Et voilà. Ce qui devait arriver arriva. Mike et Moïra n’étaient plus ensemble. Leur amourette n’avait pas durée longtemps, juste quelques mois, et pourtant il avait l’impression qu’une relation qui avait duré des années venait de prendre fin. Il était assis sur son lit à regarder le plafond, se demandant ce qu’il devait faire maintenant. La réponse était pourtant simple - il devait continuer à vivre et se rappeler comment il faisait avant. Cela voulait dire ne plus passer autant de temps que possible avec Moïra, s’entraîner au Quidditch autant qu’avant, recommencer à draguer, rigoler avec ses amis, et ce genre de choses.

Ce n’est pas comme ça avait vraiment changé, il était toujours la même personne, et il avait toujours les mêmes centres d’intérêt. Moïra, avant d’être sa petite amie, était sa meilleure amie, et il était certain qu’après le temps d’adaptation qu’il leur fallait à tous les deux, leur relation redeviendrait comme avant. Il fallait juste qu’il s’arme de patience.

Mais il avait besoin de parler à quelqu’un, et il ne savait pas trop à qui. Il aurait pu parler à Ludo, il appréciait généralement lui parler de ce genre de chose, mais Ludo ne connaissait pas assez bien Moïra, et il était trop tôt pour se plaindre. Il pensa un long moment, avant qu’une réponse évidente ne lui vienne en tête. Jane ! Jane connaissait bien Moïra, et même si elle allait probablement râler de devoir passer plus de temps que nécessaire avec son grand frère, il savait qu’elle accepterait de lui parler. Il descendit donc de la tour des serdaigles pour aller jusqu’à la salle commune des Gryffondors. Une fois devant le portrait de la grosse dame, Mike demanda à un élève qui rentrait de dire à Jane Thickey de sortir. Il croisa les doigts pour que sa soeur soit là.

hors-jeu :

Jane était amie avec Moïra, et peut-être avait-elle par extension déjà apprit la nouvelle que Mike allait lui apporter. Cependant, il tenait quand même à lui dire, il avait besoin de parler à quelqu’un de confiance, et même si Mike et Jane se battaient parfois comme deux goules agressives, l’aigle savait que sa soeur était la personne en laquelle il pouvait avoir le plus confiance, et qu’elle ne le laisserait jamais tomber en cas de galère. Le garçon vit directement le visage de Thickey miniature de plier d’une ride sur le front en voyant l’air perdu de son aîné, et la tentative de sourire qu’offrit le gardien à son interlocutrice ne réussit pas à prouver qu’il n’était pas victime d’une certaine détresse.

- C’est Moïra et moi. Commença-t-il d’une voix hésitante, passant une de ses larges mains dans son cou pour le frotter avec embarras. - On a rompu. Fit-il d’une voix hésitante. Mike n’était pas étranger aux histoires avec les filles, et n’était généralement pas tellement affligé par la perte d’une petite amie. Mais toutes ses relations avant Moïra n’avaient durées que quelques semaines, et aucune fille avant la dragonnière n’avait eu autant d’importance à ses yeux. Moïra était spéciale à ses yeux, et pour la première fois, Thickey luttait pour ne pas pleurer suite à une rupture. - Tu veux bien qu’on marche un peu ?

Mike réalisa à la réaction de sa soeur qu’elle n’en avait visiblement pas encore entendu parler. Cela le surprit un peu sachant que le deux jeunes filles étaient de la même maison, et en plus de ça, qu’elles étaient amies depuis un moment. Cependant, Jane semblait occupée ces derniers mois à faire des projets bizarres avec Marlène, et si Mike ne voyait pas cela d’un très bon oeil, il se disait aussi que cela faisait partie de la vie, et qu’il ne pouvait pas contrôler sa soeur comme il le voulait. Alors tant qu’elle ne se mettait pas dans le pétrin, il laissait couler.

A la question de la brune, Mike haussa les épaules. - Je sais pas trop. On discutait, et on en est arrivés à se dire qu’on fonctionnait pas si bien que ça en couple, et que c’était peut-être mieux qu’on soit amis… Il ne savait pas lui-même s’ils avaient prit la bonne décision, si se séparer serait mieux pour eux, mais c’était à présent chose faite de toute façon. - Jane, c’est bizarre. Mike commença en regardant le sol. - C’est la première fois que je me sens comme ça après avoir rompu avec une fille… C’est normal ?

En réalité, cela devait vraiment être plutôt drôle pour Jane. Son grand frère, qui se prétendait expert de l’amour et des conquêtes, était en train de vivre sa première vraie rupture, et il ne savait pas comment gérer. Oui, Mike n’avait jamais été amoureux avant, et ne serait d’ailleurs jamais vraiment amoureux d’une autre fille que Moïra, et du coup, il était un peu perdu. Jane en revanche semblait savoir de quoi il était question, et comment gérer la situation. Elle lui dit de but en blanc qu’il était juste amoureux, et Mike la regarda comme si elle venait de l’éclairer. - Et on fait quoi alors ? Je veux dire… Si on est amoureux et qu’on peut plus être avec la personne qu’on aime ? Il avait une petite voix, mais se posait vraiment la question.

Il regarda sa jeune soeur dans les yeux, et fut ému de voir à quel point elle était devenue forte, et à quel point elle avait grandit, prit de l’assurance aussi. Il avait beau mépriser Marlène la plupart du temps, il devait admettre qu’elle avait un bon impact sur le caractère de sa soeur, parfois. - Merci. Dit-il avec un sourire quand Jane lui dit qu’il allait réussir à surmonter ça. Elle avait raison. - EH ! Protesta-t-il en revanche quand elle dit que Moïra était trop bien pour lui, mais après tout, elle avait peut-être raison. - C’est vrai que j’ai tendance à oublier qu’elle et la descendante du Clan des Dragons, et qu’elle sera sûrement Chef de Clan quand elle sera adulte. C’est pas tellement le même monde que le bien.

Ils se remirent à marcher, en silence pendant un moment, puis Mike interpella sa soeur à nouveau. - Dis, Jane. Tu crois que j’suis un connard avec les filles ?

D’une côté, même si Mike était plus vieux, il avait tendance à voir sa soeur comme une personne plus mature sur certains sujets, et l’amour était l’un d’entre eux. Il ne savait pas vraiment pourquoi, puisqu’à priori elle avait eu moins d’expérience que lui dans le domaine. Mais à ses yeux, elle était plus sage, et c’était sûrement la raison qui le poussait à aller la voir. Ca, et le fait qu’il n’aimait pas se montrer vulnérable devant ses amis.

Les mots de sa jeune soeur sonnèrent en lui comme le bruit sonore et aigu d’un réveil-matin. Pourquoi s’étaient ils séparés, s’ils s’aimaient ? Est-ce qu’il ne devrait pas se battre pour son amour ? Les questions trottaient dans sa tête, si bien que ses lèvres ne purent répondre pendant un long moment. - C’est plus compliqué que ça. Commença l’aigle avec un soupire triste. - Le problème, c’est qu’on était pas heureux ensemble. On était pas aussi heureux que quand on était amis. Il se passa une de ses longues mains dans ses cheveux, rejetant vers l’arrière ses courtes mèches brunes désordonnées, leur redonnant cet ordre chaotique dont il aimait tant se coiffer. - On s’est dit qu’on confondait sûrement une amitié très forte avec de l’amour, et qu’on s’était trompés. Je sais pas si c’est vrai, mais maintenant, c’qui est fait est fait. Conclut-il d’un ton grave.

Un léger sourire s’afficha sur le visage du grand frère lorsque Jane n’osa pas prononcer le juron qu’il avait laissé échapper. Il trouvait cela plutôt attendrissant, qu’à quinze ans, elle ne s’autorise toujours pas à lâcher de genre d’insultes quand leur mère n’était pas là. Son sourire s’effaça cependant bien vite lorsque Jane lui instruit qu’il devait cesser de se sentir supérieur aux filles parce qu’il avait une paire de cognards. D’instinct, il déploya sa gorge pour protester, puis tourna sa langue sept fois dans a bouche avant de parler, pour une fois. Il perdit son insolence et son impulsivité. - Tu as sûrement raison. Mais c’est difficile de changer quelque chose que j’ai toujours été. Je commence par où ?