Bien sûr que c'était sincère.
Darius était comme elle sans doute, la définition juste et parfaite de l'innocence dans son plus bel exemple. Elle avait confiance en lui, parce qu'elle le connaissait. Mildred savait comment était le garçon, parce qu'elle avait joué avec lui lorsqu'ils étaient enfants, et qu'elle s'était éloignée de lui sur ordre de ses parents. Le jeune homme avait bien plus qu'elle, la loyauté d'un Poufsouffle qu'elle n'en aura jamais. Si elle fréquentait Andromeda par loyauté justement, c'était parce que sa maturité lui avait fait prendre un certain recul sur les choses. Darius bénéficiait de ce recul aujourd'hui et Mildred ressentait une certaine culpabilité de prendre conscience de ses erreurs à son âge.
Réaliser tout cela provoqua chez elle un ras-de-marrée d'émotions violentes qui la firent le prendre dans ses bras frêles. Les larmes abondantes coulaient sur ses joues, parce qu'elle s'était longtemps privée d'un ami qui aurait été une oreille assurément fidèle à tous ses maux. Mildred se laissait aller réellement pour la première fois depuis longtemps. L'héritière était une enfant émotive et sensible, dont les larmes s'échappaient facilement de ses paupières. Elle essayait de plus en plus de se maîtriser pour ne pas pleurer, pour avoir l'air plus digne. Mais devant son ami d'enfance, ce garçon qu'elle avait toujours regardé de loin comme son frère, elle ne pouvait pas retenir ses larmes. La voix chaude du jeune homme la fit pleurer encore plus lorsqu'il lui dit qu'il ne fallait pas qu'elle agisse ainsi. Elle s'en voulait et la seule expression de sa propre culpabilité passait par les larmes. Saisie de hoquets, elle n'arriva pas à lui donner un sourire lorsqu'il essuya une traînée salée de sa joue. Sa proposition l'étonna, mais pas assez pour la faire arrêter de pleurer. « Je suis tellement, tellement désolée » se confondit-elle en excuses – parce qu'elle avait, à ce moment, réellement et simplement besoin de lui faire comprendre que rien n'était arrivé par sa volonté. « J-je...Je voulais pas t-te repousser, pardon » continua-t-elle en essuyant frénétiquement ses larmes sur ses joues déjà irritées. « Et oui, je veux bien pour... Attends attends attends. Vous voulez un enfant ? » s'exclama-t-elle les yeux grands ouverts. Ça, par contre, c'était une nouvelle qui suffisait à lui faire arrêter tout hoquet. Peut-être que c'était juste la magie Darius, après tout.

Sentir autour d'elle les bras de son ami avait quelque chose de toute à fait réconfortant pour cette jeune femme qui jamais n'avait connu de réelle affection. Dans sa famille d'hommes et de femmes froids, Mildred n'avait jamais su trouver le réconfort dont elle avait toujours eu besoin. Son frère en revenant, lui avait apporté un peu de lumière dans un monde de ténèbres, mais le mal était fait, et elle n'était plus à l'époque de son retour, une jeune fille à éduquer. L'ancienne Serpentard avait besoin comme les plantes, de terreau pour s'épanouir correctement. Darius avait été un élément essentiel de sa vie avant qu'il n'en soit balayé et qu'elle le fasse d'ailleurs, d'elle-même. Si elle avait reçu la directive de le faire sortir de sa vie, c'était elle qui avait néanmoins tout provoqué en l'envoyant paître. Savoir qu'elle avait manqué des choses dans sa vie lui déchirait le cœur. Pendant qu'elle vivait entre les quatre murs de sa prison dorée, l'héritier Abbot vivait sa vie : il faisait ce qu'il voulait, aimait qui il voulait, prévoyait sa vie aussi, comme bon lui semblait. Elle trouvait autant cela beau qu'elle réfléchissait ainsi elle-même à sa propre vie. Elle eut un rire amusé face à l'anecdote et Mildred eut une nouvelle fois la démonstration de sa propre erreur. « Oui, nous n'avions pas trop les mêmes préoccupations » s'amusa-t-elle un instant. Petite, l'héritière Nott voulait un mari qui l'aime et elle avait été proche de le trouver. Elle l'avait fréquenté, elle l'avait aimé. Aujourd'hui, elle ne vivait sa passion que dans la discrétion et la délicatesse des draps soyeux dans lesquels elle voyait son amant. « Ni même aujourd'hui, d'ailleurs » ajouta-t-elle finalement. Darius avait un magasin à faire vivre, et une femme à aimer. Mildred n'avait rien de plus que sa propre survit au sein d'une famille qui la supportait de moins en moins.