Assise sur le rebord d'une des fenêtre de la salle commune, tu lis un livre sur les populations aquatiques et le langage des êtres de l'eau. Etrange venant de toi, la Fille du Feu. Mais vous habitez sur la côté et la mer qui entoure vos Landes est remplie de sirènes et autres êtres aquatiques. Et ça peut-être utile de savoir leur parler et de négocier avec eux. Ils connaissent des plantes aux propriétés extraordinaires et des moyens de protections inconnus. Pour le moment la salle commune est plutôt calme, ça fait du bien. C'est rarement calme chez les Gryffondors. Si la maison accueille les plus hardis et les plus courageux, elle a aussi tendance à accueillir les plus têtes brûlées et les plus fêtards. Les plus bruyants et les plus indisciplinés. Mais aussi les plus chaleureux et les plus familiaux. Les Gryff étaient une grande famille plutôt unie. Quand quelques chahuteurs de première ne venaient pas troubler les instants de paix et de tranquillité des autres. Car les Gryffondors étaient aussi très bagarreurs et tu avouais sans honte que tu étais l'une des moins diplomates que comptait cette maison. Alors quand les quatre garçons inséparables surnommés les Maraudeurs arrivent en criant, riant et s'amusant comme des dingues, te dérangeant dans ta lecture, tu sens que ça commence à bouillir. Il en faut pas beaucoup chez toi tu n'as pas vraiment un sang-froid à toute épreuve. Tu continue d'essayer de lire jusqu'à ce que l'un d'eux, va savoir lequel mais tu pencherais vers Sirius, se mettre à rire presque comme un aboiement. En soupirant tu relèves la tête vers eux. - Dites ! Y en a qui essaye de lire tranquillement alors vous pourriez baisser le volume ?! tu lances d'un air revêche qui te va super bien.   

▬ J'en reviens pas de sa tête à l'autre quand tu lui as dit ça, rigolait James tandis que les Maraudeurs s'engouffraient dans l'étroit passage masqué par le portrait de la grosse dame.

Sirius revoyait encore la scène. Ils étaient en cours de potions et devaient composer un mélange avec du mucus de veracrasse. James et lui avaient affiché sans discrétion leur dégoût pour la matière spongieuse et grasse du mucus. "On dirait qu'ils découvrent seulement maintenant cet ingrédient", avait marmonné Rogue, qui travaillait à quelques chaudrons des deux lascars. Sirius ne l'avait pas raté : "Tiens, d'ailleurs, on dirait que c'est ce que l'on obtient si on presse tes cheveux, Servilus".
Depuis, les Maraudeurs étaient hilares et entrèrent en grande pompe dans la Salle Commune, sans égard pour ceux qui travaillaient ou qui se relaxaient tranquillement. Ils s'assirent dans leurs fauteuils préférés, non loin d'une fenêtre, profitant encore du jour qui illuminait la pièce.
▬ Ah mais ouais, la tronche qu'il tirait, répéta Sirius, ça l'a calmé, il ne savait plus quoi dire.
S'esclaffant sans retenue, Sirius balayait son regard le long de la Salle Commune. Peut-être que Sharon le repèrerait-elle ? Mais ce fut quelqu'un d'autre qui repéra Sirius. Moïra.
Levant les yeux au ciel, Patmol se tourna vers la jeune fille qui lisait un bouquin près de la fenêtre. Il lui afficha un grand sourire.
▬ Moïra, avoue que tu adores entendre le son de notre voix et n'as attendu que ça de toute ta journée.

Un clin d’œil, et Sirius se tourna vers ses amis.

En vrai t'aime bien les Maraudeurs. Un peu immatures à ton goût mais en même temps c'est des garçons de quatorze ans faut pas trop en demander non plus. C'pas comme si t'étais la fille la plus mature de l'univers toi aussi. Et puis leurs blagues sont tordantes. Les Serpentard en prennent tellement plein la figure, tu surkiffes. Pas que tu es quelque chose contre les Serpy, toi, tant qu'on te fiche la paix et qu'on ne touche pas à ton clan, tu ne montres pas les crocs. Les histoires de sangs, de maison, de ci et de ça, ça te passe loin très loin au dessus de ta jolie tête. Bref tout ça pour dire qu'à la base tu apprécies plutôt bien les Maraudeurs. Mais pas au point de supporter très longtemps leurs rires bruyants et gras alors que t'es à fond dans ton bouquin. T'as horreur qu'on te sorte d'un bouquin, t'es d'une humeur massacrante quand ça arrive et que t'y es forcée. Et tu le leur fais bien remarquer. Sirius se tourne vers toi pour te faire un clin d'oeil et te lancer une remarque. Tu arque un sourcil puis un demi sourire en coin. Ah il veut jouer ? Bien. - Oh par tous les dragons ! Oui ! Comment ai-je donc pu tenir toute une journée sans entendre ta voix si envoûtante Sirius Black !!! tu gémis en faisant mine de t'éventer, imitant la voix perçante et désespérée des cruches qui le suivaient comme son ombre. Puis tu reprends contenance et tu secoues la tête. Va falloir que tu fasses attention Black, si tu continues, il va falloir agrandir l'entrée de la salle pour que tu puisses y passer ton énorme tête gonflée ! tu railles en reprenant ton bouquin, pensant en avoir terminé. Ou pas ...  

Ce qui était drôle avec certaines filles, c'était qu'elles se rebiffaient complètement à ce que pouvait leur dire Sirius. Beaucoup ne percevaient pas l'ironie dont il usait ou bien ne prenaient pas la peine d'y répondre. D'autres, comme Moïra, mordaient à l'hameçon et, remontant leurs manches, s'évertuaient à prouver A plus B aux Maraudeurs combien ils pouvaient être agaçants et lourds.
▬ Oh par tous les dragons ! Oui, minauda Moïra. Comment ai-je donc pu tenir toute une journée sans entendre ta voix si envoûtante Sirius Black !!!

Le sourire de Sirius s'élargit davantage - il passa un bras sur le dossier du fauteuil pour pivoter vers elle.
▬ C'est bien de le reconnaître, souligna-t-il, séducteur.

Mais la Gryffondor retrouva son sérieux et cingla :
▬ Il va falloir agrandir l'entrée de la salle pour que tu puisses y passer ton énorme tête gonflée !
Oh. Qu'elle se rassure, pour le moment, Sirius passait sans problème dans le tunnel. Il était loin d'avoir la tête aussi large que le tour de taille de la Grosse Dame.
▬ C'est très aimable à toi, vraiment, répondit Black. Mais ne t'en fais pas, je suis un grand garçon.

Il fit mine de remettre en place sa cravate un peu lâche.
▬ Dois-je comprendre que tu t'inquiètes pour moi, Moïra, interrogea le Mauraudeur, singeant l'innocence.

Tu lèves les yeux au ciel devant son ton séducteur. Il semblait que Sirius Black et James Potter faisaient un concours de celui qui sortirait avec le plus de filles possibles. Ils étaient jeunes, mignons, pleins de fougue, de charme et d'intelligence, ils enchaînaient les farces - leur cible favorite étant les Serpentard - alors ouais, c'était facile d'attirer toutes les greluches de base. Mais toi t'es pas une greluche, et Sirius Black, à part t'agacer à jouer les séducteurs, ne t'intéresse absolument pas. Il pourrait s'il n'était pas aussi ... superficiel. Pourtant tu te doutes qu'il y a plus que ça derrière cette façade mais ça t'agace tellement son attitude ... Tu soupires devant son arrogance et reprend plus ou moins ton bouquin jusqu'à ce qu'il te demande si tu t'inquiète pour lui. Tu lâche un rire narquois. - Nan toi t'es pas prioritaire. Je m'inquiète surtout pour ce pauvre château qui a survécu tant de siècles avant que tu ne débarques pour lui pourrir la vie, tu lâches d'un ton railleur. Tu lui lances un regard moqueur en relevant la tête de ton livre. Tu essayes de faire quoi au juste ? De me draguer ? Parce que si c'est le cas ben ... trouve quelqu'un pour te donner des cours, t'es pas doué pour ça, tu lui lances.   

Moïra mordait à l'hameçon, mais elle le faisait bien, dans le sens où elle donnait à la joute verbale un nouvel élan. Cela n'était pas pour déplaire à Sirius car ça restait un jeu. Ce n'était pas comme avec Astrid, qui souhaitait vraiment l'écraser, l'humilier, le rabaisser. Moïra le remettait juste en place. Cela restait bon enfant, même si leurs paroles n'étaient guère émoussées.
▬ Je m'inquiète surtout, rectifia la dragonnière, pour ce pauvre château qui a survécu tant de siècles avant que tu ne débarques pour lui pourrir la vie.

Black balaya le discours d'un geste de la main. Sérieusement, comme s'il pouvait vraiment représenter un quelconque danger pour les murs du château.
▬ Avec les autres, répondit Sirius, on s'accorde à dire, qu'en fait, heureusement que nous sommes là pour mettre un peu d'ambiance. Tout le monde s'ennuierait, sinon - le château le premier !

Mais Moïra était déjà partie sur une autre idée, selon laquelle il la draguait et s'y prenait très mal.
▬ Oh, fit Sirius, ce n'est pas très gentil.

Il était faussement vexé, car il commençait à comprendre, qu'en réalité, avec les filles, il s'y prenait plutôt bien.
▬ Ne t'en fait pas, Moïra, je ne te drague pas. Même pas un peu. À vrai dire, avant que tu ne te manifestes, je n'avais même pas vu que tu étais là. C'est dire...

Et hop, un petit sourire pour faire passer la pilule.

Tu soupires d'un air mitigé, à la fois contrariée et vaguement amusée par la répartie de Sirius. C'est qu'en réalité, il peut-être drôle Monsieur Je-Drague-Tout-Ce-Qui-Porte-Une-Jupe. Tu te prends à apprécier cette joute qui te pousse à trouver de quoi le faire taire. Ca fait longtemps que tu n'as pas eu un adversaire à ta taille autre que tes cousines. Ok, Black n'est pas encore tout à fait à ta taille mais il s'en rapproche de plus en plus et c'est plutôt cool en fait. - Non, tout le monde s'accorde à dire à quel point on pourrait profiter du château si vous n'étiez pas là. Tu imagines ? Calme et silence pour lire, étudier, dormir. Ce serait le pied ! Au lieu de ça, on a quatre casse pieds qui font encore plus de bruits que ce scroutt à pétard de Peeves lui même ! tu rétorques en soupirant. Par Morgane. Calme et silence. Tu ne sais plus ce que ce mot signifie depuis que tu es à Poudlard. Et depuis que les Maraudeurs se sont trouvés. J'suis pas une fille gentille, t'as jamais remarqué ? J'ai du rouge sur moi pas du jaune, tu railles quand il te dit que ce n'était pas gentil de lui dire qu'il était nul en drague. En même temps.... il est nul en drague. Enfin il doit pas être si nul vu le nombre de filles qui lui tournent autour mais la plupart sont des espèces de potiches à deux balles, roucoulant comme des pigeons et s'ébouriffant les cheveux comme des hiboux voulant plaire à leur chouette. Beurk ! Ca te ferait presque gerber. Vraiment ? Et bien continue alors. Et baisse le volume. Y en a qui n'ont pas de cerveau atrophié et qui aimerait bien se cultiver. Genre il pensait te déstabiliser en te disant qu'il ne t'avait pas remarqué. Peut-être que ça aurait marché sur une autre fille. Mais pas sur toi. Définitivement pas. Tu trouves la drague inversée encore pire que la drague tout court. Tu dois pas être une fille normale en fait. Tu sais que y en a qui tuerait pour que Sirius Black s'intéresse à elles et leur parle comme il te parle à toi mais toi ... t'es juste ... insensible. Vraiment ? Mouai ... un sacré défi pour le mec qui oserait s'attaquer à tes barrières. En attendant tu reprends la lecture de ton livre .... du moins tu essayes. Et avec Sirius Black dans les parages ... ce n'est franchement pas gagné.  

Du calme pour lire ? Mais pourquoi ? Ils avaient tout le temps pour lire au calme, quand ils seraient vieux et grabataires. Pour le moment, il fallait profiter d'avoir d'immenses possibilités de bêtises, pour les faire, ces bêtises. À Poudlard, Sirius se défoulait - ce qu'il ne pouvait faire au Square Grimmaurd, où il essayait de ne pas exploser devant le carcan imposé par sa famille. Alors, rester calme, rester sage... À quoi bon ?
Et puis, il avait une réputation à tenir, n'est-ce pas ?

Ravi d'être comparé cet incroyable perturbateur qu'était Peeves, l'esprit frappeur du château, Sirius esquissa un sourire accompagné d'un clin d’œil.
▬ C'est vrai que tu n'es pas une Poufsouffle, concéda Sirius, d'ailleurs, ton manque d'humour le prouve, ma chère Moïra.

Jamais Sirius ne voudra reconnaître que oui, des fois, lui et ses potes abusaient clairement. Mais ils aimaient tous attirer l'attention des autres et ne manquaient jamais une occasion de le faire.
▬ Y en a qui n'ont pas de cerveau atrophié et qui aimerait bien se cultiver, trancha la jeune fille en reprenant son livre.
▬ Ah, tu voulais liiiire, singea Sirius, je te laisse tranquille, alors.

Il se tut, mais resta ainsi, le bras sur l'accoudoir du fauteuil, tourné vers Moïra, la fixant du regard. Viendra bien un moment où elle en aurait marre, non ?

Ce qu'il peut-être agaçant sérieux. Ce mec est probablement le mec le plus chiant que t'es jamais rencontré durant tes presque quinze ans d'existence sur cette planète. Et tu vis dans un clan de dragonniers ! - Pourquoi t'as de l'humour toi ? J'avais pas remarqué, tu rétorques en ouvrant ton livre à la bonne page. Mais il continue, il te provoque. Il t'exaspère. Et tu te rend compte qu'au fond, t'aimes quand même bien ça. Ces confrontations entre lui et toi te booste, te permets de te défouler et puis ... c'est assez sympa. Sirius est sympa. Il est drôle, il te change les idées et te fais rire. Tu l'aimes bien quand il ne se prend pas pour le roi du monde en mode "dragueur" et qu'il te provoque sans barrière. Mais ça, tu ne l'avouera jamais. Pas même sous la torture. - Oui je voudrais lire. Tais toi maintenant, tu lances en reprenant la lecture. Mais tu sens son regard rivé sur toi. - Sirius, arrête ... tu préviens. Une fois. Deux fois. A la troisième, son regard toujours sur toi, tu fermes ton livre en soupirant et tu le regarde. Quoi encore ?! tu lances exaspérée. Mais tu dois te mordre l'intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire. Ok il te fait rire ! Son attitude butée te fais rire. Mais t'as pas envie de lui donner raison, de lui donner plus de pouvoir qu'il n'en a déjà. Arrête ça ! tu ordonnes sans pouvoir t'empêcher de sourire très très légèrement. T'es chiant ! Mais c'est trop tard. Tu souris. Il a gagné. Mais juste la bataille pas la guerre. 

D'où lui venait cet extraordinaire sérieux qui lui permettait de ne pas éclater de rire en fixant Moïra ? Il fallait dire que Sirius avait le chic pour adopter la bonne posture. Moïra se rendit compte de suite de son manège et lui demanda d'arrêter plusieurs fois. Autant dire à des gnomes de ne jamais envahir un jardin - le jeune Black n'obtempéra pas.
Il savait que ça la faisait rire. Elle gardait un air concentré, mais déjà ses yeux ne lisaient plus vraiment les lignes et il y décelait des petites étincelles. Quand elle se mit à sourire, un peu, il sut qu'il avait gagné.
▬ Arrête ça !
▬ Comment ça, demanda-t-il avec un air désemparé, qu'est-ce que je fais ?

Il regarda autour de lui, comme s'il voulait s'assurer que Moïra s'adressait bien à lui.
▬ Je fais ce que tu demandes, je te laisse lire.
▬ T'es chiant, cingla la jeune fille en rigolant.

Le visage de Sirius se fendit d'un large sourire.
▬ Au moins on est deux ! Et rire, c'est bien plus intéressant que ton bouquin à la noix, non ?