Un bon verre de Xérès. C'était à ça que pensait Raven en empruntant la cheminée menant hors du Ministère. Cette journée avait été terriblement fatiguante. Elles l'étaient de plus en plus, d'ailleurs. Mais la sorcière n'avait pas pas perdu de sa rigueur, bien au contraire. Elle s'était même renforcée au fil des années et la motivation de Raven pour diminuer les effectifs du camp ennemi était toujours d'actualité. Cependant, cette force et cette énergie qu'elle demandait à son corps mettait un peu plus longtemps à se régénérer qu'autrefois. L'Auror n'était pourtant pas très âgée, à 35 ans on était encore dans la force de l'âge. Il était peut-être un peu tard pour enfanter, mais de toute façon Raven n'avait pas vraiment la tête à ça. Voilà maintenant 6 ans qu'elle vivait seule, et malgré une certaine envie de retrouver des bras accueillants d'un compagnon, ce n'était pas aujourd'hui que ça allait changer. Enfin, elle avait besoin de se changer les idées.

Au-dessus de sa tête, le ciel commençait à s'assombrir, non pas pour annoncer la venue d'une averse mais pour introduire la nuit, parsemée de ces étoiles blanches et brillantes. Le soleil se couchait lentement afin que l'on admire les nuances orangés qui se propageaient dans le ciel, une vue presque exceptionnelle pour cette fin de décembre en Angleterre. Malgré ce paysage imprenable, le temps se rafraîchissait et Raven avait bien fait de ressortir son grand manteau qu'elle resserra aussitôt autour de sa taille. Il était temps.

Ploc.

La sorcière sentit ses pieds toucher à nouveau le sol et rouvrit les yeux. Elle retrouva le bruit familier du Chemin de Traverse, mais surtout l'entrée du Chaudron Baveur, une entrée qu'elle pouvait même redessiner tellement la sorcière y avait fait face. Mais aujourd'hui, Raven sentit qu'elle n'était pas tombée sur le bon jour. L'endroit semblait anormalement calme pour un milieu de semaine, et... éteint, aussi. Aucune lumière n'émanait de la Taverne. Était-il fermé ? C'était peu possible, Tom n'était jamais malade. Peut-être y avait-il une première fois à tout, dans ce cas. Le barman était un sorcier comme tout le monde, attraper la Scrofulite était assez facile dans ces périodes d'hiver. Bon, tant pis. Ça n'allait pas être au Chaudron Baveur qu'elle allait passer la soirée, aujourd'hui. Elle soupira de frustration et se retourna en contemplant la rue de ses yeux bleus métalliques. En fin de semaine, alors.
La sorcière se demanda où aller. Maintenant que son point de repère était fermé, elle se retrouvait perdue. Mais elle ne baissa pas les bras pour autant, et soudain, une image nette et remplie de souvenirs se forma dans son esprit. Avec un léger sourire pensif, l'Auror sut à présent où aller. Peut-être même qu'elle allait retrouver de vieilles connaissances.

Ploc.

Bientôt, Pré-au-Lard entendit des talons claquer contre les dalles : ceux de l'Auror qui avançait d'un pas rapide et déterminé. Cela faisait longtemps qu'elle n'était pas revenue par ici. Depuis la fin de sa scolarité à Poudlard, en fait. Dès lors que Raven avait été prise à l'école supérieure, puis embauchée au Ministère, le Chaudron Baveur avait été une de ses destinations principales. Elle avait cessé d'y aller un temps, étant avec Elliot, mais à sa mort la sorcière était retourné à cet endroit pour ne plus s'arrêter par la suite. Tom savait presque toujours quand elle venait et quoi lui servir. Une pensée qui la fit sourire.
Cependant, cela faisait à peine quelques jours que l'Auror avait sauvé la vie du professeur Hoover des griffes de Niclas Travers, à quelques centaines de mètres de là. Raven n'osait pas imaginer ce que le Mangemort aurait fait à la jeune femme si elle n'était pas intervenue juste à temps. Maintenant, elle était entre de bonnes mains à Ste Mangouste. L'Auror posa un arrêt devant l'endroit qu'elle avait visé depuis le début, se remémorant les moindres souvenirs qu'elle avait passé ici, en compagnie d'Asterion, d'Aaron ou même de Carolyn : les Trois Balais.
Sans plus attendre, la sorcière pénétra à l'intérieur. Il y avait du monde, mais pas assez pour la faire déguerpir de là. La patronne aux cheveux blonds valsait entre chaque client pour les servir, toujours avec ce joli sourire, puis retournait essuyer quelques verres d'un coup de baguette magique. Raven s'avança et s'assit, coudes sur le comptoir, le sourire aux lèvres. Thétis Rosmerta avait bien grandi, depuis. De petit enfant, elle était devenue belle et jeune femme pleine de vigueur. Ainsi, elle avait repris le poste de sa défunte mère. La mort de cette dernière était parvenue aux oreilles de Raven elle ne savait plus comment. Mais aujourd'hui, Thétis était là, reprenant le flambeau des Trois Balais et semblait passionnée dans son métier. D'ailleurs, elle ne semblait pas l'avoir vu, concentrée à faire autre-chose. Alors Raven tenta le tout pour le tout, sans se demander si la jeune femme allait la reconnaître ou pas.

« Servez-vous des verres de Xérès, ici ? »

Son interlocutrice leva la tête plutôt surprise, et ses yeux rencontrèrent ceux de Raven, qui avait le sourire aux lèvres. Comme elle ressemblait à sa mère... La même poigne, le même visage, tout en elle rappelait la prédécesseur de ces lieux. Et elle faisait très certainement une bonne patronne.

« Bonsoir, Thétis. Vous avez bien grandi », souligna-t-elle en gardant son sourire.   

Dragées:

Le coup de feu se calmait, si le bar était encore plein, je voyais le bout. La plupart des tables étaient servies et n'allaient pas tarder à s'en aller. Je m'avançai, plateau à la main, vers la banquette du fond. Mr Wellerby était là tous les jours pendant sa pause, il buvait un jus de citrouille, lisait la gazette et repartait. Sa venue m'indiquait généralement la fin du coup de feu, réglée comme une pendule, je posai sa commande au bout de la table pour ne pas le géner dans sa lecture, lui adressai un hochement de tête accompagné d'un sourire chaleureux – ma signature en quelque sorte – et me retirai, m'apprêtant à servir une table de jeune, des Poufsouffle de toute évidence, compte tenu leurs uniformes Poudlarien. Petits malins qui commandent des bièraubeurre sans avoir l'âge légal. Je rigolai devant leurs airs sérieux qui tentaient de se tenir plus droit pour paraître plus vieux.

« Je pense plutôt que ça sera 4 jus de citrouille les jeunes »

Ils prirent des mines renforgnés mais n'insistèrent pas. C'est en me retournant que je l'apperçu. Raven Fawkes passai le perron du pub. Le temps n'avait pas semblé toucher son charisme, peut-être même que ce dernier avait encore grandi avec les années. Elle paraissait moins grande cela dit. Mais cela relevait surement du fait que j'étais moi-même haute comme trois pommes quand ma mère la cotoyait. Il n'était pas dans ses habitudes de venir ici, j'ai appris qu'elle était une cliente du Chaudron, comme la plupart des Aurors d'ailleurs. Ma clientèle était principalement Poudlarienne et plèbienne. Dans tous les cas, cette femme m'inspirait toujours autant l'admiration. Allait-elle seulement me reconnaître ? « Servez-vous des verres de Xérès, ici ? »  Je trouvai son regard, ses yeux perçant mon âme, c'était donc ça le talent des aurors, vous analyser en une demie seconde ? « Bonsoir, Thétis. Vous avez bien grandi ». Elle m'avait donc bel et bien reconnue, je la gratifiai de mon plus beau sourire.

« Très heureuse de vous revoir Mrs Fawkes, je vous offre votre Xérès. »

Je m'avançai vers le comptoir et lui fis signe de me rejoindre.

« Je vous en prie mettez-vous au comptoir, nous pourrons parler de toutes ses années manquées. »

Je lui adressai un clin d'oeil complice et plaçai au passage les quatre jus de citrouille sur mon plateau et au passage, un verre de Xérès sur le bar. Une fois revenu face à la magnifique Raven, je ne puis m'empecher de partir à la chasse aux informations, cette femme m'ayant toujours fascinée, j'avais besoin d'en savoir plus.

« Racontez moi Mrs, comment allez-vous ? »

Spoiler:

Spoiler:

Raven avait été un petit peu frustrée en s’apercevant que le Chaudron Baveur avait fermé ses portes l’espace d’un jour. Ce n’était pourtant pas dans les habitudes de Tom de se comporter ainsi. Même malade, ce brave sorcier avait toujours tenu à être présent pour ses clients. Aujourd’hui, il devait être vraiment mal en point pour que les portes du pub en soient verrouillées. Mais bon, c’était des choses qui arrivaient, et l’Auror espérait qu’il se portait bien. De plus, l’absence du barman lui avait permis de faire un petit tour aux Trois Balais, un des pubs les plus connus de Grande-Bretagne, notamment grâce à sa proximité avec Poudlard. L’Auror ne connaissait aucun élève qui n’y avait mis au moins un pied. Tous passaient par la case Rosmerta lorsqu’il s’agissait de se détendre en soirée. De son temps, Fawkes avait plus connu la mère de la gérante actuelle, Thétis. Une femme d’une incroyable force et d’une poigne solide dans ce travail rude qui demandait beaucoup d’endurance malgré les apparences.

Thétis Rosmerta. Cela faisait bien des années que Raven ne l’avait pas vue. Depuis sa sortie de Poudlard, en réalité. 18 ans, donc. Ayant en tête d’aller aux Trois Balais, l’Auror s’était donc demandé comment était devenue la petite fille qu’elle avait laissée après son départ. Elle avait eu le souvenir d’avoir souvent joué avec  elle, plus jeune, lorsque Thétis embêtait un peu sa mère qui devait travailler. Du coup, la sorcière avec un peu joué le rôle de nourrice lors de ses heures perdues, quelque chose qui ne l’embêtait absolument parce que Raven avait toujours eu cette facilité à s’occuper des enfants. Sans doute parce que sa grand-mère n’en avait pas fait autant et qu’elle n’avait pas voulu que les conséquences d’un manque d’attention s’opèrent sur quelqu’un d’autre. Ainsi, elle était plutôt fière de voir ce qu’était devenu Thétis.

« Très heureuse de vous revoir Mrs Fawkes, je vous offre votre Xérès. »

La dénommée Mrs Fawkes lui sourit, contente de savoir que la gérante des Trois Balais l’aie reconnue après tant d’années. Elle ne le savait pas, mais en général elle était le genre de personne à rentrer facilement dans la mémoire des autres. Son aura, son charisme et tout ce que la sorcière dégageait était assez marquant, il faut dire. Alors forcément, elle restait dans les esprits.

« Je vous en prie mettez-vous au comptoir, nous pourrons parler de toutes ses années manquées. »

Raven inclina la tête, faisant signe qu’elle avait compris le message, et contourna le comptoir pour faire face à la belle jeune femme. Si ses gestes avaient pu sembler être hésitant comme s’ils ne savaient pas vraiment comment se comporter avec une personne que l’on n’avait pas vu depuis longtemps, ils étaient ici empreints d’une sûreté et d’une sérénité dont Raven seule semblait connaître le secret.

« Racontez moi Mrs, comment allez-vous ? »

L’Auror poussa un long soupir nostalgique. Il y avait tellement à dire, à raconter… Tellement que Raven ne savait pas vraiment pas où ni quoi commencer. Entre Elliot, son poste au Ministère, l’attaque face à miss Hoover qui datait d’il y avait encore quelques jours, toutes ces missions et ces dossiers… Lequel était le plus important, selon elle ? La sorcière ne savait pas. Elle allait improviser, de toute façon. Raven appuya donc son dos contre le comptoir, croisa les bras et la regarda avec des yeux bienveillants.

« Je me porte plutôt bien. Et vous donc, Thétis ? »

Sans se départir de son sourire, Raven tourna la tête et fixa le mur en face d’elle.

« Il y a tellement à dire… En 18 ans, nous pouvons dire que les choses ont évolué ! Je suis ravie de constater que vous avez pris le relais de votre mère. Elle serait très fière de vous. »

Puis, l’Auror reporta son attention vers la gérante.

« Depuis quand êtes-vous sortie de Poudlard ? D’après mes souvenirs, vous n’y étiez pas encore scolarisée lorsque j’ai quitté l’école… »

Dragées: