« Il paraît que ta daronne elle vit à l’étage aussi ! » s’esclaffa la cracmolle dans toute son ivresse lorsque la barmaid apprit à l’adolescent que son grand-frère était aussi un habitué des lieux. Il n’y avait rien de bien méchant dans ses propos - comme elle n’avait pas vérifié qu’ils soient avérés et espérait même carrément pour l’intéressé qu’ils ne le soient pas ! - elle s’amusait simplement avec lui au vulgaire petit jeu de ta mère la goule. Tout cela la poussa néanmoins à s’interroger sur l’importance de la génétique dans la fréquentation de tels lieux. Elle regarda autour d’elle un peu comme si elle s’était soudainement attendue à ce que l’endroit se soit soudainement transformé en restaurant familial. Mais non, on voyait plein de paires partout … mais aucune paire d’oreilles de Mickey Mouse. Olympe nettoya tout son bordel et Oona se redressa, comme prompte à s’excuser, mais ne poussa qu’un rot sonore qui la fit encore éclater de rire. Elle était vraiment beaucoup trop bourrée et avait zéro tenue. « On fait un concours de rots ? Je suis sûre que je te bats ! » proposa-t-elle naturellement au garçon dont la tête la faisait vachement rire sans qu’elle ne sache trop pourquoi. Il avait de la répartie et ne la traitait pas différemment, c’était quelque chose qui lui plaisait assez. Il la traita d’ailleurs d’alcoolique de manière aussi juste que directe et elle lui adressa un large sourire. « J’ai rien d’anonyme, moi c’est Oona » répondit-elle avec simplicité et sympathie.

Olympe et Kierán parlèrent alors de la vie sexuelle de ce dernier et elle fut forcée de se racler la gorge pour rappeler sa présence (comme si elle était prompte à se faire oublier, la blague !). Elle avait beau vivre en colocation avec son grand frère, rien ne valait les sortilèges d’insonorisation qu’il avait lancé un peu partout dans l’appartement, et vraiment elle préférait continuer à tout ignorer de sa vie amoureuse. L’imaginer en célibataire ne trouvant de la compagnie que dans les ronflements de son chien, c’était vachement plus propre trouvait-elle. Oona finit donc - tranquille pour la première fois depuis le début de la soirée - son verre en créant un bruit de succion avec sa paille qui couvrait au moins le bruit de l’autre conversation juste au cas où. La langue de la cracmolle se délia néanmoins bien vite pour critiquer la tenancière du bordel et elle renchérit encore sur les propos de son grand frère. « Elle ne fait que exploiter la misère humaine, à mort le patronat ! » leva-t-elle le poing au ciel moyennement crédible comme elle n’avait jamais travaillé de toute sa vie. Heureusement, Olympe partirait bientôt ! Oona qui avait fini son verre se pencha comme une acrobate de l’autre côté du comptoir pour s’emparer de la première bouteille qui lui tomba sous la main - ça aurait tellement été plus simple avec un accio s’énervait-elle bien fort intérieurement - et hop, elle leva la bouteille de tequila qu’elle avait dégoté au-dessus de sa tête. « Je trinque à ton départ, youhou ! ».

Elle se racla la gorge et tira sur la manche de son grand frère qui parlait au jeunot avant de lui demander tout bas (pendant que la barmaid s’affairait derrière son comptoir). « Dis, juste que je sache si je dois fuir par la fenêtre des toilettes à un moment de la soirée, tu comptes payer mes consos ou pas ? ». Elle guetta quand même au cas où le reste de la clientèle mais il n’y avait aucun homme suffisamment mignon avec lequel elle ne désirât flirter pour se faire entretenir.