L'annonce du Professeur Slughorn s'était répandue dans les couloirs de Poudlard comme l'odeur d'une bombabouse, et tout le monde ne parlait plus que de ça : rejoindre le Club de Slugh en apportant à son célèbre organisateur un flacon de sève de Saule Cogneur ? Voilà qui était fort séduisant pour la benjamine Travers, qui n'avait à ce jour aucune assurance d'être conviée à la table hyper-sélective du Directeur de Serpentard, malgré la renommée de sa famille et ses bons résultats scolaires. La concurrence était rude car les invitations peu nombreuses, aussi apprendre qu'il existait un moyen de s'attirer les bonnes grâces de Slughorn en lui rendant ce menu service avait de quoi intéresser Azelma qui avait fomenté un plan fort simple qui consistait à aller faire du charme à ce balourd de Hagrid pour tenter de découvrir si celui-ci n'avait pas en sa possession une petite réserve de sève (ce monstre se plaisait à collectionner les créatures dangereuses, pourquoi pas les ingrédients inutiles ?), ou à défaut, s'il n'était pas en mesure de lui apprendre comment s'approcher du Saule Cogneur dans une relative sécurité. Car oui, Azelma avait beau haïr la Botanique et tout ce qui s'en approchait, et ne rien écouter aux cours du Professeur Chourave, elle estimait que la perspective de rejoindre le club de Slugh valait bien qu'elle se salisse les doigts. En ce samedi matin ensoleillé, la Serpentard s'était donc lancée dans une quête dangereuse qui allait la mener jusqu'aux tréfonds du parc, vers l'hideuse cabane de l'épouvantable garde-chasse de Poudlard. C'est donc d'un pas motivé et un peu alerte (il ne fallait pas qu'on la voie, elle ne voulait pas donner d'idées aux autres élèves !) que la jeune Travers descendit les marches qui menaient jusqu'à la demeure d'Hagrid, jusqu'à ce qu'une furtive vision rouquine ne lui fasse effectuer un arrêt en bas de l'escalier. Hagrid avait un visiteur roux, et ces derniers n'étaient pas si nombreux au Château : était-ce cette pimbêche de Weasley qui, maligne il fallait bien le reconnaître, avait eu la même idée qu'elle ? Il était à présent trop tard pour battre en retraite et faire demi-tour, aussi Azelma reprit-elle sa route et réduisit en quelques pas la distance qui la séparait de la cabane d'Hagrid avant de se glisser contre le mur jusqu'à l'angle derrière lequel le ou la rouquine s'était dissimulé, et jeta un discret coup d'oeil jusqu'à discerner...

Spoiler:

La mâchoire d'Azelma se décrocha sous le choc : caché derrière la cabane d'Hagrid, Holden Cassidy, aussi beau de physique que laid de parenté, s'épilait les sourcils ! La Serpentard, médusée, hésita un court instant sur la démarche à suivre, car plusieurs scénarios se bousculaient dans sa tête face à une situation aussi ubuesque : dans le premier, elle laissait libre-court à son hilarité et s'empressait d'aller tout raconter aux Serpentard, comme la bonne chipie qu'elle était. D'ici une heure, tout le monde montrerait Holden du doigt en rigolant, et Azelma la première. Toutefois, un indescriptible malaise s'empara de la jeune fille à l'évocation de cette situation qui impliquait de ridiculiser devant toute l'école ce garçon qu'elle ne détestait pas. Oui messieurs dames, vous avez bien lu, Azelma Travers ne détestait pas Holden Cassidy et son sourire ultra-bright qu'il distribuait généreusement à toute heure du jour et de la nuit, elle ne le détestait pas malgré son sang impur et ses sourcils touffus. D'aucuns pourraient même prétendre que la benjamine Travers était sensible au charme du Gryffondor, et ils n'auraient pas eu tort... Mais ça, elle n'était pas prête de le reconnaître. Ainsi se retrouvait-elle, dissimulée contre le mur de la cabane d'Hagrid, à se demander que faire de cette information primordiale qui pouvait ruiner à coup sûr la réputation de ce garçon qu'elle aurait dû détester, incapable de prendre une décision. Quelques secondes passèrent ainsi, jusqu'à ce qu'Azelma réalise qu'elle ne pouvait pas rester ainsi sans rien faire, ou alors Holden finirait par la surprendre, ou pire, Hagrid ! Et alors, elle aurait bien du mal à expliquer la raison de sa présence ici, de même que son inertie. Mais que pouvait-elle faire ? Avec n'importe quel autre élève de Poudlard, la Serpentard aurait simplement commencé à hurler de rire, mais dans le cas présent... Azelma se contenta de se racler la gorge pour révéler à Holden sa présence, et s'extirpa gracieusement du coin où elle s'était dissimulée pour se rapprocher un peu de lui tandis qu'il s'exclamait et s'efforçait de cacher derrière son dos et un brillant sourire les raisons de sa présence ici. Elle s'arrêta à quelques pas de lui, une moue songeuse sur le visage.
— Tu devrais les épiler dans le sens du poil, lui conseilla-t-elle contre toute attente, tu sais, depuis le coin interne de ton oeil, jusqu'au coin externe. Comme pour mieux lui signifier qu'elle n'avait rien manqué de son petit manège, elle porta sa main à son visage pour suivre du doigt la courbe de son noir sourcil.

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Je savais que toi, plus que personne d'autre sur ce forum, saurais apprécier cette référence pas du tout discrète

Azelma vit avec un amusement inattendu le visage du Gryffondor passer par toutes les teintes, du blanc le plus éclatant au rouge brique, et ne put réprimer un éclat de rire (qu'elle s'empressa de revêtir d'un ton moqueur) lorsqu'il la remercia de son conseil.
— Mais y'a pas de quoi, lui rétorqua-t-elle en faisant mine d'examiner son impeccable manucure, le Club des sourcils martyrisés est le seul groupe de la gueuse McKinnon que j'accepterais de rejoindre. C'est une cause qui me tient à coeur. Le ton utilisé par la jeune fille avait beau être étrangement agréable, si l'on considérait le fait qu'elle s'adressait à un sale impur Gryffondor, le fond n'en restait pas moins moqueur, aussi bien pour le jeune homme que pour la pauvre Marlene McKinnon qui n'avait rien demandé mais qu'Azelma abhorrait. Mais Holden n'avait visiblement cure de ses engagements humanitaires, car il s'approcha d'elle d'un air d'urgence et Azelma comprit instantanément qu'elle tenait là une occasion unique de s'amuser un peu. Elle soutint sans sourciller le regard intense(ément flippé !) que le Gryffondor, qui la dépassait bien d'une trentaine de centimètres, dardait sur elle, et tenta d'ignorer le léger trouble qui s'était emparé d'elle.
— Mon silence, mais à quel propos ? fit-elle mine de s'étonner, la bouche en cœur.

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REMETS TON TEE-SHIRT !