C’est à la rencontre de ces trois éléments qu’ont vu le jour les Lænsen, l’une des plus anciennes familles de sang-pur norvégiennes. Les fjords de l’ouest du pays les ont vu naître, grandir, mourir, générations après générations, dans l’éternel recommencement de la vie. Personne n’a une meilleure connaissance de ce décor idyllique et surréaliste où se mêlent l’air pur des montagnes et les embruns salés. Ils y sont maîtres en leur domaine et l’on dit même que le Roi Olaf III le Tranquille, le fondateur de la ville de Bergen, était issu des Lænsen, faisant d’eux les fondateurs d’une région prospère et de la deuxième ville du pays.
Navigateurs hors pairs, ils entreprirent de longs voyages d’explorations dès le début du IXème siècle, ouvrant notamment des routes commerciales au sud, vers l’Europe occidentale et les îles britanniques. Ils étaient des explorateurs réputés et leur alliance avec les Seligsen est encore vivace à ce jour. Leur rayonnement s’étendait bien au-delà des frontières de la Scandinavie et, quelques siècles plus tard, ils fondèrent un royaume prospère dominant les Hébrides, les Shetlands, les Orcades et l’île de Man.
Au fil des siècles, au prix de nombreuses péripéties historiques, une partie des Lænsen dut repartir en Norvège, laissant derrière eux quelques colons qui rapidement prirent le nom de McLane, formant un puissance clan écossais par la suite, souvent en lutte avec les Powell et d’autres clans qui ne toléraient pas leurs origines étrangères.

Passée cette période de trouble en Scandinavie, les Lænsen se sont réouverts au monde et repris leurs partenariats commerciaux, notamment avec leurs alliés de toujours, les Seligsen. Il fut difficile de se relever mais, en changeant de voies, ils y parvinrent. Habiles négociateurs, il leur fut relativement simple de refaire fructifier des intérêts qu’ils avaient perdus durant les derniers siècles.
Le début du XXème siècle vit la chute de la dynastie des Trækkekæbe et l’indépendance de la Norvège. Les Lænsen furent en première place pour négocier des accords commerciaux intéressants avec les pays alentours et en particulier le Danemark. Ils furent aussi un acteur majeur de la mise en place de la Confédération Magique Scandinave, une alliance politico-économique entre les communautés sorcières norvégiennes, danoises, suédoises et islandaises. Ils n’étaient pas rares de voir un Lænsen à un haut poste de la CMS. Et forts de leur passé d’explorateurs et de colons, ils étaient particulièrement doués pour les relations diplomatiques -on dit même qu’ils sont des négociateurs nés. Que c’est dans leur sang-. C’est donc tout naturellement que plusieurs d’entre eux devinrent ambassadeur de la CMS à travers le monde.

Les relations avec le Ministère de la Magie britannique ont toujours existé depuis la naissance des deux entités politiques mais en cette deuxième moitié du XXème siècle, la CMS entend bien renforcer ses liens avec la Grande-Bretagne. Si les Seligsen danois œuvrent à ce rapprochement, les Lænsen y sont aussi favorables et, ayant des intérêts sur l’île britannique bien que leurs lointains cousins McLane ont presque disparu, ils ont réussi à faire nommer Torvald Lænsen, leur digne héritier et employé modèle de la confédération, comme Ambassadeur de la CMS auprès du Ministère de la Magie.

Bien qu’ayant une opinion neutre sur la question de la pureté du sang, le mariage avec d’autres familles au sang pur est la norme pour les Lænsen et leur plus grande alliance du genre s’est construite au fil des siècles avec les Seligsen. Il n’était pas rare, comme leurs intérêts étaient souvent communs, qu’ils unissent un de leurs fils avec une de leurs filles pour renforcer des liens déjà rendus solides par le passage des années. La dernière union entre ses deux familles remonte au début du siècle avec le mariage de Magnus Lænsen et Inge Seligsen.
Leur fils ainé, Torvald, a l’avenir prometteur à la CMS, se maria à Moïra McLane, la fille cadette et héritière de Duncan McLane, un lointain descendant des premiers colons Lænsen sur le sol écossais. Avec la traîtrise de son frère et le déclin affligeant de sa famille, elle décida de tenter sa chance chez ses très lointains cousins norvégiens. Leur mariage n’avait rien d’arrangé, les Lænsen n’ayant rien à tirer des richesses passées des McLane. Mais puisque Moïra avait encore le sang pur, elle, les parents de Torvald ne s’opposèrent pas à cette union.

En 1959, ils devinrent parents pour la première fois. Njal naquit un jour froid d’hiver, dans la demeure familiale sur les hauteurs de Bergen. Deux ans plus tard, Nina vit le jour et fut rapidement suivie de Sven.
Comme la position de Torvald évoluait au sein de la CMS et qu’il n’allait pas tarder à devenir ambassadeur en Grande-Bretagne, la famille déménagea à Londres en 1969, dans un grand appartement à quelques encablures du Ministère, dans un quartier prisé. Comme leur mère était britannique, depuis leur plus jeune âge, les enfants du couple apprirent l’anglais, un enseignement fort utile à présent. Les deux plus jeunes, étant âgés de respectivement 8 et 7 ans, eurent plus de facilité à s’accoutumer à cette nouvelle vie. Ce ne fut pas le cas de Njal qui n’avait jamais été très réceptif à sa langue maternelle et détestait son horrible accent. Le choc fut dur pour lui car, à peine deux mois après leur arrivée en Grande-Bretagne, il fut admis à Poudlard. Il ne pouvait pas se cacher et aller devoir parler anglais. Et ce fut un fiasco magistral. Pas tant parce qu’il ne maîtrisait pas la langue mais parce qu’il ne faisait aucun effort pour s’intégrer. Et au milieu d’enfants cruels de 11 ans, il ne fallut pas très longtemps pour que son accent à couper au couteau soit l’objet de raillerie.
Peut-être que s’il avait connu son cousin, Arthur, qui à l’époque était déjà à Poudlard, il aurait pu s’intégrer plus facilement. Mais la « traîtrise » de son oncle faisait qu’il n’avait jamais eu de contact avec sa famille maternelle et pire même, il n’a jamais su qu’il avait des cousins vivant dans le même château pendant six ans.

Torvald est un homme droit, juste et fiable. Déterminé voire même buté, il abat le travail avec ardeur et zèle, inlassablement. C’est un homme bourru et souriant, sympathique et bienveillant envers son personnel. Il sait manœuvrer des négociations risquées avec une habileté rare, ayant toujours le bon mot ou sachant même faire une blague déstressante quand la situation le permet ou l’impose.
Bien qu’il soit souvent absent de la maison à cause de son rôle d’ambassadeur, c’est un père attentionné, toujours à l’écoute de ses enfants. Père et mari aimant, il chérit sa famille plus que tout et il n’est pas rare qu’il regrette d’être parti de Norvège et d’avoir chamboulé la vie de ses enfants. Chose rare aussi, c’est un véritable cordon bleu. La cuisine est son antre, son moyen de décompresser. Et ça fait le bonheur de toute la famille.

Issu d’une famille aux idées neutres quant au statut du sang, il n’a jamais inculqué à ses enfants les idées des familles pures britanniques, des idées qu’il juge malsaines. Toutefois, bien qu’il n’ait pas d’opinion sur la pureté supposée du sang, il s’inquiète de voir le climat de tension s’accentuer en Grande-Bretagne comme le Mage Noir gagne en puissance de jour en jour. Il craint les répercussions sur les relations diplomatiques avec la CMS mais plus encore ce qu’il pourrait advenir pour sa famille.  

Moïra est une femme déterminée, aux idées bien arrêtées. Élevée dans le pur grand respect des traditions écossaises mais aussi nourrie aux idées suprémacistes, elle reste convaincue que le statut de sang est une chose primordiale, la pierre angulaire qui devrait soutenir tout un système. Avec le décès récent de ses parents et la traitrise de son frère ainé Angus, elle est persuadée qu’elle est la dernière McLane digne de ce nom et qu’elle doit tout faire pour redorer leurs armoiries. C’est dans cette optique qu’elle est partie tenter sa chance en Norvége, sachant que plus rien ne la retenait en Écosse. Elle entendait bien devenir la femme distinguée d’un homme prestigieux. Et l’heureux élu fut Torvald. Quelques années, elle avait tout : Un mari influent et aimant, des enfants magnifiques, une demeure à mille lieues du château austère des McLane. Elle était même devenue célèbre dans son pays d’adoption, devenant une écrivaine reconnue.

Revenir en Grande-Bretagne fut dure pour elle. N’étant pas connue là-bas, elle dut trouver un autre travail sans pour autant arrêter d’écrire pour son public norvégien. Elle devint rédactrice pour la Gazette du Sorcier et couvrir des évènements tels que l’attaque du Musée moldu réveilla en elle des idées qu’elle croyait depuis longtemps enfuies. Ce Mage Noir qui fait de plus en plus parler de lui, elle pourrait tout à fait le soutenir. Dans l’ombre.

Ainé de Torvald et Moïra, Njal est un garçon très réservé et laconique. Son père, bien que fier de lui en toutes circonstances, a beaucoup de mal à le comprendre puisqu’il est au total opposé de lui. Il s’imagine que Njal est très timide et le plus pousse souvent à s’ouvrir aux autres, ce qui produit des réactions assez épidermiques de la part du garçon. L’adolescence ? C’est ce que pense son père sans s’être véritablement rendu compte de ce que leur déménagement a produit chez Njal. Il ne voit pas que Njal ne veut pas s’intégrer et que ça n’a rien d’une quelconque timidité. Mais étant donné que les discussions entre les deux ne sont jamais très longues, Torvald mettra un long moment à comprendre.
Les relations avec sa mère sont plus tendues. Moïra est une femme qui aspire au meilleur pour ses enfants, qui est très exigeante envers eux (trait de caractère dont a hérité Njal) et autoritaire. Bien qu’elle ait été très fière de la répartition de son ainé, elle est toujours derrière lui pour le pousser toujours plus, ce qui l’exaspère au plus haut point. Moïra déteste la réserve de son fils et si son mari laisse couler, ce n’est pas son cas. Elle cherche à le sortir de cette timidité qu’elle trouve affligeante.
Si Njal ne leur avoue pas son homosexualité c’est pour deux raisons. La première est qu’il ne veut pas décevoir ce père qu’il aime malgré tout tant. La deuxième est qu’il a viscéralement peur de la réaction de sa mère. Ce pourrait être la goutte qui fait déborder le vase.

A Poudlard, Njal est un élève relativement sérieux. Il a peu d’amis mais c’est bien le cadet de ses soucis. Depuis quelques années, certains élèves qui maintenant se sont éloignés de lui, ont essayé de le convertir à leurs idées de pureté du sang. Et s’estimant depuis toujours bien meilleur que beaucoup d’autres, il serait faux de dire que ces idées n’ont pas pris racine dans l’esprit du jeune norvégien.

Nina est le deuxième enfant du couple et est née elle-aussi à Bergen deux ans après Njal. C’est une fille au caractère jovial, toujours souriante et sans a priori sur les gens. Elle ressemble beaucoup à son père pour ce qui est de ça. Néanmoins, elle est aussi déterminée que sa mère et rien ne pourrait l’éloigner du but qu’elle s’est fixé.
A Poudlard, elle fut répartie à Gryffondor sans surprise, Njal aurait pu le parier. Elle s’y est fait beaucoup d’amis, à un tel point que certains d’entre eux lui ont déjà demandé si elle avait un quelconque lien de parenté avec son frère si drastiquement éloigné d’elle.
Et pourtant c’est faux. Si Njal et Nina n’ont pas du tout le même caractère, ce n’est pas pour autant qu’ils ne s’entendent pas. Loin de là. Ils sont très complices et Njal change radicalement de caractère lorsqu’il est avec elle ou Sven. Nina est aussi peut-être la seule personne à avoir vraiment compris son frère, qu’il n’était pas timide, qu’il manquait de confiance en lui et qu’il n’attendait rien de cette Grande-Bretagne où on l’avait trainé de force.

Sven est le digne héritier de son père, celui à qui la maxime « Tel père, tel fils » colle le mieux. C’est un garçon jovial, souriant, compréhensif. Mais aussi très travailleur et réfléchi. Même si avec ses amis, il peut paraître être un véritable moulin à paroles, il sait, quand il le faut, peser ses paroles. Il a toujours le bon mot et a de véritable talent d’orateur. Dommage qu’il n’est pas été pris dans la pièce de théâtre organisée par Marlene McKinnon …
Le Choipeau hésita entre Serdaigle et Poufsouffle pour lui mais c’est finalement chez les Blaireaux qu’il fut réparti, pour la plus grande joie de son père qui est persuadé que ce goût de l’effort et du travail bien accompli le mènera loin.
A l’inverse de son frère, Sven s’est très bien fait à la culture anglo-saxonne et pour rien au monde il ne voudrait revenir en Norvège. Bien sûr, il n’en oublie pas ses racines mais il sait que sa vie ne sera plus jamais là-bas et que son avenir se trace en Grande-Bretagne malgré les rumeurs d’un Mage Noir aux pouvoirs terrifiants.