Maeve s'amusait aux cartes avec Elmyr alors que le professeur d'Histoire de la Magie blablatait sur la révolte des gobelins en elle ne savait plus quelle date ni quelle époque et elle s'en fichait complètement. Quand elle gagna pour la troisième fois d'affilée son cousin l'accusa de tricher et elle lui fit son regard le plus innocent qui soit. Et elle lui tira un sourire. Un vrai sourire. Ceux si rares chez son cousin et meilleur ami. Ayant atteint son but final, elle reprit son livre là où elle s'était arrêté et se remit à lire mais son esprit était ailleurs, loin du roman que pourtant, elle adorait. Son regard se porta sur Elmyr qui s'était mit à discuter avec un pote à lui. Elle le regarda parler, sourire brièvement, écrire parfois deux trois mots mais elle sentait sa colère et son chagrin de là où elle était même si il ne montrait rien. Il était blessé et c'était entièrement de sa faute. Si elle s'était tu ce jour là et qu'elle était allée directement voir Athéna au lieu de parler avec Elm', rien de tout ça ne se serait passé et son cousin n'irait pas mal. Elle senti une main se poser sur la sienne et son regard se porta sur Morag. Comme toujours, sa jumelle avait su à quoi elle pensait. Ca aurait pu paraître flippant et Bradhadair savait que ça l'était pour la plupart des gens, mais elle avait l'habitude et puis elle trouvait rassurant d'avoir l'esprit de sa soeur dans le sien. Bon pas esprit, esprit bien sûr, elles ne faisaient pas de télépathie mais il avait ce lien, leur lien, qui permettait toujours à chacune de savoir ce que l'autre pensait ou comment elle se sentait. Et Maeve se sentait surtout coupable ces derniers temps.

La cloche sonna, retentissante, signalant la fin des cours de la matinée et le plus important, la pause déjeuner. Bradhadair rangea ses affaires sauf son livre et sorti. Ses cousins et sa soeur avaient déjà filé dans la Grande Salle, dragons affamés qu'ils étaient. Elle les suivit plus calmement, en essayant de finir son chapitre. En entendant son prénom elle releva néanmoins la tête pour apercevoir Athéna lui faisant de grands signes de la main. Maeve arqua un sourcil mais accepta de s'approcher. Elle s'en voulait d'avoir dit ce qu'elle avait dit à Elmyr mais elle en voulait plus encore à la rouge & or - qu'elle avait fini par considérer comme une amie ou presque - d'avoir blessé son cousin en le trompant avec son pire ennemi en plus. Le regard froid mais interrogateur, elle arriva près de la jeune femme qui la guida vers les colonnes. - Qu'est ce que tu veux ? demanda t-elle un peu agacée. Quoi, elle avait faim elle aussi !? - Je vais être honnête avec toi, la seule raison pour laquelle je te parle aujourd'hui, malgré les regards hostiles auxquels j'ai eu droit ces dernières semaines, c'est parce que je veux savoir, ce que tu as dit à Elmyr. Tu sais lorsque tu m'as vu avec Ebenezer .. lança Athéna d'une voix forte. Plus forte qu'habituellement. Maeve blêmit et soupira. Sa froideur - non habituelle chez elle, Maeve ayant plutôt le sang chaud - disparue remplacée par un sentiment de culpabilité non feint. Elle soupira en s'asseyant sur une marche en marbre. - J'suis désolée Athéna. J'pensais pas que ça tournerais aussi mal. L'autre jour j'étais étonnée de te voir avec Alford alors j'ai seulement demandé a Elmyr si tous les deux avaient enterrés la "hache de guerre" d'où le fait que je t'avais vu avec lui. Techniquement elle avait dit "Tiens j'ai vu Athéna et Alford ensemble l'autre jour, vous êtes amis maintenant ? On va pouvoir manger sans prise de tête ?" mais elle n'allait pas se citer elle même ça ferait un peu bizarre. Elle haussa les épaules. Elle s'en voulait beaucoup de toute cette pagaille. Mais elle en voulait aussi à Athéna. D'ailleurs en parlant de ça, elle se redressa et fixa la jeune femme de ses yeux d'améthyste. - En même temps je ne vois pas ce que tu faisais avec Alford alors que tu sais pertinemment que Elmyr et lui ne peuvent pas se voir en peinture. Je reconnais avoir eu tord en le demandant directement a Elmyr, j'aurais du venir te voir en premier mais je te ferais remarquer que, en général, quand une personne en aime une autre, elle ne la trahi pas avec son pire ennemi ! lança t-elle furieuse.