Bertram avait économisé pendant plusieurs mois pour pouvoir s'offrir son entrée au Festiwitch : il connaissait déjà assez bien le festival pour y avoir été à plusieurs reprises déjà, mais cette année, pour le féliciter d'avoir obtenu sept BUSES, ses parents avaient accepté de le laisser y aller avec ses copains. Mairead et Graham, jaloux comme des poux, n'avaient pas eu le droit de se joindre à lui (de toute façon, Bertram ne voulait pas d'eux !), et devaient rester avec leurs parents qui avaient décidé d'assister à quelques concerts, en particulier celui de Celestina Moldubec dont Madame Aubrey était une inconditionnelle. Autant dire que leur grand frère avait décidé de rester éloigné !
Aujourd'hui, l'aventureux Bertram s'était décidé à aller visiter les environs du lieu du festival. Après plusieurs minutes à marcher entre forêts et lacs, il repéra sur un pic rocheux un édifice en partie écroulé, au-dessus duquel volaient quelques oiseaux. Ni une ni deux, le jeune homme décida d'aller y voir de plus près, et arriva au pied du manoir : ni portes, ni fenêtres, l'endroit était vraisemblablement abandonné. Parce que la curiosité était trop forte, Bertram entra dans le sombre hall, complètement vide et au sol recouvert de fientes d'oiseaux... Pas vraiment accueillant. Parce qu'il n'avait pas le droit d'utiliser la magie pour s'éclairer (quelle frustration !), Bertram laissa quelques secondes ses yeux s'habituer à la pénombre du lieu, avant de se lancer à la découverte de la maison : il traversa un premier salon envahi par la végétation, puis ce qui devait être une salle à manger, et erra quelques minutes au rez-de-chaussée avant de se décider à retourner dans le hall pour monter à l'étage : la vue sur les environs devait être magnifique ! C'est animé de cette conviction que le jeune homme monta au premier étage et fit quelques pas dans le couloir... Jusqu'à ce que, derrière lui, l'escalier grince de nouveau. Instantanément, le jeune homme se figea sur place, et sentit une goutte de sueur dévaler sa colonne vertébrale : il n'était pas de nature froussarde, mais là... Des dizaines de scénarios se déroulèrent instantanément dans sa tête, tous plus atroces les uns que les autres, et le pauvre Serdaigle sentit qu'il perdait ses moyens. Il dégaina sa baguette magique (il connaissait précisément la loi sorcière et savait qu'il pouvait user de la magie si sa vie était en danger !), et osa demander d'une voix qu'il espérait ferme :
— Qui est là ? Y'a quelqu'un ?

Bertram essaya de déglutir en faisant le moins de bruit possible... Chose qui lui semblait impossible, tant le sang qui battait contre sa tempe, et son cœur qui battait à toute allure, lui semblaient faire un vacarme épouvantable. La maison était-elle en fait habitée ? Avait-il dérangé quelque créature démoniaque ? Un vieil elfe de maison fou, peut-être ? Un gobelin ermite, exclu de sa communauté car cannibale ? Et Bertram qui n'était constitué que de muscles, représenterait une proie idéale, ferme et tendre ! Le jeune homme frissonna d'horreur : quelle fin horrible ! Et sa question qui restait sans réponse...
— J'ai une baguette magique, et je sais m'en servir ! prévint-il d'une voix qui frisait à présent l'hystérie, et mes amis savent que je suis là ! prétendit-il pour décourager l'intrus de l'attaquer. C'était pas vrai du tout, mais il espérait que ce petit mensonge ferait son effet. Sans tourner le dos à l'effrayant escalier, Bertram fit un premier pas pour s'en éloigner, puis un deuxième, avant de se retourner pour vérifier que personne ne risquait de l'attaquer par derrière.  

Tout d'abord, seul le silence répondit à sa mise en garde, et Bertram respira un peu plus librement. Peut-être avait-il fait peur à l'intrus ? Que nenni, car celui-ci se mit à marcher bruyamment, et le Capitaine des Bleus recula précipitamment de quelques pas... Pour pousser un cri étranglé lorsqu'il s'empêtra dans l'épaisse toile qu'une araignée avait tissé dans l'encadrement d'une porte. Bertram entreprit de se dépatouiller de toute cette soie, lorsque dans une pièce voisine, un objet tomba sur le sol avec fracas, et de nouveau des pas précipités se firent entendre. Le jeune Aubrey, tétanisé par la peur, décida de rester dans le couloir (la pièce derrière lui était bien trop sombre !) et se colla contre le mur, sous un tableau depuis longtemps abandonné par son propriétaire. Du moins, c'est ce qu'il pensait ! Car dès qu'il posa son dos contre le cadre du tableau, le sujet de ce dernier, une petite sorcière à l'air revêche, se précipita vers le centre de la toile, attirée par tout ce raffut, et commença à hurler à la mort en vieil écossais qu'un intrus était entré dans la maison. Bertram fit un bond de trois mètres en avant pour mettre le plus de distance possible entre elle et le tableau, lorsqu'il percuta de plein fouet une tornade blonde qui venait de jaillir de la pièce d'à côté, dans l'intention évident de lui faire du mal :  
— STUPEFIX ! s'écria-t-il en visant son assaillant en pleine tête.

IMPAIR : Le sortilège fuse droit sur Aurora... Saura-t-elle l'esquiver ?
PAIR : Dans sa panique, Bertram vise complètement à côté et son sortilège touche un lustre au-dessus de sa tête qui explose sous le choc.