Les blessures qui ne se voient pas ♫ Lysandre & Emmeline

Septembre 1979, Scott' Cauldron, Londres sorcier, Angleterre.
Fin de soirée.

♫ Les blessures qui ne se voient pas ♫

L

a réunion était enfin terminée. Elle avait paru infiniment longue à Emmeline, peut-être à cause des sujets abordés, et du peu de temps passé depuis la libération de l'Institut. Tous semblaient harassés, si bien qu'elle n'avait pas eu besoin de trouver une bonne excuse pour expliquer ses cernes que même son maquillage minutieux ne cachait pas complètement. Dans cette marée de visages fatigués, elle se fondait dans la masse. Et c'était tant mieux.
Le départ de Jeremiah n'avait pas franchement arrangé son humeur, déjà catastrophique depuis que la Gazette était tombée, le matin même. La lutte était suffisamment dure comme cela, si maintenant les frères d'armes, aussi mal intégrés soient-ils, les abandonnaient... Mais il ne fallait pas perdre espoir. Emmeline avait confiance en ses collègues, même ceux avec qui elle s'entendait le moins bien. Ce n'était pas une question d'affection, mais d'efficacité. L'affect n'était que détail, ce n'était pas ce qui faisait la différence sur le champ de bataille.

Bien que la réunion soit terminée et que la majorité des membres de l'Ordre soient rentrés chez eux, pas elle. Emmeline ne se sentait pas en état pour rentrer dans son appartement désert, impersonnel, ou ses livres et son hiboux était sa seule compagnie. Elle avait besoin de se vider l'esprit, pour se remettre du rappel de la mission.

Assise dans un coin des sous-sol du Scott' Cauldron, elle buvait distraitement son verre d'eau -l'alcool ne servait qu'à embrouiller l'esprit, et elle n'avait pas besoin de cela- tout en faisant voltiger sa plume entre ses doigts, devant un parchemin désespérément vierge. Tous vivaient la situation comme ils le pouvaient. Emmeline, elle, se plongeait dans le travail. A part Lyleïa, Marlene et Swann, sa vie professionnelle avait le pas complet sur sa vie personnelle. Et c'était parfait comme cela. Travailler, travailler encore, cela lui permettait de ne pas penser à la culpabilité qui la rongeait et écourtait ses nuits.
S'attacher en période de guerre, c'était devenir vulnérable, c'était souffrir inutilement.

Mais le dernier numéro de la Gazette posé sur la table d'à côté la narguait silencieusement, en arborant noir sur blanc les détails de son erreur, les détails de son crime. Si bien que les mots de son devoir se perdaient dans le chaos, et qu'elle n'entendit même pas celui qui rejoignit sa table.

Dragées :

La réunion avait durer longtemps. Très longtemps. Parce que oui, il en avait fallut du temps, pour résumer, toutes les missions qui avait eu lieu, trouver des solutions et des hypothèses à comment tout cela avait pu se produire.
La nouvelle journée était déjà entamer, lorsqu'elle avait pris fin. Petit à petit les membres, était partis. Il étaient restés discuter quelques instants avec Kingsley et Alastor, son mentor, puis s'étaient absentés pour aller prendre un remontant au bar en compagnie de Fearghas. Pour être honnête, il y était resté longtemps au bar, plus qu'il ne l'aurais cru. Mais il avait besoin d'évacuer ! Besoin de faire le vide sur tout ce qu'il s'était passé. Parce que voir les élèves se faire torturées, humilier... sans rien pouvoir y faire, ça avait amenés le doute dans l'esprit du jeune homme. Sans compter les morts et blesser qu'ils trouver de leur côtés ou chez les élèves. Elber, qu'ils avaient peu connus, la jeune Ginger dont ils avaient trouvés le corps avec Lyleïa en venant donner un coup de baguette à Emmeline. Combien en perdraient-ils encore ? Le danger que courait déjà ça mère aurait du suffire à les faire fuir dans un autre pays, tout abandonnées derrière eux et fuir. Mais Lysandre avait hérité de son père bien plus que son physique. Son courage de gryffondor et la loyauté qui le liait à ses amis, hérité par son père, l'avait empêché de prendre une telle décision.
Alors il était la dans l'ordre du Phénix à se battre pour ses idéaux, là, à faire des études poussé, pour pouvoir devenir auror. Il était la tout simplement, parmi les siens !
Même la menace constante que représentait Edgar Blackstone ne parvenait à inquiéter Lysandre au point de tout abandonner. Les décret qu'il avait du faire passé dans la librairie l'avait répugné au plus haut point, mais il avait été forcé d'accepter. Pour la survit de sa mère. Il n'avait pas eu le temps de prévenir Lily, mais il savait qu'elle comprendrait. après tout elle était une des rares à connaitre toute l'histoire. Et puis, il était prévue qu'il continue de lui faire passé des livres en secret si besoin.

Il finit son verre de Wisky pur feu, le seul qu'il ait pris, et remonta dans la salle de réunion qui était maintenant déserte. Alastor et Kingsley avait sans aucun doute transplanner vers le ministère ou directement chez eux, et les autres membres avait à leur tour déserter la pièce. Tous sauf un ! ou Une plutôt. Assise à la table, de dos, Lysandre n'uet aucun mal à la reconnaitre. Emmeline Vance ! Il aurait pu reconnaitre sa chevelure entre mille, vu le nombre de fois, ou plus jeune il s'était caché derrière elle, pour lui tirer les cheveux.
Il s'assit silencieusement à côtés d'elle, sans même qu'elle ne le remarque, plongé elle aussi dans les sombres pensées qui assaillaient de plus en plus les membres de l'ordre.

-"Tu devrais rentrer chez toi te reposer !"
Malgré leur lien explosif, le jeune homme ne pouvait s'empêcher de faire attention à la jeune femme. Après tout, elle avait été une des premières avec Maddy qu'il avait rencontrés en arrivant en Angletterre, et ça, ça ne s'oubliait pas !

dragées:

♫ Les blessures qui ne se voient pas ♫

E

t les mots résonnaient, sans cesse, souvenirs honteux, souvenirs douloureux. L'ancienne Serdaigle revêtait cette apparente gravité, dure comme le marbre de sa peau, qui la caractérisait et la rendait si difficilement abordable. Rare étaient ceux qui s'aventuraient à l'approcher, lorsqu'elle était plongée dans son étude -au moins d'apparence- de peur de la déranger et d'ensuite gagner sa froideur pour les mois à venir. Emmeline était rancunière, et n'aimait pas être dérangée.
Elle ne releva pas même la tête lorsqu'une voix bien connue la fit sortir de son étouffante torpeur.

« Je croyais être la dernière. » fit-elle remarquer d'une voix atone. La réunion avait été éprouvante pour tout le monde, et il se faisait tard. Chacun était rentré vaquer à ses propres occupations quotidiennes. Du moins étais-ce qu'elle croyait jusqu'à ce que Lysandre la rejoigne.

Elle resta de marbre suite à son exclamation. Conseil judicieux mais inutile, Emmeline était un bourreau du travail et passait plus de temps à étudier qu'à se reposer. Le repos ne gagnerait pas la guerre à sa place.

« Je ne peux pas. » Elle ne pouvait pas lui dire qu'elle ne pouvait pas parce qu'à chaque fois qu'elle fermait les yeux, ceux éteints de celle qu'elle avait tuée apparaissaient dans son esprit. Elle ne pouvait pas lui dire que le repos n'était plus pour elle qu'une utopie. « J'ai encore du travail. » expliqua-t-elle en montrant son parchemin désespérément vierge.

Il y avait tant à faire, tant à construire. Parfois, elle se sentait la force de soulever des montagnes, de remuer ciel et terre pour y parvenir. Comme lorsqu'elle avait parcouru les plus grandes bibliothèques du monde pour tenter de trouver un remède à la malédiction de Lyleïa. Ou encore lorsqu'elle avait commencé à travailler sur l'affaire de son examen final. Ou lorsqu'elle s'en était allée libérer l'Institut.... Emmeline se savait capable du meilleur.

Mais maintenant, elle se savait aussi capable du pire.

« Je te retourne le conseil. Il y a cours demain, et cela serait mal vu pour un futur Auror que d'arriver épuisé. » Elle se tourna à demi vers son camarade, inquisitrice et plus sérieuse que jamais. L'heure n'était pas aux jeux de devinettes, elle n'était pas d'humeur. « Cessons de tourner autour du principal. Nous avons tous deux lus le même journal, ce matin. Je pense avoir légitimement droit à des explications. »

Il devait se douter que tout le monde avait lu la Gazette des Sorciers et ce fameux article honteux paru à propos de la librairie de son père. Les Sirlan venaient de déclarer officiellement leur allégeance dans la guerre. A la première lecture, Emmeline l'avait à peine relevé, trop bouleversée par la rubrique nécrologique. Puis, à la seconde lecture... Elle avait réalisé ce qu'elle lisait. Emma n'avait jamais rencontré le père de Lysandre, seulement sa mère, qui était la plus chère amie de sa propre génitrice. Comme un coup du sort.
Mais l'époux d'une femme aussi gentille -la petite Emma n'avait que de bon souvenir de la dame, beaucoup moins du fils- ne pouvait pas être si extrême, si ?
Quitte à oublier ses soucis, autant les oublier utilement. Emmeline ne se fiait pas aux journaux, le gouvernement était pourri jusqu'à la moelle et les médias aussi. Pour démêler le vrai du faux, elle avait besoin d'une source sûre. Source qu'était Lysandre. Mais accepterait-il de lui parler ? Leur relation n'avait jamais été au beau fixe, elle ne pardonnant pas l'immaturité du garçon ; lui ne cessant jamais de la taquiner comme une petite fille. Mais les choses s'étaient subtilement améliorées, depuis qu'ils étaient frères d'arme.

Dragées :

La période devenait éprouvante pour la majorité des membres de l'ordre. Entre les missions de plus en plus suicidaire auxquels ils étaient confronté et leur propre démons à vaincre chacun, l'ambiance devenait tendu, comme attendant la première mauvaise nouvelle qui ébranlera ce roc qu'était l'ordre. Il se doutait bien que Emmeline ne faisait pas exception. Lui-même avait tendance à passer plus de temps à la bibliothèque de la fac ou au bureau des aurors à rédiger des rapport quand il était en stage. Cela lui évitait de rentrer à la librairie de plus en plus déserter, ou au contraire, pleine de nouveaux clients avide de magie noire, qu'il s'empressait de renvoyer sans gêne. Il se sentait perdre de pieds, mais il savait qu'il ne pouvait rien faire pour arrêter tout ça, Edgar Blackstone était bien trop fort pour lui.

-"Si tu veux mon avis, ce parchemin se remplira certainement mieux, après une nuit de repos." Il n'avait pas dit "sommeil" ce mot n'avait plus de signification pour un grand nombre de combattant des forces du bien. L'inquiétude, les remords, le passé, Lysandre passait les trois quart de ses nuits à réfléchir, à refaire les évènements avec des "si" . Si les vétérans ne laissait rien paraître, il savait qu'au bureau des aurors la tension était extrême, surtout depuis qu'on avait appris ce qu'il s'était passé avec la Ministre, son échange avec sa soeur maléfique, aux yeux de tous, et comment elle était parvenu à radicaliser une grande partie du ministère.

-"En réalité, tout les aurors sont épuisé, mais on le cache avec des litres de boisson énergisante à la mandragore. Pas le temps de dormir pour nous." Puis il aperçut le regard inquisiteur et sérieux de la jeune femme. en la voyant ainsi il ne faisait aucun doute qu'elle était promise à un grand avenir dans la justice magique...et que lui risquait de passer un mauvais quart d'heure.

-"C'est un longue histoire" soupira-t-il en s'asseyant à la grande table qui avait accueillit les membres de l'ordre et maintenant déserte à par la jeune femme. "Mais cela ne change rien, mon allégeance va toujours à Dumbledore et la lutte pour contre Voldemort et ses sbires." Comment pouvait-il réellement expliquer qu'il était toujours dignes de confiance alors que l'article qui venait de paraître dans la gazette et qu'il "acceptait" prouvait tout le contraire. Comment expliquer qu'il se sentait pris au piège et que le seul moyen pour lui de s'en sortir était un mariage avec la fille d'un mangemort, ou accepter de perdre sa mère et sa librairie.

♫ Les blessures qui ne se voient pas ♫

S

ans rien laisser paraître, Emmeline abandonna l'observation vide de son parchemin pour celle de l'arrivant. Les signes étaient là, visibles à ses yeux aguerris : la fatigue, l'inquiétude. Des cernes sous les yeux, un pli soucieux... Comme tous les membres de l'Ordre du Phénix, le jeune homme ressentait le poids de leurs responsabilités. Il semblait plus vieux que dans les derniers souvenirs d'Emmeline... Quand à savoir s'il s'agissait d'une illusion d'optique ou du reflet de sa propre mentalité, changée suite à la dernière mission.... C'était la question à mille mornilles.

« Cela tombe bien, car j'ai tout mon temps. » Tout le temps d'échapper à ses propres problèmes en se concentrer sur ceux de Lysandre. Mettre de côté ses propres états d'âmes destructeurs, fixer son esprit pragmatique et chasser toutes émotions polluantes. Cela, elle savait faire.

La jeune femme posa ses coudes sur la table, et fit reposer son menton sur ses mains croisées. Ses yeux clairs transperçaient Lysandre, inquisiteurs, attentifs, patients.... Mais sans jugement. Il ne pouvait y avoir de jugement sans défense, sans discussion, sans enquête. C'était l'avocate qui pensait. Et la, si ce n'était amie, connaissance, qui avait du mal à croire que Lysandre puisse ne plus être digne de confiance. « Tu oublies que je te connaît depuis que tu n'es pas plus haut que trois pommes, Lysandre. Je n'ai aucun doute quand à ton allégeance... » Son expression était illisible, solenelle, tandis qu'elle laissait délibérément le silence s'étendre, la tension monter. Elle savait qu'il était difficile de supporter son regard lorsqu'elle se mettait en "mode avocate". Il fallait transpercer l'âme, voir plus loin que la carapace de chair et de comédie. La vérité, toute la vérité. « Il est parfois plus aisé de se confier à qui ne nous est pas proche. Mon regard sera neutre, je te l'assure. Tu as des problèmes, et il se trouve que mon futur métier est d'apprendre à les résoudre. » lui assura-t-elle d'une voix sourde, absente presque. Elle était là, physiquement du moins. Elle tentait de rester concentrée sur le jeune homme mal rasé en face d'elle, mais comme lorsqu'elle essayait de travailler, ses pensées se tournaient systématiquement sur... l'Accident. « Alors si tu le veux, parle moi. »

Elle voulait comprendre. Elle avait besoin de comprendre. Pourquoi ne pouvait-elle plus se rendre dans la librairie Sirlan ? Quelle était la raison cachée derrière ce revirement de direction ? En tant que née-moldue, Emmeline ne pouvait plus espérer se fournir là-bas, alors qu'elle aimait passer y renflouer sa bibliothèque.
Voldemort et ses sbires aimaient utiliser la menace. Plus que toutes les autres armes, elle était redoutable. La peur poussait à des extrémités surprenantes. Nombreux étaient les sorciers qui courbaient l'échine parce que leur famille était menacée. Et Emmeline le comprenait, les comprenait. Les membres de l'Ordre mettaient leur vie entre parenthèse pour un combat incertain, et chaque jour risquaient la vie de leurs proches. C'était un risque difficile à prendre, peut-être Lysandre avait-il eut la décision la plus sage.

Après tout, qui était-elle pour juger ? Elle avait tué une innocente.

Dragées :