne de la jeune fille en question. Il ne semblait plus trop savoir s'il faisait le bon choix en donnant pareille épouse à son fils désormais unique, mais faisait visiblement des efforts pour calmer la situation. Mais breaking news, c'était pas avec ces flatteries à deux noises qu'il allait arriver à ses fins. Azelma essuya rageusement ses larmes du plat de la main. Elle ne voulait pas retourner s'asseoir sur le canapé, mais elle commençait à se sentir un peu bête, toute seule debout sur le tapis du salon.
« De plus on ne te demande pas ton avis, l'alliance est déjà prévue, nous voulions juste vous mettre au courant quant à votre avenir commun. »
« C'est trop gentil de votre part, bande de monstres ! »
L'accusation ne parut pas émouvoir les adultes de la pièce. Azelma ne leur reprochait pas d'apprendre qu'elle était fiancée à la veille de ses 14 ans. De cela, elle en rêvait depuis des mois, et s'était même fendue d'une liste de fiancés potentiels, de beaux jeunes hommes bien nés et bien purs qu'elle épouserait avec grand-joie, et l'avait donnée à son cher Daddy avec ses annotations et son classement. Tout en haut figurait Evan Rosier, le beau, le classieux Rosier, et ses cheveux blonds et son regard de givre, aussitôt suivi par William Jugson, à égalité avec Ebenezer Alphord, parce qu'Azelma ne parvenait pas à trancher... Et son Père parvenait à choisir Regulus Black, qui n'était même pas sur la liste ! C'était quand même quelque chose !
« On a des soucis d'argent, c'est ça ? Hein Daddy, c'est pour ça ? »
« Azelma ça suffit, tu me fais honte ! »
La jeune fille devint s'immobilisa immédiatement, livide. Honte ? Elle lui faisait honte ? Mais c'était à lui d'avoir honte, pas à elle ! Azelma sentit à ce moment qu'on la tirait doucement vers sa place, et elle se laissa entraîner par sa mère qui la fit se rasseoir sur le canapé à côté d'elle.
« Bien, maintenant que tout le monde est calmé, nous allons pouvoir parler un peu plus sérieusement. Concernant la cérémonie, nous avons fixé une date, n'est-ce pas Walburga ? »
Et pour la première fois depuis qu'il était arrivé dans la pièce, Azelma chercha Regulus du regard. Comme pour le supplier de faire quelque chose.

Citation :

• Faire un post de 500 mots ▬ 2 dragées