Bertha haïssait de plus en plus l'idiot qui avait eu la merveilleuse idée d'inventer un sort pareil. Elle pariait sur un associable en pleine crise de reconnaissance sûrement bizuter pendant ses années d'école et qui, par pur hasard, avait un jour trouvé la solution miracle. Pfff. Elle écoutait maintenant Astrid raconter comment elle s'était retrouvé à embrasser Gabin. "La burpribe c'ébait de t'embrabber..." Bertha roula des yeux comme si c'était purement évident avant de se pencher pour cracher de nouveau dans le seau. Lorsqu'elle releva la tête elle comprit pourquoi sa meilleure amie ne parlait plus. Non non non ! C'était la catastrophe, Astrid ne pouvait pas laisser ce canon la voir dans cet état là ! Elle se sentit rougir de honte comme d'intimidation et n'osait pas imaginer le teint qu'elle devait avoir. C'était vraiment injuste ! Astrid venait à peine de lui dire qu'elle avait embrassé un garçon et voilà qu'un autre -et pas n'importe qui, quel homme !- lui souriait. Bertha était morte de jalousie et pendant qu'elle suivait du regard cet adorable spécimen, elle n'eut pas le réflexe de retenir une limace qui s'échappa de sa bouche pour venir s'écraser dans un immonde "SPLATCH" sur le sol. Dégueu. Elle ne dit rien quand sa meilleure copine lui enfonça la tête dans le seau mais son visage était tellement proche de la dizaine de limaces qu'elle avait déjà régurgité qu'elle eut une nausée. Elle n'en pouvait plus de tout ce cinéma ! Quand est-ce que ce stupide sortilège prendrait fin ? Vraiment qu'elle veinarde elle était d'avoir ce splendide don de se retrouver dans des situations aussi insolites. Bertha n'avait même plus la force de s'énerver ou de rager, tout était passé dans sa mission vomito. Elle écouta Astrid qui continuait son histoire exactement comme elle l'avait prédis. Bien sûr qu'il allait l'embrasser, quelle naïve elle faisait de ne pas y avoir penser. "B'est-ce que be dibais !" Puis elle eut un temps d'arrêt en même temps que son amie. Oh ? Elle arqua un sourcil, lui cachait-elle quelque chose ? "Bes rubeurs bur ?" Devant l'air d'Astrid, Bertha ouvrit la bouche en un parfait "o". "Abtrid ?" Elle espérait que son ton incite fortement à la confidence mais avec quelle crédibilité ? Il se passait un truc sous son nez et elle refusait de ne pas y être mêlé ! Surtout qu'elle était persuadée qu'il s'agissait d'un truc méga top secret et peut-être même super grave ! Alors là non, elle exigeait de savoir !

Elle en était certaine maintenant, Astrid lui cachait quelque chose ! Bertha était choquée d’une telle trahison. N’étaient-elles pas censées être amies ? Les meilleures en plus de cela ? La règle d’or n’était pas de faire de l’une comme de l’autre une confidente ? Bon certes, elle savait qu’elle n’était pas vraiment l’oreille attentive idéale, qu’elle avait tendance à laisser sa langue pendre un petit peu trop et dédramatiser des situations compliquées mais tout de même ! Elles qui en ce moment partageaient une culture de limaces ? Elle voulut porter à son cœur l’une de ses mains comme pour dire « Regarde ce que tu me fais, à moi, ta chair, ton sang, ton souffle… » mais elle n’avait pas la force, vidée physiquement de ses fréquents rejets. Mieux encore, son amie continuait de s’enfoncer dans un mensonge que Bertha avait grillé dès le départ ! Anh ! Tandis que les joues d’Astrid prenaient la couleur de leur blason, elle la regarda d’un air mauvais, quelle amie indigne elle était ! Elle aurait bien eu envie de faire fonctionner ses méninges à vive allure pour trouver qui était la personne concernée mais cette fois-ci c’était intellectuellement qu’elle était à bout. Elle repoussa d’un geste la main qu’Astrid venait de poser sur elle puis dans un geste de gaminerie intense tourna sa tête dans la direction opposée. Elle ne voulait rien lui dire ? Très bien, Bertha n’aurait plus un mot pour elle non plus, voilà. Elle voulait faire semblant de ne pas écouter ce qu’elle lui racontait mais sa curiosité était bien trop grande alors, dès que le nom d’Avery fut prononcé, elle ne tint pas une seule seconde avant de se retourner de nouveau vers Astrid. "BUOI ?" Parce que pour ne pas s’y attendre elle ne s’y attendait pas ! Il se passait des trucs pas nets à Poudlard ces temps-ci ! Thomas était mignon, oui, il avait un petit truc mais lui et Trid ? Elle n’arrivait pas encore totalement à les visualiser ensemble bien qu’après tout il ne s’agisse que de rumeurs, non ? "On beut bherbher boui." Lui répondit-elle puisque pour tout avouer elle commençait à en avoir un petit peu marre. "On b’en a bas bini." Ne put-elle s’empêcher de lui lancer tandis qu’elle se relevait et suivait Astrid hors des toilettes.

Bertha était en colère, vexée d’avoir été ainsi mise sur le carreau d’un truc pareil. Très bien si sa copine et soi-disant meilleure voulait lui faire des cachotteries. Elle n’était pas une gamine après tout, c’était une jeune fille mature qui savait prendre sur elle. Quelle blague. Même en essayant de faire semblant de ne pas lui en vouloir, elle ne pouvait pas empêcher les éclairs dans ses yeux. Elle aurait voulu ne pas le prendre pour elle mais comme il s’agissait déjà de la deuxième personne qui ne la tenait pas au courant, elle commençait à se remettre en question et il n’y avait rien de pire pour Bertha Jorkins que de considérer que c’était de sa faute. Elle n’avait, d’un coup, plus peur des limaces et se serait bien tenté à en prendre une à pleine main et la flanquer dans la tronche de sa copine. Pauvre bête, elle ne voulait pas lui infliger un séjour sur le nez trop poudré d’Astrid, elle n’était pas si inhumaine.

Elles se mirent finalement à la recherche d’une infirmerie et Astrid semblait toujours ne pas lui donner le moindre détail. Bien sûr qu’elles avaient toute l’année pour en parler mais Bertha voulait en parler MAINTENANT et elle avait bien du mal à retenir son agacement. Comme elle voulait éviter d’utiliser sa bouche au risque de se voir régurgiter une énième limace, elle se contenta de faire claquer sa langue. Elle suivait Astrid mollement, préférant rester un peu en retrait avec son seau qui lui au moins ne lui faisait pas de secrets. Bertha était vraiment partagé entre une bouderie intense ou un je-m’en-foutisme mais voulait montrer à sa cops qu’elles n’avaient pas à se cacher des choses la dame-limace resta de marbre lorsqu’Astrid se tenta à des plaisanteries. A l’infirmerie, elle fut aussi embêtée de se retrouver seule avec elle, petits claquements de langue et hochements de tête furent les seuls gestes qu’elle lui adressa. Puis lorsque enfin quelqu'un arriva pour la délivrer du mal qui la possédait depuis trop longtemps, elle lança un : "Je b’abbure qu’on ba en rebarler !" avant de lui faire un semblant de sourire qui voulait tout dire. Dès qu’elle serait au courant, elle ne serait plus fâchée. Ou peut-être un peu avant puisque mine de rien, elle l’aimait pas trop mal cette Astrid.