« Mais je vous dis que je vais bien ! dit Agnes, excédée alors qu'on la conduisait de force jusqu'à l'accueil de l'hôpital St-Mangouste.
— Ta main est recouverte d'écailles bleues, c'est ce que tu appelles "aller bien", Baker ? fit Adamberg, un collègue auror.
— Et alors ? s'écria-t-elle en levant les bras. On a vu bien pire, il me semble ! »
Au fond d'elle-même, elle savait qu'un passage à St-Mangouste était indispensable. Les "finite incantatem" et autres potions n'ayant pas fonctionné, elle se devait bien de passer devant un professionnel afin de retrouver sa main d'origine. L'effet peau de dragon n'était franchement pas ce qu'il y avait de mieux pour faire sensation en soirée.
Si elle était en colère, c'était avant tout contre elle-même et non pas parce qu'on la conduisait de force se faire soigner. Non, elle était en colère car elle n'avait pas réussi à anticiper le sort, elle n'avait pas réussi à le contrer. Elle n'était plus une débutante, comment avait-elle pu se faire toucher aussi sottement ?
« Qu'est-ce qui t'es arrivé ? lui demanda Adamberg alors qu'ils attendaient dans la file du bureau des admissions.
— Un truc tout bête, répondit-elle en secouant la tête. J'aurais dû le voir venir. Je suivais un type, qu'on m'avait annoncé comme étant l'un de ces extrémistes. J'avais pris mes précautions, je pensais vraiment ne pas avoir été repérée et pourtant, il savait que je le suivais. Au bout d'un moment, il a bifurqué dans une ruelle. J'ai suivi, j'avais une centaine de mètres d'écart avec lui. Eh bien quand j'ai tourné dans la ruelle, il m'y attendait. Le temps que je sorte ma baguette, je m'étais reçu un sort informulé. La suite, tu la connais, j'ai aussitôt transplané chez toi. »
Lorsque ce fut son tour, Agnes remplit une paire de papier et fut invitée à rejoindre le service des pathologies par sortilèges. En montant les étages dans l'ascenseur, elle remarqua que les écailles s'étaient étendues tout le long de son avant-bras, jusqu'à son coude. Elle en fit part à Adamberg qui grimaça mais resta silencieux.
Une fois arrivée au bon étage, on la dirigea jusqu'à une chambre libre et on lui indiqua une tenue d'hôpital à revêtir. Ô joie. Son collègue s'éclipsa une minute et lorsqu'il revint, ce fut pour lui dire qu'il devait partir, qu'il avait reçu un hibou urgent du bureau des aurors.
« Tu vas t'en sortir, toute seule ? lui demanda-t-il.
— Tu sais à qui tu t'adresses, là ? lui répliqua-t-elle en riant. Bien sûr que ça va aller. On se retrouve au bureau tout à l'heure ! »
Et il fila, laissant Agnes toute seule dans sa chambre. Le sortilège s'était alors déjà étendue jusqu'à son épaule.

Les retrouvailles

Agnes & Phoebus

Penché au-dessus du lit d'une patiente de la salle Dai Llewellyn, Phoebus plissait des yeux dans l'espoir de mieux discerner parmi les jappements de Mrs Skegg le signe que celle-ci retrouvait l'usage du langage : sa patiente, une sorcière d'une quarantaine d'années victime d'une mauvaise manipulation qui l'avait laissée incapable de s'exprimer autrement qu'en aboyant, avait été acceptée dans le service deux jours plus tôt. Mais jusqu'à présent, si la sorcière était parfaitement capable de communiquer avec le personnel soignant en écrivant, en revanche aucun progrès n'était constaté du côté de la diction. « Vous voulez parler du dernier but des Canons, c'est ça ? hasarda le Médicomage en interprétant un "Wouuuuf" particulièrement passionné, ou bien c'est à propos de vos repas ? Je suis bien d'accord, le ragoût de ce midi était effroyable » intima-t-il à voix basse, s'attirant au passage le regard réprobateur de l'infirmière Higgins, qui l'avait appelé à la rescousse et se tenait à côté de lui près du lit. Mrs Skegg émit un jappement découragé et leva les yeux au ciel. Phoebus lui dédia un sourire et lui tapota gentiment la main : « Ne vous en faites pas Mrs Skegg, ça n'est qu'une question de temps. Le Guérisseur-stagiaire Bloxam est en train de chercher à quelle race de chien correspondent vos aboiements. Une fois qu'il aura trouvé, il nous sera très facile d'annuler les effets de cet enchantement ! ». Sur ces paroles qui se voulaient encourageantes, il prit congé de sa patiente qui aboya quelque chose qui ressemblait vaguement à un "Bonne journée", et consulta sa montre une fois que la porte de la chambre fut refermée. En service depuis l'aube, il n'avait pas encore trouvé le temps de prendre une pause : il était sur le point d'y remédier, dès à présent !

« Phoebus, Auror en chambre 4 ! » s'exclama à cet instant la Guérisseuse-en-Chef Pamela Gleaves en passant la tête à travers l'embrasure de la chambre voisine de celle où se trouvait Phoebus un instant plus tôt. Sans attendre de réponse, la sorcière retourna immédiatement à son patient et le jeune Médicomage observa tristement sa douce pause s'éloigner de lui, lui faire un signe de la main et disparaître au détour du couloir. Qu'à cela ne tienne, il avait avoué à sa patronne qu'il adorait s'occuper des Aurors (ces derniers arrivaient toujours à Sainte-Mangouste avec des pathologies bizarres et des histoires palpitantes !), et il assumait le fait que Pamela l'ait pris au mot en lui réservant tous les Aurors qui passaient désormais le seuil de la porte du service. Il croisa l'infirmier Westenberg qui quittait la chambre 4 au moment où Phoebus allait pousser la porte : « Je me suis occupé de la fiche d'entrée, lui annonça le sorcier en lui tapotant l'épaule, je vous laisse, c'est l'heure de ma pause » conclut-il avant de déguerpir sans demander son reste. Le Médicomage se retint de lui jeter un sort et préféra entrer rencontrer son nouveau patient... qui était une patiente, à en croire le rapide regard qu'il lança en direction de la jeune femme à la peau sombre qui reposait sur une pile d'oreillers blancs. « Bonjour, je suis le Médicomage Dearborn, je vais me charger de votre dossier, Mrs... il attrapa la fiche d'entrée que Westenberg avait fixée au montant du lit, ... Mrs Baker. On me signale un maléfice offensif, non-douloureux mais invasif », résuma-t-il en prenant rapidement connaissance des informations mises à sa disposition. Soudain, à la lecture de son document, il sembla réaliser quelque chose, et posa pour la première fois son regard scrutateur sur le visage de sa patiente : « Agnes Baker ? » s'étonna-t-il.

acidbrain

Citation :

• Faire un post de 500 mots ▬ 2 dragées

Lorsque le médicomage entra dans la chambre d'Agnes, celle-ci reconnut aussitôt Phoebus, son ancien camarade de classe et co-préfet de Gryffondor. Comment aurait-elle pu ne pas le reconnaître ? Il était le même que dans ses souvenirs, juste un peu plus adulte et ça lui allait bien, lui qui avait toujours eu un visage un peu enfantin.
« Bonjour, je suis le Médicomage Dearborn », dit-il et Agnes se surprit à sourire.
Médicomage, rien que ça. Où était passé le petit Phoebus en uniforme de Poudlard ?
« Je vais me charger de votre dossier, Mrs... il attrapa les documents fixés au montant du lit, ... Mrs Baker. On me signale un maléfice offensif, non-douloureux mais invasif. »
Et alors, il sembla réaliser qui il avait en face de lui. Il leva enfin les yeux de son dossier et les posa sur la jeune femme.
« Agnes Baker ? dit-il, étonné.
— Salut, répondit-elle simplement en souriant. Contente de te revoir, Pheob'... Ou devrais-je dire "Médicomage Dearborn" ? J'ai pas encore l'habitude. »
Alors qu'ils discutaient, le sortilège continuait de s'insinuer jusque dans son cou et commençait à s'attaquer à son épaule encore saine. Elle était en train de se transformer en femme-lézard, ce qui était franchement bien pour des retrouvailles.
« Je ne suis pas très présentable, tu m'excuseras ! dit-elle en grimaçant. J'ai l'air un peu moins écailleuse d'habitude, je te rassure. »

Les retrouvailles

Agnes & Phoebus

En un instant, Phoebus perdit alors tout professionnalisme et un grand sourire s'épanouit sur son visage : envolée la fatigue, les ennuis en tous genre, le jeune Médicomage était soudain de retour à Poudlard, catapulté dans son propre passé par l'apparition qui lui servait de patiente aussi sûrement que s'il avait utilisé un Retourneur de Temps.
« Eh bien si je m'attendais à ça, toi, ici ! s'exclama-t-il en dévisageant Agnes comme s'il avait du mal à y croire, et avec des écailles, en plus. Éblouissantes, d'ailleurs, ces écailles, cela te va très bien, tu es ravissante. »
En fait, peut-être aurait-il mieux fait de ne pas dire cela, réalisa Phoebus au moment même où le compliment lui échappait. Emporté par son enthousiasme naturel, il venait après tout de complimenter une patiente sur sa pathologie (la raison très précise pour laquelle elle était là !), sans même parler du fait qu'il avait qualifié de ravissante une jeune femme qui n'était pas sa petite amie. « Enfin je veux dire, reprit-il en toussant légèrement, ce sont de très belles écailles mais tu serais probablement bien mieux sans. » Et notre jeune Médicomage de rougir légèrement, à présent un peu gêné : Agnes savait que Phoebus avait eu un gros faible pour elle à Poudlard, ce dernier le lui ayant avoué peu après la fin de leurs ASPICS, poussé par une consommation excessive de Bièraubeurre. En revanche, sept ans plus tard, le jeune homme était passé à autre chose, et le fait de n'avoir pas vu la jeune femme pendant tout ce temps avait certainement aidé. En venir à la complimenter sur son apparence deux minutes après l'avoir retrouvée risquait toutefois d'induire Agnes en erreur, et la convaincre qu'il n'était pas passé à autre chose. Exactement ce que Phoebus ne voulait pas qu'elle pense : il avait grandi, il avait mûri, il était devenu un adulte, et il était heureux et amoureux. En quelques sortes. « Et si tu me racontais plutôt comment tu t'es retrouvée dans cet état ? reprit-il en reposant la fiche de soin, si tu m'autorises, je vais regarder ce qu'il en est. »

acidbrain

Citation :

• Faire un sujet avec des phrases commençant toute par un "E"  ▬ 2 dragées
• Complimenter un autre personnage (de manière explicite) ▬ 2 dragées

Lorsque Phoebus complimenta Agnes sur ses écailles, celle-ci baissa les yeux sur ses bras et pouffa. On ne pouvait pas dire en toute honnêteté que c'était ravissant, à moins d'avoir des tendances assez bizarre et très franchement, Agnes ne voulait rien savoir de tout ça. Si Phoebus était branché iguane, ça ne regardait que lui.
« Effectivement, je serais bien mieux sans ! dit-elle en souriant largement. Et quant à comment je me suis fait ça, eh bien c'est tout simple : je me suis pris un sort en pleine poire, comme une vraie débutante. »
C'était ce qui la faisait le plus rager. Comment avait-elle pu se faire avoir aussi facilement, elle qui était d'ordinaire toujours prudente et de ce fait, l'une des aurors les plus efficaces du bureau ?
« C'était un sort informulé, reprit-elle en tendant l'un de ses bras à Phoebus tandis qu'il s'approchait d'elle pour l'examiner. De ce fait, je ne pourrais même pas t'être utile quant à l'origine de ce maléfice. C'est la première fois que je le rencontre. »
Et alors que Phoebus l'ausculait, Agnes se perdit un moment dans ses souvenirs. Qu'il était loin, le temps où ils n'étaient que deux ados arpentant les couloirs de Poudlard en remplissant leurs rôles de préfets. Ils avaient été si proches, tous les deux, s'accordant parfaitement bien, que ça soit dans leurs fonctions ou dans leur amitié. Agnes avait vu en lui comme un meilleur ami, mais jamais plus car elle n'était pas intéressée par les garçons qu'elle trouvait vraiment trop bêtes. Elle était d'ailleurs passée complètement à côté des sentiments de Phoebus et ç'avait été un véritable choc pour elle lorsqu'il lui avait avoué ce qu'il ressentait bien plus tard. Puis leurs chemins s'étant séparés, chacun avait finalement fait sa vie de son côté, oubliant un peu l'autre et tout ce qu'ils avaient vécu.
Jusqu'à ce jour, où tout remontait à la surface.
« Alors, c'est officiel, je suis devenue un reptile ? dit-elle amusée. Tu crois que je peux commencer à m'entraîner à attraper des mouches avec ma langue ? »

Lorsque la pince à épiler apparut dans la main de Phoebus, Agnes grimaça, connaissant que trop bien cet instrument de torture qu'on utilisait parfois sur elle dans les instituts de beauté.
« Tu es sûr de ce que tu fais ? lui demanda-t-elle en tendant tout de même docilement son bras dans sa direction. J'ai vu le regard que tu as lancé dans le couloir. C'est quoi, une technique expérimentale et tu n'as pas le droit de la pratiquer, ou quelque chose de ce genre là ? Non pas que ça me fasse peur mais je préfère demander pour savoir à qui m'en prendre si jamais je ressors d'ici un bras en moins ! »
Agnes riait, plus amusée qu'effrayée, mais son rire s'évanouit assez rapidement lorsqu'elle vit Phoebus approcher la pince de son bras. Elle plissa les yeux, prête à souffrir le martyr puis, à la toute dernière seconde, elle recula son bras dans un sursaut.
« T'es sérieux ? dit-elle, les sourcils froncés. Tu vas vraiment faire ça ? »