Un air grave mais fier épinglé au visage, Sadius Beurk observait avec concentration les moindres faits et gestes de ses hommes. Érudit et instruit, le sang pur n’appréciait guère devoir se salir les mains en ôtant la vie. Malgré tout, le spectacle qui s’offrait à lui en cette belle soirée de pleine lune avait quelque chose de plaisant, d’exaltant. Il détourna un instant son regard de la scène, s’aventurant d’un pas las dans la maison qu’ils « visitaient » ce soir. Curieux, le mangemort chercha la bibliothèque, mais sa déception fut violente lorsqu’il ne découvrit qu’une misérable étagère bancale ne contenant qu’une poignée de livres moldus. Qu’avait-il été s’imaginer après tout… ?

C’était la première fois qu’il mettait ainsi les pieds dans le logement de cracmols. Habitué aux riches manoirs des acheteurs du magasin, il n’avait pas un instant songé que les victimes qu’ils avaient sélectionné pour cette première attaque pouvaient vivre dans une demeure modeste, absente de tout signe de magie. Mais, après tout, n’était-ce pas finalement la véritable raison de sa haine envers les sangs impurs ? Brûlant de sa baguette tous les ouvrages installés sur l’étagère, Sadius regagna le salon, où il retrouva avec satisfaction, ses hommes regroupés autour de deux corps inertes : la cracmole qu’ils avaient pris pour cible, ainsi que son conjoint, un moldu ignorant sans aucun doute l’existence de la magie.

Les yeux écarquillés par la peur, leurs bouches tordues par un cri d’horreur, les deux époux semblaient pétrifiés. Adressant un regard enchanté à sa troupe de mangemorts, Beurk leur ordonna de quitter les lieux. Il ne lui restait désormais qu’à effacer les preuves et brouiller les pistes. Le maître avait été clair à ce sujet. Ils devaient agir dans l’ombre. Pour le moment.

D’un mouvement ample du poignet, l’homme effaça toute trace de lutte. Il ferma les yeux des victimes qu’il installa sur le sofa, mimant ainsi une mort accidentelle, pouvant s’expliquer par une fuite de gaz, d’un point de vu moldu. Toutefois, le but du crime était de lancer un avertissement, d’effrayer la population afin que, peu à peu, Lord Voldemort fasse son entrée dans le monde sorcier, affolant de par son nom toute la communauté des sangs impurs.
Aussi Beurk décida-t-il de laisser un message aux enquêteurs. « Prenez garde. Ils seront les premiers d’une grande liste de sacrifiés. » Ses lettres, tordues et irrégulières, s’étalaient sur le parchemin. Elles semblaient avoir été tracées avec du sang. Mais du sang coagulé, du sang impur…  

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« Ne retire pas ton manteau, tu fonces sur le terrain ! »
Agnes venait tout juste d'arriver au bureau des aurors. Un café brûlant dans une main et son sac griffé en cuir noir dans l'autre, elle n'avait pas eu le temps de faire un pas dans la pièce que son patron s'était précipité à sa rencontre. Marcus Goldberg, un sorcier bedonnant d'une cinquantaine d'année, au crâne dégarni et aux tempes grisonnantes. Un gentil bougre, doué dans son travail.
« Déjà, chef ? demanda-t-elle, amusée. Il est à peine huit heures.
- Notre infiltré chez Scotland Yard vient de nous faire parvenir ce dossier », lui répondit-il en lui tendant une liasse de parchemins dans une pochette cartonnée.
Agnes soupira et déposa son gobelet de café sur la sellette en bois près des porte-manteaux. Puis elle s'empara du dossier et commença à le feuilleter.
« Les moldus pensent qu'il s'agirait d'une fuite de gaz, reprit le chef de la brigade, mais notre indic pense plutôt à une mort d'origine sorcière. Regarde un peu : une cracmole et son époux, tous les deux retrouvés morts sur leur canapé. Un voisin a donné l'alerte. Le chien du couple hurlait à la mort dans le garage, ce qu'il ne fait jamais d'habitude, d'après les témoignages. Le voisin est allé voir ce qui se passait et il a eu beau frapper, personne n'a répondu. La TV était allumée, il la voyait par la fenêtre. Il a trouvé ça étrange et a appelé la police.
- Qui est déjà sur place ? demanda Agnes.
- Personne, on vient de le recevoir à l'instant, répondit Goldberg. Et notre taupe a réussi à s'emparer de ça avant que les policemen ne le voit, ça devrait t'intéresser... »
Il tendit à Agnes un parchemin sur lequel était écrit en lettres rouges, grossières : « Prenez garde. Ils seront les premiers d’une grande liste de sacrifiés ». Le message semblait avoir été écrit avec du sang.
Le visage d'Agnes était devenu grave alors que défilaient les lignes sous ses yeux. Au bout de quelques secondes, elle releva la tête du dossier, les lèvres pincées.
« Très bien. Je préviens Brockdale et on y va. »
Averus Brockdale était son coéquipier depuis quelques semaines. Un type intelligent, quoiqu'un peu dérangé. Agnes n'était pas sûre d'avoir totalement confiance en lui comme elle pouvait avoir entièrement confiance en Kingsley par exemple, un autre de ses collègues et ami par la même occasion.
Enfin quoi qu'il en soit, elle devait faire équipe avec Brockdale et aujourd'hui, ils allaient avoir beaucoup de travail...

HJ : je ne savais pas quoi faire, si je devais faire toute l'enquête ou pas, si j'écrivais juste un passage, si après on passait à la "rencontre" en continuant en flashback... à toi de me dire, j'éditerai s'il faut ! Quoi qu'il en soit, désolée, c'est pas terrible pour une reprise ah ah.

Décès suspects d’une cracmole et de son époux

Nouvelle inquiétante pour le monde sorcier : ce mercredi matin, après l’alerte inquiétant d’un voisin, un couple a été retrouvé mort sur le canapé du salon. D’après une première enquête menée par la police moldue, il semblerait qu’une fuite de gaz pourrait être à l’origine de ces décès. Ce qui n’est visiblement pas l’avis de nos aurors, envoyés sur place quelques heures à peine après l’incident.

La femme, Carolyn Reid, une cracmole s’étant parfaitement adaptée au monde moldu, menait une vie paisible et sans souci avec son époux, George Reid. Le couple, apprécié de tout le voisinage, était notamment connu dans le quartier pour les œuvres caritatives qu’ils mettaient en place afin de venir en aide aux plus démunis.

Cette nouvelle s’abat alors sur le monde sorcier comme une véritable menace, une provocation. Alors qu’une manifestation prônant les droits des moldus s’est déroulée le mois dernier dans les rues du Chemin de Traverse, suivit ce mois-ci par un discours fort engagé concernant l’égalité des droits entre cracmols et sorciers par la Ministre de la Magie, Eugenia Jenkins (cf le n° précédent de la gazette du sorcier), il s’avérerait qu’un groupe de résistants viseraient directement les cracmols, dénonçant à leur manière une cause qu’ils jugeraient vaine et dénuée de sens.  

Aucun indice ne confirme cependant cette supposition, bien qu’une première affaire similaire ait déjà été évoquée quelques mois plus tôt (je vous invite à relire l’article de la gazette sur la Famille Douglas).

Sadius Beurk replia soigneusement la gazette du sorcier qu’il était en train de parcourir du regard depuis de longues minutes. Installé à une table isolée du Chaudron Baveur, il afficha un discret sourire suite à la lecture de cet article. Le monde sorcier s’inquiétait. Certes, leurs soupçons restaient infondés, mais l’évocation d’un « groupe de résistants » était déjà un début. L’objectif n’étant pas d’imposer directement au monde l’existence des Mangemorts, mais bel et bien de faire naître un sentiment d’angoisse et d’insécurité dans le cœur des sorciers. Et cela semblait fonctionner. Peu à peu, les Mangemorts, de par leurs actes terribles et répétitifs, commençaient à inquiéter les citoyens, à faire parler d’eux. Bientôt, alors que d’autres morts viendraient agrandir la liste, Lord Voldemort ferait son apparition, son nom faisant trembler le moindre individu.

Le regard dans le vague, Sadius avala une gorgée de café brulant puis, apercevant à une table voisine une femme qu’il savait auror, pour l’avoir déjà vu au Ministère de la Magie, il s’approcha d’elle, sourire aux lèvres, bien décidé à en savoir davantage sur l’avancée de l’enquête.
« Puis-je ? » Demanda-t-il en désignant la chaise libre face à elle. N’attendant pas de réponse, il s’y installa, tout en déposant sur la table sa tasse de café, ainsi que la gazette, en s’assurant que le titre de l’article soit bien visible. « Dure journée ?! » Demanda-t-il devant l’air exténué de la jeune femme, essayant de lancer la conversation, en espérant qu’elle dévie rapidement vers le sujet l’intéressant.



N'édite rien, c'est parfait.
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« Puis-je ? »
Agnes leva les yeux et s'aperçut qu'un type lui faisait face. Avant même qu'elle n'ait eu le temps de répondre, il s'était déjà installé sur la chaise libre et avait déposé café et gazette sur la table. Agnes resta silencieuse et rapprocha d'elle sa tasse de thé pour faire de la place à l'envahisseur.
« Dure journée ?! demanda-t-il et Agnes haussa les sourcils, cela se voyait-il tant que ça ?
- On peut dire ça » répondit-elle en portant sa tasse encore brûlante à ses lèvres.
Elle avait passé toute la journée à enquêter sur le meurtre de la cracmole et de son mari et si son patron ne lui avait pas imposé de rentrer chez elle, elle serait encore au bureau à l'heure qu'il est. Lorsque son regard tomba sur le gros titre de la Gazette, elle secoua la tête et soupira. Décidément, son boulot la poursuivait.
« Disons que la journée a été très longue, ajouta-t-elle, et que la nuit va probablement être très courte, donc... »
Agnes n'en dit pas plus, préférant rester vague quant à son métier et ses occupations. Elle n'était pas du genre à accorder facilement sa confiance, surtout quand son interlocuteur était un homme. Elle savait pourquoi les hommes venaient l'aborder, elle n'était pas idiote et savait qu'elle attirait le regard. Seulement, elle répondait rarement aux avances de la gente masculine, elle n'avait franchement pas le temps pour se lancer dans des histoires de couple.
Voyant que le jeune homme ne quittait pas sa table, elle se contenta de regarder ailleurs afin qu'il comprenne de lui-même qu'elle n'était pas intéressée.

Agnes regarda de nouveau son interlocuteur lorsque celui-ci s'indigna du monde dans lequel ils vivaient. Qu'attendait-il de la jeune auror ? Qu'elle le plaigne ? Alors qu'elle vivait au quotidien tout ce qui était écrit dans cette Gazette en dix fois pire ? Il fallait avoir les nerfs solides pour faire ce métier, surtout actuellement.
Agnes jeta tout de même un coup d'oeil au titre de l'article et haussa les sourcils.
« Les cracmols sont souvent méprisés, c'est pas la première fois que certains se font tuer par des cinglés, dit-elle en portant sa tasse de thé à ses lèvres. Et malheureusement, ça ne sera probablement pas la dernière, d'après ce qu'on en sait... »
Elle avait ajouté ses mots en référence à la petite note qu'ils avaient trouvé sur les lieux du crime. Quelqu'un sévissait dans Londres et ce n'était qu'un début, avait-il averti. Mais qui était-il ? Agnes aurait payé cher pour le savoir.