| Sujet: Re: my name is not valentine + FLORIAN Dim 15 Mar 2015 - 17:53 | |
| Florian lut instantanément la peine mêlée à la déception sur le visage d'Anne, ce qui lui tordit l'estomac, mais le mal était fait, les mots jetés. Eux si proches, en train de se déchirer... La situation lui paraissait si incongrue et si soudaine qu'elle était presque irréelle à ses yeux... Et pourtant. Pas besoin de se pincer pour voir que tout ceci était bien vrai. — Et pourquoi ça ne pourrait pas être moi, au juste ? Pourquoi ça devrait être quelqu'un d'autre ? Parce que je suis une fille? C'est une affaire de garçon, c'est ça ? — Je n'ai jamais dit ça, Anne... Répondit-il, agacé. — Trop de responsabilités, la petite Anne Bowes n'est pas à la hauteur, elle ferait mieux de retourner à ses petites affaires ! — Tu dis n'importe quoi, tu mélanges tout ! Je n'ai jamais pensé ça, tu me fais à nouveau dire ce que je n'ai pas dit... S'insurgea-t-il en se passant une main sur les yeux. Pourquoi fallait-il que son amie soit si orgueilleuse et... Intelligente ? — Tu sais quoi ? Le message est passé, tu as fait ton devoir, je vais faire comme si j'allais y réfléchir, tu peux dormir sur tes deux oreilles, la conscience en paix. Et passer une bonne soirée bien sûr, Et réactive. La voilà qui prenait ses cliques et ses claques, jetait son sac furieusement sur son épaule et le dépassait, tandis que Pince criait toujours que la bibliothèque fermait, et que lui restait de glace, figé, les bras ballants, estomaqué de ce qui se passait. Il fallut trois bonnes minutes au moins avant que le sang n'afflue de nouveau à son cerveau, et Florian courut après Anne. Elle n'était pas allée bien loin, et en quelques foulées il était derrière elle, agrippant son coude pour la faire se retourner et lui faire face. — Attends ! Il n'y avait plus qu'eux deux dans le couloir maintenant, et Pince qui les dépassait en maugréant un « ah ces jeunes » dans sa barbe avant de disparaître au bout du couloir. Je ne peux pas passer une bonne soirée quand je vois dans tes yeux que tu me prends pour le dernier des trolls de la planète, fit-il en lui lâchant le bras, encore moins quand le « message » passé n'est pas du tout celui que je voulais faire passer. Il soupira de plus belle. C'est n'importe quoi, je ne suis pas macho, je n'ai jamais cru à ses conneries d'inégalités garçons, filles, je ne voulais pas insinuer ça, c'est juste que... Flo s'impatientait de sa propre maladresse à se justifier. Jusqu'à ce que quelque chose au fond de lui ne craque, et que les vannes ne lâchent. Et puis merde ! S'emporta-t-il. Je ne comprend pas pourquoi on en est arrivés là. Tu me vois comme le méchant de l'histoire, alors que je ne fais qu'être inquiet pour toi. Ne vois-tu pas ? Ce que moi je vois ? Tu changes ! Et... Ça ne me plait pas du tout ! Je ne te reconnais plus ! C'est notre dernière année et tu n'es plus qu'un courant d'air ! Occupée par-ci, occupée par-là... A tes... Réunions de l'Ordre ! Cracha-t-il presque le mot réunions. Je ne te vois plus, et les rares fois, soit tu t'entraînes, soit tu es fatiguée, soit tu es... Agacée ! Ce n'est pas comme ça que j'imaginais notre dernière année ! Pas dans cet état d'esprit ! Je sais que ça craint dehors, en ce moment... Sans doute même ici, mais... Mais quoi ? Flo avait peur ? Bien sûr, il était mort de trouille même. Les réminiscences de l'été passé à l'institut n'avaient de cesse de lui coller à la peau même s'il faisait mine de rien, et la perspective de quitter le château le terrifiait. Celle d'entrer dans la vie d'adulte également. Encore plus, peut-être même. Et quoi d'autre ? Flo était jaloux et égoïste ? Mais bien sûr ! Depuis six ans et demi il n'avait partagé son amie avec personne d'autre, du moins pas de la façon actuelle. Et puis elle, la leadeuse, se démenait et avait un but. Flo, lui, se sentait parfaitement inutile. Et incroyablement nul maintenant, tandis que les mots dégoulinaient de sa bouche. |
|