Les vacances d’été touchaient à leur fin mais le soleil brillait toujours aussi intensément dans l’azur si bien que, profitant de la dernière semaine d’août pour faire ses emplettes scolaires avec sa maman et son petit-frère, Marlene ne se sentait pas d’humeur studieuse pour une noise. Elle s’était rendue chez Fleury & Bott pour acquérir ses nouveaux manuels de sixième année mais aucun ne retenait son attention sinon celui de Newt Scamander. Elle avait eu le temps de terminer sa glace à l’eau et d’impatienter sa petite famille - ils l’avaient lâchement abandonnée pour la boutique de quidditch ! - le temps de feuilleter la préface du livre de son auteur préféré. Elle referma le manuel à contre coeur pour poursuivre ses achats mais se laissa distraire par un visage connu de l’autre côté de la boutique. Ca alors, Remus Lupin, pensa-t-elle aussi joyeusement que si la coïncidence était incroyable. « Remuuuuus ! » le héla-t-elle sans discrétion en attirant du même coup d’autres regards que celui de l'intéressé dans sa direction. C’est que Marlene vivait en Écosse et que les grandes vacances avaient cette année encore été placées sous le signe bienfaiteur de sa famille sans qu’elle ne croise aucun élève du château. Elle avait bien évidemment entendu parler de la croisière qui était organisée et avait même essayé de convaincre sa maman de la laisser y aller mais s'était sans surprise vue opposée une fin de non recevoir. Moïra McKinnon refusait que sa fille n'apprenne que la magie et lui imposait des cours de rattrapage des matières moldus chaque vacances d'été depuis sa première année à Poudlard.  Aussi les amis et camarades de Marlene commençaient-ils à lui manquer alors elle était plutôt bien heureuse de croiser un visage amical parmi la petite cohue qui piétinait dans la poussiéreuse boutique.

Elle attendit de croiser le regard de Remus - c’est qu’avec sa robe jaune poussin elle était certes remarquable - et lui adressa un large sourire dévoilant toutes ses dents pour le saluer à son enthousiaste manière. Elle rajuste la lanière de son sac qui ressemblait plus à un sac de plage en tissu qu’à un cartable sur son épaule mais garda serrée contre elle son ouvrage des Animaux Fantastiques en se dirigeant vers le maraudeur d’un pas sautillant. « Ca me fait trop plaisir de te trouver ici ! J’adore ma famille mais qu’est-ce qu’ils peuvent être moldus parfois … » feint-elle de se plaindre en rigolant à moitié. Elle était plutôt d’humeur à flâner qu’à potasser et espérait repousser encore l’achat de ses derniers livres pour le plaisir d’une conversation avec le garçon s’il ne manquait pas de temps.

Alors qu’elle ouvrait la bouche, prête à babiller sans s’arrêter et même pas pour respirer, Marlene fut coupée dans son élan par l’arrivée d’un adulte qu’elle ne reconnut pas comme étant l’un des libraires de la boutique. Remus l’introduisit comme son père et elle le salua de manière toute aussi solaire en reconnaissant des traits qu’ils avaient en commun. Monsieur Lupin remarqua le livre qu’elle serrait contre elle et lui fit alors part d’une nouvelle qui la laissa pantoise. Ses paupières papillonnèrent un peu et elle se pinça les lèvres pour retenir un cri hystérique quand il lui parla de l’un de ses auteurs favoris. Monsieur Scamander à Pré-au-Lard ? Elle n’avait connu qu’une seule occasion aussi unique que celle-là dans sa vie, c’était le concert de Jick Magger au FestiWitch. Elle ne s’était d’ailleurs toujours pas remise de l’avoir manqué alors aucune chance qu’elle fasse l’impasse sur Scamander ! Son coeur marquait déjà une embardée ! « C’est l’un de mes sorciers préférés, qu’on me serve en pâture à des chartiers si je dois manquer ça ! Merci pour l’info Monsieur Lupin ! ». Dès qu’il fut repartie, elle plaqua ses mains sur sa bouche pour étouffer le cri aigu qu’elle ne pouvait plus retenir. « Voilà pourquoi le monde des sorciers me manquait ! » s’exclama-t-elle enfin avant de répondre plus amplement à la question de Remus. « Étudier Henri VIII dans les classes moldus en semaine et pêcher la truite le week-end, c’est des activités bien sympathiques … mais je passe complètement à côté du monde sorcier ! ». Et c’était un monde qu’elle avait rejoint en y sautant à pieds joints dès ses onze ans. « Je suis restée en Écosse tout l’été - confirma-t-elle - sauf pendant un week-end où j’ai rejoint mon père et mes demi-frères qui habitent dans le Devon ». Cela lui faisait étrange de dire cela puisqu’elle venait à peine de rencontrer cette partie sorcière de sa famille mais un sourire épanoui était définitivement logé sur ses lèvres. Elle avait finalement une famille complète comme tout le monde avec un papa et une maman. « Et toi ? T’as pu profiter de la croisière ? C’est quoi les potins ? - demanda-t-elle un peu rieuse mais un peu intéressée quand même et particulièrement par la situation amoureuse d’un de ses meilleurs amis - Pas moyen que j’attende la conférence de Scamander pour que tu me mettes à la page ! ». C’est que maintenant que Lyall Lupin l’avait évoqué, elle espérait bien s’y rendre accompagné de son fils. Elle ne doutait pas que Newt Scamander puisse répondre à la foule de questions qu’ils pouvaient se poser concernant les timides veaudelunes. Marlene commença à faire glisser le coin des pages de son nouveau livre contre son pouce tandis qu’elle se questionnait sur la meilleure manière d’aborder la chose. Elle avait bien compris au cours de ces dernières années passées au château que son camarade de maison s’était pris de passion pour ces créatures ne sortant que les soirs de pleine lune … mais comment l’aborder ?

Il semblait à Marlene que tout Poudlard avait été sur cette croisière, et elle regrettait un peu de ne pas y avoir elle-même participé, alors elle écouta avec curiosité les impressions de Remus. Cela semblait certes d’un autre standing que la barque sur laquelle elle avait justement pêché la truite. Elle rit un peu quand il se qualifia de plus terrien que marin. « Et encore, t’as pas vu le film les dents de la mer ! Mes copains moldus m’ont bassiné avec tout l’été et il paraît que c’est horrible ! C’est l’histoire d’un requin géant qui tue tout le monde apparemment - fit-elle en s’exprimant avec ses mains autant qu’avec ses mots - Du coup je me demande à fond si le mégalodon existe depuis, tu l’aurais pas vu pendant la croisière ? » voulut-elle savoir presque aussi passionnée par cette perspective que celle des potins qu’il aurait pu glaner. Car Remus étant Remus, il n’avait aucune nouvelle à lui apporter à ce niveau-là et elle dissimula sa déception par un hochement de tête magnanime. De toute façon, ça ne la regardait pas vraiment se dit-elle. Olivia était l’une de ses meilleures amies et ce n’était sans doute pas très honnête de se renseigner ainsi sur sa situation amoureuse avec Sirius. « C’est vrai ! ». Elle continua à faire tourner distraitement les pages de l’ouvrage qu’elle tenait sous la pulpe de son pouce. Depuis que Marlene n’était plus amie avec Bertha - après que la commère ait trahi sa confiance en racontant à tout le monde qu’elle avait transformé son acné en tâches de rousseur - plus moyen de savoir ce qui se tramait pendant les vacances d’été. Poudlard lui paraissait décidément encore bien loin ! Elle sortit de ses pensées lorsque son interlocuteur parla d’un livre dont il cherchait à faire l’acquisition. « C’est ta chance, je viens justement de déposer le mien si ça t’intéresse ? -  fit-elle en désignant au-dessus de son épaule une étagère de livres d’occasion - C’est le seul livre en bon état qu’il me reste, je me suis entraînée sur lui aux sortilèges anti éclaboussures pendant que je préparais les BUSE et je crois que j’aurais dû faire la même chose pour tous les autres ! ». Son ouvrage de potions avait fini brûler lors de l’un de ses nombreux échecs en la matière, ceux de botanique et de soins aux créatures magiques avaient au contraire été victimes de ses tentatives aussi salissantes que réussies. Quant aux derniers ouvrages, disons que réviser ses BUSE dans la grande salle, ce n’était pas l’idée du siècle. Il n’y avait malheureusement qu’en ce bruyant lieu qu’elle avait toujours réussi à potasser.

Comme Remus n’avait pas plus remarqué d’histoires dignes de constituer un potin que de mégalodons, Marlene commençait à moins regretter de ne pas avoir participé à la croisière. Mais ça, c’était avant qu’il ne parle de calmars géants. « Han la chance ! Un film qui s’appelle ‘les tentacules de la mer’ ce serait encore plus cool ! ». Cela la laissait tout à fait méditative, tandis que Remus récupérait son ancien ouvrage, quant aux autres gigantesques créatures qui peuplaient les fonds marins. Elle sourit quand il lui présenta la couverture de sa nouvelle acquisition plutôt heureuse qu’il rejoigne la nouvelle main d’un second propriétaire dont elle ne doutait pas qu’il en ferait bon usage. « Ne lésine pas sur celui de potions, le sang de salamandre est particulièrement tenace - grimaça-t-elle car elle avait toujours détesté utilisé des substances animales et cela lui avait fendu le coeur d’avoir à en utiliser pendant les examens - Tout ça pour avoir un D ! » grommela-t-elle entre ses dents car elle avait encore mal digérée la piètre note sur son bulletin scolaire. Mais comme elle ne voulait pas paniquer Remus, elle lui adressa un nouveau sourire dès qu’elle eut fini de pester. « Slughorn n’est pas si sévère, et les BUSE sont pas si horribles que ce qu’on raconte, je suis juste nulle en potions - tenta-t-elle de le rassurer car avec le recul elle regrettait de s’être mis autant la pression - tu devrais carrément t’en sortir mais si jamais t'as besoin d'aide je me propose de t'aider les soirs de pleine lune, j'ai eu un O en soins aux créatures magiques » osa-t-elle enfin faire référence à la passion de son ami pour les veaudelunes avec un large sourire. Il lui semblait que Remus était l’un des meilleurs élèves de leur maison. Mais en dépit de ses meilleurs conseils, elle était elle-même plutôt soulagée de ne pas renouveler l’expérience des examens cette année. Sans doute prendrait-elle l’habitude de faire des fiches de révision quand elle aurait le temps pour ne pas être prise au dépourvu quand interviendrait l’heure des ASPIC mais elle refusait de se rendre malade de stress comme elle l’avait fait l’année passée. Elle espérait profiter de la relative tranquillité mentale de la sixième année pour réfléchir à ce qu’elle ferait de sa vie après l’école car elle n’en avait pour l’heure pas la moindre idée. Sa mère étalait sous ses yeux les brochures d’universités moldues (en ignorant que sa fille avait médiocrement échoué ses AS Levels) tandis que son père lui vantait sa carrière de dresseur de trolls de sécurité. Elle fut bien heureuse que son camarade la sorte finalement de ces angoissantes pensées en se rappelant d’un potin. James capitaine de quidditch ? Elle l’observa d’un air interdit sans réellement savoir si elle devait sourire ou pleurer de la situation. « Wahow, c’est bien je crois, il doit être ravi - elle rit un peu en l’imaginant parader avec son nouvel insigne - J’espère juste que ça lui montera pas trop à la tête » osa-t-elle avouer à l’un des meilleurs amis de l’intéressé qui pouvait parfois se mettre dans des situations particulièrement incongrues quand il souffrait d’un excès de confiance. « J’ai appris que je serai préfète et ça m’ennuierait de passer pour la rabat joie de service qui interdit qu’on célèbre la Saint Capitaine Potter tous les soirs de la semaine dans la salle commune ! ». Et finalement, la fierté dont brillait son sourire quant à sa propre nomination n’avait rien à envier à celle de leur camarade en question.