Parce qu'il faut savoir se montrer aimable dans la vie [Wolfy]

Petite soirée cette fois. À croire que le temps poussait les gens à ne plus sortir. Même plus chez elle. Il y avait des soirées comme ça où elle avait peu de chances. La chance n'aillant en fait pas grand chose à voir avec cette histoire. Les gens avaient leurs moments, c'était comme ça. Et elle ne pouvait que s'adapter. Après tout, les situations inverses étaient assez courantes, cela ne ruinerait pas son mois. Ni celui de ses filles d'ailleurs. Enfin, cette soirée touchait à sa fin de toute façon. La nuit aussi au passage. Alors doucement elle renvoyait les filles qui terminaient leur service, commençait à voir arriver celles qui devaient commencer dans quelques heures, et rangeait doucement les affaire éparpillées partout. Les objets trouvés ici c'était tout un concept des plus concrets. Pas un simple carton comme pouvaient en avoir certains lieux publics. Ici c'était plutôt un débarras. Il était d'ailleurs rare que ces objets retrouvent leurs propriétaires. La belle se permettait donc de régulièrement aller se servir dedans. Il fallait prendre l'argent où il était après tout. Et avec le mal qu'elle se donnait pour aller chercher toutes ces petites choses dans les moindres recoins de sa maison, elle pouvait bien se servir derrière ! Une fois elle était même tombée sur tout une cargaison de cornes de Cornelongue roumain. Il n'y avait bien entendu rien de légal dans l'affaire et personne n'était donc venu les réclamer. Elle s'était fait une fortune avec cette histoire !

Mais rien ce soir. Ou rien de vraiment intéressant. Ses trouvailles étaient sans grande valeur et toujours dans des endroits improbables. Un jour elle prendrait sans doute un elfe ou deux pour faire ce genre de tâches. Bon, elle avait déjà essayé, mais ils avaient été vite détournés de leurs tâches malgré les châtiments. Voilà qui lui apprendrait à proposer trop de variété dans son affaire... Il était presque sûr qu'elle le referait pourtant, une nouvelle tentative désespérée pour s'épargner ces tâches difficiles. Ou en tout cas pénibles à défaut d'être difficiles. Enfin la fin de service pour elle aussi. Elle n'était pas encore allé se changer préférant finir de potentiellement ruiner sa tenue par ses dernière obligations, sans doute la tâche la plus sexy de la soirée, la plus attrayante, la plus amusante, la plus sublime : sortir les poubelles ! Et autant dire que les poubelles dans une maison close, elles n'étaient pas pleines de journaux. Mais j'aime autant épargner ce genre de détails et passer directement à ce moment où Morticia sortit son paquet par la porte de service, traînant cette masse en râlant son possible, finissant par sortir sa baguette pour ne pas le porter plus longtemps et rentrer au plus vite au chaud. Elle avait d'ailleurs commencé à se tourner quand elle remarqua quelque chose. Ou quelqu'un en fait. Arquant un sourcil elle s'approcha. C'était à priori un homme, première constatation dans le noir. Rectification, un bel homme. Et pour le coup elle avait tout le loisir d'en juger puisqu'il était en tenue d'Adam. Profitant deux secondes de plus du spectacle, elle finit par aller vers lui, donnant un léger coup de botte dans son mollet, s'adressant à lui de sa voix la moins aimable du monde (pour changer).

-Je n'ai jamais proposé d'option dortoir ici alors soit tu te lève comme un grand garçon soit c'est moi qui te vire mais tu risquerais de ne pas apprécier.

Un grincement de porte arriva jusqu'aux oreilles de Wolfgang qui remua doucement dans son sommeil, ne réussissant pas encore à distinguer rêve et réalité. Mais le coup à son mollet finit de le réveiller et il ouvrit un oeil, puis l'autre, avant de se redresser brusquement.
— Quoi ? Où est-ce qu'on est ? demanda-t-il pour lui-même sans même prendre la peine de lever les yeux vers celle qui s'était adressé à lui.
Son regard faisait le tour des lieux sans qu'il ne soit capable de mettre un nom sur l'endroit où il se trouvait, et c'est lorsque, enfin, il accorda de l'attention à la jolie brune à l'air mauvais qui lui faisait face, qu'il réalisa qu'il était en train de mourir de froid. Merde. Il sut tout de suite, sans même baisser la tête, qu'il était entièrement dévêtu. Merde, merde, merde, il avait cru tout prévoir pour cette première pleine lune hors de la meute et visiblement, quelque chose avait foiré. Mais quoi ? Qu'avait-il fait ? Et pourquoi était-il incapable de se souvenir de rien ?
Il se releva en s'aidant de l'une des poubelles à côté de laquelle il s'était réveillé, sans prendre aucunement la peine de masquer son anatomie car il était complètement décomplexé à ce niveau-là depuis qu'il avait vécu avec d'autres loups durant près de quinze ans. Sans le savoir, ça tombait plutôt bien car la jeune femme qu'il avait devant lui en avait, je crois, vu beaucoup d'autres dans sa vie.
Le jeune loup se passa une main dans les cheveux sans se départir de son air d'ahuri perdu. Des cernes profondes entouraient ses yeux et une balafre rouge et sanguinolente barrait sa joue droite. Que s'était-il passé ? Il n'en avait aucune putain d'idée.
— C'est... par ici la sortie ? fit-il un peu timidement en pointant du doigt, l'air de rien, la porte juste derrière la maîtresse de maison.
Le secret était d'avoir l'air tout à fait normal, parfaitement dans son élément.

Morticia et les hommes c'était une longue histoire. Pas toujours une histoire d'amour, il faut l'avouer. Mais une longue histoire. Et une histoire qui allait dans les deux sens. Certains la connaissaient sans jamais l'avoir vue autrement qu'en image sur ces magazines qu'ils aimaient tant, et d'autres ne se souviendraient plus de son nom après avoir passé une nuit en sa compagnie. C'était pour eux les principales façons de la côtoyer. Pour autant, Morticia n'aimait pas leur compagnie plus que cela. Elle appréciait pouvoir passer du bon temps avec eux, mais guère plus. Mis à part ses quelques employés (dont la masculinité était parfois relative), elle passait rarement du temps avec eux pour prendre un thé, bavarder, ou toute autre activité un peu normale. Les relations humaines dans leur simplicité n'étaient déjà pas son truc...

Ce bel homme qui était dans son arrière cour pourtant avait de quoi l'intriguer. Oui, sur un plan purement physique, oui. Il serait totalement faux de dire le contraire. Il n'avait même pas encore prononcé un mot ! Si ça se trouve il zozotait, voire même il était peut-être débile. Ce qui expliquerait pourquoi il se retrouvait là, endormi à poil dans le froid... vu comme ça oui, il y avait de fortes chances qu'il soit débile. Avec son tact naturel, Morty avait entrepris de l'éveiller avec douceur... Non, je plaisante. Elle lui avait parlé avec mépris après avoir shooté dans son mollet. Une femme délicieuse...

-Quoi ? Où est-ce qu'on est ?

Bon, première étape de faite. Et même deuxième dans la foulée puisqu'il s'était redressé. Ouep, plutôt bel homme là encore. Il avait l'air plutôt à l'aise avec les températures en plus pour ne pas plu réagir. Ou alors il était bourré. Mais il n'avait pas cette caractéristique voix de celui qui a dépassé son côta que Morticia connaissait si bien.

-Le Red House. Pardon, MA Red House. Ou plus précisément son local à poubelles. Ce qui me fait me poser de sacrées questions sur ta santé mentale mon chou.

Le sourcil relevé et un peu moins d'agacement dans la voix, sans être pour autant calme elle faisait des progrès. Il faut dire que son esprit était tourné vers autre chose que l'envie qu'il dégage. Tout comme ses yeux d'ailleurs qui le détaillaient sans la moindre discrétion. Ce n'était pas un client, elle l'aurait reconnu. Alors qu'il se relevait péniblement, elle remarque cette belle entaille sur sa joue. Chose qui aurait eu du mal à lui échapper chez elle. Il venait donc d'ailleurs et s'était retrouvé ici après on ne sait quelle aventure visiblement un minimum dangereuse. Il lui fallait donc peut-être revoir son jugement.

-C'est... par ici la sortie ?

Il avait pointé la porte derrière elle avant de visiblement entreprendre de s'en aller. Ok, c'était louche tout ça. Déjà que retrouver un homme nu dans son local à poubelle n'était pas si courant pour elle... c'était déjà arrivé mais disons que la situation s'était expliquée assez facilement. Là par contre, difficile de dire comment il s'était retrouvé là. Alors l'arrêtant dans son élan (sans pour autant quitter son air sévère), elle inspecta son visage en le prenant entre ses doigts, sans être d'une délicatesse exemplaire.

-Non attend, on va déjà regarder ça, viens avec moi... mais évite de faire des tâches !

Morticia l’entraîne donc à l'intérieur en le tenant par le bras (gelé mais tellement musclé!). La belle le lâche devant son comptoir avant de se pencher par dessus, se retrouvant presque allongée dessus en fait, pour attraper une boîte de l'autre côté. Elle s’assoit sur un tabouret et commence à imbiber un linge de potion avant de l'appliquer sur la joue de son invité surprise. Deux filles passent pour partir et la saluent non sans admirer son interlocuteur toujours en petite tenue. Sans détourner le regard elle fait de même, concentrée sur la plaie à la joue qu'elle s'efforce de soigner un minimum.

-Bon alors, comment t'as fini là dans cet état ? C'est une passion de te balader nu dans les rues la nuit ? Allant de local à poubelles en local à poubelles ?

La Red House, vraiment ? Un nouveau coup d'oeil circulaire et Wolfgang mit enfin des images sur un nom (bien que le local à poubelles n'était peut-être pas représentatif de la maison close... quoique). Il avait à plusieurs reprises entendu parler de ce lieu lors de discussions autour de firewhiskies au Ragtag & Bobtail, mais jamais il n'avait eu l'occasion de pénétrer à l'intérieur de cet antre mythique. Faute d'argent, tout simplement.
Le loup hocha la tête d'un air faussement entendu avant de faire un pas en avant dans l'optique de filer le plus vite possible, mais il eut un léger mouvement de recul lorsque la tenancière des lieux s'empara de son visage et, par réflexe, il lui empoigna le bras en une fraction de seconde. Il était de nature méfiante et impulsive et elle avait de la chance qu'il ne l'ait pas envoyée dans le décor sous le coup de la surprise, comme c'était déjà arrivé à maintes reprises. Mais la fatigue post pleine lune, sans doute, jouait sur ses habitudes.
Regarder ça ? A ses mots, il se passa une main sur la joue qu'elle avait inspecté. Le contact de ses doigts sur la plaie lui tira une grimace et il regarda distraitement d'un air songeur le rouge sombre étalé sur sa peau tandis qu'elle le tirait à l'intérieur. La chaleur de la maison l'enveloppa comme une couverture chaude tandis qu'il zieutait tout autour de lui, mémorisant chaque parcelle de la Red House afin d'alimenter son instinct au cas où il aurait besoin de s'en servir au cours d'une possible fuite improvisée. Son tour d'horizon s'arrêta sur les courbes de la demoiselle, penchée par-dessus son comptoir et le regard du loup ne put que glisser de haut en bas avant qu'elle ne se retourne, une potion dans une main et un linge en coton dans l'autre. Elle s'approcha de lui et appliqua le linge imbibé sur la joue du garçon qui sursauta, c'était froid et ça piquait mais il serra les dents pour n'en rien laisser paraître et il ne cilla pas non plus lorsqu'il entendit deux demoiselles passer derrière lui. Visiblement, elles devaient trouver cela normal de rencontrer un mec à poil (sans mauvais jeu de mot sur sa condition de loup-garou) dans le hall d'entrée de leur lieu de travail. Un jour comme un autre, en somme.
— 'Te dois vraiment une réponse ? demanda Wolfgang d'une voix traînante lorsque la sorcière le questionna sur les raisons de son état. Non, parce que je vais probablement te raconter des bobards, donc autant s'éviter ça à l'un comme à l'autre, tu crois pas ? Et il ajouta en marmonnant : T'façon, je me rappelle de rien.
Et c'était vrai. La nuit passée était plus que dans le flou, elle était dans le noir complet. Il se laissa soigner sagement comme un petit chien docile et lorsque la proximité entre lui et sa sauveuse devint trop compliquée à gérer en étant dévêtu, il se mit à regretter ses vêtements.
— T'aurais pas des fringues à me dépanner ? dit-il en rigolant doucement, le parfum de la jeune femme titillant ses narines et ses hormones encore animales. Je sais pas où j'ai foutu les miennes. Et comme je me les caille un peu...

Bon, on ne va pas se mentir, Morty profitait pas mal de la vue dans cette histoire. En plus d'être assez intriguée par cette situation pour le moins cocasse, il y avait ce côté plutôt agréable visuellement parlant. Mais cela n'expliquait pas tout. Cela n'expliquait même pas grand chose. Il se retrouvait nu dans son local, blessé visiblement, et totalement perdu. C'était tout du moins les conclusions qu'elle tirait du peu qu'ils s'étaient dit et de sa situation. Particulier tout cela. Et alors qu'il avait voulu s'en aller, Morticia avait tout de même envie que certaines questions trouvent une réponse. Et puis, il n'allait pas partir comme ça non plus... Sa joue avait été un prétexte. Pas uniquement mais en grande partie. Et il avait l'air d'avoir un certain caractère le monsieur. Sans doute plus par réflexe qu'autre chose il avait empoigné son bras en réponse. Elle ne s'en formaliserait pas, elle avait même eut un léger rictus à cette réaction. Après tout, il était probable qu'elle ait eu à peu près la même... peut-être moins sympathique en fait...
Une fois à l'intérieur elle entrepris de nettoyer sa plaie. Il se laissa faire bien sagement, bien que cela devait picoter un peu. Finalement, il n'était pas si farouche cet invité surprise. Ou en tout cas il tenait à sa santé, un minimum dirons-nous. La belle entrepris de se renseigner un peu sur ce qui avait bien pu mener un bel homme pareil à se retrouver dans cette situation.

-'Te dois vraiment une réponse ?

Arquant un sourcil sans quitter sa tâche, il faut avouer que cela donnait le ton. Il n'avait pas l'air de bien vouloir en parler.

-Non, parce que je vais probablement te raconter des bobards, donc autant s'éviter ça à l'un comme à l'autre, tu crois pas ?..T'façon, je me rappelle de rien.

Au moins c'était une réponse du cœur ça. Ce qui n'éclairait pas beaucoup plus la situation pour autant. En revanche ça en disait un peu plus long sur lui.

-Au moins c'est honnête comme réponse. J'aime autant. Ça t'arrive souvent d'avoir des trous noirs comme ça ? Parce que j'espère au moins pour toi que tu ne finis pas toujours dans cet état !

Morticia avait fini d'appliquer sa mixture. Elle jeta un dernier regard d'ensemble pour être sûre, mais d'ici peu il n'y aurait plus rien. L'intrus de la soirée repris la parole alors qu'elle rangeait ses petits soins.

-T'aurais pas des fringues à me dépanner ? Je sais pas où j'ai foutu les miennes. Et comme je me les caille un peu...

Ah, oui, effectivement. À cette remarque, elle n'avait pas pu s'empêcher de faire un tour des yeux, détaillant un peu de haut en bas cet homme qui décidément avait un certain charme. C'était uniquement pour avoir une idée de son gabarie, uniquement...

-On va essayer de trouver ... Tu va loin comme ça ?

Histoire de savoir un peu si il aurait de la route à faire. Niveau tenues, ils avaient de quoi faire. Mais pas forcément pour faire de la route quoi. Ce n'était pas le but de l'endroit. Mais bon, ils trouveraient peut-être quelque chose.
Morticia lui fit signe de la suivre alors qu'elle commençait à monter les escaliers. Des étages ici, il y en avait un paquet. Principalement des chambres ou des salles d'eau. Milieu oblige. Mais il y avait aussi un étage qui était un peu plus classique... dirons-nous. La décoration le laissait sentir d'ailleurs. Loin des couleurs chaudes qui dominaient un peu partout, des pots de fleurs qui pendaient aux murs et autres rideaux de velours, cet étage en plein milieu de la House était d'un terne presque reposant. Au fond, il y avait la salle qu'elle maudissait le plus, avec tous les dossiers. Endroit où elle s'enfermait parfois et il valait mieux ne pas la déranger si on tenait à sa vie. Il y avait aussi une petite salle de repos pour le personnel (très conventionnel tout ça...). Et surtout, la réserve. Une pièce où l'on trouvait un peu de tout. Y compris les vêtements tant convoités. Morticia ouvrit les rideaux de la pièce (un brin poussiéreuse c'est vrai) pour y voir plus clair, et après un petit tour sur elle-même alla ouvrir un grand coffre. Manqué, des sous-vêtements féminins. Coffre suivant. Ah, un progrès. Après avoir un peu fouillé, elle tend un caleçon et une paire de chaussettes à son invité.

-Déjà ça, laisse-moi deux minutes pour le reste...

C'est à dire qu'un endroit comme ça avait toujours besoin d'une réserve de vêtements propres, on ne sait jamais. On ne pouvait pas tellement quitter cet endroit en tenue de travail. Ou alors on s'exposait à quelques déconvenues. Après avoir sorti pas mal de choses d'un autre coffre sans trouver satisfaction, Morty avait fini par trouver un pantalon classique, noir, et une chemise un peu passé de mode mais qui ferait sans doute l'affaire malgré son bleu assez voyant.

-Tu peux déjà essayer ça... C'est quoi ton nom déjà ?

A la question de savoir si ces pertes de mémoire étaient monnaie courante, Wolfgang haussa les épaules. C'est qu'il n'avait plus eu de trous noirs depuis des années, depuis que Greyback lui avait appris à se contrôler, à laisser vivre la bête en lui les soirs de pleine lune. Mais à présent qu'il avait quitté la meute... Peut-être était-ce simplement l'angoisse de passer cette première nuit seul dans une ville inconnue qui l'avait tendu au point qu'il en perde ses moyens. Peu importe, il comptait bien être plus vigilant à sa prochaine transformation.
— Plus maintenant, répondit le loup dans un sourire lorsque la brune lui demanda s'il allait loin.
Probablement que la nuit passée l'avait vu trotter dans les campagnes -du moins l'espérait-il pour sa couverture qui s'effondrerait sitôt que quelqu'un repérerait sa présence à Londres- mais à présent que la pleine lune était derrière lui, plus de raison de vagabonder à droite à gauche. Dans l'idée, il n'avait qu'une envie : rentrer dans sa piaule au Ragtag & Bobtail et pioncer trois jours durant pour récupérer de sa nuit de cavale.
Il suivit la maquerelle dans les étages jusqu'à atteindre une partie de la maison qui dénotait carrément avec tout le reste de la déco. Loin de se formaliser, loin même de se poser la moindre question, il pénétra à sa suite dans une petite pièce qui s'éclaira lorsqu'elle en eut tirer les rideaux. Alors elle s'avança vers quelques coffres qu'elle ouvrit en connaisseuse. Après plusieurs fouilles, elle tendit un caleçon et une paire de chaussettes au garçon qui s'en habilla sans attendre. Ainsi couvert, c'était déjà plus agréable. Elle lui fila ensuite un pantalon noir qu'il passa aussitôt ; il était un peu large à la taille mais il était mal placé pour faire le difficile. Il enfila ensuite la chemise vachement voyante qu'elle lui prêta mais, encore une fois, qui était-il pour critiquer ? Il avait un sacré look, loin de la tenue de camouflage qu'il pouvait porter dans la forêt et ça le fit doucement marrer.
— Wolfgang, répondit-il à sa question avec l'honnêteté de celui qui voulait voir si la lumière se faisait dans l'esprit de son interlocutrice. Mais tu peux m'appeler Wolf.
Un mince sourire étira le coin de ses lèvres tandis qu'il fixait la jeune femme pour tenter de déceler en elle une réaction à son prénom. C'est que ses parents, en le nommant ainsi, l'avait un peu prédestiné.
— J'te retourne la question, dit-il sans se départir de son sourire, c'est quoi ton p'tit nom ?

La situation était particulière, certes. Morticia pensait pourtant gérer pas trop mal pour le moment. Bon, elle n’était peut-être pas la plus aimable des femmes, il faut le reconnaitre. Elle essayait pourtant de ne pas maltraiter ce bel inconnu qu’elle venait de trouver. Alors elle lui avait soigné la joue et s’attachait maintenant à essayer de lui trouver de vêtements. En soi ce n’était pas compliqué. Ce qui était d’un coup plus délicat c’était de trouver quelque chose de cohérent. Dans cette idée elle voulait déjà savoir si il devrait traverser la ville dans cette tenue. C’est à dire qu’il ne faisait pas si chaud à cette heure…

-Plus maintenant

Plus maintenant… C’était vague ça comme réponse. Morticia avait donc répondu avec un peu plus de légèreté. Elle avait compris que la situation était particulière. Mais aussi que son jeune invité n’était pas un danger pour elle ou son commerce. Ou en tout cas pas dans l’immédiat.

-Plus maintenant c’est à dire? Tu veux rester parmi nous ? Remarque ça fera sans doute un peu plus d'animation!

Elle n’espérait pas recruter ce soir, encore moins lui. Ce n’était qu’une de ses habituelles provocations. Quoi qu’en fait cela ne serait pas tellement un problème de trouver une petite place pour ce beau jeune homme ici. Il ne serait pas seul.

Une fois vêtu du stock de secours de la maison, il avait une sacré allure! Ce serait mentir que de dire qu’il n’était un poil ridicule. Mais elle n’avait pas mieux sous la main. Alors c’était avec un léger sourire qu’elle avait finit par demander son nom.

-Wolfgang. Mais tu peux m'appeler Wolf.

Des prénoms pareils ça ne courait pas non plus les rues. Alors oui elle avait fait un lien. Sans pour autant penser une seule seconde qu’elle avait raison. Pour elle, ce prénom, c’était celui d’un garçon de son ancien milieu, celui du jeune Nott qui était décédé à une période où elle-même avait quelques soucis avec sa propre famille. Elle ne pensait donc pas une seule seconde qu’il pouvait effectivement être devant elle. Du haut de ses dix-sept ans elle était même allé à l’enterrement, sans pour autant avoir réellement bien connu le jeune garçon. Elle se souvenait aujourd’hui simplement de son nom, comme de celui de beaucoup d’autres de ce monde qu’elle avait quitté.

-C’est pas banal comme prénom. J’en ai connu un à une époque. J’imagine que ça sera Wolf alors.

Elle remballa gentiment les vêtements sortis précédemment pour Wolf alors qu’il reprenait la parole.

-J'te retourne la question, c'est quoi ton p'tit nom ?

La belle brune s’était relevée en répondant à son sourire. Après tout il était effectivement plus correcte qu’ils connaissent tous les deux leurs noms maintenant.

-Morticia, mais Morty ça marche aussi si tu préfères.

Doucement elle repli tout, prête à quitter la salle et potentiellement à quitter son lieu de travail. Mais elle a beau commencer à être fatiguée, Wolf également, elle ne serait pas contre quelques minutes de plus. Alors en refermant la porte derrière eux, elle se lance.

-Bon, j’ai besoin d’un verre, tu m’accompagne?

Wolfgang rit doucement en baissant la tête.
— Après la nuit que je viens de passer, je suppose que j'ai besoin d'une bonne nuit de sommeil, lui dit-il, seulement je doute que tes lits soient faits pour dormir. D'ordinaire, j'aurais volontiers accepté ta proposition mais dans l'état actuel, je ne suis même pas certain d'être capable de te rapporter une mornille.
Il se sous-estimait, ou bien il sous-estimait les demoiselles de Morticia, à des lieues qu'il était d'imaginer toutes les ressources qu'elles pouvaient avoir sous le coude -ou ailleurs.
Le lycan se contenta de sourire lorsqu'elle mentionna le fait qu'elle avait connu un Wolfgang jadis. Se pouvait-il que ce soit à lui qu'elle faisait allusion ? Il en doutait, elle avait du en voir défiler depuis l'ouverture de son bordel.
— Avec plaisir, Morty, répondit-il à sa proposition en quittant la pièce dans laquelle elle l'avait relooké.
Il la laissa le guider jusqu'à son bar en se demandant si elle avait compris qu'il n'avait aucune thune pour payer ses futures consommations. Il aurait bien l'occasion de le lui rappeler plus tard, après avoir bu. Et dans le pire des cas, il donnerait de son temps pour rembourser la maquerelle, après avoir récupéré un peu de sa forme, évidemment. Il était un habitué de ce genre de petits arrangements, de toute façon.
— Ce que tu as de plus fort, dit-il une fois au bar en prenant place sur un tabouret haut. Doublé.
Il avait au moins besoin de ça car s'il s'y était accoutumé depuis tant d'années, la douleur post-pleine lune qu'il ressentait dans tout son corps était bien présente et resterait pendant une paire de jours. Il avait besoin de se détendre, à présent.

Il était mignon, il était un peu couvert, et elle était clairement à l’ouest. Bon, pas autant qu’elle avait pu l’être. Mais entre la fatigue de la fin de service et ces quelques écarts de conduite qu’elle avait fait durant le dit service, elle n’était pas des plus fraîches. Morticia restait pourtant la plus digne possible, propriétaire des lieux qu’elle était, sérieuse responsable de sa maison. Proposer à son jeune invité de rester c’était à la fois une petite marque d’humour, mais aussi une façon de profiter encore un peu de sa présence et de la belle vue. Finalement il avait l’air plutôt sympathique ce garçon.

-Après la nuit que je viens de passer, je suppose que j'ai besoin d'une bonne nuit de sommeil, seulement je doute que tes lits soient faits pour dormir. D'ordinaire, j'aurais volontiers accepté ta proposition mais dans l'état actuel, je ne suis même pas certain d'être capable de te rapporter une mornille.

Deux choses. Il avait de l’humour, ce qui plaisait à la belle, et il savait très bien où il avait mis les pieds. Non pas qu’elle l’ait caché longtemps, mais elle aimait cette lucidité. Son travail et sa House avaient souvent essuyé de vives critiques. Lui semblait plutôt en rire.

-Oh tu sous-estime grandement mes talents de commerciale. J’en ferai payer certains bien plus rien que pour te regarder dormir.

Elle ne s’était pas caché alors qu’elle le détaillait une fois de plus de haut en bas dans un sourire malicieux en disant cette phrase. Morticia était comme ça, elle pensait que cacher ce genre de comportement était hypocrite au plus haut point.

Il était maintenant vêtu… comme un veaudelune, mais tout de même! Il n’en restait pas oins désagréable à regarder. Lui proposer un verre ne faisait que suivre son envie à elle d’en prendre un. Ne voulant pas tout de suite le mettre à la porte, autant qu’il l’accompagne. Alors elle l’avait guidé jusqu’au bar, l’avait laissé s’installer et était allé se poster de l’autre côté.

-Ce que tu as de plus fort. Doublé

Un défi? Pas de problème! Morticia eut un léger rire, sortant donc deux petits verres et allant chercher sur une étagère derrière elle une bouteille d’un vert criard

-Décidé à bien finir ta soirée hein? Tu vas me dire ce que tu pense de ça alors. C’est Islandais, ils appellent ça la “mort noire”. J’ai un petit fournisseur sympa, il le corse un peu plus. Une petit émerveille.

Faisant son service en même temps, elle tendit un verre à Wolfgang, l’invitant à trinquer avant de vider une bonne partie de son verre. Un souffle suite à la légère brûlure dans sa gorge, un fin sourire aux lèvres, là c’était une bonne fin de soirée. Ne manquait qu’un détail. Son petit plaisir qu’elle avait soigneusement préparé il y a plusieurs heures. Dans une petite boite bien cachée dans un coin, elle en avait tiré une cigarette de taille respectable et visiblement faite main. Rapidement allumée, Morty ferme les yeux quelques instants avant d’en relâcher la fumée. L’opium était peut-être ce qu’elle préférait. Elle redressa ensuite son regard vers Wolfgang en lui tendant la précieuse préparation.

-Tu veux me suivre dans un autre vice ou le premier suffira?

Wolfgang accueillit le verre que lui tendit Morticia d'un sourire. Il ne connaissait pas cette fameuse mort noire mais il était à peu près certain que c'était ce qu'il lui fallait sur le moment. Il porta le liquide à ses lèvres et en avala une longue gorgée, habitué qu'il était des alcools forts. La gorge ne manqua pas de lui brûler et, surpris qu'il soit à ce point corsé, le garçon se mit à tousser en rigolant.
— Tu n'as pas menti, il est un peu fort, réussit-il à lui faire remarquer en essuyant du pouce et de l'index ses yeux rougis et larmoyants.
Elle extirpa alors de sous son comptoir une petite boîte qui réussit à tenir en haleine l'héritier Nott qui la regarda faire, sourire aux lèvres. Que lui préparait-elle ? Elle sortit de ladite boîte une cigarette et Wolf hocha la tête, trouvant l'idée on ne peut plus bonne. Il ne se fit pas prier lorsqu'elle lui tendit l'opium et s'en empara avant d'en tirer une bouffée. La fumée lui monta aussitôt au crâne et il laissa tomber sa tête en arrière en soupirant d'aise, créant au dessus de lui un nuage opaque tandis que son tabouret tanguait en équilibre sur les deux pieds arrières.
— Tu sais comment accueillir tes hôtes, lui dit-il en laissant retomber le tabouret sur ses quatre pattes pour venir faire face à la maquerelle. Mais je te préviens que je n'ai pas d'argent, ajouta-t-il en lui tendant la cigarette.
Finalement, il préférait jouer la carte de l'honnêteté d'emblée de jeu avant que ça n'aille plus loin. Elle était une sorcière, lui un loup affaibli, il n'était pas certain de faire le poids face à une baguette magique dirigée par une demoiselle en colère. Et oui, la haine de Greyback envers les sorciers avait réussi à retourner le cerveau de Wolfgang qui, s'il ne les détestait pas, se méfiait tout de même d'eux.

Si Morticia se laissait simplement porter par la situation, il était pourtant clair qu’elle n’avait rien de normal ou même simplement logique. Inutile de faire un résumé de ce qui avait amené cet homme à se joindre à elle au bar, dans cette tenue, à cette heure de la nuit. Le fait est qu’il se retrouvait de l’autre côté de son bar, dans une tenue étrange à une heure où beaucoup dormaient déjà profondément.

La belle lui avait présenté un alcool islandais en étant plutôt honnête. Pourtant Wolf fut tout de même surpris en l’avalant. Amusant. Il était entre la toux et le rire, ce qui en décrocha un aussi à la matrone.

- Tu n'as pas menti, il est un peu fort

Il semblait avoir du mal à faire passer la boisson. Ce qu’elle trouvait assez drôle, c’est vrai. Mais il faut dire qu’il avait un sourire assez craquant. Cela ne jouait en rien dans la façon d’absorber l’alcool, juste à sa belle vue à elle…

Morty lui avait ensuite proposé un autre de ses travers. Et il semblait tout à fait d’accord pour la suivre. Elle lui tendit donc la cigarette et l’observa apprécier à son tour les effets que cela pouvait donner.

-Tu sais comment accueillir tes hôtes. Mais je te préviens que je n'ai pas d'argent

Morty récupère sa cigarette et en prends une bouffée dans la foulée. Enivrant tout cela.

-Je m’en doute, en débarquant dans cette tenue il y avait peu de chances!

La belle se hisse sur le bar puis passe les jambes de l’autre côté, de façon à se retrouver assise face à son invité. Ayant très brillamment épargné les verres dans sa manœuvre, elle repris une gorgée du breuvage islandais en reproposant la cigarette à ce bel homme qui lui tenait compagnie.

-Alors, comment tu te débrouille pour vivre dans la coin sans argent? J’espère que tu ne bosse pas pour la concurrence, autrement il faudra que j’y remédie rapidement…

Morticia le détaillait sans la moindre gêne. Il faut avouer qu’il avait du charme. Et qu’elle avait sans doute déjà un peu le cerveau en veille…

Morticia bascula de l'autre côté du bar pour venir s'asseoir en face de son invité, sur le comptoir. Wolfgang dût lever la tête pour la regarder dans les yeux, bien que la tentation était forte de poser son regard sur ce qu'il avait à sa hauteur.
— Je crèche au Ragtag & Bobtail et la concurrence n'est pas franchement à mon goût, dit-il tandis que l'image d'une demi-géante se trémoussant en petite tenue entre les tables lui revint à l'esprit. J'aide un peu au Pub en échange d'une piaule grand luxe, avec moisissure, insonorisation inexistante et matelas dur comme du bois. Pour le reste, j'ai pas mal de mécènes... J'offre mes services à qui veut. Genre... tous mes services.
Et il lança à la tenancière des lieux un sourire entendu quant aux services qu'il pouvait rendre. Elle pouvait appeler ça de la concurrence qu'il était curieux de voir ce qu'elle pourrait lui faire.
— Je me paye mon bout de steak un peu comme je peux, ajouta-t-il, en attendant de trouver mieux.
Il s'empara de la cigarette de la demoiselle à laquelle il tira une bouffée profonde avant d'expirer par le nez une fumée opaque qui enveloppa les genoux de Morticia. Puis il s'empara de son verre qu'il termina d'une traite en grimaçant.
— Et toi, dis-moi, lui dit-il en reposant son verre sur le comptoir, non loin de la cuisse de la matrone, comment en es-tu arrivé là ?

» Il faut savoir insister dans la vie [Basil]
» GRAND BAL DE NOËL ◮ tout ce qu'il faut savoir
» Il faut simplement savoir observer [Evan/Marius]
» Ton père vend des biscottes ? Parce que t'es craquante. [AGATHA]
» Aaronyl • Il faut un coeur solide pour aimer mais il faut un coeur encore plus fort pour continuer à aimer après avoir été blessé

Parce qu'il faut savoir se montrer aimable dans la vie [Wolfy]

Parce qu'il faut savoir se montrer aimable dans la vie [Wolfy]

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