Prostrée dans un fauteuil beaucoup plus gros qu’elle, Astrid Oorlos écoutait attentivement les paroles de Marlene McKinnon assise en face d’elle, qui répétait encore qu’il fallait faire face au commerce de la fourrure animale à l’école. Levant les yeux au ciel, agacée qu’elle lui parle encore de ses débats, et combats, la jeune fille se releva : « Ce que tu dis c’est de la poudre de perlimpimpin, Marlene ! ». Astrid avait envie de sortir en douce de la salle commune ce soir-là. Pas envie de faire ses devoirs, pas envie de rester avec Marlene ou d’embêter Fabian. Et elle avait encore moins envie de faire des câlins à son chat Archange. Il fallait qu’elle bouge. C’était une rapide, la jeune fille. Têtue, elle finissait toujours par avoir ce qu’elle voulait. Et là, elle voulait sortir. Mais forcément, elle n’avait pas envie de sortir seule. Parce qu’elle était compliquée aussi, quand même. Elle soupira dramatiquement, assise sur un des fauteuils, miraculeusement libre de la salle commune des Gryffondors.

Mais comme une envoyée de Merlin, Nora Jones passa dans la salle commune. Elle laissa son amie Gryffondor comme une vieille chaussette. C’était comme si elle avait vu une apparition de sa grande tante Charity : Astrid se leva comme un boulet de canon. Nora tombait à point nommé ! La petite fille de douze ans se précipita sur sa cadette pour l’attraper par le bras : « Eh ! Nora, tu m’as dit que tu avais besoin d’un guide pour ne pas te perdre dans le château. Ça te dirait qu’on sorte toutes les deux, justement, là tout de suite ? » demanda la furie à la cravate rouge et or.

Elle n’attendait absolument pas de réponse négative. Et comme à chaque fois qu’elle n’attendait pas de réponse négative, elle avait les yeux aussi gros que des vifs d’or obèses. Nora sera la parfaite partenaire pour cette escapade nocturne. Elle était assez innocente pour être pervertie par les volontés tordues d’Astrid, qui comptait bien rester dehors jusqu'à ce que le couvre-feu ne sonne. Elle venait de lâcher son bras pour mettre ses mains sur ses hanches fines, et comme ça, la galloise devait avoir l’air de McGonnagall dans son plus mauvais jour : « Je m’ennuie ! » prétexta-t-elle comme si c’était un parfait argument, tout à fait suffisant pour la convaincre. La future duelliste ne désirait pas en venir au chantage, ça ne lui plaisait pas, ce genre de procédés ! Après tout, elle était une Gryffondore dans l’âme, comme ses parents et ancêtres avant elle. Pas une Serpentard ! Elle jeta un coup d’œil à la salle commune. Si elles s’éclipsaient maintenant, personne ne les repèrerait. Fabian était trop occupé à discuter avec un autre garçon de leur maison, et lui-même devait attendre encore plus pour sortir. À force, elle commençait à le connaître. James était avec son abruti de meilleur ami plus loin… C’était le moment parfait. Discrète, elle baissa sa voix d’une bonne octave pour lui dire : « C’est le moment ou jamais de sortir sans se faire remarquer… Puis, tu veux visiter le château, non ? ».

Par les pantoufles roses de Merlin, faîtes qu’elle dise oui !

Nora ne s’était apparemment pas attendu à ce qu’Astrid lui fasse une telle demande, et surtout aussi brusquement ! Il fallait dire que la jeune fille était du genre têtue et butée, et parfois un peu impulsive. Légèrement. Et selon ses propres critères, elle ne l’était pas du tout. Avec ou sans la petite première année, la galloise comptait bien sortir dehors ce soir, mais ça lui faisait plaisir de pervertir quelqu’un de si jeune. Il fallait que la nouvelle pensionnaire de la maison Gryffondor montre un peu ce qu’elle valait. Si elle restait ici à se cacher, elle pouvait aller chez les couards Serpentards ! « Oui ! Maintenant ! » répondit Astrid dont la voix montait dangereusement dans les aigue parce qu’elle s’impatientait.  Heureusement, la petite fille en face de son aînée eut un regard espiègle. Astrid aimait ces tempéraments-là. Nora la suivit et elles sortirent doucement de la salle commune.
La galloise ne voulait pas que James la voit de peur qu’il la suive (parce que ce garçon était définitivement aussi tordu qu’elle), et Fabian allait la charrier toute la soirée s’il savait qu’elle avait disparu. Non non, Astrid voulait de la tranquillité. Une fois dehors, Astrid décida de mettre en garde la plus jeune : « Bon, cette escapade reste entre nous, hein ? » lui demanda-t-elle, ce qui ne laissait aucun doute sur la réponse qu’elle désirait entendre.

Une fois sûre qu’aucun mot ne serait pipé dans la salle commune à propos de leur balade, la jeune Nora lui demanda où elles allaient. Astrid se retourna vers les escaliers. En haut, en bas, dans le parc… Non, non, le parc la nuit lui faisait un peu peur. Elle était sortie une fois pour s’amuser mais elle avait vite compris que certains bruits dans les bruissons venaient d’êtres vivants et elle ne voulait pas finir en plat principal. « J’aime bien le septième étage » répondit-elle en renvoyant l’air espiègle de Nora. Elle prit la jeune fille par la main et grimpa l’escalier à sa gauche. Elles courrurent un moment et arrivèrent essoufflées devant la porte du septième. « Espérons que Picott soit pas dans le coin » pouffa Astrid en mettant la main devant sa bouche pour ne pas se faire repérer. Elle passa sa tête au-dessus de la rambarde d’escalier quand même pour regarder si l’homme ne montait pas les escaliers à cause du bruit qu’elles faisaient. Astrid poussa la porte en se tournant vers la plus jeune : « Y’a quelques salles de classe par ici, mais j’ai toujours trouvé que cet étage avait quelque chose d’intrigant… Tu me diras ce que tu en penses ! ». La jeune fille prit sa baguette et lança fièrement un « Lumos » pour les éclairer. Elle leva sa baguette. Le couloir était aussi froid que le reste du château, mais la jeune femme était contente de faire venir Nora dans cet endroit-là. Elle était déjà venu plusieurs fois de nuit et Astrid avait comme l’impression qu’il y avait ici plusieurs secrets à découvrir. Il suffisait juste de les trouver, après tout.