"Entre serpent et blaireaux au pub" {Hazel, Luzia, Moran}

COTÉ DU BIEN

Je ne pouvais pas nier que cette année, il se passait pas mal de choses pour moi à la Festi'witch. Elle était plus intéressante que l'année dernière, et pourtant, je n'avais dû passer qu'une heure devant la scène à écouter les différents groupes passer. J'avais passé une soirée mémorable avec Daisy, la veille j'avais été visiter la maison hanté sur un coup de tête et j'étais tombé sur une fille qui d'après une amie avait peur de moi, alors forcément je n'avais pas pu résister à l'envie de lui parler. Et étonnamment elle m'avait envoyé un hibou ce matin m'invitant à la rejoindre au pub cet après-midi. Sa lettre avait été très brève et j'avais parié avec cette même fille, Hazel Popkins que d'ici à la fin de la semaine elle ne me verrait plus du tout comme une menace. Je soupirais. Il y avait tant de préjugés à l'encontre des gens de ma maison que j'en étais parfois mal-à-l'aise. Il était quinze heures et je marchais en direction du pub en pensant à plein de choses différentes.

Je passais un très bon séjour et j'en étais ravi. Alors m'amuser avec les peurs d'une Poufsouffle ne me rendait que plus heureux, même si au fond je voulais surtout la faire changer d'avis sur ses préjugés. Puis il y avait eu cette soirée avec Daisy qui me mettait encore plus de bonne humeur sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. J'entrais dans le pub. Je sentais toutes les effluves des alcools possibles et imaginables. Certaines tables semblaient crasseuses et je ne fus guère étonné de voir qu'Hazel m'attendait sur une table à priori propre avec… Une fille. Je posais un sourire moqueur sur mon visage en m'avançant vers elles.

- Aaah, Hazel ! Je vois qu'on a peur de venir toute seule hein ? C'est mignon. Je ne pensais pas être si effrayant avant de te rencontrer tu sais.

Je m'assis sans demander l'autorisation à côté de la fille que je ne connaissais pas tout en lui tendant ma main :

- Moran dis-je en guise de présentation.

Je lâchais un sourire avenant tout en m'enfonçant dans mon siège. Cette journée allait être plus intéressante que je ne le croyais.

Après avoir eu la peur de ma vie au manoir en compagnie de Moran, je n'avais presque pas dormi de la nuit. Et le matin même, je me sentais obligée de lui envoyer un hibou pour lui dire qu'il pourrait me rejoindre au chaudron percé, si il en avait l'envie, pour partager une bierraubeurre. Je ne lui faisait pas encore très confiance, surtout après m'être jetée dans ses bras après la vue d'une araignée, il à dû me prendre pour une folle, surtout un Serpentard. Mais je voulais aussi inviter Luzia, je ne voulais pas me rendre seule à un rendez-vous avec lui. Si je l'ai invité, c'est pour qu'il ne me prenne pas pour une dégonflée qui à peur d'une personne comme lui, même si c'est la réalité.

Mes affaires étaient prêtes, je pouvais partir. J'avais donné rendez-vous à Luzia un peu plus tôt qu'a Moran pour que l'on puisse discuter seules sans qu'il nous dérange. Je consultais ma montre : quatorze heure cinquante, j'étais dans les temps. Je me dirigeais vers le pub, les rues étaient assez désertes pour l'instant, mais ce village était très agréable. En entrant dans le pub, je remarquais directement Luzia assise à une des tables qui me sourit en me voyant. Je me dirigeais vers elle, qui n'a l'air pas très rassuré. Je la saluais et elle me fit de même.
-Crois-tu que j'ai bien fait d'inviter ce Serpentard ? lui dis-je a voix basse.

De toute manière, on ne pouvait revenir en arrière. J'espère que Luzia ne m'en voudra pas trop, mais si elle est venue, ça veux dire qu'elle ne devait pas trouver ça bizarre. Je la regarde d'un air septique, comme si sa réponse était très importante.
-Ah et je ne t'ai pas encore dit l'essentiel, Moran m'a lancé un sorte de défi. Il m'a parié qu'a la fin de la semaine, nous deviendrons de très bon amis et que j'allais l'adorer.... Ces Serpentard ont vraiment des idées farfelues... lui confessais-je.

Je vis qu'elle me regardais bizarrement, c'est vrai que d'un côté, le pari de Moran était un peu bizarre mais il était réalisable. Je consultais encore une fois ma montre, il était environ quinze heure lorsque je vis Moran ouvrir la porte du pub. Au moins, il n'était pas en retard.
- Aaah, Hazel ! Je vois qu'on a peur de venir toute seule hein ? C'est mignon. Je ne pensais pas être si effrayant avant de te rencontrer tu sais. me lance-t-il.

Je fis la grimace tout en essayant de sourire pour ne pas avoir l'air bête - ce qui, je pense, était le cas -, il avait vu juste, je n'avait pas le courage de le rencontrer seule. Il prit place juste à côté de Luzia qui n'était pas très rassurée.
-Moran dit-il à Luzia pour se présenter.

Spoiler:

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D'habitude, Luzia n'allait jamais dans les bars. Lors des sorties à Pré-au-Lard, les amies allaient plutôt au salon de thé. Les Trois Balais ne devenaient leur refuge que lorsque ce dernier était fermé - ce qui arrivait très rarement. D'ailleurs, même si elle n'était pas obligée de tout dire à ses parents, Luzia savait bien qu'ils désapprouveraient le fait que leur fille fréquentât des pubs à son âge.
C'est pourquoi, lorsque Hazel lui avait demandé de l'accompagner au Chaudron Percé, Luzia avait dit à son père qu'elle retrouvait sa copine pour assister à un des concerts que proposait le Festi'witch.

Bien que Luzia n'eût pas encore dépassé le fait que Hazel et Dowey se tournent autour, elle avait décidé que cela n'impacterait pas leur amitié. Elle avait bien vu, lors de la balade en barque, que c'était trop périlleux pour elles. Elle s'était promise à elle-même d'être plus tolérante. Ce qui la conduisait donc à mentir à Gomez Ozores et à attendre dans un pub qu'un maudit Serpentard veuille bien se pointer. Mais l'amitié n'appelait-elle pas à quelques sacrifices ?
▬ Je ne sais pas, répondit l'Espagnole, je ne le connais pas. Mais votre histoire me paraît louche...
Depuis quand une frayeur dans une maison hantée aboutissait à un rendez-vous ? Luzia songeait que peut-être ce serait avec Moran que Hazel sortirait et non Dowey... En tout cas, elle était solidaire et partante pour accompagner son amie.

▬ ... nous deviendrons de très bon amis et que j'allais l'adorer, raconta l'autre Poufsouffle.... Ces Serpentard ont vraiment des idées farfelues...
Luzia haussa les sourcils, surprise.
▬ Vale... Je ne sais pas, finit-elle par dire. Écoute, je sais qu'on ne doit pas mettre tout le monde dans le même panier, mais, avoue-le, les Serpentard sont quand même en général mauvais. Ils sont toujours à se croire les meilleurs. Cela m'agace.
Elle secoua la tête avant de reprendre :
▬ Je ne sais pas à quoi il joue. Mieux vaut se montrer prudentes et ne rien dire ou faire qu'il pourrait retourner contre nous.

C'est alors que Moran - que Luzia connaissait de vue - entra dans le pub. Un sourire en coin passa sur son visage, ce qui déplut à l'Espagnole.
▬ Je vois qu'on a peur de venir toute seule hein ? C'est mignon. Je ne pensais pas être si effrayant avant de te rencontrer tu sais, s'exclama le Vert et Argent.
Puis il tendit la main à Luzia. Elle la saisit, et essaya de garder contenance - ce n'était pas le moment de se laisser gagner par la timidité.
▬ Luzia, dit-elle simplement en soutenant son regard.

Puis elle laissa à Hazel le soin de faire la conversation, prête à prendre la défense de son amie si le besoin se présentait.

Spoiler:

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- Enchanté lâchais-je.

Je la connaissais très très vaguement, je devais juste avoir entendu son nom quelque part, parce que de physique elle ne me disait rien du tout. Il fallait bien dire qu'il y avait beaucoup d'élèves à Poudlard et que c'était dur de poser un nom sur tous les visages. Cela ne me perturbait pas qu'elle soit là, au contraire, cela m'amusait beaucoup et j'allais pouvoir en profiter pour les dérider un peu. On dirait qu'elles avaient avalé une tentacule du calmar géant ! Mais je n'étais pas stupide, pour qu'Hazel ait invité son amie c'est qu'elle n'avait qu'une confiance très limitée en moi et elle semblait partager le même point de vue qu'elle. Je passais une main dans mes cheveux en réfléchissant à ce que je pourrais dire pour engager la conversation. Démarrer en lui posant une question rhétorique du style "Ah, tu es donc l'amie d'Hazel" serait complètement ennuyeux et je n'étais pas prêt à me lancer là-dedans.

- Tu as bien du courage de l'accompagner, c'est vrai, on ne sait jamais ce qu'un Serpentard pourrait lui faire dans un pub plein à craquer.

En fait, cette phrase caractérisait bien ce que je pensais. C'était une phrase très ironique, moqueuse, parce qu'en fait j'étais habitué à ces comportements. La faute à Serpentard. Je croisais les bras en surveillant la serveuse qui se faisait happer à chaque table. Je jetais un regard attentif à tous les clients qui étaient là. Il y avait quelques adultes, quelques groupes d'élèves qui bavardaient avec entrain, et notre groupe paraissait très fade à côté d'eux. Les gens avaient vraiment une vision médiocre de ma maison à cause de quelques abrutis qui se prenaient pour les rois du monde. Si bien qu'on en oubliait souvent ce qui caractérisait ma maison : la ruse, l'ambition. Certes ces abrutis étaient ambitieux, étaient rusés, mais on pouvait rajouter à cela des millions de défauts. C'était très agaçant et vexant d'être toujours mit dans le même sac. Et ce n'était pas faute d'avoir des connaissances voire des amis dans d'autres maisons. C'est vrai quoi, Luke avait dû avoir les même répulsions à mon égard mais finalement on s'entendait très bien. Bon d'accord, notre dernière discussion ne s'était pas forcément très bien passée mais enfin quand même…
Lorsque la serveuse fut au niveau de notre table, je l'interceptais. Je mourrais de soif.

- Une bierraubeurre s'il vous plaît.

Tandis qu'elle prenait note de ma commande, je levais les yeux au plafond qui était un peu comme le reste du pub : assez gras et sale. Heureusement que nous allions y passer qu'une heure ou deux… Voire moins, vu leur silence affligeant.

Après que Moran se soit présenté, toutes les images de notre première rencontre me vinrent en tête. J'avais promis à moi-même d'être plus polie cette fois-ci, mais -je ne sais pas pourquoi- à chaque fois que je m’énervais, je m'enflammais et je commençais à devenir méchante, comme avec Luzia. On ne peux pas dire que ces vacances se passaient comme prévu, nous n'étions plus très amicales l'une envers l'autre avec Luzia depuis que des rumeurs sur moi et Dowey sur notre relations se sont répandues. Mais je dois avouer que je ne pourrais pas rester bien longtemps fâchée avec elle, j’espère qu'elle aussi. Moran semblait détendu et n'avait pas une tête de quelqu'un de bien méchant, commençais-je à l'apprécier ?!
- Tu as bien du courage de l'accompagner, c'est vrai, on ne sait jamais ce qu'un Serpentard pourrait lui faire dans un pub plein à craquer. fit Moran dans un ton certain.

Je fut piquée au vif par sa remarque *il n'était pas question que je m'enflamme* d'un côté c'était vexant, mais c'était vrai ; que pourrait-il bien me faire de mal dans cet endroit ? Moran était quelqu'un qui savait se défendre et ce n'est pas une fille comme moi qui doit l'intimider. Je vis que Luzia fut aussi touchée par sa remarque. Le bar était vraiment plein et le silence régnait sur notre table, personne ne se regardait vraiment et je pense que ce bar aurait besoin d'un coup de nettoyage. Une serveuse vint à notre table, Moran l'intercepta et lui commanda une bierraubeurre. Je fus étonnée qu'il n'en commande pas trois - enfin, je pense que tout le monde boit des bierraubeurre dans un pub non ? - mais en même temps, il ne devait pas tout faire pour nous.
-De même pour nous deux. lui dis-je à mon tour.

Je commandais droit la bierraubeurre de Luzia et je pense qu'elle ne m'en voudra pas. J'espère qu'elle ne voulait pas boire autre chose.
-Powell, tu sais, ce matin, à un moment, j'ai cru que tu ne viendrais pas au pub. Je me suis apparemment trompée. Qu'est ce qui t'a motivé de venir ?

Je remettais ma confiance en lui en question, je crois que c'était quand même quelqu'un qui tenait ses promesses. Mais je ferais mieux de na pas trop vite tomber dans le panneau.
- En tout cas, je suis contente que tu aie accepté de venir boire avec des gens comme nous, n'est ce pas Luzia ?dis-je en m’adressant surtout à Moran en demandant le soutient de Luzia en voyant qu'elle n'était pas très bavarde.

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Moran s'assit et Luzia s'empêcha de le regarder avec curiosité. Quelle étrange scène que celle qu'elle vivait. Elle était brouillée avec Hazel, mais avait accepté de l'accompagner pour retrouver un Serpentard que, pour sa part, elle ne connaissait que de vue, et que Hazel elle-même ne connaissait que depuis peu... Moran était un peu trop à l'aise à son goût.

▬ Tu as bien du courage de l'accompagner, lui dit-il. C'est vrai, on ne sait jamais ce qu'un Serpentard pourrait lui faire dans un pub plein à craquer.
Luzia haussa les sourcils, sidérée - et désarmée - devant la désinvolture du garçon. Elle choisit de ne rien dire et de laisser couler. Son attitude devait être suffisamment éloquente... Moran se désintéressa ensuite d'elle et parvint à attirer l'attention de la serveur qui prit leur commande.

Trois bièraubeurres. Cela ne pouvait pas faire de mal - l'Espagnole se sentait mal-à-l'aise, coincée entre ce m'as-tu-vu de Serpentard et Hazel avec laquelle il y avait de l'eau dans le gaz. La boisson lui offrirait une détente bienvenue.
▬ En tout cas, disait Hazel, je suis contente que tu aies accepté de venir boire avec des gens comme nous, n'est-ce pas Luzia ?

Profitant de la perche que lui tendait la Poufsouffle, l'Espagnole aquiesça :
▬ Oui, je crains même que tu joues gros en venant à notre table. Tu imagines si tes camarades de Maison te voyaient ?

Mais cette phrase, au moment-même où elle la prononçait, lui fit prendre conscience d'une chose : Moran n'avait cure d'être surpris en compagnie de deux Poufsouffle qui n'avaient rien de pur. C'était pour la jeune fille une véritable source d'interrogation.

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Je savourais la première gorgée de bierraubeurre comme la gorgée de la libération. Hazel en commanda deux autres pour elles et j'attendis patiemment que la conversation se fasse. En fait, je n'avais pas eu à attendre longtemps. J'avais commencé à esquisser un sourire au début de sa phrase mais il s'effaça à la fin de celle-ci. Je fronçais légèrement les sourcils, avant de répondre :

- Il aurait été malvenu que je ne vienne pas alors que je t'ai moi-même lancé le défi de passer une semaine en ma compagnie Popkins notais-je.

Mais à peine avais-je finit ma phrase que Luzia en lança une autre qui me renfrogna. Je bu une gorgée de bierraubeurre en prenant tout mon temps pour répondre.

- Si tu savais ce qu'on dit déjà de moi marmonnais-je suffisamment fort pour qu'elles l'entendent.

C'est vrai quoi. Après tout, c'était bien connu j'étais un traître. Je traînais avec un Né-Moldu, j'ai plusieurs amis de Sang-Mêlé, et je ne participais jamais à traumatiser une gamine au "sang impur". Je soufflais légèrement. Ces attitudes étaient déplorables. Mais en fait je n'aurais pas dû me renfrogner parce qu'au fond, de leur point de vu à elles, elles n'avaient pas tort. Peu de Serpentard se seraient amusés à venir en compagnie de deux filles qui n'avaient sans doute pas le sang pur, à la vue de tous. Et puis… Bon je leur avais peut-être tendu la perche.

- Je ne suis pas de ceux qui jugent quelqu'un sur leur sang mais sur leurs valeurs. Philosophie qui n'est pas partagée par mes pairs ricanais-je.

Je m'amusais distraitement avec mon verre. C'était aussi pour cela que je n'avais pas énormément d'amis à Serpentard, surtout avec ceux qui avaient ce genre de visions. Ma relation avec Blackstone était ambiguë, celle avec Rogue se détériorait depuis notre duel, je m'entendais bien avec Regulus Black. Quand à Calypso c'était différent puisque je la connaissais depuis bien plus longtemps. Mais pour des gens extérieurs qui ne me connaissaient pas, cela pouvait paraître assez surprenant. Mon entrée dans l'équipe de Quidditch n'avait pas arrangé les choses, et mis-à-part Daisy (et encore) et Regulus je ne parlais que très peu à mes coéquipiers. C'était assez triste de se dire qu'on était ainsi mis sur la touche, mais au fond peut-être que je le méritais. La maison de Serpentard se distinguait autant par son sang-pur que par les qualités propres à la maison… Si j'étais sang-pur je n'étais pas noble et je n'avais pas été élevé par des parents à cheval sur le sang. Mais ce n'était pas comme si cela m'empêchait de dormir. En fait, mes camarades pouvaient bien dire ce qu'ils voulaient sur moi, je savais assez de choses sur eux pour leur dresser les cheveux sur la tête. Je jetais un regard à Hazel, et me tournais alors vers Luzia pour qui ce devait être impensable de rencontrer un Serpentard qui se fiche de l'appartenance au sang et qui le revendiquait.

- Tu vois, on n'est pas tous pareil.

Je lui fis un sourire malicieux avant de retourner à ma bierraubeurre.

Spoiler:

La remarque de Moran sur le sang pur et les valeurs de chacun était vraiment pleine de bon sens. Il était différent, différent des autres Serpentard, mais biensur on ne sait jamais ce que ces gens là sont capables de dire juste pour mentir et fausser leurs "identité". Je me méfiais tout de même de lui. Croyais-t-il vraiment que j'allais l'adorer à la fin de la semaine ? Pas si sure, mais autant être franche, j'était moins stressée face à lui que hier, dans le manoir. Le silence était assez gênant mais il était animé par les conversations des autres clients du pub, c'était assez plein et autant dire que ce n'était pas très propre. Moran brisa alors le silence sur notre table.
- Tu vois, on n'est pas tous pareil. fit-il à Luzia -et aussi à moi sûrement.
C'était vrai, les Serpentard n'étaient pas tous pareils, comme les Poufsouffle et tout le monde d'ailleurs. Mais je ne ne sais pas pourquoi, c'était comme un poids qui m'empêchais d'accepter d'être l'amie d'un Serpentard. Je bus à petites gorgées ma bierraubeurre, tout en observant tout les faits et gestes de Moran et Luzia, il fallait que j'engage un peu la conversation.
-Que pensez-vous de ce bar ? Il es sympa pour une sortie entre... Je me stoppais net, nous n'étions pas amis, enfin pas encore, entre camarades finis-je.
Je vis Luzia me dévisager, j'avais encore dis quelque chose de travers, je n'étais pas très habile pour ce genre de choses. Mon visage se figea et je sentis en moi un grand regret, c'était mon plus grand défaut. Je devais me rattraper.
-Hum, vous êtes déjà allé au Festi'Witch pendant ces vacances ? leur demandais-je d'une voix faible.
J'espère que j'ai réussi à attiser un peu le feu que j'avais commencé à allumer. Je mettais toujours la goutte d'eau qui faisait déborder le vase et c'est difficile pour moi de me retenir de dire quelque chose qui pourrait être blessant. Il fallait aussi que Moran et moi puissions fixer un autre rendez-vous pour demain, ma mère va être surprise lorsque je lui dirai que j'ai passé une semaine en compagnie d'un Serpentard.

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Luzia avait toujours été discrète. Elle passait inaperçue aux yeux des autres élèves qui la laissaient en paix. C'est ainsi qu'elle avait tout le loisir de les observer - non pour les juger, mais pour les étudier - c'était fascinant de voir les gens vivre.
Cette fois-ci, bien que l'on ne pût pas ne pas faire cas de sa présence, elle dévisageait Moran. Sa gestuelle, son sourire, ses mimiques. Cela se voyait qu'il était à l'aise, qu'il avait les pieds dans ses baskets. À croire que la méfiance des deux jeunes filles l'amusait, que c'était ce qu'il souhaitait. Luzia avait l'impression de se retrouver devant un numéro bien rodé.
Et pourtant... Malgré l'étrangeté de cette rencontre, il semblait à l'Espagnole que Moran ne jouait pas - le numéro bien rodé faisait en fait vrai parce que Moran ne mentait pas. Quand elle lui avait lancé la pique, elle s'attendait à ce qu'il lui dise que personne ne se permettait de le critiquer, lui, Serpentard de son état. Elle remarqua l'ombre qui passa dans son regard.

▬ Je ne suis pas de ceux qui jugent quelqu'un sur leur sang mais sur leurs valeurs. Philosophie qui n'est pas partagée par mes pairs, disait-il avec ironie.
Gênée, Luzia but plusieurs gorgées de sa boisson et tenta de se concentrer sur son goût sucré. Elle venait de se rendre compte d'une chose : les élèves de Serpentard cataloguaient les autres élèves. Ils choisissaient qui étaient dignes de les fréquenter, qui devaient subir leurs moqueries et aussi ceux qui méritaient juste leur indifférence. En se méfiant de Moran pour la simple et bonne raison qu'il appartenait à cette Maison, ne venaient-elles pas de faire la même chose ?
Avant que Luzia ne pût dire quoi que ce soit, Hazel intervint, gaffant avec sa maladresse coutumière et ne se rattrapant qu'après un effort si herculéen que Luzia ne put s'empêcher de sourire tout en regardant son amie. Elle ne répondit rien. C'était à cause d'Hazel qu'elle était ici, alors elle n'allait pas se plier en quatre pour lui faciliter la tâche.

Elle ne parvint toutefois pas à retenir sa langue quand elle fit allusion à la Festi'Witch.
▬ J'ai vu les Strangulot's, s'exclama-t-elle, c'était génial. Mon père a adoré aussi !
Mais alors qu'elle se tournait vers Moran, son sourire faiblit. Il venait de leur confier ses relations conflictuelles avec ses camarades de Maison, et voilà qu'elles se lançaient dans l'analyse de la programmation musicale de l'été. L'Espagnole se sentit obligée de dire quelque chose :
▬ Nous avons sûrement tort de juger comme les autres... Mais avoue que les gens de ta Maison sont à peu près tous détestables.

Si Moran n'avait pas encore gagné la confiance de Luzia, il était parvenu à l'amadouer... un peu !

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Je manquais de m'étouffer face à gaffe d'Hazel. Elle avait choisi juste le moment où je buvais pour prononcer sa phrase. Elle désirait changer de sujet de conversation, comprenant sans doute que celui sur lequel nous nous étions élancés était peut-être un peu glissant. J'allais lui dire que ce bar était sympathique pour passer l'après-midi mais pas pour y être alcoolique lorsqu'elle changea de sujet. Soit. J'étais enclin à discuter de toutes sortes de choses.
Devant l'entrain de Luzia j'esquissais un sourire en regardant le fond de ma bierraubeurre. Pour le peu que j'avais vu, les Strangulots semblaient formidables. Oui, parce que Blackstone, complètement pétée avait décidé que je pouvais passer la soirée avec elle. Donc, je n'avais dû voir qu'un quart d'heure du concert tout au plus. Mais j'avais passé une bonne soirée quand même. Une fois encore, j'allais exposer ma propre vision du concert lorsque Luzia repartit sur mes camarades de maison qui étaient détestables pour la plupart. J'esquissais un sourire qui n'était adressé qu'à moi-même, puisqu'à chaque fois que j'allais parler le sujet de la conversation déviait. Aussi, je décidais quand même de satisfaire les deux sujets et donc, mes deux interlocutrices.

- Mais peut-être que ceux qui ne le sont pas valent la peine d'être connu.

Je lui fis un clin d'œil. En fait, au départ je ne faisais pas référence à moi-même. Pas du tout même, mais je n'avais pas pu m'en empêcher. Cela semblait tellement évident que je parlais de moi que j'allais passer pour un narcissique de première. Mais je décidais de ne pas m'en formaliser. Il y avait des gens respectables dans ma maison, il fallait juste bien les chercher.

- Et oui pour ma part aussi, j'ai été au concert des Strangulots mais j'ai été… Disons dérangé. Du peu que j'ai vu, ça avait l'air pas mal, en effet. Mais je préfère les Artic Gryffons.

Je décidais de laisser Hazel nous départager en choisissant le sujet auquel elle voudrait répondre. Peut-être qu'elle allait faire comme moi et répondre aux deux ? J'attendais une réponse du genre "en tous cas, tous les Serpentard savent ce qu'ils valent" l'air de dire que j'avais la tête aussi grosse qu'une montgolfière. En réalité, je n'étais vantard que dans les matières où j'excellais, c'est-à-dire en Métamorphose et en Sortilège. Je me moquais volontiers de moi-même de mes déboires en potions, sachant que j'avais une mère guérisseuse à St mangouste. La honte.

Sauf que je m'intéressais autant au métier de ma mère qu'à un petit première année qui faisait à peine sa rentrée.

Je vis que Moran avait remarqué que j’essayais de changer de sujet. Voulais-t-il que l’on ne parle que de lui ? C’est vrai que c’était un peu le sujet entre nous ces temps et il fallait bien qu’on en parle mais peut-être que nous pourrions simplement parler de ce qu’il se passe par ici et là. J’avais comme l’impression que Luzia et Moran attendaient de moi une réponse d’une importance capitale, ils avaient tous deux tourné la tête vers moi. Je me sentais légèrement obligée de parler de ce qui nous tracassais en ce moment.

-Hum, c’est peut-être vrai, certains Serpentard valent la peine d’être connus comme… Qui déjà ? Tous les Serpentard que j’ai fréquentés m’ont gentiment tous offert une retenue, comme la fois de la bataille de jus de citrouille. Peut-être es-tu la seule exception ? dis-je d’un ton un peu trop moqueur à mon goût
Moran avait voulu qu’on en parle, j’en avais parlé, j’étais énervée contre lui et je n’en connaissais pas la raison, je bus une grande gorgée de bierraubeurre en remarquant que Moran était un peu perdu, mais ce n’était sûrement pas quelqu’un qui allait se laisser impressionner. Je ne savais plus quoi penser de lui, était-il méchant comme la plupart des Serpentard ? Ou bien valait-il la peine d’être connu ?
A moi d’essayer de changer de conversation, j’en avais marre. Il fallait peut-être que nous nous connaissions plus pour que l’on puisse nouer un lien si c’est ça qu’il voulait. Je ne sais pas pourquoi, mais j’étais un peu gênée, notre conversation pouvait passer de moqueries puis ensuite on parlait du beau temps

-Vous en pensez quoi de cette bierraubeurre ? Moi je la préfère Au Trois Balais, non ?

C'était vrai, cette boisson n'était pas remarquable et le bar n'était pas non plus sensationnel. Mais je n'en demandais pas plus, c'était convivial. J'entendis que la pluie commençait à tambouriner sur les vitres, je ne savais pas pourquoi, mais j'ai toujours bien aimé la pluie, oui vous avez bien entendu, j'aime bien la pluie. Cela me donnait un sentiment indescriptible que j'aimais bien ressentir. Comme quand on mange du chocolat un peu.

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Mais peut-être que ceux qui ne le sont pas valent la peine d'être connus. Luzia ne répondit rien, réfléchissant à la phrase tandis que les deux autres poursuivaient la conversation sur Les Strangulot's. Pouvait-elle prétendre connaître tous les Serpentard ? Non, loin de là. Elle avait très bien identifié les Travers, les Avery, mais aussi les Blackstone et les Flint. Moran, elle ne le connaissait que parce qu'il était dans l'équipe de quidditch des Verts. C'était tout. Il était vrai qu'il était plus discret que les autres durant les cours - loin de lui l'idée de mettre la tête d'Arthur entre les tentacules d'un Filet du Diable.
L'Espagnole ne reprit pied dans la conversation qu'en entendant le ton moqueur d'Hazel :
▬ Tous les Serpentard que j’ai fréquentés m’ont gentiment tous offert une retenue, comme la fois de la bataille de jus de citrouille. Peut-être es-tu la seule exception ?

Luzia ne put s'empêcher de rire franchement, savourant la répartie de son amie. Moran ne méritait pas cela, elle le savait, mais c'était quand même jouissif. Aussitôt, Hazel sembla considérer qu'elle était allée trop loin. Moran n'était pas venu pour trinquer pour les autres...
▬ J'aime assez cette bièrraubeurre, glissa Luzia qui n'était pas difficile, c'est bon en fait, quand elles sont fraîches.

Aux Trois Balais, comme les sorties à Pré-au-Lard avaient surtout lieu en hiver, les bièrraubeurres étaient servies tièdes. Fraîches, leur goût était bien plus piquant. Mais peut-être était-ce la conversation qui influençait la boisson ?
▬ Moran, fit soudainement Luzia qui fut surprise par sa franchise, puis-je te poser une question ?

Elle se demandait en effet si Moran était heureux d'être à Serpentard, s'il s'épanouissait autant qu'elle-même le faisait parmi les Poufsouffle. Trouvait-il son compte dans la Maison de Salazar ?

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J'éclatais de rire face à la remarque d'Hazel. Sincèrement. J'avais la vague impression qu'il s'agissait là d'une accusation à mon encontre, comme si j'étais mêlé à tous mes camarades de maison et que j'aurais bien évidemment pu faire partie de ceux qui lui avaient donné une colle. Je n'aurais pas participé à quelque chose d'aussi puéril qu'une bataille de jus de citrouille. Le cours de potion me suffisait et on me voyait assez trempé en sortant de ce cours. Inutile d'en rajouter avec une bataille dans la Grande Salle. Je bu une gorgée, avant de rétorquer :

- C'est juste que tu n'en fréquentes pas assez parce que tu as trop de préjugés. Je ne suis certainement pas une exception, même si j'aimerais bien quand même.

J'étalais sur mon visage un sourire narquois. C'était aussi simple que cela, elle n'avait dû parler à des Serpentard que pour leur lancer des vacheries... Je doutais qu'elle ait déjà eut une conversation civilisée avec un de mes camarades. En entendant la remarque de Luzia sur les bierraubeurre, je compris qu'elle voulait sans doute éviter que l'on parte en bataille sur qui avaient les pires membres dans sa maison. Je sortirai perdant d'une telle bataille de toute manière. Et j'acquiesçais ce qu'elle dit sur la bierraubeurre en regardant la mienne. Elle n'était pas mauvaise, c'était juste le bar qui était miteux en fait.

- Il faudrait juste qu'ils nettoient davantage le bar… lançais-je en faisant glisser un doigt sur la table grasse.

J'eus un air de dégoût et je me rendis compte que la serveuse m'avait entendue et me fixait d'un air sombre, comme si elle voulait me jeter de son fameux bar sale à coups de balais. Je décidais de regarder partout sauf elle, un peu honteux. Je sursautais presque en entendant Luzia prononcer mon prénom, assez étonné qu'elle s'adresse à moi pour me demander si elle pouvait me poser une question. Avais-je l'air d'être le diable en personne ? Je ne me fermerai pas pour une question, ou deux, ou même une interview tant qu'à faire. J'étais ici pour discuter, non ? Il fallait bien qu'on se pose des questions, qu'on alimente la conversation pour la rendre intéressante, parce que sinon, nous pouvions très bien nous séparer tout de suite.

- Tu peux me poser milles questions si tu veux dis-je d'un air amusé.

Je posais ma tête sur ma main, en attendant patiemment qu'elle formule ce qu'elle voulait me demander. C'était assez stressant en fait, d'attendre que quelqu'un nous pose une question qui pouvait porter sur n'importe quoi. Le va et vient incessant des clients donnait vie à ce bar miteux, et semblait désintéresser la serveuse au regard noir de moi, ce qui m'allait très bien. Mais qu'est-ce qu'une fille comme Luzia pouvait se demander sur moi ? Compte tenu de la tournure de la conversation, il y avait des dizaines de possibilités, mais je n'avais pas trop envie de toutes me les figurer. Je reportais mon attention sur Hazel qui semblait elle aussi attendre cette fameuse question qui, semblait-elle, allait sceller mon destin pour la journée. Penser à ça me fit sourire, et je rebus une gorgée de ma boisson dorée.

Dragées:

Les deux rirent face à ma remarque et tous ce que je voulais en ce moment, c’était ne pas être là, avec eux, dans ce bar. Je pourrais parier qu’en ce moment, j’étais rouge comme une tomate, c’était comme ça, quand j’étais embarrassée je virais au rouge. J’étais très mal à l’aise mais je cachais ça en buvant une grosse gorgée, avec laquelle je faillis m’étouffer.

Le bar était toujours autant plein et l’on ne s’entendait presque pas à cause de toutes les conversations qui s’élevaient dans la salle. Je me sentais assez petite entourée par tous ces clients et le fait d’être plus jeune que Moran était assez intimidant pour moi, étais-je pour lui une de ces gamines, la tête remplie de préjugés ? C’était justement ce que ne voulais pas, je voulais que les gens aient une bonne image de moi. Mais mon problème c’est que je n’arrive pas toujours à faire les bons choix et cela peut être particulièrement problématique
Sa remarque sur la propreté du bar était totalement vraie, ce n’était pas très accueillant. Moran fis une grimace, moi aussi, je trouvais la saleté de ce bar repoussante. Je buvais à petites gorgées ma bierraubeurre en essayant de discerner tout ce qu’elle pouvait contenir, on sentait le goût de bière, puis venais ensuite un goût de caramel, c’était délicieux mais pas comme aux trois balais, c’était trop froid ici.

Luzia demanda à Moran alors si elle pouvait lui poser une question, c’était bizarre formulé comme ça. Cela pouvait être n’importe quelle question et c’était un moment assez stressant. Je me mordis la lèvre, qu’allait-elle bien pouvoir lui demander ?

COTÉ DU BIEN

Demander à quelqu'un si l'on pouvait lui poser une question revenait presque à lui demander l'autorisation de lui poser une question gênante - et donc l'autorisation de le mettre dans une position particulièrement incommodante.
Luzia s'en rendit compte peu après l'avoir demandé, quand les visages de Moran et de Hazel se tournèrent vers elle, avec une expression curieuse, mais aussi - du moins était-ce l'impression de l'Espagnole - anxieuse.
▬ Tu peux me poser milles questions si tu veux, assura Moran en appuyant son menton dans la paume de sa main.

Il paraissait en fait parfaitement à l'aise, mais Luzia s'en voulait quand même. Et pourtant, elle désirait savoir ce qu'il répondrait. Elle ne pouvait guère plus reculer, de toute manière :
▬ Et bien, hésita-t-elle en faisant glisser son index sur la buée qui s'était formée sur le verre de sa chope, mais tu n'es pas obligé d'y répondre si c'est trop... Si ce n'est pas...

Elle bafouillait et ses joues se coloraient. Alors elle inspira profondément et se lança, un sourire crispé sur les lèvres :
▬ C'est-à-dire que... avec le comportement de tes camarades de classe... Comme tu n'es pas d'accord avec eux, avec la majorité des gens de ta Maison... Est-ce que... Est-ce que tu es content d'être à Serpentard ? Je veux dire, est-ce que tu y trouves ton compte ?

Voilà, c'était dit. Enfin. La gorge soudainement sèche, Luzia s'autorisa à boire une goulée de sa boisson, puis jeta un regard vers Hazel, comme si elle voulait s'assurer qu'elle n'était pas allée trop loin avec cette question.