Il était parfois étrange de se dire que tel et tel individus s’appréciaient tant il y avait un monde entre eux. Il était tout aussi étonnant de voir la déclinaison de couleur de l’âme des individus. Certains étaient joyeux, forcément attirés par les couleurs riches et vives, tandis que d’autres, plus ternes préféraient les couleurs froides, sombres. Parfois c’était tout l’inverse et en réalité, cela expliquait bien des choses sur les individus eux-même. C’était en tout cas la conclusion à laquelle était parvenue Basilius la première fois qu’il avait rencontré Soyle Hoover. Elle lui avait paru être une femme joyeuse dont la chevelure était totalement en adéquation avec la personnalité. Tout comme la sienne allait avec son caractère. Lui et ses cheveux noirs. Il était un homme à l’histoire difficile à entendre et à raconter, c’était ainsi. Longtemps il avait été scandalisé par les injustices mais il n’y prêtait désormais plus qu’un regard vague, parce que tout le monde, un jour ou l’autre, en subissait une. Soyle était peut-être un être trop lumineux pour lui qui risquait de la ternir. Il la considérait peut-être comme un objet fragile que son indélicatesse allait forcément briser un jour.

Elle sembla s’agiter et s’affoler, et d’une manière qu’il ne s’expliquait pas, cela l’agaça profondément. Pour autant, il n’en montra rien du tout, et se contenta de la fixer d’un air un peu incrédule. Elle lui proposait de partir pour le laisser, et l’animal indépendant et sauvage qu’il était ne pouvait qu’être d’accord avec sa proposition. “Non, tu n’as rien dit de mal” se justifia-t-il tout de même sans pour autant regretter ses mots - ils étaient vrais ! - avant de continuer, “je te le dis, c’est tout”. Il se détourna d’elle, vraisemblablement mal-à-l’aise. Il avait le don de détruire tout ce qu’il faisait, cela le fatiguait. “Bonne journée à toi” la salua-t-il bien sommairement lorsqu’elle fut prête à partir. Il avait du travail, trois dossiers à mettre en place pour deux jours plus tard.

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