Je suis stressée, stressée mais tellement heureuse, mon ventre est un mélange de sensations, j'ai un peu peur que le choixpeau se trompe et m’envoie dans une maison qui ne me correspond pas et où je me sens mal à l'aise. D'un autre côté, c'est enfin la liberté, pas que je n'aime pas mes parents, au contraire, j'aimais beaucoup notre maison et son grand jardin, j'avais plein de copines, et je pouvais écouter la musique très fort dans ma chambre sans déranger personne. Adieu l'intimité, je sais bien maintenant que je vais devoir partager mon espace vital avec d'autres filles de mon âge. Et je dois avouer que je ne sais pas si ça me réjouit ou non. En même temps avec tout ce que va m'offrir Poudlard, ça vaut presque le sacrifice. Ce qui m'intéresse le plus c'est de découvrir la magie, je veux dire pas les quelques évènements qui se sont passés avant que je reçoive ma lettre, mais vraiment LA magie, la métamorphose, les potions. En plus, mon grand frère vient à peine de quitter les lieux, il sera pas sur mon dos et ça va enfin être à mon tour de saouler tout le monde avec ce que j'ai acquis.

On nous parle, on nous explique, on nous met dans le bain mais je n'en ai que faire, mille questions germent dans ma tête, et si par exemple, aucune maison ne me convient ? Est-ce qu'un cas comme ça est déjà arrivé ? Je chasse cette idée, profitant au maximum du décor qui m'entoure. J'ai brièvement parlé avec une fille dans le train, une préfète, puis avec d'autres premières années mais pas de lien concret pour l'instant, ça se fera avec le temps j'en suis sûre. Les portes de ce qu'on appelle "La Grande Salle" s'ouvrent et tous autant les uns que les autres nous émerveillons la tête levée sur le faux plafond. Des frissons parcourent mon corps, j'ai hâte.

Je suis facilement distraite par les tables, les différentes couleurs des maisons que je reconnais mais aussi par tous les petits yeux qui nous fixent. Le professeur prononce des phrases, mais je les écoute à moitié. Je comprends vite que nous allons enfin avoir notre verdict après notre passage sous le choixpeau.

Les noms s’enchaînent et cette fois-ci je suis bien attentive, mon cœur bat à la chamade, je sens que c'est bientôt mon tour, pitié pas de trébuches ou de chutes, ce serait se condamner dès le premier jour. J'entends alors mon nom qui résonne dans la Grande Salle qui est elle est redevenue silencieuse suite à l'explosion de joie de la part des serpentard. Je parcours les quelques mètres me séparant de mon futur. Une fois face à tous, je réalise l'ampleur de l'école dans laquelle je vais passer les 7 prochaines années. Une désagréable sensation m'envahit, j'ai l'impression qu'on peut lire en moi et que je suis mise à nue. Le choixpeau ne tarde pas à cerner mon personnage et d'une voix il s'écrit : "SERDAIGLE !".

Sans même réaliser ce qu'il m'arrive, je me dirige vers la source des hurlements et cris multiples. Serdaigle, que de bonheur et de joie, c'est là où se trouve ma place. Je salue brièvement les quelques élèves qui me sourient ou me félicitent tout en regardant où sont répartis mes semblables. Une petite fille, de ma taille approximativement retient mon attention, et ce n'est que quand son nom est dit que je comprends qui elle est. Nell Conway ! Une copine que je me suis faite lors de ses vacances à Plymouth. Elle, ici ? Je suis choquée, comme quoi les deux mondes sont vraiment petits et ne tiennent qu'à un fil. Incroyable que nous nous revoyions ici après un bout d'été passées ensemble. En espérant que notre amitié sera la même à Poudlard que pendant les vacances.

Je regarde Nell qui joue des coudes entre tous les élèves restant pour arriver tant bien que mal au Choixpeau. Je l'observe rapidement, ses petits poings sont serrés et j'imagine facilement que c'est sa manière à elle de gérer le stress, ses longs cheveux sont magnifiques et si je n'aimais pas autant la couleur des miens, j'en serai très probablement jalouse. Quand elle est envoyé dans la même maison que moi, je suis le mouvement de foule qui naît à la table des serdaigles et me permet quelques cris de joie et des applaudissements. Ça me rassure de savoir qu'elle ne sera pas loin, peut-être même nous serons dans la même chambre et l'intégration n'en sera que plus simple et cela n'aurait pas été pareil si elle était dans une autre maison. J'espère réellement que nous serons amies, mais d'un autre côté je ne voudrais pas être un obstacle à son développement à Poudlard et je suis certaine que cette idée lui a également effleuré l'esprit. Dans mon ancienne école, deux jeunes nouvelles étaient arrivés en même temps et s'étaient rapidement liées d'amitié. Grand bien leur fasse, mais du coup, ne trouvant pas ça nécessaire, elles n'avaient pas voulu jouer ou participer aux activités de la cour de récréation avec nous. Et j'avais trouvé ça trop dommage.

Mon regard est fixé sur Nell que je regarde marcher dans notre direction. Elle s'assoit sur le banc en face du mien. Tandis qu'elle se fait saluer et salue les autres élèves comme moi quelques instants auparavant, je tente des petits regards d'approche. C'est plus facile de se parler quand on est que toutes les deux et qu'on ne sent pas un petit blanc gêné envahir le bout de table où tous les petits nouveaux se sont retrouvés et essayent, certains avec plus de timidité, d'en apprendre plus sur les autres. Je ne suis pas timide, mais il y a un peu trop de monde pour que je parvienne à être à l'aise. Nos regards se croisent et je sens qu'un début de conversation va pouvoir s'établir, je lui souris et avant même que je ne puisse balancer plusieurs phrases bateaux, Nell me prend de court. Je rigole doucement en me remémorant plusieurs de nos étés passés ensemble menant nos parents par le bout du nez et exigeant, non sans caprices, de se retrouver sur la plage ou au bord de l'eau. "Evidemment que je me souviens !" C'est vraiment rigolo de se retrouver dans un contexte pareil. "C'est incroyable que tu sois là, enfin que je sois là, et que nous deux on le soit ensemble !" Une hypothèse éclot dans ma tête, peut-être que ma maman qui est sorcière contrairement à mon papa connaissait un des parents de Nell, ils auraient pu être à notre place plusieurs années plus tôt, si c'était le cas, c'était vraiment génial mais un peu triste de nous l'avoir cacher. "Tes parents sont sorciers ? Je l'aurai jamais cru, ils jouaient tellement bien le jeu des moldus." Je rigole doucement et me promets d'envoyer un hibou au plus vite à mes parents pour avoir des réponses.

Je suis tant étonnée de la voir ici que j'en oublie complètement qu'il reste encore des élèves à répartir. C'est juste quand un petit garçon à peine plus haut que moi se dirige vers nous et que tout le reste des bancs se met à vibrer que je réalise que nous ne sommes pas seules. Je me souviens bien qu'on ne s'est pas vu pendant plusieurs étés mais j'avoue que je ne savais pas vraiment que la raison était son départ en France. Un jour, il faudrait que je quitte l'Angleterre et que je traverse le peu de distance qui me sépare réellement du reste de l'Europe parce qu'en dehors de l'Ecosse on est jamais allé nulle part. C'est nul. En plus avec les moyens qu'on a aujourd'hui dans le monde sorcier c'est tellement plus simple que je trouve ça trop stupide de ne pas avoir eu l'occasion de voyager. "Mais du coup pourquoi tu es à Poudlard ?" Je me rends compte directement que ma question peut être mal interprété et je ne lui laisse pas le temps de répondre que déjà j’enchaîne. "Enfin, c'est cool hein ! Mais il y a une école là-bas je crois bien..." J'en suis même sûre mais je suis curieuse de comprendre.

Elle me paraît un peu dans les nuages mais je la comprends. Peut-être qu'elle pense à sa famille ? En tout cas, malgré toute la nouveauté que m'offre Poudlard, je ne peux pas m’empêcher d'appréhender ma première nuit loin d'eux dans un autre contexte qu'une soirée pyjama chez une copine ou une cousine. "Oh, tu sais toujours les mêmes." Ou alors je n'ai pas vu de changements parce que je suis qu'une gamine et que ça me dépasse ? Possible. "Papa est toujours dans les banques, tu sais les trucs avec l'argent moldu..." Je sais bien qu'elle s'y connaît un peu hors du monde sorcier mais ici ça semble tellement inconnu que je préfère ne pas prendre de risque. "Et maman est toujours au Ministère. Et toi ?" Je ne sais pas pourquoi mais je sens que Nell est perturbé par quelque chose et je me dis que ce n'est peut-être pas le bon endroit pour en parler, si jamais l'envie lui vient. "Tu pourrais venir à la maison si tu veux !" Je lui propose tout sourire, ce serait génial qu'on puisse faire comme avant même si j'ai l'impression qu'une drôle d'ambiance vole dans les parages.

Je capte à peine la fraction de seconde qui redonne le sourire à Nell. Je vois bien que c'est une façade, ou du moins, je le devine mais ne dis rien. Je ne veux pas me mêler de ses citrouilles. En parlant de citrouille, tous les premières années sont répartis et nous apparaissent enfin les mets si réputées de Poudlard. J'en bave rien que de voir tout le choix qui nous est proposé. Je risque d'avoir pas mal de sport à faire pour éliminer toute cette graisse. "Tu veux du poulet ?" Je demande hésitante n'osant pas me servir avant les autres alors que je n'ai qu'une seule envie : tout dévorer !