Écailles de dragon, pommade & bézoard (MADDY)

Sujet: Écailles de dragon, pommade & bézoard (MADDY) Mar 11 Nov 2014 - 17:33

Novembre 1979, cours de potions.

La lumière traversait les persiennes, illuminant de quelques rayons les tables de travail des deuxième année en médicomagie. Assise au quatrième rang, Deidre avait quelques difficultés à suivre le cour du jour. La veille, Gideon et elle étaient allés au cinéma puis boire un verre au Scott's Cauldron avec James et Lily. La soirée s'était étirée dans la nuit et le couple était rentré assez tard. Le réveil n'avait donc pas été très agréable. La jeune femme se frotta les yeux et reporta son attention sur le cours. Le professeur détaillait au tableau le travail qui allait suivre. Visiblement, ils devaient concocter une potion capable de soigner des brûlures causées par des dragons. « C'est vrai que ça court les rues de Londres » maugréa Deidre en se redressant, faisant craquer son dos. « Un commentaire, mademoiselle Velazquez ? » Là-dite demoiselle fit non de la tête et murmura des excuses. Le cours continua, la plume de Deidre grattant automatiquement sur le parchemin les explications du professeur. Elle tourna la tête vers Maddy, assise à côté d'elle. Les deux jeunes femmes se connaissaient depuis le début de leur scolarité à Poudlard et c'était chaque jour un vrai plaisir que de pouvoir rire de leurs bêtises d'adolescentes. Deidre pensa aux élèves victimes de la tragédie estivale et notamment à ses amis encore à l'école. Elle n'avait pas eu le temps, depuis la rentrée, de prendre des nouvelles d'eux mais ne pas voir le nom de Zoey ou bien de ses amis membres de l'Ordre dans la rubrique nécrologique avait été une vraie délivrance.

« Mettez-vous par deux et concoctez-moi la meilleure potion » lança alors le professeur avant de quitter la salle pour aller se chercher un café – chose courante, puisque les exercices pratiques avaient tendance à s'éterniser selon le niveau de difficulté. Deidre jeta un œil au tableau, ouvrant de grands yeux face à la liste d'ingrédients aussi longue que la jambe d'un géant. Elle se leva et alla en chercher une partie, rejoignant la paillasse chargée comme un mulet. « Heureusement que je ne me destine pas à la fabrication de potions », souffla-t-elle à sa voisine avec un sourire sarcastique. Non, elle n'aimait vraiment pas ça. De toute façon, le chemin était déjà tout tracé et la médicomagie d'urgence lui tendait les bras. Elle retourna chercher le reste du matériel et, sans faire exprès, marcha sur le pied d'un ancien de serpentard qui s'emporta à son encontre. L'Irlandaise lui lança en haussant les épaules : « Je mets les pieds où je veux, et c'est souvent dans la gueule, alors t'as de la chance » avant de rejoindre sa table et sa comparse. « Quel mauvais caractère ils ont, ceux-là ! Ça leur suffit pas de faire partie de la maison qui a donné les plus grands psychopathes de l'univers ? » Non mais. Enfin décidée à se mettre au travail, Deidre se mit à lire attentivement les consignes inscrites au tableau avant d'ouvrir de grands yeux. « J'ai jamais rien vu d'aussi compliqué ! » se désola-t-elle. « On ferait bien de s'y mettre » ajouta-t-elle en regardant autour d'elle ses collègues qui se jetaient déjà à corps perdu dans leur exercice. Il y a des jours avec et des jours sans - et là, c'était VRAIMENT un jour sans.

Dragées:

Assise aux côtés de Deidre, Maddy écoutait avec attention le professeur de potion. Celui-ci était en train leur détailler avec passion comment introduire délicatement la goutte de venin de vipère. « Voyez-vous, cette potion demande une concentration extrême, une précision infinie et une pointe de folie. Vous devez abandonner votre esprit à la préparation de votre potion. Une goutte de venin en trop et votre patient risquerait de perdre son bras. » Expliqua-t-il, tandis que Maddy sentait la pression l’envahir. Elle jeta un coup d’œil à son amie, écarquillant les yeux avec angoisse. Comment allait-elle préparer une potion si compliquée ? « On va y passer la journée à ce rythme là ! » Annonça-t-elle tandis que le prof quittait la salle, allant, très certainement, se détendre devant un bon café. « Il n’est pas gonflé quand même ! » Lâcha la métamorphomage en se levant pour aller chercher, elle-aussi, une partie des ingrédients. Deidre ne semblait pas ressentir la même pression qu’elle. En effet, les potions n’étaient pas primordiales pour l’obtention de son diplôme puisqu’elle se dirigeait vers les soins d’urgences ; le coefficient n’était pas le même que celui de Maddy qui se destinait à l’étage des empoisonnements par potions et plantes. « Parles pour toi ! » Marmonna-t-elle avec un sourire lorsque son amie de Poufsouffle lui annonça qu’elle était ravie de ne pas s’orienter vers la concoction de potions.

Installant son chaudron en cuivre sur le feu, Maddy pointa sa baguette à l’intérieur du récipient et y fit apparaître de l’eau, observant avec un regard déterminé la recette de la potion.
Deidre, quant à elle, regagna sa place les bras chargés d’ingrédients, se plaignant à voix haute du caractère désolant des anciens serpentards. « Je ne te le fais pas dire ! » Répondit la métamorphomage en riant, tout en organisant chacun des éléments nécessaires à la potion dans un ordre bien précis sur sa paillasse.

L’hispano-irlandaise semblait totalement démoralisée par la complexité de l’exercice et, hochant la tête avec vigueur, Maddy l’encouragea à commencer la préparation. « Et c’est parti ! » Annonça-t-elle en détaillant en morceau parfaitement égaux les racines de mandragore. Il fallait ensuite piler des épines de porc-épiques dans le mortier en les écrasant à l’aide d’un bézoard, afin que les propriétés de la pierre imprègnent la poudre d’épines. « Si Slughorn était là ! Au moins il nous aiderait un peu. Ne serait-ce qu’en nous encourageant. » Maugréa-t-elle. L’étudiante médicomage avait toujours apprécié le professeur de potion de Poudlard et avait définitivement beaucoup de mal à supporter celui de l’école supérieur de magie. Elle soupira, puis se concentra de nouveau sur son travail. « Je peux faire infuser le bubobulb dans ton chaudron en étain ? » Demanda Maddy dont le regard était encore fixé sur ses notes. Le bubobulb, généralement utilisé dans les potions anti-acné, était en réalité très utile pour régénérer la peau et lui rendre un aspect convenable. Utilisé dans le filtre anti-brûlure de dragon, il permettait d’éviter les cloques. Cependant, il devait être préparé en parallèle de la potion, dans un second chaudron et devait infuser trois quart d’heure, avant d’être filtré puis ajouté dans le chaudron en cuivre contenant le reste des ingrédients. « Tu as l’air fatigué. Vous êtes sortis hier soir ? » Questionna-t-elle alors, un petit sourire en coin.

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Heureusement qu'au moins une des filles avait assez de motivation pour deux parce que Deidre s'était transformée en traîne-savate. Elle leva les yeux au ciel pour confirmer la réflexion de son amie sur le sans-gêne du prof. « Moi aussi je prendrais bien un café » maugréa-t-elle en attrapant les épines de porc-épique et le mortier. « Fais-toi plaisir » répondit-elle en poussant son chaudron vers sa voisine de table. L'ancienne poufsouffle mit toute sa concentration dans le pilage des épines, s'appliquant dans les mouvements de son bézoard. « En parlant de Slughorn, un copain de mon frère fait partie de son club et a été invité à un dîner. Ils ont discuté de l'institution et figures-toi qu'un des serpentard présent a soutenu que c'était une excellente idée que le ministère avait eue ! » raconta Deidre, offusquée qu'un tel élève n'ait pas été renvoyé sur le champ. « Je ne comprends vraiment pas comment tant de sorciers peuvent raisonner de cette façon » marmonna la jeune femme – en même temps, son sang mêlé justifiait par lui-même qu'elle n'accepte pas un tel comportement.

Deidre attrapa de la corne d'éruptif et entreprit d'en râper quelque peu. Ainsi utilisée, la corne renforçait l'effet du bubobulb quant aux cloques. La future médicomage se saisit ensuite d'un morceau de foie de dragon qu'elle hacha minutieusement afin de le mélanger aux épines pilées. « On est allés boire un verre au Scott's avec les Potter » répondit Deidre en songeant avec amusement que ses amis étaient désormais mari et femme. « C'est la faute de Gideon si on est rentrés aussi tard » ajouta-t-elle avec un sourire, parfaitement consciente que lui n'avait cessé de lui proposer de partir alors qu'elle insistait pour qu'ils restent. « Faut dire que les patron du pub sont très doués pour te proposer de goûter leurs nouveaux millésimes » s'amusa-t-elle. « Je serais bien incapable de te dire à quelle heure on est rentrés et combien de verres on a bu – pas tant que ça, puisque la gueule de bois semble m'avoir évitée » finit-elle avec un petit rire. « Et toi et Lysander, vous avez fait quoi hier soir ? » demanda-t-elle en touillant sa petite mixture.

Devant l’acquiescement de son amie, Maddy attrapa le chaudron en étain et commença à extraire le pus de bubobulb au dessus du récipient, y ajouta trois gouttes d’essence de belladone avant de recouvrir d’eau et de laisser infuser à feu doux. La jeune femme leva alors les yeux au ciel lorsque Deidre lui fit part de la conversation ayant eu lieu au célèbre club de Slugh. Elle était bien entendu du même avis que sa collègue et ne pouvait concevoir que de telles réflexions restent impunies. « Ça vient de l’éducation, probablement. Je ne sais pas ce qui est le plus ironique d’ailleurs : qu’ils se considèrent comme supérieurs alors qu’ils n’ont pas plus de talents que d’autres ou qu’ils se jugent sang-purs, oubliant que rares sont les véritables familles dépourvus d’origines moldues…? » Marmonna-t-elle, songeant à sa propre famille. Considérés comme « purs », les Bow étaient en réalité des nés moldus… Peter l’avait expliqué à Maddy dès son plus jeune âge, lui enseignant avec fierté comment son arrière-arrière grand père avait, à l’âge de huit ans, découvert ses pouvoirs par l’intermédiaire de faits pour le moins étranges. « Au moins, nous, nous ne sommes pas consanguins ! » Lâcha-t-elle avec un sourire, en lançant un regard insistant à l’ancien de Serpentard devant elles, qui rencontrait visiblement quelques soucis avec sa potion puisqu’une épaisse fumée noire se dégageait de son chaudron.

Maddy entreprit alors de découper ses feuilles d’orties, qu’elle ajouta dans le chaudron de cuivre, ayant vérifié que le mélange épine-bézoard-foie de dragon y avait été inséré préalablement. Elle mélangea alors trois fois dans le sens des aiguilles d’une montre à feu doux, puis quatre dans le sens inverse à feu vif, tout en écoutant avec un petit sourire en coin le récit de Deidre au sujet de leur sortie de la veille. « Nous ? Rien de spécial. » Répondit-elle en attendant patiemment que le contenu du chaudron se mette à bouillir. « Lys est rentré assez tard. Il est resté au travail un peu plus longtemps. » Ajouta-t-elle dans un murmure. En réalité son petit ami ne faisait pas d’heures supplémentaires, mais ne pouvant faire confiance à personne dans la salle de classe, la métamorphomage évitait de crier à voix haute que c’était Lysander qui chantait à tue-tête ses chansons à la radio de la résistance. Deidre connaissait le discours de toute façon, elle n’avait pas besoin de lui expliquer en détail… « Et moi j’ai profité du calme pour réviser un peu. » Précisa-t-elle en riant, parce qu’entre les réunions et les missions de l’ordre, les devoirs de Maddy, le travail de Lys et leurs sorties entre amis, les deux amoureux profitaient de leurs rares moments ensembles pour faire autres choses que des révisions. (sans arrières pensées, s’il vous plait).
Le mélange se mit alors à bouillir et, baissant l’intensité du feu, la métamorphomage rassembla toute sa concentration pour ajouter la fameuse goutte de venin de serpent dans la préparation. La seule et unique goutte de venin. Prenant une profonde inspiration, elle fit tomber délicatement la gouttelette au centre du chaudron. « Ouh ! Je crois que c’est bon ! » Lâcha-t-elle dans un soupire de soulagement.

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Deidre acquiesça au commentaire de sa collègue. Elle était tout à fait d'accord. Les soi-disant origines pures d'une bande de consanguins ne leur donnaient en rien le droit de perpétrer des atrocités – ni même aucun droit, d'ailleurs. Ce n'était un secret pour personne, nombre de riches sorciers étaient de ce sang que tant haïssaient. Le sang de Deidre n'était pas moins rouge que le leur et la colère qui l'étreignait à leur encontre depuis que son petit frère avait subi la haine sadique de ces enragés n'aidait pas à une compréhension impartiale des faits. Mais la sorcière ne voulait pas prendre du recul. C'était de notoriété publique que le Ministère n'avait pas levé le petit doigt pour ramener les enfants à leurs parents. Sa propre mère s'était exprimée dans la Gazette du Sorcier mais pour quel bénéfice ? Elle avait offert sur un plateau d'argent le nom des siens comme défenseurs de l'égalité des droits parmi les sorciers. Si l'objet de sa déclaration n'avait été que pour critiquer l'absentéisme du ministère, Solveig Buslingthorpe ne s'en était pas contentée et avait ouvertement lancé que les encadrants de l'institution n'avaient rien à voir avec des enseignants. Bien entendu, cette partie là ainsi que la suite à propos de son combat pour l'égalité des droits entre sorciers et moldus avaient été censurés. Le danger rodait, Deidre n'en avait que trop conscience.

« Tu as bien raison ! Quand on voit ce que la consanguinité fait faire ! Regarde les empereurs romains. Nombreux sont les dégénérés que le peuple a mené à sa tête, qu'il s'agisse de Néron ou de Caligula. Combien nous reste-t-il avant que Tu-Sais-Qui fasse brûler Londres et danse en jouant de la lyre sur le toit de Westminster ? » ironisa la sorcière, consciente de l'image d'horreur que cela représentait. Voldemort aurait alors les pleins pouvoirs et sur l'Angleterre sorcière, et sur sa sœur moldue – et cela était inacceptable. La conversation prit un tour plus badin et ce ne fut pas pou déplaire à l'Irlandaise, dont le sang espagnol menaçait de trop s'emporter sur un sujet aussi sensible. Deidre esquissa un sourire. La voix de Lys avait résonné jusque tard dans la nuit sur les ondes de la résistance. La sorcière lui trouvait beaucoup de courage. Tout comme Gideon, pour qui elle eut une tendre pensée. Si elle avait pu, elle l'aurait empêché de courir tant de risques mais elle savait à quel point Gideon avait à cœur d'être un membre actif de cet Ordre qui semblait protéger les sorciers des méfaits du Seigneur des Ténèbres. Gideon avait refusé de lui en parler davantage, pour leur sécurité, avait-il argumenté. « Comme je te comprends. C'est bien d'être avec son homme, mais c'est bon aussi de pouvoir être seule parfois » dit Deidre avec un sourire. Au début, lorsqu'elle et Gideon s'étaient installés, elle avait cru que ses moments de solitude complète lui manqueraient mais au fur et à mesure, elle avait découvert que la personne de Gideon complétait la sienne et que ses absences lui pesaient, plutôt que de la libérer. Ils étaient faits pour être ensemble, pas de doutes possibles là-dessus !

La préparation se mit à bouillir. Deidre regarda Maddy verser la goutte de venin de serpent dans le chaudron. Un soupir de soulagement accompagna celui de son amie et Deidre applaudit silencieusement. « Tu te rappelles la fois où Jaena Hawklight a fait exploser son chaudron à la tronche de Slughorn ? Il était hors de lui et couvert de pisse de lutin de Cornouailles. J'ai vraiment cru qu'il allait l'avada kedaveriser sur place ! »

Dragées:

Comme elle l’avait supposé, la potion prit la couleur bleue demandée, pour le plus grand plaisir de Maddy qui s’accorda enfin une pause. Le chaudron en cuivre devait rester sur feu doux pendant cinq minutes, tandis que celui en étain chauffait sur feu vif durant encore sept minutes. De quoi laisser un peu de temps aux jeunes femmes pour papoter et, comme souvent, leur conversation s’orienta sur leurs années Poudlard. La métamorphomage ne pu retenir un fou rire au souvenir de cet accident. Elle se souvenait très précisément de la tête de Slughorn à ce moment. « Il a dû être traumatisé le pauvre. Il ne parlait plus que de ça aux soirées du Club, répétant à quel point Jaena était empotée ! » Bien sûr, il se contentait de raconter que le chaudron avait explosé, sans préciser que le contenu lui avait fini dessus…

L’étudiante médicomage jeta alors un œil en direction du bureau du prof. « Non mais je rêve ! Il n’est toujours pas revenu ! » Maugréa-t-elle en attrapant de nouveau ses notes afin de connaître la prochaine étape. « Une fois que l’on aura transvasé le contenu de ce chaudron dans celui-ci on aura une attente de trente minutes » annonça-t-elle à Deidre en désignant lesdits chaudrons. « Je t’offre un café pendant la pause. Il n’y a pas de raison, nous aussi on doit tenir le coup... » Ajouta-t-elle en baillant. Elle ignorait quelle était l’orientation politique du professeur de potion de l’école supérieure de magie, mais elle était sûre qu’il ne passait pas son temps libre à se battre pour la paix… Et, autant dire que les missions de l’Ordre épuisait Maddy chaque fois un peu plus.

Jetant un coup d’œil à sa montre (une jolie montre dorée à douze aiguilles), la métamorphomage augmenta le feu sous le chaudron en cuivre et tourna quatre fois dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, attendit encore les deux minutes nécessaires puis introduit le contenu du chaudron en étain dans celui en cuivre. « Bien, trente minutes, top chrono ! » Annonça-t-elle en attrapant son sac. Elle lança un sort de protection à la potion (avec l’ambiance tendue de la classe, mieux valait rester prudente afin d’éviter toute détérioration… les règlements de compte se faisant de moins en moins rares…) puis elle quitta la salle de classe en compagnie de Deidre. « Ca me rappelle nos escapades nocturnes à Poudlard ! » Lança-t-elle en riant. Sauf que sortir d’un cours durant les temps d’attente n’était pas un crime en sois –Maddy avait lu et relu le règlement intérieur de l’école, et aucun paragraphe n’évoquait ce détail. Elles arrivèrent alors à la cafétéria et l'ancienne Poufsouffle se dirigea vers la caisse. « Café ? Thé ? Cappuccino ? » Demanda-t-elle à son amie avant de prendre leur commande et de régler la grosse dame qui faisait le service.

Deidre éclata de rire en repensant à la tête de Slughorn et l'air tout gêné de Jaena. Cela ne l'étonna en rien qu'il l'ait mentionné lors des soirées du Club. Deidre avait reçu une invitation en quatrième année, sa mère étant une écrivaine acclamée par la critique mais elle avait oublié de s'y rendre et n'avais plus jamais eu de nouvelles du professeur de potions, qui s'était contenté de lui mettre une appréciation particulièrement mauvaise à son examen suivant.

« Dix mornilles qu'il pionce le nez dans son café » murmura-t-elle à son amie en regardant la porte par laquelle le professeur avait quitté la salle. Elle ouvrit des yeux effarés quand Maddy mentionna qu'elles devaient attendre trente minutes avant la fin de l'exercice. L'ex-poufsouffle eut l'idée géniale de proposer un passage à la cafétéria, idée que Deidre approuva d'un grand sourire. « On devrait apprendre à concocter des potions revigorantes, plutôt que ce genre de trucs » remarqua l'Irlandaise avec un clin d’œil. « Ce serait beaucoup plus utile » ajouta-t-elle en baillant également. « C'est ta faute ! » dit-elle à son amie avec une grimace.

Lorsque Maddy eut mis tout en place – elle faisait la majorité du travail, il fallait le reconnaître, mais elle était bien meilleure en potions que Deidre – les deux filles prirent leur sac et rejoignirent la cafétéria. « On en a évité, des retenues » se souvint la jeune femme. « Tu te souviens, la fois où Piccott a failli nous pincer ? Heureusement que la statue de ce sorcier était assez large pour nous cacher toutes les deux ! » dit-elle en éclatant de rire, se rappelant son cœur battant à l'idée d'être vue par le concierge. « J'espère que mon petit frère ne fera pas de telles bêtises ! » s'exclama-t-elle. Eliel venait d'entrer à Poudlard et n'en finissait pas d'écrire à Deidre la liste des bêtises que lui et ses amis prévoyaient de faire. Être cloué dans un fauteuil roulant ne semblait pas empêcher le petit garçon de prévoir les plus grosses âneries.

« Thé, merci » répondit Deidre, récupérant leurs consommations tandis que Maddy payait. Elle alla s'asseoir à une petite table carrée et entreprit de verser du lait dans sa tasse. Soufflant sur le liquide bouillant, elle eut un sourire de contentement en humant l'arôme du thé noir qu'elle affectionnait tant. « Ma mère a toujours revendiqué les vertus apaisantes du thé noir. Pourtant, elle en boit des litres par jour et c'est la femme la moins calme que je connaisse » s'amusa-t-elle avant de boire une gorgée.

Maddy rejoignit Deidre, songeuse. Elle réalisa que jamais elle n’avait eu à s’inquiéter de savoir si son petit frère s’apprêtait à faire de nouvelles bêtises. Etre fille unique était l’un de ces plus grands regrets, mais elle ne pouvait blâmer ses parents pour cela. En soit, la naissance d’un deuxième enfant dans la famille Bow aurait été quelque chose d’extraordinaire pour Maddy qui aurait pu, à l’heure actuelle, partager ses craintes et ses doutes avec son cadet. Néanmoins, elle devait bien reconnaître qu’elle se serait fait chaque jour un sang d’encre en sachant son frère (ou sa sœur) exposé(e) à un tel danger. Comment aurait-elle vécue l’horreur de cet été ?
Deidre la sortit alors de ses pensées, expliquant à quel point sa mère appréciait les vertus apaisantes du thé noir. La métamorphomage eut un léger rire. « Je connais tout un tas de propriétés concernant le thé noir, mais je dois dire que c’est la première fois que j’entends ça. » Avoua-t-elle en souriant, avant de boire une gorgée de son café.

« Il ne faut pas qu’on revienne en retard. » Ajouta-t-elle en jetant de nouveau un regard à sa montre. Une seule minute de retard et leur potion pouvait virer à la catastrophe. Levant le nez, Maddy aperçue, juste face à elles, le professeur de potion, en pleine conversation intense avec la prof de botanique avancée qui était, de loin, l’enseignante préférée de l’étudiante médicomage. « Je rêve ou il la drague ouvertement ? » Murmura-t-elle à l’oreille de Deidre, visiblement déçue de voir qu’une personne aussi adorable que Miss Mandrake se laisse berner par ce fainéant mal aimable….

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