Le soleil caressait sa peau claire de russe alors qu'allongée sur le sable elle profitait enfin de ses vacances. Il n'avait pas été très dur de convaincre son père de venir, au contraire, limite si elle avait eu le choix. En tant qu'ambassadeur du ministère anglais, Andreï Romansky avait été "obligé" d'assister au camp cet été alors il était évident que sa fille aînée y allait aussi. Possédant une grande villa sur les falaises un peu en dehors de la ville, au dessus du camp, il avait entraîné les Avery avec lui pour les vacances. Ce qui n'avait pas choqué Lyleïa outre mesure, les deux familles étant très liées à commencer par Rohan et elle qui étaient les meilleurs amis du monde depuis leur toute petite enfance. Ces deux là étaient inséparables depuis que les Romansky avaient débarqués de Russie et avaient rencontrés les Avery dans l'année qui avait suivie. Donc depuis leurs cinq ans. Ils avaient tout fait ensemble, ils avaient grandis, s'étaient construis ensemble. Même âge, même maison à Poudlard, même amis, il était rare d'en voir un sans l'autre derrière. Un bruit la tira de son sommeil réparateur - elle n'avait pas beaucoup dormi la nuit dernière, ses amis et elle s'étaient bien amusés - et elle ouvrit un oeil en grognon. - Tu trouve que c'est une heure pour dormir, princesse ? lança la voix bourrue de son père avec cet accent russe qu'il n'avait jamais perdu. - Mmmh ... pas beaucoup dormi la nuit dernière, rétorqua sa fille. Elle était un peu sur ses gardes. Ces dernières années, un gouffre s'était installé entre son père et elle et parfois elle craignait un peu ses réactions. Il pouvait se montrer très froid et distant ou chaleureux et paternel. Ca dépendait de l'humeur. Mais il avait l'air plutôt de bonne humeur là. - Je sais. J'ai croisé Perseus qui a le même problème avec Rohan. Je suppose que Julius, Fluvia et les autres sont dans le même état ? fit Andreï. - Probablement, grogna sa fille, pas vraiment d'humeur à bavarder. - Je me doute que tu as envie de dormir princesse mais ça attendra un peu. J'ai invité les Avery à dîner ce soir il faudrait que tu ailles te préparer. Aussitôt, Lyleïa se redressa. - Mais on avait prévu d'aller manger sur le port ce soir Rohan, Julius, Hestia et moi ! protesta sa fille. Son père haussa les épaules. - Et bien vous remettrez ça à demain ! Lyleïa le fixa outrée. - Papa ! J'suis pas venue ici pour que tu me pourrisses mes vacances ! On est pas venus ici pour se taper la même chose qu'en Angleterre avec tous vos repas protocolaires ennuyeux ! râla l'adolescente. Son père fronça les sourcils. - Attention Lyleïa. Je n'aime pas beaucoup ton ton. On fait un repas ce soir vas te préparer vous irez au port demain. J'ai mis une robe sur ton lit, coupa Andreï d'un ton sévère et sans appel. De toute manière, Lyl' savait que quand son père l'appelait par son prénom, c'est que c'était perdu d'avance. En soupirant elle se leva et rentra dans la villa pour aller prendre une douche.

Un sourire se dessina sur les lèvres de la blonde quand elle regarda la robe que lui avait offerte son père. Il avait toujours eu bon goût pour ça. Et au moins, elle n'aurait pas trop chaud. Elle passa donc la robe bustier rose très pâle qui lui arrivait mi genoux et s'approcha de sa glace pour l'ajuster. Légère, délicate mais assez bien pour un repas entre "grands". Elle l'aimait bien. Elle s'approcha ensuite de sa coiffeuse et attaqua le brossage de ses longs cheveux. Ils lui arrivaient à la taille maintenant ce qui lui laissait le champ libre pour essayer un tas de coiffures. Elle décida de les relever. Elle fit deux tresses en épis qu'elle remonta comme une couronne autour de sa tête et laissa des mèches libres. Puis elle se maquilla légèrement et quand son père l'appela, elle était prête. Elle passa des escarpins blancs à talons hauts et descendit. Tout le monde était déjà installé sur la terrasse surplombant la mer. Lyleïa alla saluer les parents Avery puis se rapprocha de Rohan et Thomas. Elle fit un baiser sur la joue du second avant de faire leur signe secret avec Rohan. Cette poignée, ils l'avaient inventés petits et ne l'avaient jamais abandonnée, c'était comme un rituel entre eux. Un elfe leur apporta une coupe de champagne et un verre de jus de fruit pour Thomas. - Du champagne ? s'étonna Lyleïa en regardant son père qui sourit. - C'est parce qu'on fête une grande nouvelle ce soir ! lança t-il. - Ah bon. Laquelle ? demanda sa fille en retenant une raillerie bien sentie. Elle avait été bien élevée quand même. - Perseus tu veux nous faire cet honneur ? demanda Andreï en regardant son vieil ami d'un air complice alors que Rohan et Lyleïa échangeaient des regards sceptiques. 

tenue Lyl:

Evidemment tout le monde était déjà là quand elle descendit. Elle croisa le regard de son père qui lui sourit d'un air amusé comme si il sous entendait qu'elle avait fait exprès d'arriver dernière pour faire une entrée remarquée. Ben tiens, c'était bien connu oui qu'elle aimait être le centre de l'attention. Ah ironie quand tu nous tiens. Décidant d'ignorer son père, la jeune fille déposa un baiser sur la joue de Thomas sans voir son trouble - elle devait être la seule à ignorer le béguin que Thomas avait pour elle - et se concentra sur Rohan. Depuis leur petite enfance il était son repère, son pilier, avec lui elle se sentait en sécurité, il ne pourrait rien lui arriver elle en était sûre. Enfants, il l'avait souvent protégée de bien des tempêtes, adolescents, ils se couvraient et se protégeaient mutuellement comme un roc face aux ouragans. Mais celui qui leur tombait dessus, ils ne l'avaient pas vu venir.

Du champagne, une grande nouvelle, Lyleïa pensa brièvement que les pères voulaient annoncer leurs fiançailles mais cette idée disparue aussitôt qu'elle l'eu. Son père savait qu'elle détestait le fait qu'il la force à faire quoique ce soit et il lui avait promit de ne pas lui faire ce coup là. Elle tenta de se rassurer mais quand Perseus Avery prit la parole, toutes ses illusions volèrent en éclats. - Comme l'a si bien dit mon vieil ami, ce soir nous fêtons une grande nouvelle. Une nouvelle qui nous concerne tous... Lyleïa commençait à s'impatienter quand Rohan prit la parole suivit de son père. - Tes fiançailles Rohan... annonça alors Perseus. Lyleïa grimaça et prit la main de Rohan pour le soutenir. Ca, c'était un coup bas pour son meilleur ami. Et puis soudain, un doute la prit. Attendez ... qui disait fiançailles, disait fiancée ... non ? Et la seule fille présente dans cette pièce était ... Paniquée, elle se tourna vers son père qui levait déjà son verre de champagne. - Et pas seulement les tiennes Rohan, mais aussi celles de ma fille unique et préférée, Lyleïa. Il sourit alors que Lyl' avait l'impression d'être balancée dans une mer glacée sans avoir été prévenue. Elle lâcha brusquement la main de Rohan comme si elle avait été brûlée et regarda Andreï qui poursuivait avec un clin d'oeil envers Rohan. Je te confie ma princesse alors prends en soin jeune homme. Et en plus il plaisantait ! Lyleïa sentit son visage et ses yeux se glacer. - Вы шутите, я надеюсь*, demanda t-elle à son père, glaciale. Andreï perdit son sourire en plantant ses yeux vert dans ceux de sa fille. C'était l'unique chose qu'ils avaient en commun : la couleur de leurs yeux. - Non et je te prierais de parler en anglais devant nos invités, répondit-il tout aussi froid qu'elle. Lyleïa sembla revenir à la réalité et se tourna vers les parents Avery avec un sourire avenant. - Veuillez m'excuser j'ai simplement été surprise, s'excusa t-elle. C'est qu'elle avait été bien élevée, la jolie blonde.

Un elfe vint alors leur annoncer que le dîner était prêt. Ils se rendirent tous sur la seconde terrasse qui surplombait la mer, où une magnifique table était dressée. Lyleïa remarqua qu'elle était entre Thomas et Rohan. Sans adresser un seul regard à celui qui était pourtant son meilleur ami - et son fiancé depuis quelques minutes - elle se tourna vers Thomas et lui sourit. - Alors ça te plaît la Grèce ? lui demanda t-elle curieuse. Elle ne remarqua même pas que son père prenait Rohan à l'écart pour lui offrir un écrin contenant la bague de fiançailles de sa mère. Elle ne voulait pas le voir. Ni y penser. Rien. Elle n'était pas fiancée. Si elle ne voulait pas fondre en larmes elle ne pouvait pas y penser. Elle se concentra sur Thomas. Elle ne pouvait pas se concentrer sur autre chose sinon elle ne tiendrait pas. Tu es sorti un peu avec tes amis ? Y a des endroits sympas sur l'île, continua t-elle avec un doux sourire.

*Tu plaisantes, j'espère

Elle allait exploser. Vraiment. C'était quoi cette maudite manie de fiancer leurs enfants alors qu'ils ne sont même pas en âge de savoir ce que signifie les mots adulte, amour ou mariage. C'était de la folie ! Une envie de pourrir la vie de leurs enfants, de vouloir toujours tout contrôler en permanence. Lyleïa ne pourrait jamais faire ça à ses enfants. Jamais. Alors quand leurs pères leurs balancèrent ça et qu'elle n'eut même pas la possibilité de dire non, la jeune fille rabattis sa colère et son amertume sur son meilleur ami. Ce n'était pas de sa faute, elle le savait bien mais elle ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir quand même. Comme si il avait laissé faire, comme si il aurait pu l'empêcher même si ce n'était pas le cas.

Alors à table elle se plaça à côté de Thomas, tournant le dos à Rohan qui était sensé s'asseoir près d'elle. Elle commença la discussion avec l'adolescent, souriant comme elle pouvait. Mais bon elle avait toujours beaucoup aimé Thomas qui était un peu comme un petit frère pour elle aussi donc elle ne se forçait pas trop non plus. Son ironie ne lui passa pas à côté et elle rit doucement. - Oh ces vacances n'avaient pas si mal commencées, souffla t-elle. Au contraire, elles avaient même plutôt bien commencées. Soleil, plage, jeux, baignades, rendez-vous secrets au clair de lune avec son Gryffondor, shopping en ville, balade sur l'île, bref de bonnes vacances. Jusqu'à cette maudite soirée. Et pour ça aussi, Lyl' en voulait à son père. Lui gâcher de si belles vacances c'était horrible comme comportement - bien qu'il arrivait bien après celui de fiancer sa fille unique de force à un garçon qu'elle considérait comme un frère. Lyleïa secoua la tête d'un air amusé quand Thomas lança un vague "ouais" pas convaincu. - Mais si je te promets ! Je t'en montrerais si tu veux, j'ai trouvé une petite crique magnifique de l'autre côté de l'île. Ca fait une ballade à pied et tu peux sauter des rochers. Enfin si tu veux, proposa t-elle. Bon effectivement, ça le faisait moyen vu qu'elle venait à peine d'être fiancée à Rohan mais elle s'en fichait.

Le repas se passa ... plus ou moins bien. Lyleïa ignorait Rohan en parlant à Thomas tandis que les adultes discutaient entre eux. Après le dessert - délicieux même si Lyl' n'avait pas faim - la jeune fille s'éloigna du groupe pour se diriger vers le balcon qui surplombait la mer. Là, elle laissa quelques larmes rouler sur ses joues puis elle se reprit histoire que ça ne se voit pas. Elle se laisserait aller plus tard. Avec Hestia. Ou Lysandre. Ou seule. N'importe. Mais pas ici. Pas maintenant. En entendant des bruits de pas approcher elle se raidit sensiblement et se ferma mais ne se retourna pas. Puis elle reconnu la présence de Rohan. C'était si facile. Ils se connaissaient si bien. Par coeur. Et c'était ce qui faisait le plus mal. - Qu'est ce que tu veux Rohan ? J'ai pas vraiment envie de parler là. Sa voix était froide. Distante. Une voix qu'elle utilisait souvent avec la plupart des gens. Mais jamais avec Rohan. Non, jamais. Il était la moitié d'elle même, son frère, son meilleur ami, ils se comprenaient sans un mot, sans un geste, avec simplement un regard. Et ça la brisait.

- Pourquoi ? rétorqua Lyleïa quand Rohan lui fit remarquer qu'ils allaient être obligés de parler de la situation. Elle ne voulait pas parler. Elle voulait rester seule, dans son coin, à tenter de se convaincre que la situation n'était qu'un affreux cauchemar et qu'elle allait se réveiller sur la plage avec une insolation après avoir oublié de mettre de la crème et de s'hydrater. Oui c'était ça, un cauchemar. Un simple cauchemar. - Ecoute, c'est difficile pour moi aussi ! Tu as beau être la fille que j'aime le plus avec ma mère, entre ça et t'épouser y'a un monde ! Mais on a pas vraiment le choix non ? Le mieux c'est d'essayer de faire avec... Lyleïa le regarda en état de choc. - De faire avec ? De. Faire. Avec ?!! s'étrangla t-elle. Rohan ! Ce n'est pas le fait de me marier avec toi qui me donne envie de vomir ! C'est le reste, siffla t-elle. Parce qu'être mariés ensemble ne suffirait pas au bonheur de leurs deux familles, il leur faudrait plus. Comme des héritiers. A la simple idée de devoir faire ça avec son meilleur ami, son dîner remonta et elle du se forcer à ne pas vomir tout ce qu'elle avait mangé. Tournant la tête vers l'horizon, elle fixa la mer, se forçant au calme. Elle fini par recouvrer un certain sang-froid, ce même sang-froid qui lui avait permit de survivre toutes ces années.

- Tiens ! Il parait qu'il est de coutume que tu portes une bague alors voila.. reprit Rohan en posant une petite boite devant elle sur la rambarde. Lyleïa soupira en levant les yeux au ciel puis baissa les yeux sur la bague. Et eu un nouveau choc en la reconnaissant. Elle pâlit brusquement et poussa un léger gémissement en la prenant. - Il n'a pas pu ... il n'a pas osé ... murmura t-elle des sanglots dans la voix. Elle plaqua une main sur sa bouche en se mordant la langue pour ne pas se mettre à pleurer. C'est celle de ma mère. C'est la bague de ma mère. C'est la dernière chose qu'il me reste d'elle. Et il est allé jusqu'à la prendre dans ma boîte à bijoux. Elle serra la main sur la fine bague, tremblante de rage et de douleur. Elle senti la main de Rohan sur son bras mais elle se dégagea brusquement. Non. Elle fixa Rohan une rage noire proche de la haine couvant dans ses beaux yeux. Mais elle n'était pas destiné à son meilleur ami. Elle secoua la tête. Non, répéta t-elle. S'en ai trop. Il a dépassé les limites. Et je le ferais payer pour ça. Puis elle tourna les talons et rentra. Quelques minutes plus tard, sans que personne ne s'en rende compte - hormis Rohan probablement - elle s'était enfuie de la maison et courait à en perdre haleine sur le chemin menant au cabanon.