Un cognard en plein dos, ça vous déplaçait les vertèbres. Nate, qui jusqu'alors avait plus ou moins évité les cognards grâce à son statut d'attrapeur, n'était point habitué à être caillassé de la sorte. Il avait terminé le match vaille que vaille - son corps, échauffé, avait pu pallier le plus urgent. Dans l'eau, de plus, on n'évoluait pas de la même façon.
Ce n'est qu'après être retourné à bord de la croisière, après s'être changé et douché dans les vestiaires des thermes magiques, réquisitionnés pour l'occasion, que Nate comprit qu'il s'était vraiment fait mal.

Jetant un coup d’œil au miroir embué des vestiaires, Nate observa son dos nu. Une énorme marque violacée courait non loin de sa colonne vertébrale, et, jusqu'au flanc, un peu au dessus des lombaires, une énorme bosse témoignait de la violence du choc.
Moran Powell était venu lui dire qu'il était désolé et Nate avait secoué la tête pour signifier qu'il ne lui en tenait pas rigueur - telles étaient les règles du quidditch.
Cela dit, se sécher et se rhabiller avec un dos en vrac était douloureux et malaisé - durant tout le temps de son manège, le jeune Curtis ne fit que grimacer et se crisper. Si bien que l'autre poursuiveur, Caradoc Dearborn, vint le retrouver. Il était médicomage et pourrait lui remettre le dos en état, lui dit-il.

Nate, qui comptait de toute manière voir le médicomage de la croisière, accepta l'aide de Dearborn et le suivit jusque dans sa cabine. Caradoc avait dû saisir qu'il était muet car il ne s'étonna pas du silence de Nate.
Une fois entré dans la cabine, le Gryffondor resta debout, son sac d'affaires de quidditch sur l'épaule - mais qu'il eut très vite soin de poser sur le sol, ne supportant plus son poids.

Citation :

Ouvrir un sujet ▬ 2 dragées

Caradoc n'avait pas vraiment cru Cooper quand ce dernier lui avait vanté la qualité et la diversité des activités proposées sur cette croisière. Le jeune Médicomage, qui n'aspirait qu'à se reposer au bord de la piscine, n'avait cependant pas résisté à la perspective de jouer au Quidditch sous l'eau, et venait de se livrer à une féroce partie avec d'autres passagers. Entouré d'élèves de Poudlard, seul adulte de son équipe, il ne s'en était pas moins régalé et bien dépensé : fourbu, fatigué, il avait été content de voir la partie s'arrêter et avait sauté sous la douche pour soulager ses muscles endoloris. C'est alors qu'il se préparait à quitter le vestiaire qu'il avait aperçu le dos de Nate, l'un des Poursuiveurs de son équipe, qui avait été salement amoché par un Cognard. Il s'était approché, tout en se rappelant qu'un autre membre de son équipe lui avait confié que le garçon était muet, pour ne pas, lui avait-il dit, qu'il s'étonne, vu que tous les autres joueurs, qui le côtoyaient à Poudlard, étaient au courant et habitués. « Eh Nate, tu veux que je jette un oeil à ton dos ? Je bosse à Sainte-Mangouste, promis j'ai pas l'intention de te charcuter ! » avait-il plaisanté en étudiant la blessure de guerre du jeune homme... Qui avait peut-être des vertèbres déplacées par la force du Cognard. Une belle bosse couronnait le tout, et la douleur devait être assez pénible. Caradoc avait ajouté qu'il avait dans sa cabine de quoi lui concocter une potion contre la douleur (un mélange assez simple qui permettait d'endormir la douleur, et soulager les coups de soleil !), et Nate l'avait suivi. Tous deux gagnèrent la cabine que Caradoc partageait avec Phoebus et Cooper (« Okay ne fais pas attention au bordel, on n'est pas vraiment les pros du ménage dans cette cabine ! »), et le Médicomage déposa ses affaires sur le lit de Bus avant de refaire le sien pour inviter Nate à s'étendre dessus. Il trifouilla ensuite dans sa malle, à la recherche de son remède magique qu'il lui suffisait de dissoudre dans un verre d'eau (un peu comme l'aspirine des Moldus, avait-il découvert), pour en proposer à son jeune presque-patient du jour. « Tiens, bois, ça devrait te soulager. J'examinerai ton dos après. Désolé, le goût est pas terrible. » le prévint-il avec une grimace vaguement navrée.

Debout devant la porte d'entrée, Nate attendait les consignes de Caradoc qui lui intima de ne pas tenir compte du bazar - comme si l'ancien Gryffondor était du genre à s'offusquer du désordre, lui qui prenait uniquement soin des affaires qui lui tenaient à cœur. Tant que l'endroit n'était pas crasseux, il tolérait tout !
Le jeune médicomage débarrassa son lit de ses affaires, rabattit la couette correctement et invita Nate à y prendre place. Avec précaution, ce dernier plia les genoux avant de se laisser choir sur le matelas.

Puis, il ne bougea plus, pensant ainsi que la douleur s'estomperait. Heureusement, son ami du jour lui tendit un verre d'eau dans lequel il avait dilué un anti-douleur.
▬ Tiens, bois, ça devrait te soulager. J'examinerai ton dos après. Désolé, le goût est pas terrible.

Au point où en était le blessé, il pouvait supporter un mauvais goût - aussi Nate avala-t-il son verre d'une traite. La potion glissa dans sa gorge, laissant un goût amer qui le fit grimacer et tirer la langue.
Mais déjà, l'élancement dans son dos s'atténuait et une douce chaleur se répandait dans sa poitrine. Il attrapa sa baguette dans sa poche et fit apparaître le mot "merci" dans les airs. Certes, Caradoc ne faisait que commencer, mais Nate était déjà reconnaissant des progrès.

Le médicomage s'activait devant lui, et le jeune Curtis l'observa. Il était jeune, mais trop vieux pour qu'ils pussent s'être croisés à Poudlard. C'était bien dommage car Nate voyait en Caradoc un chouette gars - il ne pouvait en être autrement pour quelqu'un qui se propose de son propre chef de remettre en état le dos d'un inconnu.

Caradoc tentait de se remémorer l'incantation exacte dont il était sensé user sur Nate, tandis que ce dernier, installé sur son lit, avalait d'une traite la potion stop-douleur. Le Médicomage eut un petit rire en voyant le visage du garçon, qui se détendit presque immédiatement : c'était toujours marrant de voir le soulagement apparaître sur les visages grimaçants des patients, une fois la douleur envolée. Il faut dire qu'en tant que Médico, il voyait tous les jours des gens souffrir, et vu qu'il s'agissait de sorciers, on n'était jamais à l'abri d'une blessure vraiment bizarre, et vraiment douloureuse ! Bien que ne pratiquant que depuis 3 ans, Caradoc avait déjà plusieurs histoires assez croustillantes à relater dans ses mémoires...
« C'est bon, je me souviens de la formule ! » s'exclama-t-il finalement en frappant dans ses mains, épaté par sa propre mémoire. Il faut dire que la kinésithérapie sorcière était une spécialité des études de Médicomagie, mais que Caradoc n'avait pas choisi ce cursus, préférant se consacrer à la Médicomagie au sens classique du terme. Il avait cependant suivi un module consacré à cette discipline au cours de sa deuxième année d'étude, et se souvenait de quelques trucs. « Y'a pas de quoi pour la potion, d'ailleurs, t'as pas à me remercier. Allez, sur le ventre ! » ordonna-t-il d'un ton faussement autoritaire, en attrapant sa baguette magique posée sur la table de chevet de Cooper. Il dirigea cette dernière vers la nuque de Nate, et descendit le long de sa colonne en murmurant un sortilège destiné à localiser les vertèbres déplacées. A la manière d'un détecteur de métal moldu, son poignet s'immobilisa au niveau d'une vertèbre thoracique, celle qui avait subi le choc du Cognard. Pas compliqué : un bel hématome indiquait le lieu du drame ! Le Médicomage prit toutefois le temps de vérifier que Nate ne souffrait pas d'une autre blessure, avant de se concentrer sur la fameuse vertèbre. « Allez, c'est parti. Bon, le mieux, c'est encore que je te parle, comme ça tu n'entendras pas le bruit, qui peut parfois être un peu impressionnant, prévint-il en se demandant comment il allait bien pouvoir se dépatouiller pour faire parler un muet. D'ordinaire, il faisait parler ses patients, pour les forcer à se désintéresser à ce qu'il fabriquait, et proposer une source alternative de bruit. Là... Il en était réduit à faire la conversation tout seul ! « C'est super-bizarre de se trouver sur ce bateau en fait, se mit-il à déblatérer en commençant à exercer une légère pression magique sur la vertèbre pour tenter de la remettre en place, sans succès. J'ai l'impression d'être de retour à Poudlard, et en même temps, je prends un sévère coup de vieux. Mais pour toi aussi ce doit être bizarre, t'es avec tous tes camarades, même ceux que t'aimes pas, sauf que t'es pas à Poudlard ! Ce doit être perturbant, non ? » Et voilà, une question. Caradoc leva les yeux au ciel, saoulé par sa propre bêtise. Nate venait le voir parce qu'il avait mal au dos, et lui ne trouvait rien de mieux à faire que de le forcer à se contorsionner pour écrire avec sa magique une réponse à sa question. Abruti !

Jusque-là, Nate ne s'était pas trop posé de question. Confiant, il avait répondu à l'invitation de Caradoc, avait bu sans ciller son anti-douleur et ne s'était même pas demandé s'il avait les compétences requises - d'aucuns auraient exigé de voir le diplôme.
Mais quand son acolyte s'exclama soudainement en disant qu'il se souvenait de la formule, Nate arqua un sourcil : encore heureux qu'il se souvenait de la formule ! De toute façon, il était trop tard pour faire demi-tour. Nate avait enlevé son tee-shirt et s'était allongé sur le lit.

Dearborn procéda à un examen. De suite, à le sentir si sûr de lui, comme s'il effectuait un numéro finement rodé, Nate n'eut plus un doute.
▬ Bon, fit Caradoc, le mieux, c'est encore que je te parle, comme ça tu n'entendras pas le bruit, qui peut parfois être un peu impressionnant.
C'était sûr qu'il était le seul à pouvoir parler pour couvrir un éventuel bruit peu ragoûtant. C'est pourquoi, Nate l'écouta causer, secouant de temps en temps la tête.
Le médicomage avait raison. Cette croisière, c'était un peu comme Poudlard, mais en presque mieux ! La magie imprégnait les lieux, chacun pouvait faire ce qu'il voulait, quand il le voulait et comme il le voulait. Les escales offraient de superbes découvertes et, surtout, surtout, il n'y avait pas de cours, pas d'impératif, pas d'obligation. Les potes étaient là, sans le carcan des Maisons.

Nate, qui avait gardé sa baguette dans la main au cas où Caradoc eût une question, en profita pour lui répondre. Des lettres fusèrent de sa baguette.
Pas tellement, écrivit-il, car je sors juste de Poudlard. L'ambiance est un peu différente, mais sinon...

Puis, il se sentit bête de ne répondre que cela à Caradoc, sans alimenter la conversation. Il y avait pas mal d'adultes sur la croisière, mais assez peu, quand même, dans la fourchette d'âge du médicomage. C'était peut-être pour cela que c'était étrange pour lui.
Tu dois être un peu paumé parmi les plus jeunes, non ? Tu ne dois plus connaître grand monde à Poudlard, je présume.

Car Nate, bien-sûr, présumait que Dearborn avait dans les vingt-quatre ou vingt-six ans. Et à moins d'avoir un cousin vraiment plus jeune, qui serait élève à Poudlard, il ne pouvait plus vraiment avoir de contact avec le collège de sorcellerie.

Caradoc eut un mouvement de surprise lorsque les lettres apparurent dans l'air, et s'organisèrent pour former des mots, puis des phrases. Evidemment, Nate avait depuis le temps développé une méthode pour communiquer avec ses pairs, il n'y avait pas de quoi être étonné. C'était un sorcier, après tout. Un sorcier qui avait même terminé ses études, quelle délivrance cela devait être !
« Terminé Poudlard ! Pas trop triste ? Les ASPICS, ça a été ? » s'enquit-il en essayant de plus belle de trouver une prise pour remettre la vertèbre en place : il s'agissait d'exercer la bonne pression, pour ne pas risquer d'empirer les choses. Il ne voulait pas se prendre un procès sorcier aux fesses ! Il était en vacances, il n'était pas sensé pratiquer la médicomagie ! « Je suis avec mon frère et un copain, donc ça va, répondit-il en rigolant - car ils étaient quand même bien gênés de se retrouver entre la génération des élèves et celle des parents, alors même que Phoebus avait décrété qu'ils étaient en croisière pour draguer de la sorcière, et puis j'ai ma sœur qui se charge de me présenter ses copines ! » révéla-t-il en levant les yeux au ciel au souvenir de ce moment hautement gênant lors duquel Marlene les avait présentés, Phoebus et lui, comme ses frères, devant un parterre de donzelles mineures... Malaise absolu qui avait amené les jumeaux à ne plus se rendre à la piscine pendant deux longues journées ! « Tu la connais peut-être d'ailleurs, il s'agit de Marlene McKinnon. Chez les Rouges ! » précisa-t-il au moment même où un bruit réjouissant provenant du dos de Nate lui apprit qu'il avait réussi à remettre en place la vertèbre récalcitrante.

Nate sentait les doigts de Dearborn parcourir son dos pour retrouver les différentes vertèbres. Il se demandait quand est-ce que le médicomage allait lui remettre sa vertèbre en place, tout en craignant ce moment. Il aurait probablement mal, malgré la potion.
Non, pas trop triste, répondit Nate de sa baguette, j'avais envie de voir d'autres choses. Ça a été pour les ASPICs.

En réalité, le garçon avait sauvé les meubles - bien qu'il eût obtenu un Effort Exceptionnel en métamorphose et en sortilège, de quoi être accepté à l'université magique dans la filière métamorphose.
Il laissait aussi derrière lui la belle Alienor. Eux qui avaient l'habitude de se voir tous les jours, ne se verraient plus que pendant les vacances. Curtis n'avait pas menti en disant qu'il n'était pas trop triste, mais il n'était pas tranquille de la laisser derrière lui.

Caradoc poursuivit la conversation, faisant allusion à son frère et son pote, puis à sa demie-soeur.
▬ Tu la connais peut-être d'ailleurs, il s'agit de Marlene McKinnon. Chez les Rouges !
Un énorme craquement fit écho à sa réplique et Nate crut un instant l'avoir mal entendue. Il se crispa, attendant l'onde de choc mais, à sa grande surprise, il n'avait pas mal. La potion était diablement efficace.
Marlene, écrivit Nate en se redressant, oui, je la connais.

Comment dire... Elle s'était ridiculisée devant lui quand il était en troisième année en venant s'installer à table avec lui pour lui parler, parler, parler, et comprendre, devant son silence à lui, qu'il acceptait de sortir avec elle. Nate avait mis des lustres avant de lui faire entendre qu'il était muet et pas vraiment intéressé. Depuis, les deux Gryffondor ne s'étaient plus vraiment côtoyés, et ce n'était pas plus mal.
Nate fit quelques mouvement, précautionneusement, retrouvant avec soulagement l'usage de son dos, puis attrapa son tee-shirt, qu'il remit.
Mais je ne la connais pas trop non plus, se sentit-il obligé d'ajouter, on n'a pas les mêmes potes. Merci, mec, je te le revaudrai.

Il ne voyait pas ce que pourrait lui demander Caradoc en retour, mais, en tout cas, il avait la reconnaissance éternel de l'ancien Gryffondor.